2ème cycle de conférences André Dupuy Comice agricole de Feurs (Loire) Vers de
2ème cycle de conférences André Dupuy Comice agricole de Feurs (Loire) Vers de nouvelles techniques d’assolement, et de semis direct, par Claude Bourguignon, microbiologiste des sols au LAMS. Sommaire Cultiver la terre sans l’éroder ............................................................................................ 2 La forêt ........................................................................................................................ 12 Le labour ...................................................................................................................... 21 Nutrition du sol et des plantes ......................................................................................... 33 Cultiver la terre sans l’éroder Donc je me présente rapidement : Claude Bourguignon, ingénieur agronome, j’ai une double formation, à la fois une formation universitaire en biochimie-régulation, et puis j’ai fait l’agro de Paris. J’ai travaillé pendant 10 ans à l’INRA en microbiologie des sols, je suis microbiologiste de sol. C’est une profession qui n’existe plus puisque la chaire de microbiologie des sols a été supprimée à l’agro en 86, donc nous ne formons plus un seul microbiologiste des sols depuis maintenant 20 ans, bientôt une génération, donc je suis un peu un fossile vivant si vous voulez. Connaissances de la vie du sol qui ne sont absolument plus enseignées. J’ai travaillé d’abord sur les bactéries du cycle de l’azote, pour essayer à l’époque de trouver des solutions au soja américain, bon en fait on tombait sur des problèmes politiques donc les solutions n’ont pas été utilisées. Et dans les années 80 j’ai mis au point une méthode mesure de l’activité biologique des sols, et en allant sur le terrain, je me suis rendu compte que les sols étaient en train de mourir. Pour vous donner une idée, en Europe nous avons détruit 90% de l’activité biologique de nos sols. Donc j’ai présenté mon travail de recherche à l’INRA, qui m’a tout de suite demandé de ne pas publier -faut pas paniquer la population, faut être gentil avec. Donc j’ai décidé de quitter l’inra avec mon épouse aussi qui était à l’inra, et nous avons fondé un laboratoire privé, qui est le laboratoire d’analyse microbiologique des sols (LAMS) où nous faisons des conseils pour les agriculteurs, comment essayer de faire une agriculture durable justement. On en parle beaucoup mais c’est pas si facile que ça. Alors l’agriculture va être de toute façon obligée de changer, enfin l’agriculture européenne, pour plusieurs raisons. D’abord une raison économique : elle n’est pas compétitive, elle ne fonctionne que parce qu’elle est subventionnée, or vous avez déjà des agricultures non-subventionnées qui fonctionnent, en Amérique du Sud, dans ce qu’on appelle les pays de Cairns, où on a développé des modèles agricoles qui n’ont pas besoin de subventions. Le système est si peu compétitif que nous avons détruit en 50 ans 94% de nos agriculteurs, tellement c’est peu compétitif le modèle que nous avons développé, la France perd entre 30 000 et 50 000 agriculteurs par an, l’Europe perd 200 000 agriculteurs chaque année. Donc c’est vraiment une agriculture qui n’est plus capable de créer de l’emploi et créer de l’activité économique, et en plus nous fabriquons de la mauvaise qualité, puisque 40 % des blés produits en Europe ne sont pas panifiables, on ne peut pas faire de pain avec. Ils sont donc donnés aux cochons… Ce qui est quand même aberrant, de polluer son environnement pour créer un produit qui n’est pas consommable par l’être humain. Et il se trouve que parallèlement à cette mauvaise qualité de nos produits agricoles, le consommateur est en train d’évoluer et il demande de la qualité. Pour vous donner une idée, 99 % des tomates et des fraises en Europe sont produites hors-sol, c’est-à-dire n’ont jamais vu le sol, et n’ont aucun goût, et consomment 36 calories pour produire 1 seule calorie agricole. Donc c’est un gaspillage énergétique assez énorme… Donc il y a une espèce de décalage entre le désir des consommateurs d’avoir une meilleure qualité et un système agricole qui pour le moment ne le fait pas. Et puis pendant ce temps-là, les pays de Cairns qui privées eux de subventions, ont développé des modèles très compétitifs. Donc il va falloir qu’on relève ce défi parce que d’après les annonces des économistes européens, les subventions devraient être supprimées pour la prochaine PAC 2012. Donc il va falloir mettre en route des systèmes qui peuvent fonctionner sans subventions. Comme a su faire l’industrie à la sortie de la guerre, au début on l’a subventionnée, et puis elle a appris à vivre sans. Deuxième raison qui fait que cette agriculture va changer, c’est