LE TRAITEMENT DES EAUX DE PROCESS N° 373 - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES -

LE TRAITEMENT DES EAUX DE PROCESS N° 373 - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - 33 www.revue-ein.com ABSTRACT Process water treatment: limiting samples and release. Under regulatory constraints, industrialists are increasingly required to reduce their water consumption, or the volumes of their effluents. Considered as an additional cost in times of Sous la contrainte réglementaire, les industriels sont de plus en plus souvent amenés à réduire leur consommation d’eau ou le volume de leurs effluents. Vécue comme un coût supplémentaire en période de crise, l’opération pourrait pourtant se révéler économiquement intéressante, pour peu que l’on adopte une approche globale du fonctionnement de l’usine car économies d’eau rime alors avec économies d’énergie et valorisation des sous-produits et déchets. Les spécialistes de l’eau trouvent là le moyen d’étendre le champ de leurs compétences et de contribuer à augmenter la compétitivité des usines. Traitement des eaux de process : limiter les prélèvements autant que les rejets Par Françoise Breton, Technoscope crisis, the operation could be economically viable, as long as a global approach to plant operation is adopted, as water savings entail energy savings and recycling of by-products and waste. In this manner, water specialists are able to expand their skills and contribute to increasing plant competitiveness. E n France, les industriels s’inté- ressent de plus en plus au recy- clage de l’eau sous l’effet d’une double contrainte : réglementaire en matière de prélèvements et de rejets mais aussi parce que limiter son empreinte envi- ronnementale est devenue vital. Le pro- blème du recyclage de l’eau se pose égale- ment dans certains cas, lorsqu’une crois- Veolia Water STI 34 - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - N° 373 www.revue-ein.com sance de l’activité est envisagée mais que les capacités épuratoires de la station de l’usine atteignent la saturation. Il devient alors intéressant d’évaluer la possibilité de recycler en amont. La contrainte peut aussi venir de la station d’épuration municipale qui, suite à l’agrandissement de l’agglomé- ration, fait pression sur l’industriel pour qu’il trouve une autre solution pour le trai- tement de ses rejets. Néanmoins, il est bien souvent compliqué de passer à une étape opérationnelle car le coût de l’eau restant assez bas, il reste très difficile de rentabi- liser un projet de réutilisation uniquement basé sur une économie en eau. C’est la raison pour laquelle, le recy- clage de l’eau est rarement envisagé seul aujourd’hui. Les traiteurs d’eau travaillent plus globalement sur l’optimisation de l’installation, aussi bien en termes d’écono- mie d’eau que d’économie d’énergie et de réduction ou de valorisation des déchets. Stéphane Gilbert, président de la société Proj&Eau, est l’un des premiers à avoir mis en avant le concept d’efficacité hydrique, en référence à l’efficacité énergétique déjà bien connue des industriels. « L’efficacité hydrique pour un industriel, c’est moins consommer, mieux produire, moins reje- ter » indique-t-il, précisant que la quantité et la qualité de l’eau sont deux faces d’une même pièce et doivent donc être regardées simultanément. Pour accompagner l’indus- triel vers l’efficacité hydrique, Proj&Eau réalise des cartographies dynamiques des flux sur les usines de ses clients. Ceci per- met d’identifier la source des polluants et des effets toxiques, de proposer des actions de réduction à la source et de vali- der des solutions. La démarche d’efficacité hydrique est une démarche d’intelligence économique, elle est source de réduction des coûts et des risques. L’objectif affiché est d’obtenir un retour sur investissement autre que l’image. « C’est une véritable évolution de notre métier, estime Xavier Lazennec, directeur pour Degrémont Industry, spécialiste du cycle de l’eau industrielle. Il y a seulement 15 ans nous étions généralistes. Depuis quelques années, nous devons être au plus près des procédés de nos clients afin d’apporter une expertise pour l’eau mais également concernant l’énergie et les déchets. C’est une démarche globale par laquelle nous contribuons à améliorer la rentabilité de nos partenaires industriels ». Les spécia- listes du recyclage des effluents industriels tels que Veolia Water STI, GE Water & Pro- cess Technologies, Degrémont Industry, Hytec Industrie, Tecnofil, Serep, Proser- pol, Corelec Equipements, Exonia, Viivlo ou CTP Environnement sont d’accord sur le fait qu’une bonne solution se dessine d’abord dans le cadre d’études poussées menées en partenariat avec le client. Il s’agit en effet d’identifier où prendre l’eau et où la réinjecter pour en tirer le meilleur parti en fonction des contraintes de l’acti- vité, et de