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Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie industriel G 5 610 − 1 Analyse du cycle de vie Problématique de l’évaluation des impacts par Khalil KHALIFA Spécialiste dans les analyses de cycle de vie chez ACV-Conseil es ACV ont un immense champ d’application dans les secteurs industriel et public, mais il n’existe pas encore de consensus international sur l’ensemble des étapes d’une ACV. Le niveau de développement de la méthodologie est en effet très inégal selon ces étapes, comme le montre le tableau A. C’est au niveau de la phase d’évaluation des impacts qu’il reste encore de gros efforts de recher- che à réaliser. L’évaluation des impacts est la troisième étape d’une Analyse du Cycle de Vie (ACV). Après les étapes de déﬁnition des objectifs et d’inventaire du cycle de vie, l’évaluation des impacts dans une ACV consiste à interpréter une longue liste de données relatives aux ﬂux entrant et sortant du système en cours d’étude. Un cadre conceptuel a été déﬁni et est généralement accepté par les spécialis- tes ACV pour la phase d’évaluation des impacts. Il comporte trois composantes, à savoir la classiﬁcation, la caractérisation et l’évaluation globale. Lors de la présentation des résultats de l’évaluation des impacts, on trouve des indicateurs comme la consommation d’énergie et les quantités de déchets émises bien qu’ils ne soient pas à proprement parler des impacts. Par ailleurs, la frontière entre l’inventaire ou l’évaluation des impacts n’est pas encore claire- ment déﬁnie. Doit-on, par exemple, considérer la quantité d’espace utilisée (s’il sert d’habitat écologique pour la faune et la ﬂore) comme un item de l’inventaire ou un impact ? Trois grandes familles d’impacts sont généralement considérées par les diffé- rents spécialistes ACV : — l’épuisement des ressources : énergie et matière, eau, sols ; — les impacts sur la santé humaine (dont les impacts en milieu professionnel) : impacts toxicologiques, impacts physiques, impacts physiolo- giques, maladies causées par les organismes biologiques ; 1. Importance de la phase d’évaluation des impacts.......................... G 5 610 - 3 2. Relations entre l’étape d’évaluation des impacts et les autres étapes........................................................................................................... — 4 2.1 Relations entre l’évaluation des impacts et l’inventaire ........................... — 4 2.2 Relations entre l’évaluation des impacts et la phase d’interprétation des résultats................................................................................................. — 5 2.3 Relations entre l’évaluation des impacts et la qualité des données ........ — 6 3. Problématique générale des méthodes d’évaluation des impacts ................................................................................................ — 6 3.1 Résolution spatiale....................................................................................... — 6 3.2 Résolution temporelle.................................................................................. — 7 3.3 Notions de seuil et de linéarité.................................................................... — 8 3.4 Spéciﬁcité du site ......................................................................................... — 8 Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. G 5 610 L ANALYSE DU CYCLE DE VIE ______________________________________________________________________________________________________________ Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. G 5 610 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie industriel — les impacts écologiques : réchauffement global, épuisement de l’ozone stratosphérique, acidification, eutrophisation, formation d’oxydants photochimi- ques, impacts écotoxicologiques, altérations de l’habitat et impacts sur la diver- sité biologique. Certains auteurs ont proposé d’inclure d’autres aspects, par exemple le bien- être social. La liste des impacts proposée dans les travaux de la SETAC (Société environ- nementale de toxicologie et de chimie) ne doit pas être considérée comme exhaustive. Elle doit être adaptée à chaque secteur d’activité et tenir compte des préoccupations environnementales régionales et sectorielles. La validité des modèles de quantiﬁcation des impacts proposés est fonction des catégories d’impacts considérés. En effet, les problèmes d’agrégation de données de sites délocalisés dans le temps et dans l’espace se posent de façon moins aiguë pour les impacts globaux que pour les impacts locaux. Ces derniers nécessitent une connaissance assez ﬁne des situations locales (état du milieu récepteur, devenir de la substance dans le milieu) et, par conséquent, se prêtent difﬁcilement à des sommations. Notre objectif dans cet article est de présenter l’importance de l’étape d’éva- luation des impacts et les limites des différentes approches proposées. Tableau A – État de l’art actuel des ACV (Source modiﬁée : Lindfors, 1994) [2] Étape d’une ACV Situation actuelle Définition des objectifs Étape bien définie Inventaire Étape bien définie Besoin de recherches sur les procédures de mise en œuvre pour l’adéquation de certaines parties aux objectifs de l’étude (comme