De l’indépendance à la « crise de Bizerte ►De nos jours, tout le monde s’accord

De l’indépendance à la « crise de Bizerte ►De nos jours, tout le monde s’accorde Tunisiens dirigeants aient affirmé proche du continent européen pour laisser indifférentes l’hégémonie en Méditerranée. En outre, la (ou les) lutte(s) est exploitation, en Afrique du Nord, d’importantes r l’Algérie et, très probablement, comme on le verra Dans ces conditions, il était naturel que les dirigeants autochtones laissent Bizerte et son lac sous le contrôle de la France (zone colorée dans l’image ci pays limitrophe, faisait rage. C C CR R RI I I Capitaine de Frégate Abdelaziz SAHBANI (extrait de « crise de Bizerte » De nos jours, tout le monde s’accorde : l’indépendance de 1956 n’en fut pas une é abondamment le contraire, à tout propos). Ce pays est, en effet, trop du continent européen pour laisser indifférentes à son sort les puissances qui se disputent En outre, la (ou les) lutte(s) est (sont) devenue(s) plus vive(s) depuis la mise en d’importantes réserves de pétrole d’excellente qualité (et, bientô comme on le verra probablement dans les années 2030, pour la Tunisie ces conditions, il était naturel que les dirigeants autochtones laissent Bizerte et son lac sous le zone colorée dans l’image ci-dessous), d’autant plus que la guerre d’Algérie I I IS S SE E E D D DE E E B B BI I IZ Z ZE E ER R RT T TE E E ( ( (j j ju u ui i il l ll l le e et t t1 1 19 9 96 6 61 1 1) ) ) Capitaine de Frégate Abdelaziz SAHBANI « Histoire malheureuse d’un lac » du même aut l’indépendance de 1956 n’en fut pas une (bien que les Ce pays est, en effet, trop les puissances qui se disputent (sont) devenue(s) plus vive(s) depuis la mise en de pétrole d’excellente qualité (et, bientôt, de gaz naturel, pour la Tunisie). ces conditions, il était naturel que les dirigeants autochtones laissent Bizerte et son lac sous le , d’autant plus que la guerre d’Algérie, ême auteur) Page 2 sur 10 ►Ces belles paroles, Bourguiba ne les appliquera pas : obnubilé par son désir de conserver le pouvoir, il a pratiqué un népotisme à outrance, dont le résultat fut : détérioration de l’enseignement, dysfonctionnement des institutions et sous-industrialisation de son pays, nouvellement indépendant. Aucun des gouverneurs de Bizerte qui se sont succédé après l’indépendance ne semblait avoir saisi l’importance (et donc : l’intérêt) de ce lac unique en Afrique du Nord : rien n’a été fait pour tirer parti des terrains qui le bordent et des avantages qu’il offre. Il suffisait, pourtant, de s’inspirer d’autres pays (comme Bourguiba s’y était engagé, au vu du discours ci-dessus). Erreur historique : La capacité du port, limitée du temps de la France (pour les raisons dites plus haut), ne fut pas augmentée (ça continue en 2016) et peu de choses furent faites pour désenclaver Bizerte, jusqu’à récemment. ►Durant cette période, les quelque Français restés dans le pays ont continué à avoir des activités maritimes : la plage Rondeau (à Menzel Bourguiba, ex-Ferryville) et le Sport Nautique (à Bizerte) centralisaient des sports nautiques, générateurs de vocations maritimes1. 1 Illustration : Dans les années 1970, je suis entré, de nuit, en contact radio avec le car-ferry « Habib » au large de la Corse, dans le cadre d’un exercice. L’officier de quart du « Habib » a reconnu ma voix et je lui ai demandé qui il était. Il m’a indiqué que sa vocation provient des activités de voile qu’il avait pratiquées avec moi à La Pêcherie. La vocation maritime naît, en général, à l’adolescence V V Vo o oi i il l li i ie e er r rs s s à à à M M Me e en n nz z ze e el l l- - -B B Bo o ou u ur r rg g gu u ui i ib b ba a a S S Sk k ki i i n n na a au u ut t ti i iq q qu u ue e e à à à B B Bi i iz z ze e er r rt t te e e ( ( (a a av v va a an n nt t t- - -p p po o or r rt t t) ) ) M M Me e en n nz z ze e el l l- - -B B Bo o ou u ur r rg g gu u ui i ib b ba a a : : : a a ar r rr r ri i iv v vé é ée e e d d de e e r r ré é ég g ga a at t te e e Page 3 sur 10 On organisait très souvent des concours de natation, des concours de pêche, des régates ; l’événement le plus spectaculaire était la traversée à la nage Menzel Abderrahman-Plage Rondeau (avec 3 prix). Bref, la mer ne faisait pas peur et procurait un plaisir