Rapport de synthèse L’Arche Internationale - 22 février 2020 - 2 Rapport de syn

Rapport de synthèse L’Arche Internationale - 22 février 2020 - 2 Rapport de synthèse par L’Arche Internationale 22 février 2020 PRÉFACE Dans le souci à la fois de rendre publics les résultats de l’enquête menée à la demande de L’Arche Internationale et en même temps de protéger la confidentialité des femmes qui ont témoigné, L’Arche Internationale a rédigé ce rapport de synthèse à partir des principaux éléments du rapport complet de GCPS et du travail historique effectué par Antoine Mourges. Ce rapport de synthèse a été présenté et jugé conforme par les auteurs des rapports originaux (GCPS et Antoine Mourges) ainsi que par les deux membres du comité de surveillance de l’enquête. CONTEXTE En 2014, des premiers témoignages mentionnant des abus sexuels par le père Thomas Philippe ont été adressés aux responsables de L’Arche Internationale pour des faits allant de la fondation de L’Arche jusqu’à la fin de sa vie (Thomas Philippe est mort en 1993). À la demande des deux Responsables Internationaux de L’Arche d’alors, Monseigneur d’Ornellas a diligenté une enquête canonique fin 2014. Après avoir recueilli les témoignages, l’enquêteur a conclu en 2015 que les allégations étaient fondées et en a tiré la conclusion suivante : Il ressort de ces témoignages concordants et sincères ceci : le père Thomas Philippe a eu des agissements sexuels sur des femmes majeures, par lesquels il disait rechercher et communiquer une expérience mystique ; ils sont pourtant gravement contraires aux vœux religieux qu’il avait prononcés ainsi qu’à la discipline et à la morale enseignées par l’Église ; ils attestent une emprise psychologique et spirituelle sur ces femmes auxquelles il demandait le silence, car selon lui cela correspondait à des « grâces particulières » que personne ne pouvait comprendre.1 Le père Thomas Philippe ayant déjà été sanctionné par les autorités de l’Église en 1956, la question s’est posée de savoir ce que Jean Vanier et d’autres membres de L’Arche pouvaient avoir su de ces cas d’abus. La question a été posée directement à Jean Vanier par les Responsables Internationaux de L’Arche, occasionnant des déclarations publiques de Jean Vanier, en mai 2015 et octobre 2016, dans lesquelles il déclarait que, pour l’essentiel, il n’avait pas eu connaissance du comportement du père Thomas Philippe. En 2016, les responsables de L’Arche Internationale ont reçu le témoignage d’une femme mettant en cause le comportement de Jean Vanier à son égard dans les années 70. Ce témoignage a fait l’objet d’un examen approfondi. De son côté, tout en reconnaissant l’existence de cette relation, Jean Vanier a déclaré qu’il croyait qu’elle avait été « réciproque ». En mars 2019, vers la fin de la vie de Jean Vanier, L’Arche Internationale a reçu un témoignage similaire au précédent et a décidé de lancer une enquête indépendante. 1 Lettre des Responsables Internationaux de L’Arche – 24 mars 2015 3 ENQUÊTE ET RECHERCHE HISTORIQUE GCPS Consulting, un groupe basé au Royaume-Uni et spécialisé dans le conseil pour la protection contre l’exploitation et l’abus sexuel (PSEA), a été choisi pour ce travail en raison de son expérience reconnue dans ce type d’investigations et dans l’élaboration de politiques de prévention auprès d’organisations internationales non gouvernementales. GCPS a été engagé en avril 2019. Le directeur Paul Nolan et Ester Dross, consultante senior, ont mené ce travail. En outre, L’Arche Internationale a créé un comité de surveillance indépendant et demandé à deux anciens hauts fonctionnaires français d’évaluer l’intégrité et la fiabilité du processus de l’enquête et de ses conclusions. Ils ont rendu un avis favorable le 11 février 2020 et considèrent les conclusions de l’enquête comme fondées. En juin 2019, L’Arche Internationale a pu avoir accès aux archives des Dominicains à Paris, et, après son décès, à certaines des archives personnelles non publiées de Jean Vanier. En juin 2019, Stephan Posner, Responsable International de L’Arche, a demandé à Antoine Mourges, historien, de produire un document sur la relation de Jean Vanier et du père Thomas Philippe, depuis leur première rencontre en 1950 à 1964, date de la fondation de L’Arche. Ce travail a été revu par plusieurs experts, dont Michel Fourcade, maître de conférences et directeur de recherche en Histoire contemporaine à l’Université Paul-Valéry à Montpellier III, et spécialiste de l’histoire religieuse du vingtième siècle. Au cours de l’enquête, GCPS a reçu de nouveaux témoignages mettant en cause Jean Vanier. L’Arche Internationale a remis le rapport de GCPS, ainsi que le travail historique effectué par Antoine Mourges, à la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE). Cette commission est chargée de faire la lumière sur les situations d’abus dans l’Église en France. La décision d’entreprendre ce travail