GEORGES BORDONOVE Louis XV Le Bien-Aimé Pygmalion © 1982 Éditions Pygmalion / G
GEORGES BORDONOVE Louis XV Le Bien-Aimé Pygmalion © 1982 Éditions Pygmalion / Gérard Watelet, Paris © 2013 Pygmalion, département de Flammarion pour la présente édition Dépot légal : juin 2013 ISBN Epub : 9782756411019 ISBN PDF Web : 9782756411026 Le livre a été imprimé sous les références : ISBN : 9782756401386 Ouvrage composé et converti par Meta-systems (59100 Roubaix) Présentation de l'éditeur Monté sur le trône à cinq ans et demi, Louis XV fut-il seulement l’amant prodigue de Mesdames de Pompadour et du Barry ? Un prince volage et futile dont la beauté continue de nous fasciner et qui s’attira l’amour puis la haine de son peuple ? Non, malgré les apparences, jamais roi, à l’exception d’Henri IV, ne se montra aussi conscient des problèmes de son pays et attentif à construire l’avenir. Nombre de ses réformes furent reprisent par Napoléon Ier. Sous son long règne, la Corse et la Lorraine devinrent françaises et l’économie nationale prit son envol. Louis XV fut un esprit secret, éclairé et sensible, soucieux d’épargner le sang des hommes. Lauréat de l’Académie française et de la Bourse Goncourt du récit historique, Grand Prix des libraires, officier de la Légion d’honneur, Georges Bordonove conte la superbe épopée des rois qui ont fait la France. Refusant les facilités d’une vulgarisation simpliste de l’Histoire, il la clarifie afin d’en mieux traduire les palpitations vraies et les étonnantes analogies avec notre époque. Dans la collection des Souverains et Souveraines de France Les Rois qui ont fait la France par Georges Bordonove Les Précurseurs : Clovis – Charlemagne Les Capétiens : Hugues Capet, le fondateur Philippe II Auguste – Saint Louis Philippe le Bel Les Valois : Jean II le Bon – Charles V – Charles VI – Charles VII Louis XI – Louis XII – François Ier – Henri II – Charles IX Henri III Les Bourbons : Henri IV – Louis XIII – Louis XIV – Louis XV Louis XVI – Louis XVIII – Charles X – Louis-Philippe Histoire des Rois de France par Ivan Gobry Les Mérovingiens : Clotaire Ier – Dagobert Ier – Clotaire II Les Carolingiens : Pépin le Bref – Louis Ier – Charles II – Louis II Louis III, Carloman et Charles le Gros – Charles III Louis IV – Lothaire – Louis V Les Capétiens : Eudes – Robert Ier – Raoul – Robert II – Henri Ier Philippe Ier – Louis VI Louis VII – Louis VIII Philippe III – Louis X – Philippe V – Charles IV Les Valois : Philippe VI – Charles VIII – François II Louis XV Le Bien-Aimé Le sang de nos ennemis est toujours le sang des hommes ; la vraie gloire, c'est de l'épargner. (Louis XV au dauphin, le soir de la victoire de Fontenoy.) Première partie La régence 1715-1723 I Le testament cassé Le 1er septembre 1715, après que le duc d'Orléans eut rendu les derniers devoirs à la dépouille de Louis XIV, il s'en fut chez l'enfant-roi dont le règne commençait. La foule des princes et princesses, ducs et pairs, évêques, « cordons-bleus » (dignitaires de l'Ordre du Saint-Esprit), maréchaux et officiers généraux, grands officiers, courtisans les plus en vue, grandes dames, l'accompagnaient, tous empressés de saluer le nouveau maître et, surtout, de flatter le futur régent. Le duc d'Orléans les présenta en ces termes au petit Louis XV : — Sire, je viens rendre mes devoirs à Votre Majesté, comme le premier de vos sujets. Voilà la principale noblesse de votre royaume, qui vient vous assurer de sa fidélité ! Sa Majesté de cinq ans et demi pleurait à chaudes larmes. Quand son chagrin fut un peu calmé, on la mena sur le balcon, afin de la montrer aux habitants de Versailles et aux Parisiens accourus de la capitale. À midi, cette foule fut admise à pénétrer dans les appartements et à contempler le roi mort. Le défilé dura jusqu'au soir, tant était vive la curiosité des badauds. Des témoins dignes de foi attestent que, de tous côtés dans Versailles, on entendait jouer les violons ! Dans le palais, le duc d'Orléans était pour ainsi dire submergé par les flatteurs et les ambitieux. La régence lui revenant de droit, tous attendaient un changement de gouvernement et cherchaient à se placer, sans excepter ceux qui avaient le plus dénigré le duc ! Certains rêvaient aussi de régler leurs comptes personnels. Il y avait tant de monde dans l'appartement que, selon Saint-Simon, on n'aurait pu « faire tomber une épingle par terre ». Cependant Orléans ne perdait pas une minute, tout en écoutant, distraitement, les solliciteurs et les donneurs de conseils. Tablant sur sa longue fidélité, Saint-Simon s'était introduit dans son cabinet ; il le pressa de prendre une décision, selon lui urgente, sur l'Affaire du Bonnet, et