que cette agriculture est destructrice de l’environnement. Nous avons détruit en 6000 ans d’agriculture 2 milliards d’hectares de terres, et actuellement nous détruisons, le dernier siècle qui vient de s’écouler, le XXe, a détruit 1 milliard d’hectares à lui tout seul. Nous détruisons, nous désertifions, la terre à la vitesse de 10 millions d’hectares de terres chaque année. Le désert augmente à la vitesse de 10 millions d’hectares chaque année. Quand nous avons démarré l’agriculture les déserts ne représentaient que 11 % de la surface du globe, ils représentent 33 % de la surface du globe. Pour compenser cette perte de 10 millions d’hectares nous détruisons 15 millions – bon à l’heure actuelle on est même à un peu plus haut- on est à 17 millions d’hectares de forêt tropicale équatoriale que nous brûlons chaque année pour faire de la culture. Donc comme nous en ruinons 10 millions et que nous en gagnons 17, on a une balance d’à peu près 5 à 7 millions d’hectares de nouvelles terres cultivées, le problème c’est que la population elle augmente de 80 millions d’habitants, donc quand vous divisez 5 à 7 millions d’hectare par 80 millions d’habitants, ça nous fait que 700 m² chacun. C’est la définition de la FAO de la famine : quand il ne reste dans un pays plus que 700 m² de terre cultivées par habitant, les gens sont en état de malnutrition. Alors la situation actuelle elle est la suivante : nous cultivons 1,8 milliards d’hectares pour 6,5 milliards d’habitants, nous sommes à peu près à 2700 m² de terre cultivée par habitant, or nous en France on mange sur 6000 m², les Etats-Uniens mangent sur 8000 m², donc si y’a que 2700 m² par personne et qu’il y en a qui consomment sur 6000 m², 8000 m², y’a des gens qui ne doivent pas manger. Effectivement il y a un milliard d’êtres humains qui sont en état de malnutrition, c’est-à-dire autant qu’il y avait d’habitants en 1800. Jamais, dans l’histoire de l’humanité, il y a eu autant d’hommes qui ont crevé de faim. Et ça ce scandale il ne va pas durer éternellement, c’est qu’y va bien falloir à un moment que nous décidions d’arrêter de détruire cette planète, et de permettre à tout le monde d’avoir droit à manger. Or la situation actuelle avec cette destruction de sol, elle n’est pas très encourageante, puisque la production de céréales n’a pas augmenté depuis 1984. Depuis 1984 nous faisons entre 1,8 et 1,9 milliards de tonnes de céréales par an, alors que la population elle continue à monter. Mais ça se bloque, pourquoi ? Parce que les sols sont en train de lâcher. Quand je commençais à travailler avec les agriculteurs dans les années 80, je me souviens des gens qui faisaient partie du club des 100 quintaux en région parisienne, et on nous annonçait, je me souviens quand je suis rentré à l’INRA, on a sorti un livre blanc, c’était monsieur J. Poly à l’époque, qui annonçait que en l’an 2000 l’agriculture française produirait 150 qx de blé à l’hectare, panifiables. Nous sommes en 2007, les gens qui faisait partie du club des 100 qx dans les années 80 sont plutôt à 85-90 qx. Ils ne font pas du tout 150 qx/ha panifiables. Vous avez à l’heure actuelle, sur le marché semé, des blés qui ont un potentiel à 150 qx, je ne connais pas un seul agriculteur céréalier français qui fait 150 qx. C’est-à-dire qu’à l’heure actuelle les européens ont des ferraris et roulent sur des chemins de terre, ils ont des blés qui génétiquement peuvent faire 150 qx, mais les sols sont en tellement mauvais état qu’ils font plutôt 80-85qx. Donc c’est un recul des rendements et non pas des lendemains qui chantent comme on nous annonçait dans les années 70. Alors l’érosion des sols est un phénomène qui se fait en trois étapes, c’est toujours la même évolution : - Premièrement : mort biologique du sol, (phase biologique) vous mettez des excès de pesticides, excès d’engrais, vous n’apportez plus de matière organique au sol, lentement la faune et la microflore va disparaître… Un pays comme la France, par exemple, la France est le deuxième consommateur mondial de pesticides, nous consommons presque autant de pesticides que les Etats-Unis avec une surface agricole 10 fois plus petite. Nous consommons 10 fois plus de pesticides à l’hectare que les Etats-Uniens. La France est un des pays, avec la Hollande, qui consomme le plus de pesticides à l’hectare. Le résultat c’est que votre population animale et fongique notamment, disparaît. Quand les animaux meurent, qu’est-ce qui se passe ? Il n’y a plus de remontée des éléments par les vers de uploads/Geographie/ vers-de-nouvelles-techniques-d-x27-assolement-et-de-semis-direct.pdf
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- Publié le Nov 21, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
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