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HAL Id: halshs-01310198 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01310198 Submitted on 2 May 2016 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Pantelleria: coeur d’une Méditerranée ilbertienne ? Denis Bocquet To cite this version: Denis Bocquet. Pantelleria: coeur d’une Méditerranée ilbertienne ?. Leyla Dakhli, Vincent Lemire. Etudier en liberté les mondes méditerranéens. Mélanges offerts à Robert Ilbert, Publications de la Sorbonne, pp.221-229, 2016, 9782859449490. ￿halshs-01310198￿ Pantelleria :cœur d’une Méditerranée ilbertienne ? Denis Bocquet(Ecole nationale supérieure d’architecture de Strasbourg / Laboratoire AMUP) In LeylaDakhli et Vincent Lemire (dir.), Etudier en liberté les mondes méditerranéens. Mélanges offerts à Robert Ilbert, Paris, Publications de la Sorbonne, 2016, 592p., p.221-229. Ce texte représente par certains aspects l’inverse d’une bonne recherche historique : absence de recours aux archives, saut d’une discipline à une autre, béances temporelles, ignorance de pans entiers de l’historiographie, hypothèses hasardeuses. Il ne se justifie que par la conjonction du décalage ironique et exploratoire permis par l’exercice de style que représente ce livre, et par des circonstances affectives particulières. Il ne correspond qu’à une série d’intuitions sur l’histoire méditerranéenne, qui chacune mériterait d’être éprouvée à l’aune d’une recherche rigoureuse. Il représente surtout la concrétisation du cœur de ma relation avec Robert Ilbert, depuis les premiers instants de notre rencontre. Nous parlâmes en effet de Pantelleria presque immédiatement, en 1993, lorsque je me rendis à Aix-en- Provencesur le conseil de Jean-Claude Hervé et deBrigitte Marin, pour finaliser mon inscription avec lui en cycle doctoral. Il fut évident très vite que le sujet que je traiterai serait Rome, en prenant le contre-pied des Lieux de mémoire, un ouvrage dont l’esprit, à mon sens, accordait trop de place à la sémiotique de la forme construite, aux dépens d’autres dimensions de l’histoire urbainequ’Ilbert précisément voulait promouvoir. Mais nos échanges sur Pantelleria, où je lui racontai passer mes vacances – et d’où je tirais une part importante des ressorts méditerranéens de ma conversation – n’en étaient pas moins intenses. Dès cet instant,l’île a constitué une sorte d’objet historique évident, évoqué de rencontre en rencontredepuis plus de vingt ans, point de départ d’élucubrations plus ou moins étayées, toujours relié à nos interrogations méditerranéennes, sans que jamais pourtant elle ne devienne pour moi le support d’un véritable investissement scientifique. Elle a toujours constitué une sorte de référent partagé que nous savions pertinent, quelque part entre l’intuition et l’évidence déployée sous mes yeux d’été en été. Mais nousla laissions au domaine de l’anecdote et – justement – de l’intuition, cette composante centrale dans le déclenchement du raisonnement historiqueet en même temps toujours susceptible de conduire sur de fausses routes.Demeure cependant la sensation que, dans nos échanges sur la Méditerranée, d’expériences d’enseignement en positionnements théoriques et de rencontres en voyages, cette île du canal de Sicile – rude amer volcanique à mi-chemin entre Marsala et le Cap Bon – a toujours représenté bien plus qu’un lieu anecdotique. Un « point d’articulation » assurément,notion décisive pour beaucoup d’élèves d’Ilbert, en quête de configurations par lesquelles l’histoire se donne à lire d’une manière plus complexe qu’au travers des grandes narrations globalisantes. Avec l’excuse donc du présent exercice, je voudrais énoncer ici quelques pistes d’interprétation de l’histoire méditerranéenne pour lesquelles Pantelleria pourrait constituer un ancrage utile. Il va sans dire que Robert Ilbert est coresponsable des errements thématiques, documentaires, conceptuels, factuels et méthodologiques de son disciple. Volcanisme et humanisme Toute discussion doit ainsi commencer, après des considérations géologiques sur la formation de l’île, au gré de plusieurs dizaines d’éruptions volcaniques successives1, par la nature des traces des civilisations préhistoriques et antiques que l’on trouve encore en maints endroits de Pantelleria. Il est en effet extrêmement difficile de trouver des indications claires et réellement convaincantes sur cette civilisation des Sesi, qui a laissé des tumuli si imposants en arrière du littoral. Etait-elle une émanation de la civilisation des Nuraghi en Sardaigne ? Est-elle liée aux traces préhistoriques que l’on trouve aux Baléares ou en Sicile ? Quelle était la relation entre ces manifestations insulaires et la préhistoire continentale nord-africaine ? Les indices sont nombreux, de la présence d’obsidienne de Pantelleria dans des sites préhistoriques tunisiens datant du cinquième millénaire avant notre ère aux similarités de forme entre traces construites, mais on peine, au fond, à penser cette Méditerranée préhistorique. La lecture de la production