European Scientific Journal September 2019 edition Vol.15, No.25 ISSN: 1857 – 7

European Scientific Journal September 2019 edition Vol.15, No.25 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431 387 Ouverture Commerciale, Croissance Economique et Environnement au Cameroun : Une Etude Empirique de la Courbe Environnementale de Kuznets Nkwenka Nyanda Patrick Geoffroy, Ngassa Nya Yve Daniel, Docteurs en Sciences Economiques, Département d’Analyse et Politique Economiques, Faculté des Sciences Economiques et de Gestion, Laboratoire de Recherche en Economie et Management (LAREMA), Université de Dschang, Cameroun Kaffo Fotio Hervé, Docteur en Sciences Economiques, Département d’Economie Publique et des Ressources Humaines, Faculté des Sciences Economiques et de Gestion, Laboratoire de Recherche en Economie et Management (LAREMA), Université de Dschang, Cameroun Doi:10.19044/esj.2019.v15n25p387 URL:http://dx.doi.org/10.19044/esj.2019.v15n25p387 Résumé L’objet de ce papier est de déterminer les effets de la croissance économique et de l’ouverture commerciale sur la qualité de l’environnement. La méthode de cointégration par les retards échelonnés ou Auto Regressive Distributed Lags (ARDL) développée par Pesaran et al. (2001) a été appliquée sur les données macroéconomiques du Cameroun sur la période allant de 1971 à 2011. Les résultats révèlent que : la croissance économique induit la détérioration de l’environnement à court terme, mais l’améliore à long terme tandis que l’ouverture commerciale détériore l’environnement au Cameroun. Mots clés: Environnement, Croissance économique, Ouverture commerciale, Cameroun European Scientific Journal September 2019 edition Vol.15, No.25 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431 388 Trade Openness, Economic Growth and Environment in Cameroon: An Empirical Study of the Environmental Kuznets Curve Nkwenka Nyanda Patrick Geoffroy, Ngassa Nya Yve Daniel, Docteurs en Sciences Economiques, Département d’Analyse et Politique Economiques, Faculté des Sciences Economiques et de Gestion, Laboratoire de Recherche en Economie et Management (LAREMA), Université de Dschang, Cameroun Kaffo Fotio Hervé, Docteur en Sciences Economiques, Département d’Economie Publique et des Ressources Humaines, Faculté des Sciences Economiques et de Gestion, Laboratoire de Recherche en Economie et Management (LAREMA), Université de Dschang, Cameroun Abstract The objective of this paper is to examine the effects of economic growth and the trade openness on the quality of the environment. Pesaran’s et al (2001) Auto-Regressive Distributed Lags (ARDL) was applied on the macroeconomic data of Cameroon dating from 1971 to 2011. The results reveal that: the economic growth induces a deterioration of the environment in the short-term but improves it in the long-term while the trade openness deteriorates the environment in Cameroon. Keywords: Environment, Economic Growth, Trade openness, Cameroon Introduction L’attention accordée aux problèmes environnementaux (réchauffement climatique) est de plus en plus préoccupante et occupe un espace médiatique très important. En effet, le réchauffement climatique, dû à l’accumulation des Gaz à Effet de Serre (GES), constitue une grande menace pour l’humanité (Stern, 2007). Selon le Ministère de l’Environnement et de la Faune (MINEF, 2005), les émissions de dioxyde de carbone (CO2) constituent le principal GES émis au Cameroun. En effet, les émissions de CO2 représentent 53,73% des émissions totales de GES, suivies par les émissions de méthane (CH4) European Scientific Journal September 2019 edition Vol.15, No.25 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431 389 avec 24,36%, de protoxyde d’azote (N2O) avec 18,05% et de l’oxyde de carbone (CO) qui pollue à hauteur de 3,3%. Les autres GES sont responsables de moins de 1% des émissions. La figure 1 montre l’évolution des émissions totales de CO2 au Cameroun sur la période allant de 1965 à 2009. Figure 1 : Evolution des émissions de CO2 au Cameroun de 1965 à 2009 (en kilotonnes) Source : Africa Development Indicators (2012) La figure 1 révèle que les émissions de CO2 sont croissantes jusqu’en 1985, avec un pic de 6589 kilotonnes métriques en 1983, avant de connaitre une diminution brusque sur la période 1986/1988, ce qui semble coïncider avec l’entrée du Cameroun en récession. En dépit de la crise que traverse l’appareil productif camerounais, les émissions de CO2 atteignent le niveau record de 7638 millions de tonnes métriques en 1989, avant de connaitre une chute quasi-permanente à partir de 1990 et ce jusqu’à la fin de la décennie (néanmoins, on peut remarquer une période de hausse à partir de 1992, mais elle est très brève). A partir de l’an 2000, on assiste à une hausse permanente des émissions de CO2, qui ont presque doublé entre 2000 et 2009, passant ainsi de 3432 à 6673 tonnes métriques. Cette augmentation des émissions de CO2 a poussé les autorités camerounaise à s’engager dans de vastes réformes qui devraient permettre de réaliser une croissance durable écologique au regard de la croissance économique enregistrée dans le pays depuis