Le contexte Une idée nouvelle contre l’évidence immédiate. L’idée que les espèc

Le contexte Une idée nouvelle contre l’évidence immédiate. L’idée que les espèces possèdent une longue histoire au cours de laquelle elles ont pu se transformer et changer s’oppose, à première vue, aux observations immédiates: on ne voit jamais un chien donner naissance à un chat, où un chêne produire un cerisier! Pourtant, plusieurs observations ont permis d’établir l’existence des modifications des espèces dans le temps. Elles ont résulté de l’accumulation de plusieurs découvertes réalisées en Europe à partir du 16e siècle (dans d’autres régions, des scientifiques, dont le chinois Shen Kuo, avaient réalisé dès l’an 1000 des observations pertinentes, mais qui sont restées sans lendemain). A cette époque, il est apparu que l’on pouvait découvrir des faits inconnus des auteurs de l’antiquité, corriger leurs erreurs et améliorer la connaissance du monde. Ce nouvel état d’esprit sera utilisé pour découvrir et expliquer la surprenante histoire des espèces. Les espèces se succèdent et se renouvellent au cours du temps. Il est rare que l’on puisse dater précisément une révolution scientifique: les idées et les contributions respectives se diluent dans l’histoire et compliquent le tableau, rendant délicat l’attribution d’une découverte à un seul scientifique. Pourtant, nous connaissons précisément la date de la plus grande révolution de la biologie depuis la découverte de la cellule: le jeudi 24 novembre 1859 paraissait un livre qui allait changer le monde : ce jour là, le naturaliste Charles Darwin, déjà célèbre pour d’autres travaux et ses voyages, faisait paraître son ouvrage “l’origine des espèces par le moyen de la sélection naturelle, ou la préservation des meilleurs groupes dans la lutte pour la vie”. Il n’était ni le premier ni le plus célèbre à s’intéresser à ce problème, mais son livre présentait une somme d’observations et de réflexions montrant que les différentes espèces d’être vivant (donc l’homme aussi) dérivaient les unes des autres par divers mécanismes permettant de reconstruire une histoire de la vie gouvernée par un changement permanent, une évolution des formes de vie. Nous allons examiner comment cette brillante idée est devenue, de nos jours, une certitude. Les roches sédimentaires racontent l’histoire de la Terre Avant l’époque de la renaissance, il n’existait pas de réponse scientifique à la question de l’origine des espèces et de la planète: toutes les réponses étaient fournies par les religions, et il semblait évident qu’une intervention divine avait créé toutes les espèces existant actuellement (seuls avaient disparu des “monstres” qui n’avaient pas résisté au déluge...) Des théologiens (1) avaient calculé que la Terre avait été créée il y a 7000 ans environ. Quiconque contestait ces idées risquait de finir transformé en méchoui sur un bûcher... En 1666, des pécheurs italiens capturent un requin géant près de la ville de Livourne. Un noble local envoie le corps de l’animal à un spécialiste de l’anatomie danois, Niels Stensen, qui travaillait à Florence. Stensen dissèque l’animal (ci contre, gravure tirée de son ouvrage, montrant la tête et les dents de l’animal) et découvre que les dents du requin ressemblent beaucoup, étrangement, à des pierres, les glossopetrae, que l’on peut trouver dans certaines couches de roches. Alors que des auteurs anciens pensaient que ces pierres étaient tombées du ciel ou devaient leur forme au hasard, Stensen ose une hypothèse révolutionnaire: puisque les pierres ressemblent trop aux dents de requins, c’est que ce sont sans doute d’anciennes vraies dents de requins qui se sont transformés en pierre, minéralisées, au cours du temps. Il confirme ainsi une idée émise par le botaniste Fabio Colonna en 1616, mais il va plus loin en cherchant comment ces dents sont arrivées dans les roches et en supposant que tous les fossiles sont des restes d’anciens animaux ou végétaux (2). En observant les falaises, Stensen propose que des roches se forment par dépôt de couches successives qui emprisonnent les restes d’êtres vivants qui seront convertis en pierre avec le temps. Il semble alors évident que les dépôts successifs forment des couches dont la plus ancienne est située vers le bas (3). L’étude des fossiles et des roches qui les contiennent va pouvoir commencer. 1 - L’anglais J. Husher avait par exemple calculé dès 1654 la durée de toutes les générations dans la bible (sa démarche était scientifique, mais pas sa référence!), aboutissant à une date de “création” de la Terre en 4004 av. J.C. D’autres religieux “précisèrent” ensuite ce décompte jusqu’à l’absurde (aboutissant à l’acte de naissance de la Terre le 26 octobre 4004 av. JC à 10h du matin...). De nos jours, certains intégristes religieux croient toujours que la Terre est âgée de 6000 ans à peine. 