1 COMPOSITION D’HISTOIRE CONTEMPORAINE ÉPREUVE COMMUNE : ÉCRIT Etienne Augris,
1 COMPOSITION D’HISTOIRE CONTEMPORAINE ÉPREUVE COMMUNE : ÉCRIT Etienne Augris, Régis Boulat, Paul Dietschy, Laure Machu, Frédéric Sallée, Charlotte Soria, Matthieu Tracol, Marie-Bénédicte Vincent et Alexis Vrignon. Durée : 6 heures Coefficient : 3 REMARQUES SUR LES COPIES Le sujet retenu pour la dissertation d’histoire contemporaine a pour intitulé : « Les Français et leur empire colonial 1870-1988 ». Un thème qui a une forte résonance dans la France contemporaine et qui a suscité de nombreux renouvellements historiographiques depuis une vingtaine d’années. Il a été traité par 957 candidates et candidats (883 en 2020). La moyenne générale de 8,65 est en légère baisse par rapport à l’année précédente (8,87) avec un écart type de 3,68. Bien que le nombre de copies rendues soit toujours en expansion (860 en 2019, 883 en 2020), la qualité ne l’a pas emporté sur la quantité. Les conditions de préparation ont certainement joué même si les classes préparatoires, au contraire des universités, ont en général continué à assurer leurs cours en présentiel. Malgré tout, l’ambiance générale, les diverses formes de confinement et de couvre-feu n’ont sans doute pas constitué les meilleures conditions pour la préparation des candidat(e)s. De fait, le pourcentage de très bonnes copies est en nette baisse : 11,60% dont la note est supérieure ou égale à 14 contre 15,17% en 2020. Toutefois, les membres du jury ont lu des copies excellentes auxquelles ils ont même pu attribuer la note de 20/20. Il ne faut pas voir dans le pourcentage en baisse de notes dépassant 14/20 un quelconque malthusianisme du jury. Les circonstances exceptionnelles qui ont entouré la préparation du concours ont évidemment joué dans la baisse de qualité constatée et le jury a voulu rester exigeant pour un concours qui doit garder comme principe l’excellence. Il a d’abord regretté la taille réduite de nombreuses copies qui ne dépassent pas les 10 à 12 pages plus ou bien informées. Trop souvent, les candidat(e)s commencent par se perdre dans des introductions trop longues et ponctuées de considérations très générales. Une bonne introduction ne devrait pas dépasser trois pages. De même, les candidat(e)s en panne de connaissances ont parfois choisi de traiter le sujet sous la forme d’un plan thématique ce qui, au regard d’un sujet qui suppose un point de vue diachronique et évolutif, ne pouvait s’avérer satisfaisant. Lorsque le plan chronologique qui s’imposait a été utilisé, ses bornes n’ont pas toujours été justifiées surtout lorsque les césures chronologiques choisies ne correspondent pas forcément aux grandes dates de rupture politique de l’histoire de France. Certaines copies sont également constituées d’un ensemble de lignes agencées en blocs monolithiques. Pour faciliter la lecture et rendre le propos plus intelligibles, il est rappelé aux candidat(e)s qu’il convient de constituer à l’intérieur des grandes parties des paragraphes permettant de suivre l’évolution du propos et les idées et connaissances présentées. De même faut-il toujours s’efforcer de faire suivre chaque idée d’un exemple précis et daté. 2 Le jury veut aussi rappeler aux candidat(e)s qu’il reste crucial de bien définir les termes du sujet pour savoir de ce qui doit être traité. Ainsi, de nombreux candidat(e)s ont confondu les Français avec la France en tant qu’État et puissance. Cette méprise les a conduit(e)s à traiter l’histoire de la colonisation et de la décolonisation françaises, ce qui n’était pas exactement le sujet. On attendait une analyse du rapport qu’ont entretenu les hommes et les femmes possédant la citoyenneté française avec leurs colonies dans toute leur diversité (classe politique, corps professionnel, groupe social, classe d’âge ou génération), ce qui supposait d’embrasser à la fois les convergences et les particularités de cette relation. Il convenait donc de ne pas réifier « les Français » et de ne pas oublier de définir le terme « empire » autant dans sa dimension de puissance que par le réseau qu’il constitue. Il fallait aussi pouvoir traiter toute la période chronologique. Le propos s’arrête trop souvent à l’indépendance de l’Algérie et n’embrasse pas la période postcoloniale et les poussières d’empire que sont les DOM-TOM. De nombreuses dissertations sont également très déséquilibrées se concentrant sur la Troisième République jusqu’en 1914, puis traitant rapidement le reste de la période retenue. Par ailleurs, on rappellera que la date finale de 1988 a été choisie parce qu’elle correspond à la tuerie de la grotte d’Ouvéa en Nouvelle-Calédonie et aux accords Matignon qui ont suivi. De même, il reste important de composer des parties (3 en général) bien introduites par un bandeau précisant leurs contours et organisées de manière hiérarchisée en allant du général au particulier et en associant habilement argumentation et exemples synthétiques et précis. Il convient