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DGEC, septembre 2017 Sujet I : Etude du texte argumentatif La question de la fa

DGEC, septembre 2017 Sujet I : Etude du texte argumentatif La question de la faim L’idée qu’il faudrait devenir végétarien, voire végétalien, pour résoudre la question de la faim dans le monde, fait de plus en plus d’adeptes. Le raisonnement est simple : comme le bétail consomme la moitié de la production mondiale de céréales, cesser de manger de la viande permettrait d’en donner plus aux affamés. S’y ajoutent d’autres motivations, d’ordre nutritionnel, écologique, éthique. Examinons-les. 5 La surconsommation de viande provoque des maladies cardio-vasculaires, l’abus de la cuisson au barbecue et de la charcuterie en salaison a été déclaré cancérigène par le centre international de recherche sur le cancer, rattaché au système des nations unies. En France, la consommation de viande a diminué de 15% par rapport aux années 1990, passant de 92 kilos par Français et par an, à 86 kilos aujourd’hui. Les raisons économiques y jouent un rôle 10 déterminant : la viande reste un produit cher. Les pauvres le savent bien, qui la réservent aux occasions exceptionnelles. Car la moyenne mondiale reste très éloignée des 120 kilos américains, si l’on ne prend que les pays en développement. La montée des classes moyennes fait entrer le monde dans la transition alimentaire, où les anciens pauvres malnutris passent d’un seul repas par jour composé de tubercules ou de 15 céréales, à trois repas riches en aliments de qualité. Partout la consommation croissante de protéines d’origine animale est considérée comme un indicateur de sécurité alimentaire. La FAO estime que le monde doublera pratiquement sa consommation de viande d’ici 2050, ce qui veut dire qu’il faudra produire trois cent millions de tonnes de viande supplémentaires pour répondre aux attentes des classes moyennes émergentes. Même évolution attendue pour 20 le lait. La grande majorité des pays du monde est déficitaire. Les Africains n’en consomment que 43 kilos ! Le monde manque cruellement de produits laitiers. Appeler à la généralisation du végétarisme est donc un réflexe de nantis qui ne tient donc pas compte des aspirations des affamés d’hier à vaincre la malnutrition de la pauvreté. L’élevage fait vivre directement ou indirectement deux milliards de personnes dans le 25 monde, dans les montagnes, les steppes, les savanes, des régions que seuls peuvent valoriser les animaux car la mise en culture des terres y donne de médiocres résultats. Leurs troupeaux les nourrissent de précieuses protéines animales, les transportent, leur fournissent habits, outils, logements, graisses pour s’éclairer… Une véritable banque dont la valeur est autant économique que symbolique, ces éleveurs entretenant avec leurs animaux des liens très forts, 30 affectifs, spirituels, religieux. Si ces deux milliards de personnes s’en retrouvaient privées, REPUBLIQUE GABONAISE ---------- DIRECTION DU BACCALAUREAT ---------- Session: 2017 Séries: A1/A2/B/C/D/E Coef.: 5 (A)-4 (B)- 3 (C/D/E) Durée: 4 heures BACCALAUREAT DE L’ENSEIGNEMENT GENERAL SESSION 2017 FRANÇAIS Le candidat traitera, au choix, l’un des trois sujets suivants qui les nourrirait ? La production agricole dans le monde s’adapte à la demande solvable. Les pauvres ont faim car ils n’ont pas de pouvoir d’achat pour acheter de la nourriture. Qui irait cultiver le milliard de tonnes de céréales aujourd’hui consommé par les animaux si on ne peut pas les vendre, faute de débouchés ? Cesser de manger des produits d’origine animale, ce 35 serait donc au contraire aggraver la faim ! « Oui mais la planète ne pourra pas supporter un tel fardeau, alors qu’il faut sept calories végétales pour produire une calorie animale », entend-on souvent. Là encore, la réponse est sans appel : bannir l’élevage n’apportera rien sur le plan écologique. Non seulement les prairies permettent de valoriser les terres de second choix, mais elles jouent un 40 rôle essentiel dans au moins cinq domaines : l’entretien de la biodiversité, l’ouverture et la qualité des paysages, le maintien de sols riches en matière organique, la lutte contre l’incendie en régions sèches… Et la résilience face au changement climatique. Pour la