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Introduction La culture marocaine suscite l’intérêt de nombreux chercheurs depuis fort longtemps. Paradoxalement, ce sont les chercheurs étrangers qui y ont trouvé un terrain fertile de fouilles anthropologiques, alors que l’intérêt de nombre de leurs homologues marocains s’est plutôt porté, faute de financement, sur des recherches plus lucratives. Il est curieux de constater que plusieurs chercheurs occidentaux qui étudient les cultures des pays en voie de développement (PED), restent, en fin de compte, des « touristes sophistiqués » qui s’intéressent davantage au côté « folklorique » de la culture qu’à la fixation des sens. En fait, la culture marocaine est à la fois simple et complexe. Elle est simple dans la mesure où elle présente des caractéristiques saillantes qui la distinguent clairement des autres cultures. Elle est cependant complexe en raison de l’enchevêtrement en son sein de nombreuses sous-cultures présentant chacune des particularités qui lui sont propres et qui peuvent paraître fort divergentes quand la sous-culture est comparée à d’autres avec lesquelles elle cohabite dans le giron de la culture marocaine. Dans le présent chapitre, nous allons justement examiner comment ces sous-cultures fondées sur des apports ethniques et raciaux, dont la société marocaine a fait la litière depuis des temps immémoriaux, se sont amalgamées pour donner naissance à la culture marocaine tout en continuant de graviter dans des orbites différentes. Nous allons identifier le commun et le particulier ou encore, l’etic et l’emic dans cette culture. Nous allons également montrer quelques-unes des implications de cette culture et de ses constituantes sur les modes de gestion et identifierons certains types de comportements qu’elles conditionnent. La culture marocaine : un mélange de sous cultures Le peuple marocain est fait d’un mélange peu commun de races. Eu égard à sa position géostratégique, le Maroc a depuis toujours suscité les convoitises des peuples marchands et guerriers. Plusieurs peuples se sont donc succédé au Maroc : Romains, Byzantins, Carthaginois, Phéniciens, Vandales, Arabes, Espagnols, Portugais, Français, entre autres. Chacun de ces peuples a profondément, et d’une manière indélébile, marqué la société marocaine. D’autre part, la traite des esclaves a fait venir au Maroc des tribus entières d’Africains. La reconquête espagnole en 1492 à, elle aussi, chassé vers le Maroc, outre les « Sarrasins », un nombre considérable de Juifs de l’Andalousie. Ces origines multiples sont venues se greffer aux autochtones berbères qui constituent à eux seuls plusieurs peuples, créant ainsi un amalgame exceptionnel de races et d’ethnies. Ainsi constituée, la culture 1 marocaine paraît être tantôt un melting-pot ayant réussi à fondre en son sein toutes les cultures des peuples qui ont habité le pays, tantôt une tour de Babel dans la mesure où lesdites cultures ont largement gardé leurs spécificités et leurs caractéristiques. Afin d’aider le lecteur à répondre à cette question, nous allons rappeler dans la section suivante les fondements de la culture marocaine ainsi que son évolution comme suite aux apports faits par les différents peuples ayant habité le Maroc. Les fondements de la culture marocaine Nous distinguons à cet égard entre les fondements historiques et ethniques, les fondements religieux et cultuels et enfin, les fondements économiques. Évolution historique et ethnique de la société marocaine Les écrits disponibles de même que les preuves archéologiques montrent que le Maroc était déjà peuplé vers 800 000 avant J.-C. comme en témoignent, entre autres, les outils retrouvés à Casablanca. Vers 5000 ans avant J.-C., de nouvelles populations arrivèrent au Maroc et se mêlèrent aux descendants des premiers habitants. Les populations ainsi constituées ont été désignées par la suite de « barbares », puis de « berbères » par les navigateurs et les Romains. Entre les VIIIe et VIe siècles avant J.-C., l’écriture libyque, inventée par les Berbères, est apparue dans l’Atlas marquant ainsi le début de l’histoire du Maroc. Depuis, la diversité ethnique de la population allait crescendo avec l’arrivée de nouvelles peuplades. Ainsi, des marques phéniciennes datant du Ve siècle avant J.-C. ont été trouvées sur des poteries à l’île d’Essaouira. Des peuples dits « les Éthiopiens » ou ceux qui sont brûlés par le soleil, s’installèrent au Maroc. Les Atlantes occupèrent le centre de l’Atlas et donnèrent leur nom à l’océan Atlantique. Le royaume de Maurétanie a pris naissance au Ve siècle av. J.-C. et a atteint son apogée sous le règne du roi Juba II entre les années 25 avant J.-C. et 23 de l’ère chrétienne. Cependant, en l’an 42 après J.