historiographique existante, tout en dressant une cartographie précise des traces d’occupation humaine et en posant les éléments de leur typologie, ne répond vraiment à aucune des interrogations principales2. On semble encore penser en quelque sorte la Méditerranée préhistorique avec les catégories et césures géographiques issues des millénaires suivants. Seul l’actuel village de Mursia est assez bien connu pour son développement à l’âge du bronze3. La chronologie, aussi, est fluctuante, incertaine, bien que Pantelleria, vu l’ampleur des traces monumentales ayant perduré ait été à l’évidence un lieu pivot dans la Méditerranée de l’époque. Mais les traces retrouvées sur l’île se sont souvent vues que comme matérialisations mineures d’une phase de la civilisation dont on semble se résoudre à ne savoir pas grand-chose. Notre connaissance de l’atelier préhistorique de Punta Fram est ainsi largement détachée de son contexte méditerranéen4. Paradoxalement, alors que l’île fait partie aujourd’hui du pays d’une archéologie érigée en culture nationale, il en va de même pour les périodes punique et même romaine. L’archéologie sous-marine apporte certes des réponses claires aux questionnements sur les flux circulatoires en Méditerranée autour de Pantelleria aux différentes périodes5, avec des quantifications convaincantes et des considérations étendues sur la nature des échanges. Mais il en va tout autrement pour ce qui concerne l’île elle-même, à l’exception de rares études sur la production iconographique6. Pour ces périodes, on connaît bien moins la terre que la mer, et l’intérieur de l’île apparaît comme le modèle réduit de ces zones de contact entre peuplades 1Yves Cornette (et al.), «Recent Volcanic History of Pantelleria: a New Interpretation », Vulcanology, 1983, 17- 1/4, p. 361-373 ; Emiliano Tufano, Angela D'Amora, Marco Trifuoggi, Sebastiano Tusa, «L'ossidiana di Pantelleria : studio di caratterizzazione e provenienza alla luce della scoperta di nuovi giacimenti », Atti: Dai Ciclopi agli Ecisti, Florence, Istituto italiano di preistoria, 2012, p. 817-826. 2Fabrizio Nicoletti et Sebastiano Tusa, «Pantelleria : scavo di un sese in proprietà Di Fresco e materiali da altri sesi scomparsi in contrada Mursia,»Atti : Dai Ciclopi agli Ecisti, Florence, Istituto italiano di preistoria, 2012, p. 827-838 ; Maurizio Cattani et Sebastiano Tusa, «Paesaggio agro-pastorale e spazio rituale nell'età del Bronzo a Pantelleria », Idem, p. 803-816. 3Viviana Ardesia (et al.), «Gli scavi nell’abitato dell’età del Bronzo di Mursia, Pantelleria (TP). Relazione preliminare delle campagne 2001-2005», Rivista di Scienze Preistoriche, 2006, 56, p. 1-76. 4Fabrizio Nicoletti, « L’industria litica di Punta Fram», Atti: Dai Ciclopi agli Ecisti, Florence, Istituto italiano di preistoria, 2012, p. 557-568. 5Denis Sami, «La ceramica di Pantelleria: inquadramento tipologico e primi dati quantitative dallo scavo subacqueo al porto di Scauri », Archeologia medievale, 2005, 22, p. 401-408 ; Raimondo Zucca, «Lo Spazio marittimo del Mediterraneo occidentale in età romana : geografia storica ed economia» dans L'Africa romana : lo spazio marittimo del Mediterraneo occidentale. Geografia storica ed economia, Rome, Carocci, 2002, p. 53- 63. 6Massimo Osanna, Thomas Schaefer, Sebastiano Tusa,«I ritratti imperiali dell'antica Cossyra (acropoli di San Marco, Pantelleria)», Sicilia archeologica, 2003, 36-101 p. 79-84 ; Maurizio Vento, «I reperti preistorici, punici e romani del Museo Archeologico di Pantelleria », Sicilia archeologica, 2004, p. 187-194. locales et civilisations du commerce méditerranéen : un impensé laissé dans le flou, et même objet d’un puissant topos dans les représentations historiques. Un des seuls domaines pour lequel on possède des indications un tant soit peu précises est celui des systèmes de captation des eaux de pluie et de distribution de ces eaux7. Dans le cadre de la mise en place d’une carte archéologique de l’île, à partir de 1996 (sous la direction de M. Tosi et dans la lignée des travaux de Paolo Orsi à la fin du XIXe siècle), divers archéologues ont tenté de repérer les citernes d’eau douce. Pantelleria est en effet dépourvue de source d’eau douce, à l’exception d’un mince filet sur les pentes de la Montagna Grande. Ces citernes sont les marqueurs d’une occupation humaine pérenne aux époque punique et romaine, qui dépasserait le simple stade de la présence de garnisons interagissant plus ou moins avec une faible population locale rurale vue comme arriérée. Mais si cet indicateur semble concluant en vue d’une réévaluation de cette interaction, et donc d’une perspective de sortie du cliché, on sait très peu de choses sur la vie quotidienne dans l’île à l’époque, ni sur la composition des populations. L’agriculture antique elle-même est assez peu connue. Il en uploads/Histoire/ bocquet-pantelleria-ilbert-2016.pdf

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  • Publié le Aoû 10, 2022
  • Catégorie History / Histoire
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