1 COURS DE GRAMMAIRE FRANÇAISE (module d’orthographe) Notes de cours et exercic

1 COURS DE GRAMMAIRE FRANÇAISE (module d’orthographe) Notes de cours et exercices Maître-assistante : Mme Finné Année 2012-2013 Section traduction-interprétation (1e baccalauréat) 2 CHAPITRE 1 L’orthographe française : quelques aspects historiques et structuraux Lecture conseillée : CATACH Nina, L’orthographe, P.U.F., Que sais-je ?, Paris, 2008 (9e édition). 1.1. QUELQUES REPÈRES HISTORIQUES - Moyen Âge : les scribes qui retranscriront pour la première fois le français naissant auront essentiellement pour but de restituer une prononciation. Cependant, ils vont se heurter à de nombreux écueils : • la langue a évolué et l’alphabet latin, avec ses 22 lettres, ne suffit plus pour retranscrire tous les sons (exemple : une même lettre « u » ou « i »va servir à retranscrire, selon la position, des sons très différents) ; • on prononce de façon différente selon la région de France où l’on se trouve ; chaque scribe adapte donc sa retranscription d’un texte en fonction de la variante régionale ; • par simplification, l’évolution du latin au français va aboutir à la formation de nombreux homophones monosyllabiques ; ce phénomène ne va pas concerner les autres langues romanes (exemple : les mots qui ont donné cinq, saint, sein, seing, ceint, sain, ne sont pas également devenus homophones dans ces langues). - Renaissance : à cette époque, le français s’est modifié sur tous les plans, mais l’orthographe se fige, bien que la prononciation des mots évolue beaucoup. Grammairiens, poètes et imprimeurs vont user de leur influence conjuguée pour réformer les graphies du français. Les modifications les plus importantes sont : • l’amélioration de l’alphabet (ajout des « k, j, v, w ») ; • l’ajout de lettres pour faciliter la lisibilité (« h » à « huile » pour distinguer ce mot de « vile » qui s’écrivait alors avec un seul « l ») ; • le recours systématique à l’étymologie, du moins pour distinguer la masse importante des homophones (vingt car > viginti) ; de nombreuses erreurs d’appréciation se sont alors produites (ex. : le mot « poids ») ; • le recours aux accents (on écrivait « il ha », avant de mettre un accent grave sur la préposition, ce qui a permis de distinguer le verbe « il a » de « à ») ; • les consonnes doubles : dans le cas de « nn » ou « mm », pour signifier qu’il s’agit d’une voyelle nasalisée suivie d’une consonne nasale (ex. année, grammaire) ; les autres redoublements vont servir à marquer la prononciation du e ouvert (ex. il appelle) mais ce procédé sera concurrencé par l’accent grave. L’utilité de ces modifications étant purement visuelle, on dit de l’orthographe française qu’elle prend à cette époque un aspect idéographique, et donc perd de son phonétisme. 3 - XVIe siècle : des modifications nombreuses de graphies se font sous l’impulsion des grammairiens (Meigret, Estienne) et des imprimeurs (Tory). Ce sont ces derniers qui, d’ailleurs, vont faire naître entre 1520 et 1530 la notion d’orthographe en France. Ils vont préférer en outre le système des voyelles accentuées à celui du redoublement de consonnes, mais cette modification mettra 200 ans à s’imposer. - Epoque classique : le mouvement des imprimeurs en faveur d’une simplification de l’orthographe échoue, mais cette nouvelle orthographe continue à vivre, en province notamment. Le dictionnaire de Richelet (1680) atteste également de ces graphies simplifiées (suppression des lettres grecques, de consonnes muettes ex. : batême, mistère,…). Au XVIIIe siècle, de nombreux philosophes entrent à l’Académie, ce qui est à l’origine d’un nouveau mouvement en faveur d’une simplification. On supprime des lettres inutiles (« h » dans « autheur », « b » dans « debvoir »), on remplace le « es » par « ê » (estre > être). Voltaire fait adopter l’orthographe « ai » au lieu de « oi » (anglois > anglais). - XIXe siècle : l’orthographe se recomplexifie sous l’impulsion de l’Académie qui, perdant de son prestige, édite des dictionnaires qui marqueront même quelques retours en arrière. D’autres dictionnaires tels que le Littré et le Larousse vont venir concurrencer le dictionnaire de l’Académie. L’orthographe se fixe davantage suite à l’obligation scolaire. - 1990 : nouvelle réforme de l’orthographe française. Celle-ci n’a presque pas été diffusée jusqu’à aujourd’hui. Ce n’est d’ailleurs que depuis 2008 qu’elle est devenue l’orthographe enseignée dans les écoles de la Communauté française. 