-C., les armées romaines envahirent le Maroc, mettant ainsi fin au royaume de la Maurétanie Tingitane. Des vestiges sont encore debout des villes de Tingis, Lixus et Volubilis attestant de la force de la présence romaine au Maroc qui s’est maintenue jusqu’en l’an 429 avec l’arrivée des Vandales dans la région. Il semblerait également qu’à partir de 533, les flottes byzantines puis wisigothes aient occupé Ceuta et Essaouira. Il ne subsiste cependant que de rares objets de leur passage. 2 En 682, le chef arabe Oqba Ibn Nafi’i est arrivé jusqu’aux côtes atlantiques marquant ainsi l’entrée de l’islam au Maroc et ce, malgré la résistance des Berbères et des Byzantins. Néanmoins, l’affaiblissement de la dynastie omeyyade à Damas, siège du calife, survenu à la suite de nombreux soulèvements, entraîna le morcellement du Maroc en plusieurs royaumes et principautés. Malgré l’islamisation progressive de la population, la première dynastie musulmane ne s’installa au Maroc qu’à partir de 788 avec l’arrivée d’Idriss 1er, descendant du Prophète. Persécuté par les Abbassides à la suite de la bataille de Fakh en Arabie, Idriss s’est réfugié au Maroc avec son valet auprès de la tribu berbère d’Ouraba qui en a fait son roi. Après sa mort en 7926, le fils qui venait de naître de son épouse berbère Kenza fut proclamé nouveau roi sous le nom d’Idriss II. C’est lui qui a fondé la ville de Fès et en a fait sa capitale administrative. Sous le règne des Idrissides, la ville de Fès a atteint une prospérité inégalée. Des mosquées prodigieuses et célébrissimes comme Al Quaraouiyine et Al Andalos y ont été érigées. Les Idrissides, qui entre-temps étendirent leur pouvoir sur une grande partie du Maroc, ont été même proclamés califes de Cordoue au début du XIe siècle. Cependant, la division de l’Espagne a causé leur décadence et leur disparition en 1055. Après les Idrissides, ont régné sur le Maroc de nombreuses autres dynasties. Ainsi, les Almoravides, dynastie berbère originaire du Sahara occidental, prirent le pouvoir à un moment où le tribalisme régnait en maître absolu. C’est le célèbre sultan almoravide Youssef Ibn Tachfine qui a construit la ville de Marrakech vers 1070 et en a fait sa capitale. C’est également lui qui a assuré l’unification politique entre le Maroc et l’Espagne musulmane qu’il a étendue jusqu’à l’Èbre après sa victoire sur les troupes d’Alphonse VI. Les Almoravides ont été remplacés par les Almohades, une autre dynastie berbère originaire du Haut Atlas qui a étendu son règne sur toute l’Afrique du Nord ainsi que sur toute l’Espagne musulmane. Puis ce fut au tour des Mérinides – nomades originaires du bassin de la haute Moulouya au nord-est du Maroc – de prendre le relais pour réunifier le pays après l’affaiblissement des Almohades. Les Chérifiens, Saadiens originaires de la vallée du Draa, ont pris le pouvoir au XVIe siècle après l’essoufflement des Mérinides. Ainsi en 1578, Ahmed Al Mansour, dit le Doré, a réussi à sauver le pays de l’invasion européenne après sa victoire à « la Bataille des trois rois » à la localité d’Oued El-Makhazine au nord du Maroc. C’est également lui qui a conquis 3 Tombouctou au Mali d’où il a ramené or et esclaves augmentant ainsi la diversité ethnique de la population. Le règne d’Ahmed Al Mansour a pris fin en 1602. Depuis le milieu du XVe siècle, le Maroc est sous le règne de la dynastie des Chérifiens Alaouites. Le fondateur et chef spirituel de la dynastie est Moulay Ali Chérif. Cependant, parmi les rois ayant marqué le plus le pays, Moulay Ismaël figure en position de tête. C’est lui, en fait, qui a étendu le règne des Alaouites jusqu’au Sénégal d’où il a ramené les soldats de son armée guich. Le fondateur de la ville de Meknès a consacré l’ouverture du Maroc sur l’étranger en établissant des relations diplomatiques avec des pays européens et en particulier avec la France et l’Angleterre. Après la mort du glorieux défunt [Moulay Ismaël] en 1727, Sidi Mohamed Ben Abdallah (Mohamed III) lui succéda en 1757. Musulman fervent, fier de sa qualité de chérif, il ne songeait qu’à apporter au pays le repos et la paix. Aussi fut-il accueilli comme un homme providentiel et sa proclamation prit le caractère d’un véritable plébiscite. Sitôt investi du pouvoir, il allégea les impôts, frappa une monnaie saine et reconstitua une nouvelle armée avec les débris des tributs Guich. [...] il signa des traités de commerce avec le Danemark, la Suède, l’Angleterre et les États-Unis, qui venaient de proclamer leur indépendance. Cette politique d’ouverture sur les pays occidentaux fut cependant abandonnée du temps de Moulay Slimane. Ce dernier favorisa en effet le renforcement uploads/Geographie/introduction-management-interculturel.pdf

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