les choix des limites du système, des données et des règles d’imputation...) Évaluation des impacts Classification Étape bien définie Besoin de recherches sur l’adéquation du choix des indicateurs aux objectifs de l’étude et au contexte d’utilisation des résultats Caractérisation Étape définie conceptuellement Partiellement développée pour certains thèmes Évaluation globale des impacts Étape définie conceptuellement Partiellement développée pour certaines approches Recherche d’améliorations Étape peu documentée Remplacée par une phase d’interprétation des résul- tats dans le projet de norme ISO 14 040 Pour de plus amples renseignements sur les travaux cités dans cette introduction, le lecteur pourra se reporter aux références [1] à [8], [23] à [25], [47] à [49] et aux normes dans « Pour en savoir plus, [Doc. G 5 610]). ______________________________________________________________________________________________________________ ANALYSE DU CYCLE DE VIE Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie industriel G 5 610 − 3 1. Importance de la phase d’évaluation des impacts Dans le contexte des ACV, l’étape d’évaluation des impacts est perçue comme un moyen d’intégrer les préoccupations environne- mentales dans les prises de décisions (exemple : choix de produits). Le tableau 1 montre les possibilités d’utilisation de l’étape d’évalua- tion des impacts. Aujourd’hui, un grand nombre de méthodes pour la quantiﬁcation des impacts a été proposé dans le contexte des ACV [49]. Un examen des différentes méthodes conduit à conclure que des efforts supplémentaires de recherche pour rendre l’utilisation de l’étape d’évaluation des impacts de plus en plus pertinente sont nécessaires. Compte tenu de la complexité des impacts, il devient légitime de se poser les questions suivantes : — jusqu’à quel degré la procédure d’analyse des impacts, utilisée dans les ACV, est-elle correcte ? — à quel niveau les résultats sont-ils représentatifs et utiles ? L’objectif est de quantiﬁer la contribution des différentes charges environnementales du système étudié aux problèmes environne- mentaux. Cette quantiﬁcation peut être plus ou moins précise en fonction de la qualité des informations disponibles sur : — les charges environnementales (données brutes de l’inventaire) ; — la connaissance du devenir de ces substances dans l’environ- nement et de leurs propriétés intrinsèques. Aucune des méthodes proposées dans le contexte des ACV n’a eu pour objectif la détermination des effets exacts ou ultimes d’une pollution donnée, car l’évaluation de ces effets sur le milieu récep- teur se heurte encore à deux niveaux de difﬁcultés : — le premier concerne le polluant, son transport, sa diffusion et son évolution dans les différents milieux (devenir) ; — le deuxième concerne la cible (homme, écosystème...) dont la réponse est fonction de plusieurs paramètres, en particulier la concentration du polluant (fonction dose-réponse). La détermination des relations polluant-cible s’avère donc complexe, d’autant plus qu’on ne peut pas étudier séparément tous les composés rejetés dans l’environnement. Selon [49], il y a deux types d’attitudes possibles face à ce double contexte de complexité et d’incertitudes : • « L’attitude pessimiste consiste à abandonner ce créneau de l’analyse d’impact en avançant que ces incertitudes sont inhérentes aux études environnementales et rendent dès lors incongrue toute prise de décision. La plupart des ACV réalisées s’arrête à la phase d’inventaire. • L’attitude optimiste considère que l’évaluation environnementale n’est pas une technique totalement maîtrisée aujourd’hui. Beaucoup de mécanismes sont méconnus et font l’objet de recherches. Mais chaque avancée dans ce domaine réduit l’incertitude de l’interpréta- tion. Il faudra alors se poser à chaque fois la question : compte tenu des incertitudes scientiﬁques (même réduites), quelles fonctions de dommages sont accessibles avec un niveau de connaissances acceptable ? Il s’agit donc, dans l’état actuel des connaissances, de gérer au mieux l’incertitude en se fondant sur un consensus mini- mal de la communauté scientiﬁque ». En effet, des discussions sont en cours pour décider si l’évaluation des impacts doit faire partie de l’ACV. Le fond de ce débat est lié au fait qu’il n’y a pas de liens clairement déﬁnis entre les impacts potentiels évalués dans une ACV et les impacts réels qui peuvent se produire [9] [26] [27] [28]. Ce manque de liens affecte sérieusement la crédibilité des ACV et peut conduire à de fausses interprétations. Cependant, la plupart des praticiens sont convaincus de la néces- sité d’inclure l’étape d’évaluation des impacts, car il est difﬁcile de faire des conclusions uniquement sur la base des données de l’inventaire [10]. La polémique autour de l’évaluation des impacts dans une ACV vient de commencer. Plusieurs praticiens des ACV reconnaissent déjà que les méthodologies qu’ils utilisent ne permettent pas de pré- dire, ou de quantiﬁer, des impacts réels. Ils suggèrent plutôt de par- ler d’impacts « potentiels ». Mais cela peut encore être source de confusion. En effet, les catégories d’impacts utilisés dans une ACV ont des caractéristiques différentes uploads/Industriel/ analyse-du-cycle-de-vie-problematique-de-l-x27-evaluation-des-im.pdf