72 Bogotá, Colombia • julio-diciembre 2017 • ISSN 1657-9763 APUNTES • vol. 30,
72 Bogotá, Colombia • julio-diciembre 2017 • ISSN 1657-9763 APUNTES • vol. 30, núm. 2 • 72-89 * Cómo citar este artículo: Houbart, C. (2017). La Charte de Venise en France : acteurs, réception, interprétations (1957- 1976). Apuntes, 30(2), 72-89. https://doi.org/10.11144/Javeriana.apc30-2.cvfa La charte de Venise en France : acteurs, réception, interprétations (1957-1976). Claudine Houbart A l’occasion du cinquantenaire de la charte de Venise, en 2014, puis de celui, l’année suivante, du Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS) auquel le document doit sa diffusion planétaire, colloques et publications ont proclamé, à travers le monde, l’importance historique de ce « monument de la doctrine » et parfois même réaffirmé l’actualité de ses principes1. Les recherches que j’ai consacrées au belge Raymond M. Lemaire (1921-1997), dans le cadre de ma thèse de doctorat (Houbart, 2015), m’ont donné l’occasion, à travers l’examen de ses archives, non seulement d’éclairer la « fabrique » de la charte mais aussi, d’étudier plusieurs projets de révision du document, rapidement considéré par plusieurs de ses auteurs comme dépassé face aux enjeux de la rénovation des quartiers anciens. Les archives révèlent le rôle de deux français : Jean Sonnier, Architecte en Chef des Monuments Historiques (ACMH) et François Sorlin, Inspecteur Général des Monuments Historiques (IGMH) puis administrateur civil chargé des sites, tous deux déjà étroitement associés à la rédaction du document initial et qui, depuis le congrès de Venise en 1964 jusqu’à la fin des années 1970 sont activement im pliqués dans les réflexions menées au sein de l’ICOMOS et du Conseil de l’Europe sur la question de la « réanimation » des ensembles. La difficulté rencontrée pour identifier, au sein de la vaste bibliographie française, de quelconques informations susceptibles de m’éclairer sur ces deux acteurs, m’a convaincue de la nécessité d’explorer plus avant le contexte français d’autant que la France me paraissait, sur base d’une connaissance su perficielle, avoir été moins réceptive – en dehors de personnalités isolées telles qu’Yves-Marie Froide vaux, Bernard Vitry ou Pierre Prunet – aux aspects de la charte qui contredisaient le plus frontalement la tradition Viollet-le-Ducienne : le respect de la complexité historique (art. 11) et la lisibilité des restaurations (art. 9 et 12). Ce qui m’apparaissait comme un manque d’écho des principes vénitiens en France était-il une réalité? Et le cas échéant, résultait-il d’une méconnaissance du document, comme le laissait entendre Xavier Laurent (2003, p. 64-65), d’un flou dans les principes eux-mêmes, suscep tibles de justifier des arguments contradictoires, comme le suggérait Françoise Bercé (2000, p. 106) ou encore, d’une résistance assumée? Malgré l’« inflation éditoriale », observée par Nathalie Heinich (2009, p. 21; Vadelorge et Poirrier, 2003, pp. 11-17) à partir des années 1980, cette question n’a, à mon sens, pas suffisamment retenu l’attention des historiens de l’architecture français, dont les recherches consacrées au patrimoine se sont peu risquées à mettre en résonance les politiques patrimoniales nationales avec l’internationa lisation des débats entamée en 1931 à Athènes et consacrée 33 ans plus tard à Venise. C’est pourquoi je me suis employée, à la faveur d’un court séjour à l’INHA au printemps 2016, à examiner, avec la 1. Voir notamment les conférences organisées par les comités amé ricains et polonais de l’ICOMOS, respectivement à Philadelphie (avril 2014) et Varsovie (juin 2015), ainsi que le numéro spécial de la revue autrichienne ÖZKD (Lehne, 2015). Eglise Saint-Malo de Valognes, restaurée après la seconde guerre mondiale par Yves-Marie Froidevaux: l'un des projets français qui était exposé lors du Congrès de Venise. Photo: Nicolas Detry, 2012 74 Bogotá, Colombia • julio-diciembre 2017 • ISSN 1657-9763 APUNTES • vol. 30, núm. 2 • 72-89 Recibido: 25 de marzo de 2017 Aprobado: 30 de junio de 2017 Disponible en línea: 20 de diciembre de 2017 Artículo de investigación La Charte de Venise en France : acteurs, réception, interprétations (1957-1976). La Carta de Venecia en Francia : actores, recepción, interpretaciones (1957-1976) The Charter of Venice in France: Actors, Reception, Interpretations (1957-1976) Claudine Houbart ORCID : https://orcid.org/0000-0002-7037-5815 c.houbart@uliege.be Doctora en Sciences de l’ingénieur, de la KULeuven. Licenciada en Histoire de l’art et archéologie, de la Université Libre de Bruxelles. Arquitecta del Institut Lambert Lombard. Profesora titular de historia de la arquitectura y de la conservación del patrimonio, en la Université de Liège (antiguo Institut Lambert Lombard) Resumen La Carta de Venecia, redactada en 1964 y adoptada un año más tarde por el ICOMOS (Consejo Internacional de Monumentos y Sitios, el cual se encargaría de asegurar su difusión), es aun