Nouvelle UNE DERNIERE NUIT SANS TOI MOREL DONOVAN 1 Une dernière nuit sans toi

Nouvelle UNE DERNIERE NUIT SANS TOI MOREL DONOVAN 1 Une dernière nuit sans toi Il fait nuit, la lune n’a jamais été aussi brillante. Elle en illumine les âmes vagabondes et les amours lointains des passants. Sa douce caresse endort les clochards dans les rues tandis qu’elles courent comme si les secondes étaient précieuses. Il doit être trois heures du matin, ou bien quatre heures. Mais peu importe finalement. Rien n’empêche les deux condamnées de s’aventurer gaîment dans la ville. La pénombre s’installe peu à peu quand les nuages sèment quelques troubles et quelques flocons d’argent. La ville est si calme, il n’y a pas un bruit hormis celui de leurs souffles et de leurs cœurs battant à l’unisson. Ces deux jeunes femmes d’une vingtaine d’années fuient le temps, en sautillant dans cette si longue avenue peu éclairée. 2 C’est après plusieurs mètres qu’elles finissent par atterrir dans un square des plus magnifique où mille fleurs décorent la scène. Leurs deux corps allongés glissent sur cette petite colline quelque peu enneigée. Une fois stable, la femme aux yeux émeraudes regarde d’un air chaud sa compagne au plus profond de ses yeux azur. Elle approche son visage blanchi par le froid. Ressens-tu ce froid ? Vois-tu la neige qui tombe sur nos visages ? Dit-elle d’une voix tremblante. L’émeraude se lève et tend une main que son amante ne peut s’empêcher d’attraper. Comme si c’était la dernière fois qu’elle la verrait, la dernière nuit. Regarde au loin la brume qui dessine la scène. Ajoute-t-elle en dessinant cette fameuse scène d’un grand mouvement de bras. Qu’attendons-nous ? Courons, volons vers elle, vers demain… Prenons-nous la main. La femme azur saisit sans perdre de temps sa deuxième main. Nos âmes ne feront qu’une et je n’aurai plus peur. Plus peur d’être avec toi, plus peur de te dire, je t’aime. Elle n’a guère le temps de finir ses propos que celle qui vient de saisir, avec peur, ses mains, s’est délaissée de cette emprise. Elle en est même partie à quelques pas de la conteuse sous un silence mortuaire où seules les larmes de sa bien-aimée fracassent le sol à chaque pas. 3 Ressens-tu ce que je ressens ? Hurle la demoiselle verte en courant vers elle pour la rattraper. Le feu qui brûle en moi, cette puissance que tu me procures avec ton simple regard. Elle place sa main sur son cœur ardent. Nous voyagerons et nous nous enlacerons dans chaque pays, nos cœurs battrons un peu plus alors que nos vies se consumeront. L’amante rougit devant cette déclaration tout autant que les larmes continuent de couler devant ces phrases remplies d’une triste vérité. Elle finit par sourire et se met à courir vers les collines du square provoquant celle qui venait d’ouvrir son cœur. Elles courent le plus vite possible jusqu’à arriver devant ce lac qui arbore les immenses collines. Elles voient toutes les deux leurs reflets ainsi que celui d’un ciel étoilé qui réapparaît petit à petit. C’est sous une nuit étoilée ou la lune serait notre confidente que j’aimerais danser à tes côtés. Dit-elle en débutant une valse silencieuse et lente. Sentir durant quelques instants ce cœur battant, ressentir cette chaleur que me procure ton âme… En ta seule présence, je vis et mon cœur cessera de battre à la seconde où tu partiras, alors je t’en pris reste et approche ton corps. Leurs deux corps viennent se coller l’un contre l’autre. La lune n’éclaire plus qu’une unique âme unie par l’amour des deux êtres aimés. 4 Approche tes lèvres des miennes et ne m’abandonne jamais. Les deux visages s’approchent de très près, mais leurs lèvres ne s’effleurent pas et les visages reculent tout aussi rapidement. Partons loin de tout, loin de tout regard, vivons notre amour interdit jusqu’à ce que nous soyons découvertes… Et promettons-nous de brûler ensemble consumées par la chaleur de nos cœurs. L’azurette observe les deux reflets dans le lac, celui-ci constamment troublé par les larmes qui viennent frapper violemment sa surface. Et finalement, celle qui était muette depuis le début ouvre ses lèvres pour à son tour prendre la parole. Ce jour arrivera et sache que je t’aime. Elle prend à son tour les mains de sa conjointe. Chaque seconde mon cœur battra plus longtemps en ta présence, mais il y a des choses que même l’amour ne guérit pas. Elle se met finalement dos à elle ne pouvant pas supporter ses propres mots. J’affronterais ce fléau et s’il y a une chose que j’aimerais tant au monde ce jour-là. Ajoute-t-elle en prenant une pause. C’est un baiser. Le premier, le dernier. Celui qui fera déchirer mon cœur et détruira mon âme. Celui que depuis tant j’attends, celui qui est interdit et qui sera la cause de la fin. Le soleil est encore haut dans le ciel, mais il fait pourtant très sombre. Il illumine cette chambre complètement désordonnée. Sa chaleur n’y pénètre pas, il n’y règne que tristesse et pénombre. La seule âme présente anéantie de chagrin depuis bien des années allongée dans un lit où les draps ne sont plus blancs. 