aussi de ne pas oublier de proposer une conclusion récapitulant les points essentiels du devoir et la réponse apportée à la problématique posée dans l’introduction et ouvrant sur le futur. Revenons maintenant brièvement au contenu des dissertations. Signe de l’hégémonie acquise par l’histoire culturelle, beaucoup trop de copies se cantonnent à une histoire des représentations et de la « culture coloniale » souvent sommaire (l’Exposition coloniale) et se limitant parfois à quelques poncifs (chanson de Michel Sardou, Le temps des colonies). C’est faire peu de cas des dimensions économiques, politiques et sociales du sujet et négliger le fait que les colonies ont été aussi un lieu de carrière et d’avancement pour les officiers, des opportunités d’affaires pour les négociants et banquiers de Bordeaux et Marseille, un espace d’expatriation et de vie pour des étrangers y acquérant la nationalité française (dans le cas de l’Algérie). L’empire colonial est aussi un enjeu du débat dans la classe politique qui peut être lieu de fractures et de profondes divisions. Il est également un espace où les agents et représentants de la République construisent la puissance française. Il convenait donc de combiner les deux approches par le haut (présidents du Conseil et de la république, ministre des colonies, haut-commandement et gouverneurs) et par le bas (les Français des deux sexes et de toutes les classes sociales) et ne pas se contenter de faire l’histoire des politiques de colonisation et de décolonisation menées depuis Paris. Encore fallait-il disposer de connaissances suffisamment précises sur l’histoire de la décolonisation et de la colonisation. Au-delà des confusions qui égayent parfois le travail du correcteur (Maurice Chevalier ministre de Napoléon III, Etienne Marcel député d’Oran, l'ORTF organisation terroriste d'extrême-droite ou encore Jacques Roccard ou Joccart à la place de Jacques Foccart), le jury a été frappé par des erreurs portant sur une chronologie de base (« défaite de 1939 ») ou sur des distinctions essentielles de l’histoire de France (« France libre de Vichy »). Les grandes lignes de l’histoire des conflits qui ont marqué l’histoire de France (Seconde Guerre mondiale, guerre d’Algérie) sont parfois très mal connues. De même, l’histoire du communisme français et mondial est en partie ignorée, ce qui a empêché de nombreux candidats à mentionner le PCF, d’abord SFIC, comme la première et principale force politique radicalement antiimpérialiste et anticoloniale. Le jury a aussi regretté les fautes d’orthographe et de grammaire récurrentes dans un certain nombre de copies. Il rappelle ainsi que le mot « français » employé comme substantif prend un f majuscule. 3 Néanmoins, comme chaque année, les correcteurs et correctrices ont pu lire des dissertations clairement et élégamment rédigées. Les auteur(e)s de ces copies de très grande qualité ont su traiter les différentes dimensions du sujet, notamment au-delà de 1962, en mobilisant des connaissances souvent très précises et approfondies et en ponctuant leur discours par des références historiographiques et culturelles utilisées à bon escient. Ils ont ainsi attesté et de leur capacité de travail et de réflexion, et de la qualité de la préparation au concours dispensée dans leur établissement. PROPOSITION DE DEVOIR DEVELOPPE SUR LE SUJET L’introduction et la structure même du devoir peuvent servir de modèle, il va sans dire que le jury ne pouvait attendre les développements nombreux et denses qui sont proposés. Les Français et leur empire colonial 1870-1988 La question du rapport des Français à la colonisation et de sa mémoire est aujourd’hui un enjeu à la fois médiatique et politique de la France contemporaine. L’expression « les Français » est toutefois globalisante : elle inclut des différences sociales, de genre, d’âge qui font que ce rapport, ce lien à la colonisation a pu aussi bien être très intense que lointain, reposer sur de puissants intérêts économiques, une expérience militaire sur le terrain ou être construit par des représentations et confiné à une forme d’imaginaire colonial. Les « Français », au sens de nationalité et de citoyenneté, sont donc autant des femmes et des hommes, des adultes que des enfants, des banquiers marseillais, des négociants bordelais, des officiers et des sous- officiers de l’armée française que des enfants de l’école tertio-républicaine apprenant la grandeur de l’empire, des couples de colons et juifs algériens naturalisés, des habitants des quatre communes du Sénégal obtenant de droit la nationalité française. La même idée de diversité préside à la définition de l’expression « empire colonial ». La notion d’empire suppose que des périphéries conquises sont uploads/Histoire/ 2021-bl-histoire-epreuve-commune-ecrit.pdf
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- Publié le Mar 22, 2021
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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