2 - Cette origine des fossiles doit vous sembler évidente, mais en 1616 il en était tout autrement. Seuls des génies du calibre de Leonard de Vinci (cf encadré ci contre) vers 1500 ou des penseurs excentriques comme Bernard Palissy vers 1550 pouvaient penser que de vrais animaux pouvaient s’être transformé en pierre et donner des indications sur le passé... 3 - Bien entendu, vous avez étudié en cinquième les roches sédimentaires comme le calcaire, leur formation et la sédimentation. Comment ? C’est loin la cinquième ? Vous avez tout oublié ? Votre prof a commencé à vous parler des paysages en juin et vous n’avez pas eu le temps de tout voir ? Je vous rassure, c’est assez fréquent ! Une petite révision page 3 ne sera pas de trop ... EVOLUTION DES ORGANISMES VIVANTS ET HISTOIRE DE LA PLANÈTE TERRE “Rien n’a de sens, en biologie, si ce n’est à la lumière de l’évolution.” T.G. Dobzhansky, biologiste Les remarques pertinentes d’un génie “universel”.. Léonard de Vinci s‘oppose à l’opinion qui fait des coquillages fossiles des reliques du déluge: " On ne peut qu'admirer la sottise ou la simplicité de ceux qui veulent que ces coquilles aient été transportées par le Déluge ... Si cela était elles seraient jetées au hasard , confondues avec d'autres objets , tous à une même hauteur . Or les coquillages sont déposés par étages successifs ; on les trouve au pied de la montagne comme à son sommet ; quelques-uns sont encore attachés au rocher qui les portait. Ceux qui vivent en sociétés , huîtres , moules , sont par groupes ; les solitaires se trouvent de distance en distance , tels que nous les voyons aujourd'hui sur le rivage de la mer ... Les montagnes où sont les coquillages étaient jadis des rivages battus par les flots , et depuis elles se sont élevées à la hauteur où nous les voyons aujourd'hui ... ". Vers 1800, l’ingénieur William Smith supervise le tracé d’un canal au sud-ouest de l’Angleterre. Il en profite pour confirmer ses observations, faites dans des mines de charbon, sur l’ordre des couches de roches du sous-sol. Il constate qu’il retrouve dans les roches creusées à cette occasion des couches identiques, contenant les mêmes fossiles, à des endroits très différents de l’Angleterre. Il constate aussi que la succession de fossiles, d’une couche à l’autre, est toujours la même. Cela lui permet de repérer la succession des roches sédimentaires et d’en faire une carte, montrant dans quel ordre ces roches se sont déposées (cette carte, ainsi que d'autres, issues de son travail, est visible ici). Il devient alors possible de considérer les roches sédimentaires comme étant les pages successives d’un livre racontant l’histoire des diverses formes de vie à différentes époques: les roches sédimentaires constituent des archives géologiques, car elles contiennent des fossiles variés dont on peut, par diverses méthodes, dater l’époque de formation. Les dépôts successifs de sédiments, transformés par la suite en roches, permettent de suivre le déroulement du temps sur de très longues périodes. L’épaisseur maximale de sédiments visibles à un endroit donné est de 2,5 km (au Hells Canyon, dans le N.E. de l’Oregon, USA) mais s’il était possible de voir leur épaisseur totale, dans l’histoire de la Terre, celle-ci représenterait une hauteur de 120 km ! Ci-contre : le Grand Canyon du Colorado (USA) a été creusé par le fleuve du même nom il y a 7 millions d’années dans des roches âgées de 270 millions d’années. Le fleuve a entaillé ces roches sur une profondeur de 1300 m, dégageant des couches successives dont la plus vieille, au fond, date de plus de 1840 millions d’années. Lorsque l’on s’élève depuis le fond, il est possible de rencontrer dans certaines couches des fossiles contribuant à décrire l’histoire de la vie pendant cette période. Photo USGS. Les précurseurs de l’évolution Shen Kuo découvre que les roches et le climat ont varié dans l’histoire. Entre 1070 et 1080, ce scientifique chinois utilise ses observations de l’érosion, des roches et des fossiles pour affirmer que les continents sont formés par de très lents dépôts de sédiments et que l’emplacement des mers et des océans à changé avec le temps. Vésale montre les ressemblances entre le corps humain et celui des animaux. En 1543, le professeur d’anatomie Vésale publie le premier livre décrivant en détail des dissections de corps humains. Vésale est intrigué par les différences, mais aussi les ressemblances, entre l’organisation du corps uploads/Geographie/ manuel-svt4-sur-4.pdf

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