Chapeau Pour les articles homonymes, voir Chapeau (homo- nymie). Le chapeau est

Chapeau Pour les articles homonymes, voir Chapeau (homo- nymie). Le chapeau est un couvre-chef, devenu un accessoire de mode. Il se distingue des autres couvre-chefs par sa ma- tière (le feutre), la présence d'un bord plus ou moins large, et sa mise en forme. Coiffes et chapeaux médiévaux (Enluminure du Codex manesse, 1320) 1 Définitions Le mot chapeau vient de l'ancien français chapel, lui- même issu du latin caput (tête). En normand il a donné le mot cap, qui désigne en anglais le bonnet (et non le chapeau). Selon le dictionnaire d'Ancien français de Godefroy, le terme de chapel est une “coiffure que les hommes et les femmes mettent sur leur tête pour sortir” mais aussi une Évolution du chapeau en peau de castor au Canada, cause de forte régression de cette espèce “couronne dans l'acception générale”, et notamment une couronne de fleurs sens qui sera conservé jusqu'au XVIIIe siècle au moins. Dans la première édition de son Dictionnaire françois en 1680 Richelet le définit comme une “couverture de tête dont l'homme se sert durant le jour et qui est composée de deux parties, dont l'une s’appelle forme et l'autre bord” (l'édition de 1715 en rajoutera une troisième, le lien). L'article du dictionnaire de l'académie française de 1694 le définit comme une "coiffure, habillement de teste pour homme, qui a une forme et des bords. Autrefois on les fai- soit de drap ou d'estoffe de soye, maintenant on les fait de laine ou de poil que l'on foule" ainsi que comme « une couronne qu'on met sur la teste dans quelque resjoüissance, dans quelque feste solemnelle”, citant : “les Prestres à la procession portoient un chapeau desur la teste[1]. » Les mots capa, capella ont la même racine. Selon le 1 2 2 ORGANISATION DU MÉTIER ET FABRICATION Chapeau sur tête de femme, en 1901. Dictionnaire encyclopédique de l'Histoire de France de Ph. Le Bas[2] Chapel « dans l'origine, fut un diminutif, non pas du chaperon (comme d'autres l'ont dit...) mais du capuchon qui accompagnait la chape, et servait à couvrir la tête) ». 2 Organisation du métier et fabri- cation 2.1 L'organisation du métier La fabrication du chapeau est faite par les chapeliers, une profession attestée à Paris depuis 1323 (Livre des métiers d'Étienne Boileau), qui est parfois regroupée avec celle des bonnetiers qui utilisent eux-aussi du feutre (Rouen, Marseille). À Paris, les chapeliers sont d'abord divisés entre chapeliers de feutre, chapeliers de coton, de plume ou encore ceux de fleurs, avant d'être réunis, puis au XVe siècle, érigés en un métier distinct des bonnetiers. Le mé- tier existe également dans d'autres pays : les chapeliers londoniens sont une corporation florissante aux XVIe et XVIIe siècles. Le métier, à savoir l'accession à la maîtrise, le travail ef- fectif et la qualité de la production, est réglementé par une série de statuts (1387, 1578, 1612, 1658) et par une série de règlements sur la qualité au XVIIIe siècle[3]. À la disparition des corporations, à partir de la Révolution française pour la France, la fabrication du chapeau de- vient également le fait des modistes. Dès le XVIIe siècle, les manufactures de chapellerie complètent la produc- tion en atelier : les chapeaux sont produits en plus grand nombre et en prêt-à-porter. Le formier est l'artisan sur bois qui sculpte des blocs de tilleul en différentes formes, selon la demande des mo- distes ou des chapeliers, pour la mise en forme des cha- peaux de feutre ou de paille ou de tissu. 2.2 Une fabrication quasiment inchangée depuis le XIVe siècle Les principales techniques de fabrication des chapeaux furent mises au point au XIVe siècle et n'ont guère évo- lué depuis. Quel que soit le matériau utilisé pour faire le feutre (castor ou bièvre (ancien nom du castor), laine, vigogne (un camélidé de la famille des lamas), etc...), les étapes de fabrication ne changent pas. Ces étapes sont au nombre de cinq, dont une subsidiaire : préparation du poil, foulage, mise en forme, teinture et garniture[4]. • la préparation du poil consiste à couper le poil de castor et de vigogne des peaux, puis à les épurer en les arçonnant (une sorte de cardage). • le foulage est la transformation de ce poil en feutre : avant la mécanisation au XIXe siècle, le poil ou la laine cardés sont agencés en sorte de triangles nom- més capades, que l'on réunit pour former une cloche. La foule, par l'action de l'eau chaude et du mou- vement de va-et-vient et de pression de l'ouvrier, va feutrer la cloche, et lui donner de la solidité et son caractère