Philippe Chambon Laure Salanova Chronologie des sépultures du IIIe millénaire d
Philippe Chambon Laure Salanova Chronologie des sépultures du IIIe millénaire dans le bassin de la Seine In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1996, tome 93, N. 1. pp. 103-118. Résumé RÉSUMÉ Dans le bassin de la Seine, la pé- riodisation du IIIe millénaire est confuse. Cependant le réexamen du mobilier sur la base des études récentes, et une discussion critique des datations, permettent d'isoler deux périodes dans la construction des sépultures collectives. Ces deux périodes se distinguent par des pratiques funéraires différentes et sont séparées par plusieurs siècles sans construction. Un tel hiatus contraste avec le caractère continu de l'utilisation des monuments. La présence campaniforme est attestée vers la fin de la période, mais son rapport aux monuments reste peu clair. Abstract ABSTRACT Third millennium ВС chronology in the Seine basin is unclear. Reexamination of finds on the basis of recent studies combined with a critical review of dates, has nevertheless made it possible to distinguish two periods in the construction of collective tombs. The two periods are characterised by different funerary practices and are separated by several centuries without construction. This hiatus is in contrast with the continuous use of the monuments. The presence of the Beaker culture is attested towards the end of the period, but its relationship with the monuments remains unclear. Citer ce document / Cite this document : Chambon Philippe, Salanova Laure. Chronologie des sépultures du IIIe millénaire dans le bassin de la Seine. In: Bulletin de la Société préhistorique française. 1996, tome 93, N. 1. pp. 103-118. doi : 10.3406/bspf.1996.10104 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bspf_0249-7638_1996_num_93_1_10104 Bulletin de la SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 1 996 / TOME 93, n° 1 103 CHRONOLOGIE DES SEPULTURES DU IIIe MILLENAIRE DANS LE BASSIN DE LA SEINE Philippe CHAMBON et Laure SALANOVA RÉSUMÉ Dans le bassin de la Seine, la pé- riodisation du IIIe millénaire est confuse. Cependant le réexamen du mobilier sur la base des études ré centes, et une discussion critique des datations, permettent d'isoler deux périodes dans la construction des sépultures collectives. Ces deux périodes se distinguent par des pra tiques funéraires différentes et sont séparées par plusieurs siècles sans construction. Un tel hiatus contraste avec le caractère continu de l'utilis ation des monuments. La présence campaniforme est attestée vers la fin de la période, mais son rapport aux monuments reste peu clair. ABSTRACT Third millennium ВС chronology in the Seine basin is unclear. Reexami- nation of finds on the basis of recent studies combined with a critical re view of dates, has nevertheless made it possible to distinguish two periods in the construction of collective tombs. The two periods are charac terised by different funerary practices and are separated by several centur ies without construction. This hiatus is in contrast with the continuous use of the monuments. The presence of the Beaker culture is attested t owards the end of the period, but its relationship with the monuments r emains unclear. Trente ans après la thèse de G. Bailloud (1964), les données sur la datation des sépultures n'ont pas fondamentalement évolué. Long temps, inhumation collective et cul ture Seine-Oise-Marne (S.O.M.) ont été confondues, car les seuls vases retrouvés entiers dans les sépultures étaient les "pots de fleurs", principal fossile directeur de cette culture. Grâce à la fouille de sites d'habitat, d'autres groupes ont été mis en évidence dans le Bassin parisien au IIIe millénaire. Ainsi, une distinction a pu être établie entre S.O.M. (Néol ithique récent) et groupe du Gord (Néolithique final) : on ne peut donc plus envisager le S.O.M. comme un bloc monolithique ayant le monopole des sépultures collectives (pratique funéraire quasi-exclusive au IIIe millé naire) et se maintenant un millénaire (Blanchet, 1984 ; Roussot-Larroque, 1985 ; Villes, 1985). Cependant, même si elles sont soupçonnées, la construction ou l'utilisation de sépul tures collectives au Néolithique final n'ont jamais été vraiment démont rées. En outre, les définitions des groupes culturels restent imprécises (Masset, 1995 d) et le nombre de dates insuffisants. La datation de la culture S.O.M., définie principale ment par des gobelets à profil s inueux et pâte grossière découverts en contexte de sépultures collectives (Bosch-Gimpera et Serra-Raffols, 1926 ; Bailloud, 1964), s'appuie sur très peu de dates et les fourchettes proposées (Blanchet, 1984, p. 72), 3300-3200/2800-2700 av. J.