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1 2 Félix MBETBO Ndam NJOYA Le plus grand intellectuel camerounais 3 Présentée

1 2 Félix MBETBO Ndam NJOYA Le plus grand intellectuel camerounais 3 Présentée par Les éditions du Muntu Série libre-confinement (mars 2020) Mail : leseditionsdumuntu@gmail.com 4 NDAM NJOYA EST-IL LE PLUS GRAND INTELLECTUEL CAMEROUNAIS ? Avant de commencer, il est important de préciser l’idée qui a motivé la rédaction de ce livre et surtout le sous-titre qu’on a voulu lui donner. Au Cameroun, on n’a pas pour habitude d’honorer vraiment nos grands Hommes. Et nos grands Hommes n’ont pas cette habitude de laisser aux générations futures des ouvrages autobiographiques qui racontent leur parcours. Et plusieurs meurent ainsi, en ne laissant que des souvenirs flous dans l’esprit des gens malgré parfois l’immensité de leurs actions durant leur vie. C’est le cas du Dr Ndam Njoya, plusieurs ne retiennent de lui que l’image d’un simple opposant politique, longtemps maire de Foumban et député à l’Assemblée. Certains connaissent un peu son parcours en tant que ministre de l’éducation nationale. Mais peu sont ceux qui maitrisent en réalité la dimension intellectuelle de ce grand penseur de notre temps. Il était un homme très réservé, policé, et n’aimait pas des glorioles autour de son image. Comme le rappelle Henriette Ekwe aux antennes de RFI, « il n’était pas très proche des gens », car il « était un 5 aristocrate », « discret » mais très populaire dans sa région. Ses sorties médiatiques étaient très rares, sa parole aussi, il était un homme sage, qui pratiquait l’ascète. Alors, dire de Ndam Njoya qu’il est le plus grand intellectuel camerounais peut paraître pour plusieurs comme affabulation, une drôle d’exagération car son image ne revient pas toujours à l’esprit. Mais dans ce livre, nous allons nous concentrer uniquement sur cet aspect de notre illustre disparu : l’intellectuel ! Car en dehors de la scène politique, Ndam Njoya a été présent presque partout dans la vie de son pays, de l’Afrique et du monde. Il a été un diplomate hors pair, un universitaire chevronné, un consultant international de renom, un administrateur rigoureux, un poète profond, un écrivain infatigable, un artiste complet, un cultivateur prospère, un chef traditionnel et religieux respecté. En résumé, il a été un homme- orchestre. Le Dr Ndam Njoya était la définition même de ce que Jean paul Sartre voulait qualifier d’intellectuel. Donc celui-là, « qui se mêle de ce qui ne le regarde pas ». Ainsi a été Ndam Njoya que plusieurs camerounais ignorent, et qui espérons-le, découvrirons dans cet opuscule réalisé non seulement pour lui rendre hommage, mais aussi pour nous apprendre à apprendre de ceux qui nous ont apprit par le vécu. 6 LE FILS A PAPA : AROUNA NJOYA Plusieurs jeunes ne le savent peut-être pas, mais Ndam Njoya est le fils d’Arouna Njoya que nos livres d’Histoire ne mentionnent pas toujours. Alors qu’il a été l’un des artisans remarquables de l’indépendance du Cameroun. C’est d’ailleurs dans sa cour à Foumban que vont se dérouler les assises qui vont donner naissance à la réunification du Cameroun en 1961. Arouna Njoya a été le frère de la reine qui a donné naissance au roi Njoya. C’est avec sa sœur qu’ils vont assurer la régence du royaume quand le sultan roi n’était pas encore en âge d’être assis sur le trône. Durant l’administration française après la première guerre mondiale et donc la défaite de l’Allemagne, les chefferies sont créées un peu partout au Cameroun afin d’endiguer les pouvoirs de rois. Cette loi sera effective à Foumban, ce qui va créer l’éclatement du royaume Bamoun et aboutir à la destitution du Roi Njoya qui mourra en exil à Yaoundé en 1933. Avec l’instauration de ces chefferies, Arouna Njoya se retrouve à la tête de l’un de plus importants groupements traditionnels de Foumban, ceux de Njinka en 1924. Mais il continuera à garder de bonnes relations avec le roi Njoya. Lorsque celui-ci sera en exil à Yaoundé, il a désigné Arouna Njoya comme celui qui doit choisir son héritier sous l’inspiration divine. Comme le rapporte Ndam Njoya en ces mots : Par 7 la volonté divine, c’est mon père qui l’a choisi et les actes premiers de succession ont été posés à Njinka avant de le conduire au Palais. C’est ainsi que s’est réalisée la volonté du Roi Njoya qui, au moment de l’intronisation de mon père lui dit : « c’est toi qui installeras mon héritier » ! Nous sommes en 1929 et en 1931 le Roi est exilé à Yaoundé où il va mourir en 1933. C’est ainsi qu’Arouna