imperméable. Avec la mécanisation, le poil et la laine seront directement soufflés sur une forme de cloche avant que celle-ci soit foulée. Pen- dant cette opération, la cloche va perdre les deux tiers de sa taille originelle. • La mise en forme fait passer la cloche au stade de chapeau : elle est placée sur une forme en bois, qui comprend seulement la calotte (jusqu'au XIXe siècle) puis la calotte et les bords. Au XIXe siècle, la cloche peut être mise en forme par pression sur des formes en métal. • La teinture est une étape subsidiaire. Elle consiste à plonger le chapeau dans un bain de teinture (pour la couleur noire on utilise de la noix de galle puis avec les progrès de la chimie des teintures chimiques) en alternant bain et oxydation en plein air. La majorité des chapeaux sont noirs, mais on peut les teindre en d'autres couleurs, dès le XVIe siècle : le rouge est une couleur appréciée, en 1610 Louis XIII se fait livrer un castor teint en “vert de mer”. • La garniture finalise le chapeau : après séchage il est déformé de sa forme en bois, les poils disgracieux 3.2 L'évolution des formes de chapeaux 3 sont coupés ou brûlés, on le recouvre d'un apprêt im- perméabilisant, on lui ajoute une coiffe et un cordon, et parfois des broderies. En matière de chapeau le prêt-à-porter est la norme. En 1843, deux chapeliers français, M. Allié et M. Maillard firent breveter un outil, le conformateur, qui permettait de relever la conformation précise de la tête. La conforma- tion des chapeaux était une étape de la vente obligatoire du fait de leur rigidité (haut-de-forme, chapeau melon, canotier). Elle était assurée par le chapelier de ville. Cet outil, principalement dédié aux chapeaux sur mesure, est encore utilisé pour la fabrication de certains chapeaux de théâtre. Les formes standard sont toujours utilisées pour les chapeaux de grande distribution suivant trois confor- mations : l'ovale normal, l'ovale allongé et l'ovale rond. 3 Historique 3.1 Dans l'Antiquité On n'a pas de traces de chapeau datant de la préhistoire, mais il est possible qu'ils aient existé. Des chapeaux sont en tous cas portés dès l'Antiquité, dont par exemple le pétase et le pilos, couvre-chef commun dans la Grèce antique. Ce même pileus coiffe les esclaves affranchis dans la Rome antique. Dans son Thresor de la langue françoyse, paru en 1606, Jean Nicot cite le « chapeau contre le bronzage/hasle du Soleil » (Causia, Vmbella), celui de paille de blé « fait d'espis de bled » (Corona spicea), le « chapeau de fleurs, ou Bouquet » (Sertum, Strophium), le « Chapeau deentre- lassées et entassées » (Pactilis corona). Au Moyen Âge, selon Philippe Le Bas, leur usage est attesté dès le règne de Charles VI, où les chapeaux fré- quemment portés à la campagne sont adoptés à la ville « mais seulement les jours de pluie ». On sait que Charles VII, pour son entrée dans Rouen en 1449, portait un cha- peau de castor. Louis XI est fréquemment représenté avec son chapeau orné d'enseignes, des "images en plomb des saints auxquels il avait le plus de dévotion ». Marqueur social, il s’agit d'un accessoire essentiellement masculin, les femmes portant plutôt des voiles, des foulards ou des bonnets qui peuvent cependant atteindre des proportions extravagantes, tels les hennins. Le port d'un chapeau par la femme est alors considéré comme frivole, à l'exception de son utilisation lors de voyage. C'est au XVIe siècle que les femmes s’approprient le chapeau, imitant les courti- sans mâles[5]. Évoluant au gré des modes, il continue à être utilisé, même si au XVIIIe siècle, en raison des volumineuses perruques, les hommes portent au bras leur bicorne. En France son usage est petit à petit réservé aux femmes avant qu'au XVIIIe siècle les dames de la cour n'arborent les créations de leurs marchandes de modes. Le chapeau continue alors d'être portés par les deux sexes jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale. Au- jourd'hui, il n'est plus qu'un accessoire de mode, porté lors d'occasion spéciale (mariage, enterrement) ou pour se protéger des éléments (pluie, soleil). 3.2 L'évolution des formes de chapeaux La forme du chapeau évolue sur trois éléments : le bord du chapeau, dit aussi “aile”, la hauteur de la calotte, la forme de cette calotte (ronde, carrée, en pointe). Dans la première moitié du XVIe siècle, la mode française est au chapeau à uploads/Histoire/ chapeau.pdf

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  • Publié le Mai 07, 2021
  • Catégorie History / Histoire
  • Langue French
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