5 Dans cette pénombre absolue, on n’y voit que des yeux émeraude. Elle se lève finalement, ceux-là, encore humide du rêve qu’elle vient de faire. Elle prend conscience lentement de son cauchemar qui la hante chaque nuit depuis maintenant presque trois années, ou peut-être quatre. D’un pas lourd et maladroit, elle approche de son bureau sur lequel un vieux carnet et un stylo mâchouillé mille fois sont posés. A l’intérieur de celui-ci des millions de dessin et de texte résident. Le jour se lèvera à nouveau alors que mes rêves commencent à peine, est-ce le moment idéal pour les vivres en dehors d’une vie nocturne ? J’en viens à penser, étais-tu un mirage ? Une création fantasmatique ? Etais-tu bien réelle ? Je marche sur les grands trottoirs de la solitude alors que l’horloge de l’église sonne encore et toujours la troisième heure, ou peut-être la quatrième. Nous aimions tant marcher dehors… Est-ce un moyen pour moi de te retrouver ? Les étoiles brillent dans ce ciel presque noir… où est-tu amour ? Où est-tu espoir ? Alors qu’elle finit par lâcher son stylo sa respiration devient plus longue. Une mélancolie vient habiter son esprit. Elle garde son cahier et récupère le stylo sur le sol. Ouvrant sa fenêtre, elle laisse sa chambre s’illuminer par les rayons de la lune. Une cigarette à la bouche fraichement allumée. Un regard vide. Un néant représentant un univers qui lui est maintenant et depuis longtemps inconnu. Elle contemple intensément cette lune comme elle le faisait autrefois avec sa belle aux yeux d’azur. 6 La lune est brillante ce soir, mais où es-tu ? Dit-elle avec espoir. Ne devrais-je pas l’observer à tes côtés ? Nous devrions être toutes deux sur cette fenêtre, main dans la main… Oh mon amour ou es-tu ? Est-ce toi cette étoile ? Celle qui éclaire la pénombre et offre la joie à ses admirateurs ? Celle qui jadis me faisait rire et rêver… Ajoute-t-elle en marquant une pause. Aujourd'hui de quoi dois-je sourire ? De la mort qui s'approche chaque seconde ? Mon cœur ne bat plus et je respire toujours, pourquoi m'as-tu abandonnée ? Offre-moi un signe, reviens me chercher, je t'en prie.... Sans toi, je ne vis plus, je suis prisonnière de la vie et celle-ci reste sans couleurs. La haine envahit son esprit. La joie, n’existe plus ici. Peut- être quelques fois, quelques instants par nuit, durant trois secondes. Ou peut-être quatre. Peu importe finalement. Son stylo, violemment, vol dehors. Son cahier, plus précieux, vient fracasser le sol déjà sale. Ses mains se crispent contre la fenêtre tandis qu’elle hurle sa peine. Son hurlement s’arrête soudainement. Elle observe le sol, celui-ci trempé par la pluie et par ses larmes. Celui qui l’attire. Celui qui lui dit de venir. Mais dans un nouvel hurlement elle se laisse tomber en arrière sur ce sol, toujours sale. C’est contre un mur qu’elle se loge. Dans une position mortuaire. Sa peau noircit par la crasse, des crevasses sous ses yeux qui ont perdu leur éclat depuis bien des années. Sa main se soulève avec difficulté pour approcher la bouteille d’alcool à moitié vide vers sa bouche. Et l’autre empoigne une énième cigarette tout aussi consumée. 7 Ses yeux sombres et rougis par les larmes qui ne coulent plus observent ce néant. Celui qu’elle aime tant. Celui qui l’aime tant. Elle continue de boire ses gorgées tout en gardant son regard vide. Elle est morte. Elle n’est plus qu’une chaire buvant et fumant. Quelques années se sont écoulées… Tente-t-elle de dire. Tout cela semblait impossible, pourtant le jour est venu. Le jour où de tes yeux azur, la flamme est apparue. Un sourire s’installe sur son visage meurtri. Une explosion détruisit mon cœur, mon âme était devenue la tienne en ce simple regard. Ajoute-t-elle en s’arrêtant. Aujourd’hui, où es-tu ? Son sourire disparait tandis que les gorgées continuent. Tout ce bonheur uploads/Geographie/ une-derniere-nuit-sans-toi 1 .pdf

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