quelques années. L’économie camerounaise a suivi, depuis son accession à l’indépendance, une évolution en trois (03) phases : deux décennies de relative prospérité (1965-1985), une décennie de récession économique aigüe (1985-1995) et depuis 1995, une certaine reprise de la croissance économique. La figure 2 retrace l’évolution du taux de croissance du PIB au cours de la période 1965-2011 : 0 2000 4000 6000 8000 emissions de CO2 1960 1970 1980 1990 2000 2010 Années Emissions totales de CO2 en kilotonnes European Scientific Journal September 2019 edition Vol.15, No.25 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431 390 Figure 2 : Evolution du taux de croissance du PIB au Cameroun de 1965 à 2011 Source : Africa Development Indicators (2012) En dépit de quelques années de croissance négative, on constate que l’économie camerounaise a connu une période de fort décollage entre 1965 et 1985, impulsée par une croissance spectaculaire du secteur pétrolier à partir de 1973 qui permet d’atteindre le taux de croissance record de 22% en 1978. A partir de 1986, le Cameroun entre en récession, avec des taux de croissance négatifs jusqu’en 1994. A la faveur de la dévaluation de 1994 et des programmes d’austérité mis en place, le Cameroun a retrouvé le sentier de la croissance à partir de 1995, même si le taux de croissance reste relativement faible. Le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE), élaboré en 2009, et les Objectifs de Développement Durable (fixés en 2016) réaffirment la volonté du gouvernement camerounais de poursuivre les objectifs de croissance économique, d’améliorer les conditions de vie des populations et de gérer durablement les ressources environnementales. Dès lors, on pourrait s’interroger, au regard des faits stylisés décrits ci-dessus, sur la relation qui existerait entre la croissance économique et l’environnement. Cette relation a fait l’objet de nombreux débats dans la littérature, opposant « pessimistes » et « optimistes ». Pour les « pessimistes », à l’instar de Meadows et al. (1972), la dégradation de l’environnement est essentiellement due à l’activité économique (production et consommation) qui entraine l’épuisement des ressources naturelles, l’accumulation des déchets et la concentration des polluants qui détruisent les écosystèmes de manière irréversible. Les seconds par contre, notamment Kuznets (1955), estiment que la poursuite de la croissance économique va dans le sens de la protection de l’environnement à long terme. Ces derniers postulent une relation entre la croissance économique et les dommages environnementaux, selon laquelle l’environnement se détériore dans les pays pauvres et s’améliore ensuite au fur et à mesure que le pays s’enrichit (théorie de la Courbe Environnementale de Kuznets). -10 0 10 20 taux de croissance 1960 1970 1980 1990 2000 2010 Années taux de croissance du PIB (en %) European Scientific Journal September 2019 edition Vol.15, No.25 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431 391 Selon cette théorie, la solution aux dommages causés à l’environnement serait de favoriser le plus possible la croissance des activités de production et de consommation de biens et services, mesurées par le PIB réel par habitant (Banque mondiale, 1992). L’hypothèse est que, durant la première phase de développement économique d’un pays, il y a peu d’émissions polluantes car la production est faible, puis la pollution va s’accroître car l’industrialisation impose une pression importante sur l’environnement. Enfin, à partir d’un certain niveau de revenu, les agents commencent à prendre conscience de la valeur d’un environnement sain et la conjugaison de la modification des préférences individuelles, de l’implication du pouvoir exécutif dans les problématiques environnementales et de l’augmentation relative de l’importance des services dans le PIB des économies les plus développées tend à diminuer les dégradations environnementales. Depuis l’étude de Grossman et Krueger (1991) sur l’impact environnemental de l’Accord de Libre Echange Nord Américain, on distingue trois effets interdépendants : l’effet d’échelle, l’effet de composition et l’effet technique dans l’explication de la Courbe Environnementale de Kuznets (OMC, 1998). L’effet d’échelle capture la relation entre l’expansion des activités économiques et l’évolution de la qualité de l’environnement et indique que pour un coefficient de pollution et une structure de l’économie donnés, tout accroissement de l’activité économique aura pour conséquence une augmentation de la pollution (OMC, 1998). L’effet de composition quant à lui traduit la modification de la structure de production de l’économie induite par la spécialisation internationale des pays participants au commerce. L’impact (positif ou négatif) de l’effet de composition sur la qualité de l’environnement d’un pays dépendra de la nature des biens qu’il produit. En effet, si l’échelle de production et l’intensité de pollution sont constantes, alors les émissions polluantes dépendront uploads/Geographie/article-de-nkoakam.pdf

  • 26
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager