Annales de démographie historique Arlette Farge et Christiane Klapisch-Zuber. M

Annales de démographie historique Arlette Farge et Christiane Klapisch-Zuber. Madame ou Mademoiselle ? Itinéraires de la solitude féminine, XVIIIe-XXe siècle, 1984 Jacques Dupâquier Citer ce document / Cite this document : Dupâquier Jacques. Arlette Farge et Christiane Klapisch-Zuber. Madame ou Mademoiselle ? Itinéraires de la solitude féminine, XVIIIe-XXe siècle, 1984. In: Annales de démographie historique, 1985. Vieillir autrefois. pp. 417-419; http://www.persee.fr/doc/adh_0066-2062_1986_num_1985_1_1644_t1_0417_0000_2 Document généré le 11/03/2016 COMPTES RENDUS 4 1 7 l'attention de Cassedy. Deux chapitres traitent des approches dites alternatives. L'essor de l'homéopathie, d'importation germanique, qui a connu un grand succès autour des années 1840 et 1850 est souligné en particulier, mais le lecteur ne trouvera guère d'explication de son déclin en dehors d'un certain manque de professionalisme des tenants des médecines alternatives. Cassedy fournit, par ailleurs, des informations difficilement accessibles, faute d'études récentes, sur la réforme sanitaire et en particulier sur l'enregistrement des statistiques cholériques. Cependant, son analyse des effets de la réforme sanitaire sur la pratique médicale ou sur les institutions sociales ne dépasse pas celle des ouvrages existants1. En insistant sur l'influence des théories internationales sur la médecine américaine, Cassedy amène un correctif salutaire à l'approche insulaire qui caractérise la plupart des études américaines récentes. Malheureusement, Cassedy n'aborde pas le développement de la technique statistique sous le même angle ; ici il reste dans le domaine de la description et oublie la perspective internationale, pourtant nécessaire. Enfin, le livre présente une riche moisson d'informations, mais le lecteur souhaiterait souvent une charpente plus solide. L'ouvrage est néanmoins essentiel pour comprendre l'émergence de la médecine moderne aux Etats-Unis, et vient combler une lacune. Jeanne CHASE CNRS et EHESS Ariette FARGE et Christiane KLAPISCH-ZUBER. Madame ou Mademoiselle ? Itinéraires de la solitude féminine, XVIIIe-XXe siècle, Paris, 1984, 303 p. "La femme seule est dans un angle mort de l'histoire" voilà le thème central, le maître-mot de cet ouvrage collectif2. Les auteurs (treize dames et demoiselles, un homme seul) ne sont pas tendres pour les historiens démographes, qui pourtant les avaient accueillis libéralement, en décembre 1979, aux Entretiens de Malher, consacrés cette année-là au thème "la situation de la femme vue par les historiens démographes"3. Ils 1. Voir à cet égard : John A. Duffy, A History of Public Health in New York City, 1625-1886, (1968). 2. Contributions de Michèle Bordeaux, Patrice Bourdelais, Marlène Cacouault, Cécile Dauphin, Ariette Farge, Geneviève Fraisse, Joëlle Guillais-Maury, Christiane Klapisch-Zuber, Yvonne Knibiehler, Véronique Nahoum, Françoise Parent-Lardeur, Pierrette Pezerat, Danielle Poublan. 3. Les actes ont été publiées dans un numéro spécial des Annales de démographie historique (1981) intitulé "Démographie historique et condition féminine", avec une introduction de Martine Segalen "Quelques réflexions pour l'étude de la condition féminine". Dans la 3e partie de ces actes ("La femme seule", on lira avec intérêt, présentés par A. Fauve-Chamoux : P. Bourdelais, "Le poids démographique de la femme seule en France (deuxième moitié du XIX' siècle)", avec 8 cartes, dont deux on été reprises dans Madame ou Mademoiselle ?, page 66. M. Cartier, "La femme seule en Chine". F. Gemini et E. Sonnino, "La condition féminine dans la structure d'assistance à Rome". T. Hareven et L. Tilly, "Solitary women and family médiations intwo textiles cities : Manchester and Roubaix". 4 1 8 COMPTES RENDUS leur reprochent de "s'être peu intéressés aux femmes isolées", de n'avoir guère prêté attention à cette "anomalie" de la statistique urbaine que constitue l'excédent féminin, et même de "mettre hors jeu l'immense armée des femmes seules", en "privilégiant le problème de la reproduction et de la fécondité des couples (légitimes)"4. Tout n'est pas faux dans ce réquisitoire : il est clair que la méthode de reconstitution des familles, fondée sur le dépouillement des actes de mariage, baptême et sépulture, ne permet guère d'appréhender la solitude féminine5 ; mais il est un peu facile d'ironiser sur un prétendu vide des sources — les listes nominatives sont en fait très rares dans la France d'Ancien Régime — , et d'attribuer "cette cité impressionnante" à "une méconnaissance volontaire" à un "refus de voir" plutôt qu'à notre ignorance. L'ouvrage lui-même porte trace des difficultés auxquelles se sont heurtés les auteurs quand ils ont voulu tenter une pesée globale du phénomène. En fait, ils n'ont même pas réussi à définir "la femme seule" : pour les uns, c'est celle qui n'a pas de mari, ce qui leur permet d'avancer des chiffres impressionnants, mais malheureusement dépourvus de signification : 66 °7o de femmes seules (dont 56 % de célibataires) à Reims au recensement de 1802, 70 % de célibataires à 20-24 ans pour la France entière au recensement de 18516 ; pour d'autres, la femme seule est celle qui vit solitaire, ou avec des enfants mineurs. Conscients de l'équivoque, les auteurs de l'introduction la justifient par la nécessité "d'additionner des situations très diverses", et de "sortir des limpides catégories démographiques". Mais une très bonne étude de C. Dauphin sur la population de Châtillon-sur-Seine au recensement de 1851 montre le trouble qui en résulte : sur 1 999 femmes âgées de 15 ans et plus, elle trouve 971 femmes "seules" ; or les tableaux révèlent que, sur ce nombre, 98 seulement vivent solitairement, 17 autres avec des domestiques ; 313 autres sont placées, 496 vivent en famille7. Pour aboutir à des résultats significatifs, il eût fallu multiplier de telles analyses. Or, pour la France d'Ancien Régime, P. Bourdelais n'a trouvé qu'une seule liste nominative utilisable, celle d'un village de 293 personnes8 ; et, pour M. -T. Lorcin, "Veuve noble et veuve paysanne en Lyonnais, d'après les testaments des XIVe et XVe siècles". C. Klapisch-Zuber, "Célibat et service féminins dans la Florence du XVe siècle". R. Wall, "Women alone in English society". Aucune de ces contributions n'est mentionnée dans Madame ou Mademoiselle ?, à l'exception de celle de Patrice Bourdelais. 4. L'auteur oublie que ce sont les premiers travaux de démographie historique qui ont renouvelé l'histoire de l'illégitimité. Quant au problème de l'immigration féminine dans les villes, il a été abordé dans toutes les grandes thèses d'histoire urbaine (entre autres par J.-P. Bardet, M. Garden, J.-C. Perrot, J.-P. Poussou, etc.). 5. Pourtant, L. Henry et J. Houdaille ont tenté, dans le cadre de la grande enquête de l'I.N.E.D., de mesurer la fréquence du célibat en France aux XVIIIe et XIXe siècles (Population, 33-1, janv-fév. 1978, p. 43-84). 6. Il s'agit, bien évidemment, de filles à marier, non de femmes seules. 7. Les 47 autres femmes "seules" constituent des "associations", dont la nature n'est pas précisée. 8. Brueil (et non Breuil)-en-Vexin, dénombrement publié dans les Annales de démographie historique, 1967, p. 523-531. COMPTES RENDUS 4 \ 9 le XIXe siècle, l'étude est limitée à un bourg de moins de 2 000 habitants. Dès qu'il cherche à généraliser, l'auteur est contraint d'en revenir aux bonnes vieilles publications de la S.G.F. qui donnent le nombre de célibataires et de veuves, par âge et par département, à tous les recensements depuis 1851. Peut-être aurait-il pu aller un peu plus loin en tirant parti de la statistique des familles de 19069. Heureusement, la plupart des contributions ne sont pas limitées à l'aspect quantitatif du phénomène de la femme seule. Françoise Parent-Lardeur montre comment le célibat forcé de la vendeuse de grand magasin, était jadis nécessaire au bon fonctionnement de la machine économique. Pierrette Pezerat et Danielle Poublan nous font connaître la vie solitaire des employées des postes à la fin du XIXe siècle, et la transformation progressive de leur condition. Il y a aussi d'excellentes pages sur les professeurs de lycée entre les deux guerres (Marlène Cacouault), sur les métiers sociaux (Yvonne Knibiehler), et sur la gri- sette (Joëlle Guillais-Maury). D'autres études cherchent à éclairer l'image de la femme seule, à travers le stéréotype de la vieille fille, le discours médical du XVIIIe siècle, l'oeuvre de Michelet et de Balzac, et même celle d'un romancier du second rayon, Léon Frapié. Une brillante post-face de Michèle Perrot clôt ce livre, mais l'ouvrage lui- même est bien loin de clore la question. Jacques DUPAQUIER Yves LEQUIN. Histoire des français. Un peuple et son pays, Paris, 1984, 587 p. L'Histoire des Français, XIXe-XXe siècles : trois gros volumes, de près de 600 pages chacun, sous la direction d'Yves Lequin, avec la collaboration de Louis Bergeron, Maurice Garden, Ronald Hubscher, Colin Lucas, Henri Morsel, Pascal Ory, Jean-Luc Pinol. Le premier volume, intitulé "Un peuple et son pays" : une curieuse et intéressante vision d'outre-Manche, une réflexion d'Yves Lequin sur l'unité française, une histoire sociale de la croissance et surtout trois grands développements de Maurice Garden sur l'histoire de la population française depuis la Révolution, qui forment le noyau dur de l'ouvrage : 9. Cette statistique nous apprend que sur un total de 2 416 546 veuves, 2 366 191 — l'immense majorité — sont chefs de famille. Le gros bataillon est constitué de veuves de plus de 60 ans sans profession (43 %) ; les employées et les ouvrières de moins de 50 ans ne forment qu'une toute petite minorité (respectivement 0,6 % et 5,7 %) ; les patronnes sont plus nombreuses (19,8 % uploads/Histoire/ annales-de-demographie-arlette.pdf

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  • Publié le Aoû 28, 2021
  • Catégorie History / Histoire
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