1 CONTRE LES GUERRES DE L’AVOIR : LA GUERRE DE L’ÊTRE DE LA LUTTE ET DE LA GUER
1 CONTRE LES GUERRES DE L’AVOIR : LA GUERRE DE L’ÊTRE DE LA LUTTE ET DE LA GUERRE DES CLASSES COMME MOUVEMENT COMMUNISTE DU RETOUR A LA COMMUNAUTÉ HUMAINE DE L’ÊTRE ENFIN ACCOMPLI EN SON LUI- MÊME…OU COMMENT L’ESSENCE DE L’HOMME EST L’ÊTRE DE L’ANTI- POLITIQUE… « Tandis que les serfs fugitifs ne voulaient que développer librement leurs conditions d’existence déjà établies et les faire valoir, mais ne parvenaient en dernière instance qu’au travail libre, les prolétaires, eux, doivent, s’ils veulent s’affirmer en tant qu’êtres humains, abolir leur propre condition d’existence antérieure, laquelle est, en même temps, celle de toute la société jusqu’à nos jours ; ils doivent abolir le travail. C’est pourquoi ils se trouvent, de ce fait, en opposition directe avec la forme que les individus de la société ont jusqu’à présent choisie pour expression d’ensemble, c’est-à- dire en opposition avec l’État et il leur faut renverser l’État pour réaliser leur personnalité. » Marx et Engels – L’idéologie allemande « … Dans le dernier chapitre de mon 18 Brumaire, je remarque… que la prochaine tentative de révolution en France devra consister non plus à faire passer la machine bureaucratique et militaire en d’autres mains, comme ce fut le cas jusqu’ici, mais à la détruire. » Marx – Lettre à Kugelmann, le 12 avril 1871 « L’émancipation du prolétariat aura, elle aussi, une expression particulière et une nouvelle méthode de guerre spécifique. Cela est évident. On peut même déterminer cette stratégie à partir des conditions matérielles d’existence du prolétariat. » Engels – Écrits militaires 2 Au moment où le capital a intégralement digéré la politique, grâce à la domination désormais totalement réalisée de la valeur qui s’est débarrassée de tout ce qui l’avait précédée dès lors qu’elle ne l’avait pas absorbé, la critique sociale de la domination se pose d’abord comme une exigence de compréhension généalogique des formes historiques du politique, de ses nécessités de paix et de ses obligations de guerre. Au lieu de poursuivre la réhabilitation de la politique comme s’y emploient tous les courants de pouvoir de la conscience fausse, le questionnement du réel historique existant doit remonter à la véritable essence des chaînes de l’esclavage en étant attentif à dénoncer toutes les entreprises idéologiques qui, ayant pour objet la transformation de l’État, barrent la voie, sous le couvert de renouvellement politique, à l’émancipation humaine. La guerre est une dynamique d’in-humanité mais comme tout ce qui est in-humain du point de vue du sens, elle est aussi une spécificité foncièrement humaine au niveau de la matérialité pratique qui la rend possible lorsque l’être humain communautaire des temps premiers bascule graduellement dans la temporalité sociale du temps de l’avoir. Certes, les animaux chassent et tuent pour se nourrir mais ils ne se font pas la guerre. Et les seuls animaux qui connaissent la destruction organisée de l’autre d’une façon qui pourrait se rapprocher vaguement de la guerre des hommes sont les insectes sociaux comme les termites et surtout les fourmis. Mais ces derniers à l’inverse des êtres humains qui combattent et détruisent dans un imaginaire d’aliénation où l’intentionnalité a cependant toute sa part, attaquent et anéantissent dans une mécanique d’automatisme où l’esprit est inexistant. L’homme est un animal historique qui peut accéder à la conscience de l’histoire et c’est l’histoire de cette conscience qui lui permet d’accéder à lui-même. L’homme a vécu un temps non-politique où la communauté ignorait la division du vivre et où les conflits de l’agir ne dégénéraient jamais qu’en guerre ponctuelle et limitée. Il a vécu ensuite un temps politique où la société a diffusé le vivre de la division et de l’agir conflictuel qui génère la guerre de plus en plus illimitée et permanente… Les communautés primitives constituent des groupes humains dont la violence est équilibrée dans la maintenance d’une dynamique sociale qui a d’abord pour objet d’empêcher le morcellement de l’être et l’émiettement dans les dispersions de l’avoir. Au cœur des communautés de l’être, la guerre est ainsi un rituel commun qui préside à cet exercice de perpétuation de l’ordre anti-économique et anti-politique par lequel est bloquée la dialectique de l’échange et du dé-membrement par les collisions avec l’externe. La guerre est ici un acte d’attaque contrôlé destinée à sauvegarder l’indivision par la neutralisation du potentiel des conquêtes in-maîtrisables de la déchirure qui résulterait de l’échangisme venu de l’extérieur. 