L'AMOUR D\NS L'HUMANITÉ 13908.— IMPRIMERIE A. LAIIURE 9, rue de Fleurus,9 L'AMO
L'AMOUR D\NS L'HUMANITÉ 13908.— IMPRIMERIE A. LAIIURE 9, rue de Fleurus,9 L'AMOUR J)AI\S L'HUMANITÉ KSSAI D'UNE ETHNOLOGIE DE L'AMOUH pvn P. MANTEGAZZA Professeur d'AolbropoIope tt Séttileor du royaume d'ililie Traduit par ÉM1L1EN GHESNEAU PARIS F. FETSCHERIN ET CHUIT, ÉDITEURS Iibrauesdel'Ecole Nationale desBeaux-AtU 18,RUE DEi/ANCIEVNE-COMÉDIE, 18 1886 Tous uroiU rcttrvn AVIS AU LECTEUR Cet ouvrage complète la Trilogie de l'amour dont font partie les dcu\ \olunies déjà pu- bliés : la Physiologie de l'amour et l'Hygiène de l'amour. Ami 10010111", toi qui depuis longues années m'accompagnes avec une attention bienveil- lante dans mes études sur l'homme, ne prends pas en mauvaise part le livre auda- cieux que je te présente et qui constitue une page des plus importantes de la psycho- logie humaine. Si tu ne regardes que le titre ou ne lis que quelques pages, il se peut que tu le juges mal ; mais, quand tu l'auras lu en entier, je suis sûr que tu seras ému, comme je l'ai été en l'écrivant. Cacher les plaies du coeur humain au nom de la pudeur peut sembler de la vertu ; ce n'est au con- 1 '2 L'AMOUR DANS L'HUMAMTE. traire qu'hypocrisie ou peur. La science mo- derne, qui nous préparc une morale plus franche, plus vraie et plus sure, ne peut s'appiner que sur la connaissance entière et profonde de l'homme tout entier. Voici pourquoi, espérant en un homme meilleur, j'ai \oulu montrer l'homme du passé et l'homme d'aujourd'hui. Lis donc mon livre sans malignité, honnêtement, comme je l'ai pensé et écrit. P. MANTEGAZZA. L'AMOUR DANS L'HUMANITÉ CHAPITRE PREMIER LESFÊTESDE LAPUBERTÉ I aimée du Dieu. —Les fêtesde laPubcité. —lêtes et initia- tionsdesjeunesCafres et des ncgicsdeloango —lêtes et ritesanalogues poursaluerlapubeitedesjeunesAustiahcns. —LesAlfouious deCéiam. Nous autres peuples pudibonds et hypocrites, qui a\ons appris à rougir devant un caleçon ou devant certains mots que nous cachons au fond des dictionnahes, nous n'avons ni fétes pour saluer la venue du Dieu d'amour, ni rites pour la célébrer. Souvent môme,,le père et la mère ignorent que leur fils est devenu homme, que leur fille est devenue femme. C'est la blanchis- seuse seule qui connaît le secret; elle en rit cyni- quement et en commente les particularités avec la femme de chambre et la cuisinière de la fa- mille, et les soliloques nocturnes et les corridors sombres cachent comme un crime l'acquisition 4 L'AMOUR DANS L'HUMANITÉ. d'une force vive qui transforme et double la vie. Dans celte pudique réserve, tout n'est pas blâ- mable : c'est peut-être la prescience, la divina- tion inconsciente d'une pcifoclion plus grande. Mais aujourd'hui, ni assez sauvages pour aller nus, ni assez vcitueuv pour idéaliser la nudité, nous ne fôtons pas la venue de la puberté. Beau- coup 'de peuples, par contre, plus incultes que nous, saluent l'aube de l'amour par des fétes et des céiômonies qui ont une importance considé- îablc pour l'étude de la psychologie comparée. A ce point de vue, nous examinerons îapidemcnt les usages des Cafres et des Australiens. Quand les jeunes Cafres sont pubères, elles sont admises dans le ceicle des femmes avec des cérémonies que le chaste missionnaire Neuhaus ne veut pas décrire. Il se contente de déclarer qu'on s'y abandonne à un libeitinagc effréné 1. Selon Reclus, à l'âge de si\ mois, la petite fille chez les Zoulous est soumise à l'amputation d'une phalange (le plus souvent la dernière de l'annu- laire gauche). Celle phalange est enfouie dans de la bouse de vache fiaîche sur laquelle on fait égoutter le sang de la blessure. Cette galette est alors placée sur le faite de la hutte. Dans quelques endroits, le père arrache de la queue de la plus belle vache quelques poils dont 1. G. Z. Neuhaus, Mémones de la Société (Vantlnopologie allemande, 1882,p. 205. CHAPITRE PREMIER. 