Njoya va désigner le roi Seidou comme héritier du sultan. Ce dernier comme Ndam Njoya va occuper les plus grandes fonctions administratives du pays. Arouna Njoya était aussi le vice- président de l’Assemblée nationale du Cameroun. Avant l’indépendance, il a été sénateur camerounais entre 47-58. En occurrence le premier sénateur de l’Histoire à sièger au parlement français. Arouna en plus de ses fonctions d’écrivain-interprète, a été l’un des membres fondateurs de l’Union nationale qui deviendra plus tard L’UNC le parti unique du président fondateur. Il été un ami très proche et très cher à Ahidjo qui a longtemps séjourné chez le père de Ndam Njoya. Il a été ministre des finances, ministre de l’intérieur, ministre de la justice. Au niveau local, il a été sécrétaire de la ligue sportive Bamoun de 1936-1944. Et président fondateur de la coppérative des planteurs Bamoun de caféiers d’Arabie. Selon sa biographie présente dans le site du sénat français où il a siégé, on dit de lui ceci : « Tout au long de son mandat, Arouna N'Joya est resté soucieux de faire du Cameroun un pays prospère et moderne, mais s'est aussi montré attaché aux traditions de sa terre africaine et à sa civilisation. Ainsi en 1946-1947, puis en 1955-1956 et en 1956-1957 dépose-t-il une proposition de résolution visant à encourager l'art indigène au Cameroun, pour « sauver et remettre en honneur les traditions artistiques de ce territoire ». 8 Arouna Njoya était aussi présenté comme un brillant intellectuel et un homme très charismatique. Quand on demande à Ndam Njoya si tous ces acquis n’ont pas joué en sa faveur au regard de tous les postes qu’il a eus à occuper, il affirme qu’il n’a jamais été un fils à papa. Arouna Njoya a toujours éduqué leurs enfants à travailler et à se battre seuls dans la vie. Ndam Njoya ne voulait même pas qu’on sache qui était son père, et il affirme qu’il a longtemps travaillé avec un homme comme Jean Keutcha sans qu’il ne sache qu’il est le fils d’Arouna. Et Ndam Njoya de dire au sujet de l’héritage de son père que : « Mon père, en partageant les biens de son héritage, en homme de foi, a classé ses enfants suivant les catégories et je suis de ceux qui, ayant par leurs études, leur travail une bonne situation n’en avaient pas besoin ». 9 UN PARCOURS ACADEMIQUE EXCEPTIONNEL Ndam Njoya est né le 8 mai 1942 à Ndinka dans la ville de Foumban. Il fait ses études primaires à Foumban et Nkongsamba. Il sera admis au lycée à Nkongsamba, ensuite au prestigieux Lycée Général Leclerc où il va obtenir un brevet et un baccalauréat en sciences expérimentales. Comme c’était coutume à cette époque avec la loi de l’indigénat, il sera qualifié pour aller en France poursuivre ses études afin de faire partie de l’élite. Il va s’inscrire à l’université de Panthéon à Paris, il va y faire un parcours sans faute : il va obtenir une licence en droit public, un diplôme d’études supérieures (DES) de doctorat d’Etat en science politique, ensuite un doctorat d’Etat en droit public. Sa thèse de 3e cycle sera axée sur Le Cameroun dans les relations internationales. Il deviendra ainsi, l’un des tous premiers spécialistes des relations internationales en Afrique et surtout au Cameroun, nous sommes en 1969. Il n’a que 27 ans. En parallèle, il va obtenir un diplôme de la section administration générale, et un diplôme de la section diplomatique de l’IIAP. Il fera plusieurs formations pratiques et stages durant tout ce temps. Il va soutenir un mémoire sur l’Islam durant son passage au Centre des Hautes Etudes Administratives sur l’Afrique et l’Asie Moderne. Il va suivre des stages pratiques à la préfecture de la Corse, à Genève dans plusieurs Organisations internationales, à l’Académie de droit international de la Haye et au Ministère des affaires étrangères à Paris, au Quai d’Orsay. 10 C’est lorsqu’il sera en train de préparer un document à présenter sur l’éthique des Relations Internationales, à l’académie diplomatique de Vienne, au milieu des directeurs des instituts académiques diplomatiques du monde, qu’il va être informé par l’ambassadeur du Cameroun à Paris qu’il a été nommé par Ahidjo au Cameroun et qu’il doit absolument retourner dans son pays. Voilà comment le jeune Ndam Njoya, promu à une grande carrière internationale, sollicité partout dans le monde, retourne servir son pays et l’aider à se construire en une nation forte. En 1969 Ndam Njoya rentre alors au Cameroun sous la pression du président Ahidjo. Il va occuper dès uploads/Geographie/biographie-du-dr-ndam-njoya-by-felix-mbetbo-pdf.pdf