-C, sont en fait le résultat d'un tri arbitraire dans les dates C14 disponibles, et d'une comparaison avec les data tions suisses du Horgen. Pendant le Néolithique final apparaissent d'autres groupes différenciés par la céramique retrouvée en contexte d'habitat. Parmi eux, le groupe du Gord, défini depuis peu (Blanchet, 1984 et Blanchet et Lambot, 1985), est principalement caractérisé par des vases sans col, à moyens de préhension (Cottiaux, 1995) ; aucune forme entière n'est connue. Les da tations du Néolithique final sont en core trop rares pour proposer une fourchette chronologique. Cette pé riode doit débuter vers 2700 av. J.-C. ; cependant, il est difficile d'estimer le terminus post-quem. D'ailleurs, seul le parallèle avec l'Artenac permet d'attribuer une datation au Gord. Au Néolithique final apparaît également le Campaniforme, phénomène su pranational dont la définition, et donc l'interprétation, restent aussi flous que la chronologie dans notre région. Comparé à la rareté des habitats fouillés, le nombre de sépultures est tel (près de 350 dans le bassin de la Seine), que nos connaissances sur le IIIe millénaire reposent encore ment sur elles. Les habitats ne livrent que du matériel fragmenté et sou vent peu abondant, alors que dans les sépultures, le mobilier est géné ralement dans un bon état de conservation. Toutefois, les fouilles de ces dernières décennies (Leclerc et Masset, 1980) ont montré que cer taines sépultures collectives ont fonctionné pendant près d'un millé naire et que le mobilier, comme les inhumations, sont le reflet d'apports successifs. Ce ne sont donc pas des ensembles clos. Plusieurs groupes chrono-culturels sont représentés et il est bien difficile de distinguer préc isément les assemblages mobiliers propres à chaque culture. De plus, peu d'éléments permettent de com prendre la relation entre les vestiges mobiliers et les inhumés. Pour dater la sépulture elle-même, les uns et les autres sont utiles à condition que la stratigraphie des dépôts, en fait l'hi stoire de la sépulture, ait été comp rise. L'objectif de cette étude est donc d'appréhender la chronologie des sépultures collectives à travers le mobilier et les datations absolues. Nous tenterons d'abord de repérer des assemblages cohérents attri- buables à des ensembles chrono- culturels. Puis, nous présenterons une synthèse des dates radiocar- bone. Enfin, nous proposerons un schéma chronologique des sépul tures collectives dans le bassin de la Seine. ■ PRESENTATION DES CORPUS • Les sépultures du bassin de la Seine Notre étude porte sur le bassin de la Seine étendu vers la vallée de la Somme. Cette région correspond à la zone traditionnelle S.O.M., dans laquelle près de 350 sépultures col lectives ont été dénombrées. Nous avons cartographie la répartition de ces sépultures en complétant l'i nventaire de G. Bailloud (fig. 11). Chaque numéro correspond à une 104 Bulletin de la SOCIÉTÉ PRÉHISTORIQUE FRANÇAISE 1996 / TOME 93, n° 1 sépulture, sauf dans le cas des hy pogées de la Marne où il représente une nécropole. Les sépultures ont de multiples formes architecturales, dont cer taines, comme les "cabanes funér aires", sont mal définies. D'autres sont inclassables, comme celle du "Poteau Vert" à Meaux : sa descrip tion est sommaire et peu compréh ensible (Basse de Ménorval, 1954). Nous rappelons les définitions ad mises, dont la plupart ont été pu bliées par J. Leclerc et J. Tarrête dans le Dictionnaire de la Préhistoire (Leroi-Gourhan, éd. 1988). L'allée couverte est une "sépul ture collective mégalithique consti tuée généralement de deux files d'orthostats parallèles, limitée d'un côté par une dalle de chevet versale et de l'autre par un dispositif formant entrée (dalle perforée ou blocs non jointifs ménageant un accès) précédée d'un cours vestibule (ou antichambre)" (Leclerc et Tarrête, p. 29). L'allée en bois a un plan iden tique à la catégorie précédente mais le matériau de construction est diffé rent. Parois et couverture ont été construites en bois. On pourra regrouper les allées couvertes mégalithiques et les allées en bois sous le terme d'allées sé pulcrales, proposé par E. Basse de Ménorval pour la sépulture de Bon- nières (1953) et J. Leclerc pour celle de Bazoches-sur-Vesles (1988). L'hypogée est une "grotte artif icielle souvent constituée d'une chambre funéraire précédée d'une antichambre (ou antégrotte) de d imension plus réduite à laquelle on accède de l'extérieur par un couloir en pente" (Leclerc et Tarrête, p. 502- 503). Si les hypogées de la Marne correspondent bien à cette défini tion, certaines sépultures s'en élo ignent comme les "hypogées" de l'Oise. On regroupe sous le vocable de sépultures sous abris des cavités naturelles aménagées en tombes sous diverses formes. Le terme de "cabane funéraire" a été traduit de l'allemand Totenhutten et défini par J.-C. Blanchet et E. Huysecom comme "des monu ments enfouis, à muret périphérique ovale, rectangulaire ou subrectangula ire, dont le fond est dallé, présen tant généralement un dispositif d'en trée à une des extrémités et architecture ind. uploads/Histoire/ chronologie-des-se-pultures-du-iiie-mille-naire.pdf
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- Publié le Mai 09, 2022
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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