1.2. LE SYSTÈME ORTHOGRAPHIQUE FRANÇAIS 1.2.1. Introduction L’orthographe peut se définir comme « l’ensemble des fonctions que l’on donne aux lettres et aux signes écrits »1. Comme chacun sait, l’orthographe française ne reproduit pas exactement la prononciation. Cela est notamment dû au fait que l’on a souvent introduit des lettres pour rapprocher certains mots français de leur étymon (ce qui a d’ailleurs parfois donné lieu à des aberrations). Pour mieux comprendre le fonctionnement de l’orthographe française, il faut tout d’abord savoir ce que l’on entend par les notions de phonème et de graphème. 1.2.2. Phonème et son Un phonème est la plus petite unité phonique qui permet de distinguer les mots d’une langue. 1 GREVISSE, GOOSSE, Nouvelle Grammaire française, éd. De Boeck – Duculot, Bruxelles, 1995, p. 31. 4 Exemple : Le mien / le tien : ici, les sons [m] et [t] sont des phonèmes car ils permettent de distinguer, à l’oral, la personne de ces deux pronoms possessifs. Un même phonème peut pourtant connaître différentes réalisations concrètes (sons). Certains sons n’ont aucun rôle distinctif dans une langue. Exemple : Soit le mot français « rien » : que l’on prononce ce mot en roulant le « r » ou en le grasseyant, on comprendra tout de même l’idée contenue dans ce mot. 1.2.3. Graphème et lettre La Grammaire méthodique établit ici un parallèle : « le graphème est à la lettre ce que le phonème est au son »2. Ainsi le graphème est-il la plus petite unité graphique à valeur distinctive. On l’oppose à la lettre qui, elle, peut connaître des réalisations multiples (manuscrite, imprimée, majuscule, minuscule). Un graphème peut se présenter sous plusieurs formes. Soit le phonème [o], on peut le représenter graphiquement de plusieurs manières : - par une simple lettre (o) ; - par un digramme (au) ; - par un trigramme (eau). 1.2.4. Principe phonographique vs principe idéographique Dans le système orthographique français, un graphème peut : - soit correspondre à un phonème de la langue (principe phonographique). Selon la position dans le mot et les règles de combinaison, un même graphème peut correspondre à des phonèmes différents. Exemple : Exonérer / exception : « x » seul devant une voyelle se prononce [gz] tandis que suivi d’un « c », il se prononcera [k]. Les phonogrammes sont les graphèmes qui réalisent strictement le principe phonographique de représentation des unités sonores. Exemple : « ça » : « ç » = [s] ; « a » = [a] - soit remplir un rôle sémantique ou grammatical (principe idéographique). C’est le cas des lettres dites muettes, c’est-à-dire des lettres qui ne correspondent à aucun phonème. Exemples : 1. Dans « ils trouvent » : le trigramme « -ent », qui n’est pas prononcé à l’oral, est la marque de la troisième personne du pluriel. 2. Dans « chant » : « t » sert à rapprocher ce mot d’un autre mot de la même famille et à le distinguer du mot « champ ». Les morphogrammes, les logogrammes ainsi que les lettres étymologiques et historiques sont des graphèmes qui réalisent le principe idéographique. Les morphogrammes peuvent être : 2 RIEGEL, PELLAT, RIOUL, Grammaire méthodique du français, éd. P.U.F., Paris, 2001, p. 65. 5 - grammaticaux (désinences, marques du féminin, du pluriel, conjugaisons : ils trouvent) ; - lexicaux (comme indicateurs de série lexicale : chant - chanter). Les logogrammes jouent aussi un rôle sémantique en permettant de distinguer les homophones (chant – champ). Les lettres étymologiques et historiques sont « des lettres qui subsistent dans le système graphique comme des témoins de l’histoire de la langue ou de sa filiation par rapport au latin et au grec »3 (campus > champ). 1.2.5. Syllabe graphique vs syllabe phonique Selon Grevisse, une syllabe est « un groupe de sons que l’on prononce d’une seule émission de voix ». Une syllabe est dite ouverte quand elle se termine par une voyelle, fermée quand elle se termine par une consonne. Le découpage d’un mot en syllabes diffère à l’oral et à l’écrit, notamment à cause de l’ « e » muet (qui disparaît souvent à l’oral) ou à cause des lettres muettes. Exemple (voir RIEGEL, PELLAT, RIOUL, op. cit., ibid., p.66) A l’oral : - le mot « mère » n’est constitué que d’une seule syllabe phonique fermée et se termine par le son [r] ; - le mot « discret » comporte une syllabe phonique fermée [dis] et une syllabe phonique ouverte [krè]. A l’écrit : - le mot « mère » est constitué de deux syllabes graphiques ouvertes (mè – re) ; - le mot « discret » comporte deux syllabes graphiques fermées (dis – cret). Les uploads/Histoire/ grammaire-francaise 2 .pdf

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  • Publié le Oct 26, 2021
  • Catégorie History / Histoire
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