particulier. ►La Tunisie indépendante n’a pas su tirer profit de cette cohabitation, largement acceptée par les populations intéressées (j’en fus témoin, étant originaire de la région) : le Tunisien lambda ne s’intéressait qu’au football (et les autorités nouvelles n’ont fait que favoriser ce penchant, ignorant délibérément les autres sports, dont les nautiques). Et encore : en matière maritime, les Français sont loin d’être un exemple, comme seraient les Scandinaves ou les Britanniques, par exemple. ►J’ai un souvenir précis de cette époque. En mai ou juin 1957, j’avais pris le train pour me rendre à Bizerte (depuis Mateur) afin d’y passer les épreuves du BEPC (Brevet d’Etudes du Premier Cycle). Un camarade de classe, pensionnaire à Mateur mais dont les parents habitaient Bizerte, me fit « les honneurs » de sa ville, et je découvris le canal où je vis un bâtiment de guerre naviguer fièrement (je comprendrai beaucoup plus tard que c’était un escorteur rapide). Je vis plusieurs barques, dont la majorité était à rames, occupées chacune par deux ou trois personnes. Mon camarade m’expliqua que c’était des pêcheurs à la ligne, et que ces barques étaient plus nombreuses hors du canal, car la réglementation leur interdisait de pêcher dans le canal. Effectivement, il y en avait beaucoup dans le goulet, et la plupart des équipages étaient des Européens. Je ne revis plus jamais un tel spectacle, bien que j’aie passé 13 ans à La Pêcherie : cette activité, probablement fonction des treize pics migratoires annuels des nombreux poissons, avait totalement disparu (les poissons ont du se dire : « vive la décolonisation ! »). Crise de Bizerte (sources : diverses [écrites et orales], dont La Bataille de Bizerte par Patrick-Charles Renaud et le Rapport de l’amiral Amman du 20 nov. 1961). Cet événement mérite une publication séparée, mieux renseignée qu’ici. Michel Goyat (http://lavoiedelepee.blogspot.com/2012/05/assaut-sur-bizerte.html#dOK22PwgGPU4vKeL.99) : « Par de nombreux aspects et à une échelle nettement plus réduite, elle est à la France ce que la reconquête des îles Falklands a été au Royaume-Uni en 1982 ». S’agissant du lac, nous ne pouvions occulter cette crise. Le présent document ayant un objectif purement économique, l’aspect politique ne sera que succinct (bien qu’il mériterait un long développement, j’en parlerai peut-être un jour). ►Bourguiba, le leader des Tunisiens, voulait absolument jouer un rôle de négociateur entre le FLN (Front de Libération Nationale) algérien et le Gouvernement français. Du côté occidental, il croyait n’avoir rien à craindre, étant donné son passé (il avait négocié l’ « indépendance » de la Tunisie et les USA le reconnaissaient comme un allié). Pendant longtemps il ne put rien faire malgré ses tentatives (d’un côté, c’était les socialistes, colonialistes à outrance, et de l’autre, Abane Romdhane, de stature au moins équivalente à la sienne). De Gaulle ayant pris le pouvoir en France, et le FLN ayant éliminé Abane Romdhane, il crut son heure venue, mais il lui fallait faire vite parce que les pourparlers FLN-France avaient commencé à Melun, et une deuxième réunion était programmée. Seulement, son statut de « combattant suprême », entretenu auprès des Tunisiens, ne pouvait le servir hors de Tunisie : tous les leaders de la décolonisation (Nasser, etc.) savaient une réalité moins glorieuse, et le considéraient comme un « pantin au service des grandes puissances coloniales ». Comment leur prouver qu’ils se trompaient sur son compte (car ces leaders aidaient le FLN) ? Qu’à cela ne tienne ! Il allait réclamer à la France la région de Bizerte, chère à cette dernière ; celle-ci – il n’en doutait pas – entamerait la négociation avec lui (parce que Bizerte lui était très important) et il pourrait alors jouer pleinement son rôle d’arbitre, étant le détenteur de Bizerte. En effet, Bourguiba croyait savoir le rôle stratégique de la Tunisie, régulièrement rappelé depuis le début des années 1950 par certains responsables de l’État-major français. Ainsi, le Général Guillaume, commandant en chef de l’armée française pour la zone Afrique du Nord écrivait en 1953 : « En raison de tous les uploads/Geographie/bataille-bizerte-1961.pdf

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