REE N°2 - 2011 1 Repères présentation Le Cloud Computing et ses perspectives d’
REE N°2 - 2011 1 Repères présentation Le Cloud Computing et ses perspectives d’applications industrielles Le Cloud Computing et ses perspectives d’applications industrielles « Cloud computing » est l’un des 50 buzzwords relevés par Wikipédia. Né il y a quelques années, il constitue pour certains une technologie avant-gardiste, pour d’autres un fourre-tout marketing. La réalité est qu’avec le Cloud computing, on assiste au développement d’une nouvelle forme d’utilisation de l’Internet à très haut débit, permettant aux organisations de bénéficier de capacités de traitement et de stockage qu’il leur serait impossible de posséder et de maintenir en propre. Mais au-delà de ces services qualifiés d’IaaS (In- frastructure as a Service), le Cloud computing c’est aussi la mise à disposition de plates-formes de développement (PaaS : Platform as a Service) et d’applications informa- tiques variées (SaaS : Software as a Service), non plus acquises sous forme de licences par l’utilisateur, mais mi- ses à sa disposition dans le cadre d’un service facturé en fonction de l’usage qu’il en fait. Où en est-on, quelle perception et quelles perspectives pour les applications industrielles ? Nos usines fonctionnaient avec l’énergie de la chute d’eau voisine, elles sont à présent alimentées par le réseau électrique à partir de stations de production souvent éloi- gnées et qu’elles ne connaissent pas. L ’analogie n’est pas superficielle. Le Cloud computing, ou informatique dans les nuages, tire son appellation de la représentation de l’Internet par un petit nuage dans les diagrammes usuels de description des réseaux de communication. Mais le pa- rallèle avec les réseaux électriques peut être poussé assez loin. Jacques Cladé soulignait dans son article publié dans la REE n° 11 de décembre 2010 et intitulé « Quelques règles générales gouvernant les grands réseaux électri- ques », que le réseau électrique général constituait un « pot commun » dans lequel tout kilowattheure produit se mélange instantanément aux autres, produits en même temps par d’autres sources. Cette mise en commun a per- mis aux consommateurs d’électricité de bénéficier d’un service de meilleure qualité à des coûts fortement réduits, grâce aux effets de foisonnement. On comprend bien, grâce à cette analogie, que le « Cloud computing » va beaucoup plus loin que de simples serveurs locaux ou centralisés, en permettant à des utilisateurs de s’abonner à des services extérieurs de traitement d’infor- mation, à une sorte de réseau informationnel capable de distribuer aux utilisateurs, de manière flexible, la puissance et les services informatiques dont ils ont besoin. L ’article de Philippe Bron « les principes du Cloud computing : état de l’art et perspectives » brosse un aper- çu général du Cloud computing, et permet au lecteur de se familiariser avec les trois niveaux usuellement distingués du Cloud computing, hérités de l’ASP (Application Ser- vice Provider) : l’IaaS, le PaaS et le SaaS, et avec la nature des offres qui en résultent. Les offreurs d’infrastructures partagées se compteraient aujourd’hui en dizaines, ceux de plates-formes en centaines et ceux d’applications en cen- taines de milliers. Le chiffre d’affaires du Cloud compu- ting atteindrait ainsi déjà 68,8 milliards de dollars en 2010, mais croîtrait à vitesse rapide. Sur le plan économique, il montre que le Cloud computing peut séduire les clients par une réduction des dépenses d’investissement (CAPEX), mais aussi par un meilleur contrôle des dépenses d’exploi- tation (OPEX), le service étant supposé rendu dans le ca- dre d’une tarification convenue, sans que l’utilisateur ait à se préoccuper des questions de maintenance matérielles et logicielles et de traitement des obsolescences. Le second article « Le Cloud computing : le prêt-à- porter de l’informatique » écrit par Philippe Kalousdian est un témoignage concret et rafraîchissant d’un utilisa- teur, professionnel de l’informatique, qui a pris le risque d’adopter en pionnier des solutions Cloud et s’en est trou- vé bien, à la surprise de ses collègues. Il nous montre, au travers de très nombreux exemples concrets, que le Cloud computing s’impose de plus en plus dans l’espace profes- sionnel comme dans l’espace familial. Les usages explo- sent et continueront à se développer. Les PME et les ETI sont certainement dans le monde des entreprises celles qui en tirent actuellement le plus de bénéfices, en ayant accès à des moyens ou à des services qui autrement resteraient hors de leur portée. Mais on voit se profiler des avenues de progrès dans les domaines de la domotique, de l’audio- visuel, de l’automobile, etc. Mais attention ! prévient Philippe Kalousdian, le Cloud computing est à l’informatique ce que le prêt-à-porter est Jean-Pierre HAUET Associate Partner KB Intelligence Membre émérite de la SEE (2008) Membre du comité de publication de la REE Repères REE N°2 - 2011 2 présentation à la confection de vêtements. Il y aura toujours besoin de couturiers à façon pour les applications spécifiques, même si les couturiers font appel à des briques préexistantes. On ne va pas dans un magasin de prêt-à-porter quand on me- sure 2 mètres et que l’on pèse 60 kg ! Avec Philippe Allot et son article « Le contrôle indus- triel à l’heure de la virtualisation et du XaaS », on en vient à l’application de l’approche Cloud à un domaine spécifi- que, celui du contrôle industriel des machines et des procé- dés. On sait que l’industrie est, à juste titre, un secteur assez prudent, voire conservateur, en ce qui concerne l’adoption de technologies nouvelles, et que l’on préfère y garder des solutions éprouvées et sûres plutôt que de risquer l’aventure en se lançant prématurément dans des technologies nouvel- les. Au demeurant, le contexte actuel n’encourage pas à la prise de risques, et l’innovation est trop rarement stimulée et a fortiori récompensée dans nos entreprises. S’agissant du contrôle industriel, Philippe Allot mon- tre bien que le Cloud computing peut apporter un réel bé- néfice à l’entreprise si quelques conditions préalables sont remplies. L ’une des conditions réside dans la nécessité de standardiser les applications, pour bénéficier de la mutua- lisation des efforts de développement. Il faut aussi raison garder en ce qui concerne les performances et, dans un premier temps, il est sans doute préférable de se limiter à des applications de surveillance (monitoring) plutôt que de s’engager dans des applications de contrôle, surtout quand elles relèvent du temps critique ou mettent en jeu la sécurité des biens et des personnes. Le quatrième article, « Cloud instrumentation, the instrument in the Cloud », nous vient des États-Unis et a été écrit par Marius Ghercioiu, président de Tag4M à Austin (Texas). Marius Ghercioiu nous montre comment il est possible de collecter des données grâce à des éti- quettes électroniques miniaturisées, couplées à des cap- teurs de toute nature, utilisant une transmission sans fil du type Wi-Fi ou autre, afin de rapatrier les mesures vers un point d’accès Internet. Les données entrent alors dans le Cloud et peuvent être restituées partout dans le monde, sous forme d’écrans standardisées ou de « tags » logiciels que l’on peut incorporer dans des vues d’écran personna- lisées localement. Le système a des applications évidentes dans le domaine scientifique, en rendant immédiatement accessibles à des milliers de chercheurs le résultat d’une expérience. On comprend qu’il puisse intéresser égale- ment des services tels que la météo. Mais dans le domaine industriel, il peut permettre la mise en commun et la com- paraison entre les conditions de fonctionnement d’instal- lations similaires. Un champ d’application potentiel est aussi celui des smart grids, avec la mise à disposition d'informations intéressant aussi bien les consommateurs que les gestionnaires de réseau. Marius Ghercioiu ouvre aussi une voie de synergie en direction de la création artistique. Le rendu des mesures, les Cloud instruments, peuvent devenir des créations ar- tistiques, ce qu’il appelle des avatars, associant les deux moteurs fondamentaux de l’esprit humain : l’art et la tech- nologie, imposant un dialogue entre l’hémisphère droit et l’hémisphère gauche du cerveau. D’ores et déjà, une galerie virtuelle accessible sur www.alanaperlin.temperatureavatar.com donne une idée du rendu possible. En matière de contrôle industriel, il est possible d’aller plus loin et d’inclure la notion de Cloud instrument dans celle, plus générale, d’interface homme-machine dans les nuages (HMI in the Cloud). Renvoyer l’IHM dans le nua- ge est un moyen pour les industriels de se libérer : • du matériel (CPU, mémoire, stockage), • du choix de l’operating system (Linux, Unix, Win- dows…), • d’une partie des logiciels applicatifs, • de l’infrastructure de communication. Dans une telle approche, l’installation à surveiller sert de serveur de données connecté au Cloud. Dans le Cloud sont effectués tous les traitements de mise en forme, y compris les fonctions de gateway, qui permettent de ren- voyer l’information sous une forme appropriée vers les terminaux les plus divers que le monde informatique offre aujourd’hui, y compris les systèmes nomades de tablettes ou de smart phones. Il devient alors possible de surveiller, voire de contrôler, depuis n’importe où dans le monde, n’importe quelle installation. Bien sûr le système est d’autant plus efficace que les applications sont standardi- sées, mais ce peut être un moyen puissant pour pousser à la convergence toujours laborieuse entre les uploads/Industriel/ cloudcomputing-applicationsindustrielles.pdf
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- Publié le Mai 03, 2021
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