et de partager ses conclusions a été approuvée par l’Équipe de Direction Internationale et le Conseil de Surveillance de L’Arche Internationale. ÉTENDUE ET OBJECTIF GÉNÉRAUX DE L’ENQUÊTE L’Arche Internationale a lancé cette enquête pour examiner des allégations se rapportant à des faits anciens et afin de mieux comprendre les enjeux actuels de prévention des abus et de protection des personnes ainsi que de réexaminer les dispositifs actuels. L’enquête a été axée sur : 1. Les relations entre Jean Vanier et quelques femmes 2. La relation entre Jean Vanier et le père Thomas Philippe 3. L’attitude de Jean Vanier face aux situations d’abus qui ont été portées à sa connaissance. Pour l’équipe en charge de l’enquête le décès de Jean Vanier rend plus difficile toute démarche de ce type, mais n’impacte en rien l’impartialité et l’objectivité du travail tel qu’il a été conduit. 4 Suite à l’enquête canonique de 2014 concernant le père Thomas Philippe, il a été donné à Jean Vanier plusieurs occasions de réagir. Il a été questionné par les Responsables Internationaux de L’Arche sur sa connaissance des théories et des pratiques sexuelles du père Thomas Philippe, et sur le témoignage de 2016 concernant son propre comportement ainsi que toute relation similaire qu’il aurait pu avoir avec d’autres femmes. Témoignages reçus par l’équipe de l’enquête L’équipe de l’enquête a reçu six témoignages de femmes victimes présumées et a interviewé directement cinq de ces femmes. En complément de celles des victimes présumées, l’enquête s’est également appuyée sur les déclarations et interviews de plus de 30 personnes, dont celles d’anciens responsables et membres de L’Arche et d’experts qui avaient été impliqués dans le passé. MATÉRIEL SOURCE POUR LA RECHERCHE HISTORIQUE Les sources archivistiques auxquelles Antoine Mourges a eu accès sont vastes et pour la plupart inédites, notamment les dossiers complets concernant L’Eau Vive2 [un centre de formation internationale fondée par le père Thomas Philippe] et les frères Thomas et Marie-Dominique Philippe conservés par la Province dominicaine de France. Ils permettent d’établir une chronologie précise des événements de la période 1952-1956, mais aussi, grâce aux témoignages écrits de deux victimes de 52, d’avoir une connaissance certaine des faits alors attribués au père Thomas Philippe. Les documents concernant la période 1956-1970 sont plus rares. Cette lacune est compensée par des archives personnelles de Jean Vanier, qui contiennent 277 documents, sous forme de lettres (dont 184 émanant du père Thomas Philippe). Dans ses réponses transmises le 7 décembre 2019, la Congrégation pour la doctrine de la foi au Vatican (auparavant le Saint-Office, dont les archives concernant le procès du père Thomas Philippe ne sont pas encore accessibles à la recherche) a confirmé ou complété certains éléments contenus dans les archives étudiées. RÉSUMÉ DES CONCLUSIONS Norme de preuve Toute conclusion d’une enquête de ce type est basée sur un « équilibre de probabilités » et non sur une norme de preuve « au-delà de tout doute ». Compte tenu des informations disponibles, l’équipe en charge de l’enquête est parvenue à ses conclusions en déterminant si les événements étaient « plus susceptibles que non » de s’être produits, et si les témoignages qui lui ont été présentés étaient dignes de foi. L’enquête n’a pas cherché à établir si les faits reprochés pouvaient ou non représenter de possibles délits criminels, et n’a pas formulé d’avis là-dessus. 2 Il n’y a pas de lien avec l’Eau Vive fondée par le père de Monteynard 5 Crédibilité des témoins L’équipe en charge de l’enquête a fait le constat que les victimes présumées, sans lien entre elles et sans connaissance de leur histoire respective, avaient chacune entrepris un travail de réflexion personnel important. Bien que profondément affectées par ces événements passés, elles étaient dans une attitude d’humilité et dépourvues de haine ou de désir de vengeance. Chacune a expliqué qu’elle était venue raconter son expérience dans le but de faire face à son histoire, et pour aider L’Arche à réfléchir sur le passé et éviter toute situation similaire à l’avenir. 1. Les relations présumées entre Jean Vanier et un certain nombre de femmes En plus de celles qui remettent en cause la conduite de Jean Vanier, d’autres femmes ont été interviewées dans le cadre de l’enquête. Toutes ont décrit les relations qu’elles avaient eues avec Jean Vanier. Tandis que certaines en parlaient positivement, sans évoquer de relation sexuelle, d’autres (les six femmes victimes présumées) ont décrit un comportement abusif, en ce sens qu’elles avaient placé leur confiance en uploads/Histoire/ 2020-02-22-enquete-rapport-de-synthese.pdf

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  • Publié le Mai 30, 2021
  • Catégorie History / Histoire
  • Langue French
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