hoy un documento de referencia en el ámbito del patrimonio. El propósito del presente artículo, que se apoya principalmente en un análisis exhaustivo de la revista Les Monuments historiques de la France, y en la consulta minuciosa de archivos, es identificar la naturaleza y la especificidad del aporte francés a la redacción y a la interpretación de la Carta de Venecia, durante el periodo que va del primer Congrès des architectes et techniciens des monuments historiques realizado en Paris, en 1957, hasta el coloquio organizado por el ICOMOS France en 1976 con el propósito de hacer un balance de la aplicación de la Carta en las restauraciones llevadas a cabo en territorio francés. Después de identificarlos principales actores franceses implicados en las reflexiones doctrinales internacionales durante el periodo estudiado, nuestro articulo examina a través de una selección de proyectos publicados en la revista Les Monuments historiques de la France, dos de los principios esenciales consignados en la Carta, en evidente ruptura con el legado de Viollet-le-Duc : por un lado, lo que Michel Parent denominó la « transparencia de las formas »; y or otro lado, la legibilidad de las intervenciones, la « huella de nuestro tiempo », preconizada por la Carta. Nuestro estudio concluye con una mirada a la contribución francesa presente en la revisión de dicho documento llevada a cabo en 1977 : una iniciativa que fracasó, pero que suscitó sin embargo un balance que representó -al menos en el caso francés- un nuevo punto de partida en torno a los debates sobre la restauración. Palabras clave: monumento histórico, doctrina, conferencia internacional, revista Résumé Rédigée en 1964 et adoptée un an plus tard par le Conseil international des Monuments et des sites, qui en assu rera la diffusion, la Charte de Venise reste aujourd’hui un document largement utilisé dans les milieux patrimoniaux. Cet article, qui se base principalement sur un dépouillement de la revue Les Monuments historiques de la France, complété de la consultation ponctuelle d’archives, s’attache à identifier la nature et la spécificité de l’apport français dans la rédaction et l’interprétation du document, durant la période allant du premier Congrès des architectes et te chniciens des monuments historiques, à Paris, en 1957, au colloque organisé par ICOMOS France en 1976 pour faire le bilan de l’application de la charte dans les restaurations françaises. Après avoir identifié les principaux acteurs français impliquées dans les réflexions doctrinales internationales durant la période considérée, l’article examine, à travers une sélection de projets publiés dans la revue Les Monuments historiques de la France, deux des principes essentiels de la charte, en rupture avec l’héritage Viollet-le-Ducien : ce que Michel Parent appelle la « transparence des formes », et la lisibilité des interventions, la « marque de notre temps », prônée par la charte. Il conclut sur la contribution française à la révision du document, en 1977 : une entreprise qui échouera, mais aura à tout le moins suscité un bilan qui s’avère plutôt, pour la France, un nouveau point de départ pour les débats sur la restauration. Mots-clés : monument historique, doctrine, conférence internationale, périodique Abstract Written in 1964 and adopted one year later by the International Council of Monuments and Sites, which will promote its dissemination, the Venice Charter is still today widely used in the heritage world. This paper, primarily based on the consultation of the journal Les Monuments historiques de la France, occasionally complemented with archives, aims to identify the nature and specificity of the French contribution to the writing and the interpretation of the docu ment, during the period between the First Congress of Architects and Technicians of Historical Monuments, in Paris, in 1957, and the conference organised by the French committee of ICOMOS in 1976 to evaluate how the charter had been put into practice in French restorations. After identifying the main French actors implied in the international doctrinal discussions during the period in question, the paper examines, through a selection of projects published in the journal Les Monuments historiques de la France, two of the essential principles of the charter, breaking with the legacy of Viollet-le-Duc: what Michel Parent calls the “transparency of forms”, and the legibility of interventions, “the contemporary stamp”, promoted by the charter. It concludes with the French contribution to the revision of the document, in 1977 : the initiative failed, but at least led to an assessment that was, in the case of France, a new starting point for the debates on restoration. Keywords: historic monuments, doctrines, international conferences, periodicals doi:10.11144/Javeriana.apc30-2.cvfa 75 LA CHARTE DE VENISE EN FRANCE : ACTEURS, RÉCEPTION, INTERPRÉTATIONS uploads/Histoire/ 23423-texto-del-articulo-90167-1-10-20180918-pdf.pdf