FAO, les systèmes herbagés des pays tempérés sont parmi les plus performants au monde en termes de captage de gaz à effet de serre par unité produite. Les vaches émettent certes du méthane, 45 mais les prairies les compensent d’autant que la transition écologique est à l’œuvre dans plusieurs élevages. La viande, « mauvais convertisseur » de céréales ? C’est exactement l’inverse. Le porc et le poulet, premières viandes mondiales, produisent très rapidement des protéines animales d’une qualité nutritionnelle supérieure aux protéines végétales qui ont permis de les 50 obtenir. Quant aux bovins qui pâturent l’herbe, ils transforment un aliment impropre à la consommation humaine en une nourriture de premier choix en valorisant des terres médiocres. Tant que nous ne devenons pas « bêtes à manger du foin », les vaches rendent un immense service à l’humanité. Faut-il cesser de les tuer pour les manger ? Boire leur lait, mais les laisser mourir de leur belle mort ? Alors acceptons de transformer des millions 55 d’hectares de forêt en prairies et des millions d’éleveurs en gardiens rémunérés de maisons de retraites pour bovidés. Et assumons les conséquences économiques, écologiques et sociales de nos choix éthiques. Sylvie BRUNEL, La Revue, N°70, mars-avril 2017, pp. 108-109 I – Questions de compréhension et d’analyse / 8 points 1° - Qui la première personne du pluriel, « Examinons » (l.5), désigne-t-elle ? (2 points) 2° - Quelle thèse soutient le locuteur ? Reformulez un argument du texte qui soutient ce point de vue. (1+1 = 2 points) 3° - Quel est le mode de raisonnement contenu dans les lignes 37 à 39 : « Oui, mais… écologique ». Justifiez votre réponse. (1+1 = 2 points) 4° - Indiquez puis justifiez la tonalité contenue dans le passage : « Boire leur lait… retraite pour bovidés » (l.54-l.57). (1+1 = 2 points) II – Travail d’écriture / 12 points L’auteur estime qu’« Appeler à la généralisation du végétarisme est un réflexe de nantis ». Soutenez ce propos dans un développement structuré et argumenté. Sujet II – Commentaire composé Une vieille femme J’ai reçu un jour un patient avec une plaie purulente. J’ai passé un mois à le soigner mais la plaie ne donnait pas de signes de guérison. Je me suis confié à ma grand-mère Nganga1. Elle m’a amené en brousse, là où il y avait une chute d’eau. Nous nous sommes arrêtés et elle m’a dit d’écouter les gargoulettes. J’ai prêté l’oreille mais je n’ai rien entendu. Elle s’est ensuite accroupie devant une vasque d’eau limpide. « Regarde le visage qui se dessine et écoute ce qu’il te dit ». J’ai alors vu une vieille femme. C’était mon arrière-grand-mère qui m’a montré un arbre dans la forêt. Puis la vision a disparu. ‘’As-tu vu ma mère ?’’ J’ai dit oui. ‘’Le médicament qu’elle t’a montré soignera ton patient’’. Je ne suis pas allé loin ; là où je me trouvais, il y avait le même arbre, un colosse splendide qui déployait ses ramures vers Dieu. J’ai raclé de la poussière de l’écorce de cet arbre, je l’ai enveloppé dans des feuilles, et le lendemain, je l’ai appliquée à mon patient. Après deux jours, sa plaie était déjà sèche. L’homme content, me souriait comme si j’étais son sauveur. Ma grand-mère m’a expliqué que cet arbre était le frère du malade, c’est pour cette raison qu’il a retrouvé la santé. Ce que mon oncle m’a dit ce jour-là m’a donné envie de suivre sa trace. Il est à présent retraité, et certains de ses anciens patients m’ont dit : ‘’Tu as vraiment pris la place de ton oncle. Tu as la patience, et l’application textuellement comme lui’’ ». Jean DIVASSA NYAMA, Opumbi, éditions Ndzé, Paris, 2010, pp. 43 - 44 Vous ferez de ce texte un commentaire composé que vous organiserez à votre convenance. Sans séparer le fond de la forme, vous pourrez par exemple montrer comment la grand-mère se sert de la médecine traditionnelle pour compléter la formation de son petit-fils. Sujet III – Dissertation littéraire « La reconquête d’une identité, la volonté de se dire, passent par une réappropriation de l’écriture qui est aussi un retour aux sources. » dit Denise COUSSY dans Titiller l’anglais du roi. Pensez-vous que l’écriture ne serve qu’à préserver la culture ? Peut-on lui assigner d’autres rôles ? 1 Nganga : à la fois guérisseur et féticheur uploads/Geographie/ ts-francais 1 .pdf