Christophe Brusset Vous êtes fous d’avaler ça ! Un industriel de l’agroalimenta

Christophe Brusset Vous êtes fous d’avaler ça ! Un industriel de l’agroalimentaire dénonce Flammarion Collection : Flammarion Document Maison d’édition : Flammarion © Flammarion, 2015 Dépôt légal : septembre 2015 ISBN numérique : 978-2-0813-6311-3 ISBN du pdf web : 978-2-0813-6312-0 Le livre a été imprimé sous les références : ISBN : 978-2-0813-6310-6 Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo. Présentation de l’éditeur : Matières premières avariées, marchandises trafiquées, contrôles d’hygiène contournés, Christophe Brusset dénonce les multiples dérives dont il est, depuis vingt ans, le complice ou le témoin dans les coulisses de l’industrie agroalimentaire. Ingénieur de haut niveau devenu dirigeant au sein de groupes internationaux, à 44 ans, il a décidé de « faire aujourd’hui son devoir » et de briser la loi du silence. Piment indien rempli de crottes de souris, thé vert de Chine bourré de pesticides, faux safran marocain, viande de cheval transformée en bœuf, confiture de fraises sans fraises, origan coupé aux feuilles d’olivier, etc. Les arnaques qu’il révèle sont nombreuses mais ses conseils rassemblés dans son « guide de survie en magasin » devraient vous permettre d’en déjouer la plupart. Christophe Brusset raconte la course de vitesse planétaire entre fraudeurs pour fournir aux industriels des matières premières toujours moins chères. Son récit effarant est une plongée saisissante et pleine d’humour dans un monde souvent sans foi ni loi. « Soyons directs, ce qui intéresse les industriels, c’est votre argent. Pas votre bonheur ni votre santé ! » Vous êtes fous d’avaler ça ! Ne perds jamais de vue que le bon beurre est la base de la bonne cuisine, et souviens-toi que faire le malin est le propre de tout imbécile. La Philosophie de Georges Courteline, 1922. Prologue Consommateurs, c’est vous qui avez le pouvoir ! Pendant près de vingt ans, j’ai été employé par de grandes entreprises du monde de l’agroalimentaire très connues, toutes bardées de certifications et de labels de qualité, mais dont l’éthique n’était qu’une façade. Pour ces sociétés, la nourriture n’a rien de noble, il s’agit uniquement d’un business, un moyen de gagner de l’argent, toujours plus d’argent. Elles pourraient tout aussi bien, ou tout aussi mal, fabriquer des pneus ou des ordinateurs. Ces années ont été difficiles tant ma vision idéalisée de la nourriture s’accordait mal avec la réalité que je vivais. J’aurais voulu acheter les meilleurs ingrédients et que mon entreprise fabrique des produits dont je pouvais être fier, que je puisse les consommer moi-même avec gourmandise ou les faire manger à mes enfants avec une totale confiance. J’aurais voulu nourrir le monde avec des plats industriels, certes, mais aux recettes saines, aux formules nutritionnelles équilibrées. On en était bien loin, dans les discours comme dans les actes, mais il fallait bien faire vivre ma famille… Et, parfois, je me disais que se poser trop de questions, auxquelles mon travail apportait seulement des mauvaises réponses, ne faisait que rendre les choses plus difficiles. Pourtant, certaines questions méritent qu’on s’y attarde. Savez-vous manger ? Vous êtes-vous déjà interrogés sur la place de la nourriture dans votre vie ? Sur ce qui est bon ? Sur ce que « manger sain » signifie ? Est-ce si important ? Pour nous ? Pour nos enfants ? Autant de questions fondamentales que peu d’entre nous se posent sérieusement, et dont encore moins connaissent les vraies réponses. On est ce que l’on mange, au sens propre. Nos aliments ne sont rien de moins que les matériaux de construction de notre corps. Et vous conviendrez que pour qu’une construction dure cent ans, il faut choisir les meilleurs. Vous conviendrez aussi qu’on peut difficilement avoir un corps d’athlète en ne se nourrissant que de soda, de burgers et de frites. Bien se nourrir, c’est aussi, dans une certaine mesure, se soigner. Voilà une vérité connue depuis la nuit des temps. Dès l’Antiquité, Hippocrate affirmait : « Que ta nourriture soit ta médecine, et ta médecine, ta nourriture. » Plus proche de nous, le docteur Linus Pauling, Prix Nobel de chimie en 1954, martelait qu’« une alimentation optimale est la médecine de demain ». Jamais la nourriture n’a été aussi abondante et bon marché. Selon les chiffres de l’Insee 1, nous dépensons en moyenne aujourd’hui à peine plus de 15 % de notre revenu pour notre alimentation, soit moitié moins que dans les années 1950. Notre planète nourrit sept milliards d’hommes, et nous serons dix milliards en 2050. La faim et la malnutrition ne sont plus les fléaux qu’ils furent dans les siècles passés et pourraient même être totalement éradiqués avec une distribution