3 Dé-fier le voisin et lui faire de temps à autre une guerre courte et localisée, c’est là tout bonnement rechercher le paravent à un voisinage qui sans cela deviendrait échangiste car si l’ennemi est celui avec qui on ne troque pas, la guerre se signale consubstantiellement comme le mode de relation à l’autre le plus évident pour précisément neutraliser l’enclenchement de la dérive transactionnelle. Ainsi, la paix pour les communautés primitives prend-elle la place historique et symbolique d’un simple intermède qui ne saurait durer puisque par-delà la restitution des captifs qu’elle permet régulièrement, elle exposerait si elle se prolongeait à ce que soient instaurées les bases commerciales d’une déperdition vers l’avoir. Aux origines de l’énonciation, on trouve deux mots latins pour désigner l’étranger : hospes et hostis. La dualité est là le signe historique de ce par quoi s’affirme l’étranger. L’étranger est à donc à la fois l’hôte imaginable et l’ennemi envisageable. Hospitalité et hostilité sont donc ces deux tendances contradictoires et complémentaires par lesquelles peut se définir la nature du possible relationnel à l’égard de l’autre. Le contenu étymologique des mots révèle ici trois acceptions sociales: celle de la personne qui accueille, celle de la personne qui est accueillie et dans ce dernier cas, celle de l’étranger. Enfin, hostis acquiert une quatrième signification qui lui assigne la valeur d’ennemi. Nous sommes là en présence d’antinomies sémantiques parfaitement logiques qui mettent en rapport direct celui qui est signalé comme étant différent par son origine distincte, celui que la communauté juge digne de son hospitalité en temps de paix, de troc et de palabres et celui envers lequel elle éprouve une franche hostilité en temps de guerre lorsqu’il convient sans cesse d’aller recréer cet espace de violence contrôlée qui rend impossible la profusion irrépressible des prédations de l’acquisition. Qu’en est-il de la réalité du produire dans la communauté primitive ? A cette question fondamentale, la réponse classique du discours économique de la justification mensongère est la suivante : la communauté archaïque survit dans un monde de subsistance et de pauvreté et elle parvient tout au plus à simplement assurer la survie du groupe incapable qu’elle est de sortir du sous-développement technique. Le sauvage écrasé par son environnement écologique et sans cesse guetté par la famine et l’angoisse, telle est donc l’image officielle habituellement répandue par les savoirs de la légitimation universitaire et médiatique du faux. Travestissement théorique et pratique des faits, réplique forcément Marx confirmé d’ailleurs par tous les travaux sérieusement effectués sur le terrain et notamment ceux de Marshall Sahlins qui passant en revue détaillée et chiffrée les cadres de vie des chasseurs australiens et Bochimans ainsi que ceux de multiples groupes néolithiques d’agriculteurs primitifs tels qu’on pouvait encore les observer au siècle dernier en Afrique ou en 4 Mélanésie, au Viêt-Nam ou en Amérique du Sud, démontre que non seulement la communauté primitive n’est pas un monde de misère mais qu’elle est a contrario la première et jusqu’à présent la seule structure sociale d’abondance connue. Comme le souligne Engels, si l’homme primitif des forêts germaniques ou canadiennes ne rentabilise pas son activité, ce n’est non pas par ce qu’il ne sait pas le faire, mais parce qu’il n’en a ni le besoin ni l’envie. La communauté primitive produit, sans y passer beaucoup de temps et sans dépenser beaucoup d’énergie, exactement et exclusivement ce dont elle a besoin pour pouvoir reproduire son pouvoir de production communautaire qui est le seul pouvoir qu’elle accepte et reconnaisse. Quant à la violence qui la traverse de façon éminemment symbolique et limitée, loin d’avoir ses racines dans une instance de pure animalerie biologique qui déboucherait sur une sorte de chasse à l’homme étroitement pulsionnelle, elle manifeste simplement la nécessité de maintenir l’unité spatio-temporelle de l’être ensemble contre le péril des scissions spatiales de la temporalité commerçante à venir. Ainsi, la violence primitive ne repose nullement sur le poids de la rareté qui découlerait des difficultés d’existence et de subsistance propres aux milieux particulièrement hostiles (forêt amazonienne, steppes euro-sibériennes ou déserts arides…) ne permettant pas aux populations indigènes de pouvoir maîtriser ces environnements ingrats qui les condamneraient dès lors à une irrésistible pauvreté ne pouvant leur procurer que le minimum vital à la simple survie. La guerre, bien loin donc d’être là, le seul moyen de se procurer les ressources essentielles au détriment des autres vient dire que les communautés primitives de l’abondance ne peuvent se penser et se réaliser qu’en excluant l’échange avec l’autre et que le souder dans le conflit armé est le mouvement communautaire qui réduit là tout autant les risques de division interne que de dissolution externe. L’in-admissible pour les communautés primitives serait d’accepter le clivage interne qui mène à la perte uploads/Histoire/ contre-les-guerres-de-l-x27-avoir-la-guerre-de-l-x27-etre.pdf
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- Publié le Dec 18, 2021
- Catégorie History / Histoire
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