5 la mère fait une tiesse spéciale qu'elle al lâche au cou de l'enfant et qui lui sert d'amulette. Cette vache est saciéc; elle ne peut ètic vendue ni prêtée sous aucun prétexte. Elle devient la soeur et la compagne mvstique de l'enfant, à la- quelle on croit qu'elle communique sa vigueur et sa santé. Devenues femmes, les jeunes Cafres doivent su- bir une initiation. Une matrone en réunit quel- ques-unes, les conduit à la rivière et les installe cnlic les joncs et lesioscauv.. Ellepiésideà l'édu- cation, qui dure de sis. semaines à si\ mois; elle les institut dans les tiavaux et les ails féminins et d'abord dans le maniement de la bêche. Celte éducation s'accompagne de coups et dc'mauvais traitements. PeiuKintce temps, les jeunes filles ne peuvent boiie de lait, elles doivent remplacer leurs vêtements par de la cendre et de l'argile blanche et se faire une couverluie de joncs, un coilicr et une ceinture de graines de citrouilles pour s'assu- rer une fécondité digne de ces cucuibilacées. De temps en temps, elles s'habillent en homme et prennent des travestissements bizarres; elles brandissent des armes et des bâtons et font mille folies; tout leur est peimis. Il est prudent de les éviter, elles pourraient vous tuer impunément. Elles attendent la visite du grand serpent qui doit les instruite du dernier mystère. Quand il leur est apparu, la cérémonie touche à sa fint 0 L'AMOUR DANS L'HUMVNITU Elles se rasent tous les poils du corps et passent la dernière nuit de leur noviciat à chanter, à sif- fler et à souffler dans des roseaux; puis elles al- lument un grand feu dans lequel elles jettent leurs vêtements de joncs en dansant autour et en battant des mains et des pieds. Le lendemain malin, elles se baignent, se dé- barrassent de la boue qui les couvre, se teignent en îouge, s'oignent d'une graisse qui les rend brillantes et retournent à leur village où on les reçoit avec des fêtes. Elles nomment reine une d'entre elles qui choisit comme roi un jeune homme et toutes élisent un cavalier. Aucune ne doit rester seule, et s'il en est de trop timides pour se chercher un compagnon, il est du devoir des matrones de leur en procurer un. Le mot d'ordre est de se divcitir : c'est un hjmne d'amour. S'il airive un accident, les pa- rents du coupable offrent des vaches à la famille de la jeune fille et achètent celle-ci, pourvu qu'elle ne soit pas trop chère. Au besoin, ils achètent l'enfant, à moins que le grand-père pa- let nel n'en veuille pas. Chez les nègres de Loango, quand une fille a ses îègles pour la première fois, on la conduit dans une cabane spéciale et jusqu'au jour où elle sera pourvue d'un maii, elle est sacrée vierge (nkumbii ou tschihumbi), mot qui indique aussi la membrane hymen. Chacune de ces cabanes ne CHAPITRE PREMIER. 7 peut contenir que trois jeunes filles. Elles sont confiées par leurs patents à une femme qui au au moment opportun doit les instruire des choses de l'amour. Le son d'une petite cloche et la fer- meture de la porte indiquent aux cinieux (spécia- lement du sexe fort) que la maison est inviolable. Au contraire, lorsque la clochette ne se fait pas entendre et que la porte est cuvette, on peut en- trer dans le sanctuaire de la virginité, rire et y faire de la musique. Les vierges sont flottées de poudre rouge et ointes d'huile de pal- mier. Cette claustration virginale dure au plus la période intermenstruollo, mais elle peut se pro- longer beaucoup plus longtemps par la volonté des parents ou le désir de la jeune fille. La claus- tration terminée, la vierge se rend au boid de la mer ou de la rivière, elle se lave, se peint ou se graisse de nouveau, puis, habillée et paiée, elle est portée en liiomphe par ses compagnes. Des chants et des danses peu décentes célèbrent celte consécration delà femme. Pechucl-Loecksa vit une fois sur une natte une icprésentation foit élo- quente de la pi ornière nuit d'amour. Dans presque toutes les tribus australiennes, un homme n'est admis au mariage que s'il a passé par une initiation qui le sacre Homme. Quel- quefois les tortures qu'on lui inflige sont si cruelles 8 L'AMOUR DANS L'HUMANITÉ. qu'il y laisse la santé ou 'la vie, et Davvson se demande si cette instillation n'a pas le môme but que l'antique bain Spartiate 1. Davvson a observé cette célébration de la viri- lité chez les Australiens du district occidental de Victoria; on l'appelle kalnecch dans le dia- lecte « chaap Wuurong », katnilt dans le dialecte « kuum kopau nott » et lapnet dans le dialecte «peek whuurong ». Durant le cours de son initiation lejeune néophyte estappelé kutnect. La cérémonie dure douze mois, mais on n'artache pas les inci- sives supérieures, comme dans d'autres tribus. L'auteur se contente de dire qu'on arrache au néophyte tous les poils de la barbe, qu'on lui fait boire de l'eau mélangée de boue, après quoi on le rend à sa tribu. Il est ensuite introduit auprès de la jeune fille qui doit être sa femme. Ils peuvent se regarder mais non se parler. Lorsque la barbe du jeune homme est vepoussôe et uploads/Geographie/ mantegazza-l-x27-amour-dans-l-x27-humanite-1886.pdf
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- Publié le Jan 03, 2023
- Catégorie Geography / Geogra...
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