de réunir les États généraux, ce qui, dans la conjoncture, était une double sottise. Orléans fit venir le cardinal de Noailles et l'entretint, ostensiblement, pendant une heure : cette audience avait pour but de gagner une large fraction du clergé parisien divisé par la bulle Unigenitus qui avait empoisonné les derniers mois, et jusqu'aux derniers jours, du roi défunt. Pour accroître le nombre de ses partisans, Orléans multiplia les promesses : au duc d'Antin, sa nomination au conseil des finances, au maréchal de Villars, la présidence du conseil de la guerre, etc. Il envoya le duc de Noailles chez La Trémoille où les ducs s'étaient réunis, afin de les convaincre de n'occasionner aucun désordre dans la séance du Parlement prévue pour le lendemain, séance au cours de laquelle la haute assemblée se prononcerait sur la régence. Lui-même se rendit à Paris, en fin d'après-midi, sans escorte, pour y rencontrer d'Aguesseau et quelques parlementaires parmi les influents. Il était neuf heures du soir, quand il regagna Versailles. Il convoqua aussitôt Saint-Simon et les ducs et les pria, fort aimablement, mais fermement, de se tenir tranquilles. Saint- Simon ne put s'empêcher de dire : — Mais, Monsieur, quand les (affaires) publiques seront réglées, vous vous moquerez de nous et des nôtres ! Le prince se récria, donna sa parole qu'il trancherait l'Affaire du Bonnet aussitôt qu'il le pourrait. Les ducs acquiescèrent. Cependant Saint-Simon, comme un petit coq dressé sur ses ergots, prétendit ouvrir la séance du Parlement par une protestation solennelle sur les droits de la pairie. Le prince céda, de guerre lasse. Ouvrons une brève parenthèse. Cette Affaire du Bonnet, violant, selon Saint-Simon, les privilèges de la pairie, eût été simplement burlesque ; malheureusement, elle traduisait l'intransigeance, l'incompréhension, les prétentions et l'irréalisme politique de la haute noblesse. En effet, les ducs et pairs jugeaient inconvenant d'avoir à attendre le bon plaisir du Premier président du Parlement, lequel n'était que de noblesse de robe, c'est-à-dire d'extraction bourgeoise. Ce dernier détenait l'inconcevable privilège de questionner les ducs, et ceux-ci devaient se découvrir avant de répondre, alors que ce robin gardait son bonnet sur la tête ! Les ducs avaient essayé d'obtenir du Roi-Soleil qu'il mît fin à de telles pratiques, mais le Roi-Soleil, quoique mal disposé envers les parlementaires, s'était bien gardé de prendre position. L'accession de Philippe d'Orléans à la régence leur paraissait une occasion inespérée, d'où l'insistance de Saint-Simon. Mais le futur régent avait davantage besoin des parlementaires que des ducs. Pour lui, l'enjeu était d'importance. En effet, si, en raison de sa qualité de neveu de Louis XIV et d'oncle du petit Louis XV, la régence lui revenait de droit, on pouvait craindre que le défunt monarque eût avantagé, de quelque manière, dans son testament, le duc du Maine (fils de la Montespan et prince légitimé) ; on pouvait même redouter que ce dernier, qui commandait les gardes suisses, ne tentât quelque manœuvre d'intimidation. Le petit roi était si jeune et si fragile ; il comptait si peu, encore que chacun prétendît agir en son nom et pour son service ! C'est pourquoi le duc d'Orléans acheta 600 000 livres la complaisance du duc de Guiche, lequel avait disposé 3 000 gardes françaises en armes dans les abords immédiats du Palais de la Cité et sur les ponts qui y donnaient accès. Il fallut apaiser les parlementaires, inquiets à juste titre d'un pareil déploiement de forces. Convoqués de bon matin (pour six heures !), les graves magistrats écoutèrent d'abord le Premier président (M. de Mesme) leur annoncer que les ducs se disposaient à perturber la séance avec l'Affaire du Bonnet. Ils décidèrent que l'on s'en tiendrait au règlement et que les voix des ducs qui refuseraient de se découvrir, ne seraient pas comptées : on le voit, en une circonstance aussi importante, la noblesse de robe n'était pas moins acharnée que la pairie à défendre ses prérogatives. On leur présenta ensuite une lettre de cachet, par laquelle l'enfant-roi leur annonçait officiellement la mort de son arrière-grand-père et, selon l'usage, leur demandait de continuer leurs fonctions. Le Parlement résolut alors d'envoyer une délégation à Versailles pour saluer le nouveau roi et le prier de tenir son premier lit de justice. Les ducs arrivèrent vers huit heures uploads/Histoire/ louis-xv-bordonove-georges 1 .pdf
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- Publié le Jul 17, 2021
- Catégorie History / Histoire
- Langue French
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