combiner le recyclage d’eau avec l’optimisation d’autres critères. Dans cette approche, l’innovation réside le plus sou- vent dans la combinaison de technologies existantes permettant une performance optimale. Mais les procédés utilisés évo- luent eux-mêmes pour être plus économes en eau et en énergie. Spécialisée dans l’assistance technique en prestations d’ingénierie, Aquatrix, filiale du groupe Alphadoz, propose l’expertise de ses collaborateurs très spécialisés aux ensembliers et aux traiteurs d’eau. Un posi- tionnement original et diversifié qui lui per- met d’appréhender et d’anticiper les ten- dances du marché, en eaux de process comme en eaux usées. Pour Baptiste Goua- chon, Ingénieur chargé d’affaires chez Aquatrix, « On observe sur la plupart des projets un objectif affirmé vers une dimi- nution des consommations en eau et en énergie. Cette préoccupation s’étend aux réactifs, un poste important qu’il ne faut Degrémont a appliqué son procédé Oxyblue®, pour recycler les effluents de la raffinerie pétrochimique de PetroChina à Chengdu dans le but de répondre à la double contrainte de réutilisation de plus de deux tiers des eaux usées et de réduction des rejets polluants pour répondre à des normes de plus en plus sévères. Traiter les lixiviats en station fixe ou mobile La société alésienne Eau Pro, spécialisée dans les systèmes de filtration tangentielle équipées de mem- branes céramiques ou de fibres creuses, propose une station de traitement dédiée au traitement des lixiviats de centres d’enfouissement technique ou de plateformes de compostage, mais également des effluents agroalimentaires comme ceux issus des caves vinicoles. La technologie repose sur une p r é f i l t r a t i o n tangentielle et un système à contre-courant de décolmatage a u t o m a t i q u e couplée à une flottation par air dissous et un traitement physico-chimique par l’injection de coagulants o r g a n i q u e s (produit naturel) pour une coagulation-floculation. Le traitement est terminé par un procédé d’ozonation et la percolation sur un filtre à charbon actif. Le constructeur conseille un pré-traitement de la lagune pour augmenter la biodégradabilité des effluents, la réduction des consommables et la neutralisation des mauvaises odeurs. Baptisée Aquazone, la station est fixe ou mobile pour des interventions ponctuelles sur des sites, et permet de traiter des volumes de 30 à 60 m3 par jour avec un rejet dans le milieu naturel r e s p e c t a n t la réglemen- tation. Avec s a f a i b l e emprise au sol (20 à 35 m2), sa faible consommation électrique (15 à 25 kW) et un investisse- ment réduit, e l l e p o r t e à moins de 15 € le prix de revient du m3 traité. Son fonctionnement, entièrement automatisé et géré à distance, ne nécessite qu’un contrôle visuel 2 à 3 fois par semaine. EauPro Degrémont N° 373 - L’EAU, L’INDUSTRIE, LES NUISANCES - 35 www.revue-ein.com pas négliger et sur lequel il est possible de réaliser jusqu’à 30 % d’économies ». D’autre part de nouvelles technologies se développent pour permettre de réu- tiliser l’eau à plus grande échelle. Pour cela, ces spécialistes du traitement de l’eau travaillent par exemple avec des grands groupes pour tester des solutions inno- vantes. Ainsi, le projet européen E4Wa- ter regroupe une petite vingtaine d’indus- triels, de sociétés de traitement de l’eau et d’acteurs de la recherche pour tester des solutions de recyclage de l’eau permettant de réduire de 40 % au moins les ponctions d’eau, de 30 à 70 % les effluents et de 15 à 40 % la consommation énergétique. Dans ce cadre, Degrémont effectue, avec Total et Procter & Gamble, des essais pilote de procédés combinant oxydation-ozona- tion et épuration biologique. Degrémont a Spécialisée dans le traitement et recyclage des rejets industriels, Actibio a réalisé de nombreuses installations de recyclage notamment dans le domaine du lavage de gros véhicules (trains, tramways, bus, poids lourds…). Le traitement associe une épuration biologique avec une filtration fine ce qui permet de recycler jusqu’à 80 % de l’eau avec une capacité de 110 m3/jour pour le lavage des trains et TGV. Le boom des techniques membranaires Les eaux de process doivent être traitées afin de présenter la qualité requise pour les recycler ou les réutiliser au niveau de l’usine. En particulier, elles doivent être déminéralisées. Cette étape se fait traditionnellement en combinant différents types de résines échangeuses d’ions afin d’arrêter les molé- cules solubles voulues. Cette technologie nécessite toutefois la régénération régulière des résines par des bains d’acide et de soude, dangereux à stocker et à manipuler et produisant des rejets toxiques dif- ficiles à gérer. Veolia Eau a réalisé pour un industriel français de la chimie et uploads/Industriel/ 2014-07-11-ein-n-373-eaux-de-process.pdf

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