optimale des ressources alimentaires disponibles. Cependant, ces progrès ne sont pas sans contrepartie. L’utilisation à forte dose de molécules chimiques (pesticides, fongicides, et autres traitements agricoles, antibiotiques promoteurs de croissance et hormones de synthèse pour le bétail, additifs alimentaires…) pollue l’environnement et empoisonne travailleurs et consommateurs. De gigantesques surfaces en monoculture (oliviers en Espagne, palmiers à huile en Malaisie, ou amandiers en Californie) détruisent les écosystèmes et réduisent la biodiversité. La standardisation des goûts et la malbouffe sont responsables d’une véritable épidémie mondiale de maladies cardiaques, de cancers, d’obésité, de diabètes et d’allergies. Le nombre de personnes en surpoids dans le monde 2 a explosé, passant de 850 millions en 1980 à plus de deux milliards en 2013, soit pratiquement le tiers de la population mondiale. Entre trois et quatre millions de personnes sont mortes sur la planète, pour la seule année 2010, en raison de complications liées à l’obésité, et ce chiffre ne fait qu’augmenter. Aujourd’hui plus de gens meurent de trop et mal manger que de ne pas assez manger ! Ajoutez à cela les excès du capitalisme, qui poussent à produire toujours plus pour toujours moins cher dans une course effrénée aux profits à court terme et qui ont mené à de retentissants scandales alimentaires partout à travers le monde. Bien entendu, la fraude existe depuis la nuit des temps. Les Grecs et les Romains étaient confrontés à du vin, de la farine, ou à de l’huile d’olive trafiqués. En 1820, le chimiste allemand Friedrich Accum publia à Londres un Traité sur la nourriture frelatée dans lequel il décrivait les fraudes les plus répandues à Londres à l’aube de la révolution industrielle ; poudre de pois séchés mélangée au café, huile d’olive contenant de fortes teneurs en plomb, bonbons colorés aux oxydes de cuivre, vinaigre mélangé à de l’acide sulfurique pour en augmenter l’acidité… Il dénonça surtout, analyses à l’appui, ceux qui s’adonnaient à une fraude alors très répandue et qui consistait à remplacer le houblon par de la strychnine ou de l’acide picrique dans la bière, pratique responsable chaque année de nombreux décès. Accum, lanceur d’alerte avant l’heure, se fit tellement d’ennemis en dénonçant ces arnaques qu’il fut contraint de quitter l’Angleterre. Pourtant, comme Machiavel, dont Rousseau disait qu’il était « un honnête homme et un bon citoyen qui a donné de grandes leçons aux peuples », Accum a rendu un immense service aux consommateurs de son temps. En dévoilant comment de véritables poisons pouvaient se trouver dans leurs assiettes, ou leurs verres, et lesquels, il leur a permis de se protéger et a contribué à réduire ces pratiques. On pourrait penser que, depuis 1820, les choses se sont améliorées, que nous avons eu tout le temps et les moyens pour éradiquer les fraudes alimentaires. La population est aujourd’hui mieux éduquée, mieux informée, les analyses sont plus fines, les services sanitaires bien installés, les normes d’hygiène et de traçabilité établies. Pourtant l’actualité montre que les fraudeurs sévissent toujours, souvent avec un temps d’avance, et que les contrôles, quand ils existent, sont beaucoup trop légers. Si les bonnes mesures, souvent très simples, avaient été prises, un scandale comme celui de la viande de cheval n’aurait pas pu avoir lieu. Il prouve que l’on ne peut avoir confiance ni dans les marques internationales les plus connues, ni même dans les services sanitaires des États les plus avancés, censés protéger les populations. C’est avant tout une crise de confiance générale. Et c’est bien pour cette raison que ce scandale, même si aucun mort ni même blessé n’est à déplorer, a eu un retentissement aussi gigantesque. Qui croire maintenant ? Qui dit vrai si les listes d’ingrédients mentent et que les contrôles les plus élémentaires ne sont pas faits ? Aujourd’hui, modestement, mais comme Friedrich Accum avant moi, je veux être utile au plus grand nombre, à tous les consommateurs délibérément tenus dans l’ignorance et l’illusion. C’est la raison pour laquelle, avec ce livre, j’ai décidé de briser la loi du silence et de lever le voile sur les dérives de l’industrie agroalimentaire. En m’appuyant sur toutes ces années d’expérience durement acquise, en révélant des pratiques frauduleuses et en œuvrant de la sorte pour la santé de tous, je n’ai que le sentiment de faire mon devoir. Ce n’est pas le scandale que je cherche en dévoilant ces fraudes mais véritablement l’intérêt général, le vôtre, le mien, celui de nos enfants, celui des générations futures 3. Je vais donc tout vous raconter uploads/Industriel/ ebook-gratuit-pdf.pdf

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