Fig. 1: relique des sandales du Prophète (Collection particulière) Lexique chau

Fig. 1: relique des sandales du Prophète (Collection particulière) Lexique chaussures: khuff ., .,. , . , sandale JR" rôn (guêtre, chausson) jawrab (bas) kourk mest (:) 1) d _79 kabkôb - 0 , L._,ViLÂ babouche L Y . tmègue (bas de cuir) ilitilyya cherbil beIgho subbôt j L. tarbôqa anneaux de chevilles: ::t'iL yle khalkhô1 Lil-t1; rade- ......a.) ,.- _.) 32 Chaussures et parures de pied chez les peuples musulmans peintures qui représentent les costumes ainsi que de nom- breux récits de voyage qui décrivent dans le détail l'habille- ment des populations rencontrées. "Ils n'entrent jamais que pieds nus dans les mosquées et ils observent la même chose dans les visites qu'ils se rendent les uns les autres, laissant toujours leurs babouches ou souliers à la porte de la mosquée ou du logis où ils doivent entrer". Pidou de Saint-Olon, ambassadeur de Louis XIV auprès du Sultan du Maroc L'étude du costume dans le monde musulman médiéval se heurte d'emblée à la rareté des sources iconographiques, liée à liconophobie" de l'islam. Les interdits religieux relatifs aux images trouvent leur origine dans plusieurs passages cora- niques qui établissent une synonymie entre le concept de "for- mer, modeler" et celui de "créer". Mais ce sont surtout les nom- breuses traditions remontant au Prophète qui ont imposé cette défense. Elles affirment que ceux qui reproduisent l'ima- ge des êtres vivants copient Allâh et sont de ce fait punis- sables. La peur de concurrencer l'activité créatrice divine a dès lors poussé les artistes à inventer des formes étrangères à la nature, en développant notamment l'art de la calligra- phie2. A partir du XIlle siècle, toutefois, l'art de la miniature rayonne dans la partie orientale de l'Empire mais ces oeuvres sont généralement trop stylisées pour se faire une idée préci- se des chaussures figurées. Les écrits sont ainsi la source de documentation principale bien que la littérature arabe médiévale offre peu de place à la description des costumes. Les géographes et voyageurs musulmans, source inépuisable de renseignements dans de nombreux domaines, sont ici de peu de secours. Dès le XVIe siècle, heureusement, la docu- mentation s'enrichit considérablement : les Européens qui visi- tent le monde musulman laissent une série de gravures et de Si l'iconographie fait défaut pour l'âge d'or de l'Empire arabe, les gravures rupestres d'Arabie fournissent l'image détaillée des ancêtres des premiers musulmans. Aux Ile et l er millénaires avant notre ère, certains d'entre eux portaient des sortes de sandales3. Des siècles plus tard, chez les anciens Arabes, seuls les rois et les chefs avaient le privilè- ge de se chausser afin de ne pas altérer, au contact direct avec la terre, les forces bienfaisantes qu'ils possédaient et dont ils faisaient profiter leurs sujets. Ainsi, la chaussure fut longtemps considérée comme un signe de noblesse et constituait, dans le royaume ghassanide, un objet de grand luxe et un cadeau fort estimé 4. A l'époque du Prophète, on trouvait dans la péninsule arabique deux sortes de chaussures, différentes pour les deux sexes, des khuff, sortes de bottines en cuir, et des sandales faites en cuir ou en fibres de palmier. Mahomet chaussait habituel- lement des sandales en cuir attachées par deux bandes dont l'une passait entre le gros et le second orteil, et l'autre, perpendiculairement, sur le milieu du pied. Il lui arri- vait de porter des bottines mais il considérait manifeste- ment que les sandales étaient les chaussures qui conve- naient le mieux aux hommes : celui qui n'en possédait pas pouvait à la place porter des khuff, considérées comme luxueuses. Le Prophète préconisait alors qu'il coupât la partie supérieure de la bottine pour obtenir un soulier qui s'arrêtait à la cheville 5. On retrouve cette recommanda- tion dans le costume de consécration temporaire que revêt celui qui accomplit le pèlerinage à la Mecque: si les 33 femmes peuvent porter des vêtements et des chaussures ordinaires, les hommes doivent endosser le vêtement rituel qui comprend deux pièces d'étoffe blanche sans cou- tures ainsi que des sandales qui peuvent à la rigueur être remplacées par des souliers coupés au-dessous des che- villes6. A la Mecque, le pèlerin qui veut offrir un sacrifice est censé, selon la doctrine classique, suspendre une ou deux sandales au cou de l'animal. Cette coutume pourrait s'ex- pliquer par le fait que la sandale, qui protège celui qui la chausse contre les impuretés du sol et les génies malfai- sants qui l'habitent, représente pour l'homme ce qu'il y a de plus impur en lui et lui permet, en la suspendant à sa victime, de se décharger sur elle de ses souillures'. De nombreuses coutumes relatives aux chaussures, qui trouvent certainement leurs origines dans les vieilles super- stitions du Proche-Orient, ont été attribuées au Prophète. Ainsi, les musulmans ne doivent pas sortir avec une seule chaussure; ils doivent toujours chausser en premier lieu leur pied droit et, lorsqu'ils se déchaussent, ôter tout d'abord leur chaussure gauche. Si la semelle est particulièrement de mauvais augure et qu'aujourd'hui encore, les musul- mans évitent de laisser des souliers retournés, c'est la chaussure entière qui souffre d'une mauvaise réputation. Le Prophète aurait dit à ce sujet: "Toute la partie du vête- ment qui descend en-dessous des chevilles ira en enfer" 8 . Il est étonnant de constater que malgré cela, c'est bien une sandale qui fut l'une des plus précieuses reliques mahométanes: au début du XlVe siècle, elle était toujours intacte et se trouvait à Damas, à côté du Coran écrit de la main du calife Othman. Par la suite, elle fut divisée en plusieurs fragments 9. La simple représentation des sandales du Prophète constitue elle-même une précieuse relique, accessible aux seuls croyants. Grâce à un ami musulman, le père Anastase Marie de Saint-Elie parvint à acquérir deux de ces reliques à Damas en 1910. L'une d'elles (fig. 1) repré- sente deux sandales accompagnées de splendides ara- besques et de vers louant le Prophète. L'autre ne montre qu'une seule sandale assortie d'un long texte. Ces inscrip- tions énumèrent tous les bienfaits dont jouira celui qui garde sur lui la forme vénérée d'une des sandales de Mahomet. Ainsi, s'il guerroie, il préserve l'armée à laquelle il appartient de toute défaite et s'il voyage, il assure sa caravane contre les attaques. La femme enceinte qui tient cette relique en main au moment des premières dou- leurs de l'enfantement connaîtra une heureuse délivrance. La maison où est conservée cette image ne sera jamais incendiée et le meuble auquel elle est attachée ne sera jamais volé. On y lit également que lorsque le Prophète se livrait aux pratiques de la religion, il ôtait souvent ses chaus- sures par humilité, mais qu'il lui arrivait de prier avec ses sandales car elles étaient pures. Un dénommé Ibn Mas'ûd était chargé de s'occuper des sandales du Prophète et les tenait dans ses bras tant que ce dernier n'en avait pas besoin. Quand le Prophète les portait à la main, il les tenait habituellement avec l'index de la main gauche. Ces ins- criptions témoignent enfin de ce que la forme des san- dales représentées est authentique: en effet, les sandales de Mahomet se trouvaient après sa mort chez son épouse Aicha qui les passait aux uns et aux autres pour qu'ils se fassent tailler des modèles rigoureusement semblables. On fit finalement faire un dessin précis des sandales pour les générations futures, garanti par les traditionnistes musul- m'ans'°. Une autre précieuse relique est l'empreinte du 34 pied du Prophète, conservée dans le palais de Topkapi à Istanbul. Les musulmans rendent également un culte à une empreinte de son pied qui existerait sur le rocher d'où le Prophète serait monté au ciel et autour duquel est bâtie la grande mosquée de Jérusalem. L'importance du pied de Mahomet a perduré au travers des siècles: on raconte que lorsque le Sultan ottoman Ahmet ler consacra en 1616 à Istanbul sa mosquée Sultan Ahmet, plus connue sous le nom de "mosquée bleue", il se coiffa, en signe d'humilité, d'un turban ayant la forme du pied du Prophète". A sa mort en 632, le Prophète était parvenu à unir sous sa bannière les tribus de l'ouest de la péninsule arabique. Sous les trois premiers califes qui lui succédèrent, le jeune Empire musulman engloba l'Egypte, la Perse et tout le Proche-Orient arraché aux Byzantins. Sous la dynastie omeyyade (661-749), les Arabes s'étendirent à l'est jus- qu'à la région de Kaboul. A l'ouest, la Crète, la Sicile, la région de Nîmes, une bonne partie de la péninsule ibé- rique et du Maghreb tombèrent sous leur coupe. Ainsi en un peu plus d'un siècle, les guerriers arabes étaient deve- nus les maîtres d'un territoire présentant une infinité de civi- lisations, du raffinement extrême des vieilles cités byzan- tines au rude mode de vie des cavaliers des steppes de l'Asie centrale. Il fallut attendre la fin des conquêtes pour que se dessinent, à la faveur des emprunts faits à l'une ou l'autre culture, les principales caractéristiques de la civili- sation musulmane. Les diverses formes de chaussures cou- rantes dans le monde musulman uploads/Histoire/ chaussures-et-parures-de-pied-chez-les.pdf

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  • Publié le Jul 10, 2022
  • Catégorie History / Histoire
  • Langue French
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