Université Mohammed V-Souissi Département d’Economie et de Gestion Année univer

Université Mohammed V-Souissi Département d’Economie et de Gestion Année universitaire 2010-2021 Groupes B, D et E Economie industrielle (S6) Professeur : MAANINOU AMAL Présentation des grands axes du cours L’économie industrielle (EI) est une discipline ancienne, mais qui au fil du temps se renouvelle sans cesse et s’adapte à l’analyse des situations industrielles les plus diverses. Say a ainsi crée au Conservatoire des arts et métiers une chaire d’EI en 1819. Marshall est, sans aucun doute, l’un des premiers économistes qui a posé les bases de cette discipline et ce par le biais de l’analyse de l’organisation industrielle. D’une part, il critique la position pessimiste de Ricardo (lois des rendements décroissants dans l’agriculture) en mettant en avant la dynamique des activités industrielles adossée à des rendements croissants internes. D’autre part, il met le doigt sur les agglomérations industrielles qui génèrent des externalités positives (économies externes qui résultent de la dynamique de l’environnement externe de la firme). De leur côté de l’Atlantique, des économistes américains (Ely, Veblen, Clark…) ont également contribué au développement de cette discipline via le constat suivant : l’analyse statique de la concurrence pure et parfaite ne correspond pas à la réalité des structures des marchés et aux comportements des firmes, dont certaines sont devenues de véritables mastodontes jouissant du coup d’une situation de monopole et donc d’un grand pouvoir de marché, et ce suite à la crise de 1873. Leur contribution est à la source de nouvelles dispositions juridiques et réglementaires - lois antitrust, les Sherman Act - pour contrer ce type de situation dans diverses industries (pétrole, transport ferroviaire, acier…). C’est dans ce cadre que la Standard Oïl, qui contrôlait 90% du raffinage et de la distribution du pétrole, fut démantelée en 1911. Plus tard, Mason, Bain, Scherer, etc. vont, entre 1930 et 1960, dynamiser l’EI, lui donnant de fait ses lettres de noblesse, à la fois en peaufinant ses concepts-clé et en mettant en relief le modèle de base de cette discipline : Structure-Comportement-Résultat. L’apport de ces économistes consiste d’abord à ne pas focaliser l’attention uniquement sur le cas du monopole, ensuite ils prennent à leur tour leur distance par rapport à l’hypothèse de la 1 concurrence pure et parfaite et son corolaire, l’optimum des performances, s’attachent dans la foulée à établir des classifications des différentes structures de marchés possibles, examinent les différentes stratégies des firmes (qui oscillent entre concurrence et monopole), et introduisent de nouveaux concepts (barrières à l’entrée….), ce qui au final aboutit audit modèle. Dès le début des années 1980, l’EI s’enrichit de nouveaux outils, lesquels ouvrent la voie à de nouvelles perspectives (la nouvelle EI) qui tournent autour des comportements stratégiques des acteurs dans un contexte économique de plus en plus mondialisé, déréglementé et chapeauté par l’industrie de la finance. Ce contexte modifie la structure et l’organisation des marchés. L’un des enseignements majeurs de cette bifurcation est le rejet de la causalité déterministe qui prévaut dans le modèle de base de l’EI, en ce sens que les comportements stratégiques des firmes impactent la structure des marchés. Ainsi, d’un côté la nouvelle EI s’appuie sur les nouvelles théories de l’entreprise (théorie des coûts de transaction, théorie de l’agence, théorie évolutionniste) qui apportent de nouveaux éclairages sur les modes d’organisation industrielle (recours au marché ou à l’organisation, concentration, apprentissage et innovation, etc.) et les stratégies des firmes qui lui correspondent. D’un autre côté, la théorie des jeux donne un nouveau souffle à l’EI moyennant le recours à la modélisation. De fait, elle propose, entre autres, une nouvelle vision des barrières à l’entrée, l’importance des négociations bilatérales… Dans cette perspective, les travaux de Tirole sont une référence de premier plan. On peut ainsi définir l’objet de l’EI comme suit : c’est une discipline qui pour but l’étude du système productif et des stratégies de ses composantes, les firmes, elle ne se limite pas à l’analyse des structures des marchés et des variables explicatives à l’existence de multiples configurations de marché possibles, elle s’interroge également sur les comportements stratégiques des firmes, des industries et des pouvoirs politiques. Sous cet éclairage, cette discipline examine l’interface des comportements des acteurs au sein d’un secteur industriel donné, des structures de marché (monopole, oligopole, monopsone, duopole…) et des politiques publiques dédiées à la réglementation. Elle est donc une discipline de l’économie dont la teneur est loin d’être statique et dont les outils s’avèrent tout à fait pertinents pour comprendre la dynamique industrielle et concurrentielle, le choix des modalités de l’organisation industrielle, et l’élaboration des politiques industrielles et réglementaires. Afin d’éviter d’éventuels malentendus, quelques précisions s’imposent : - cette discipline s’inscrit largement dans le cadre de la concurrence imparfaite, - le terme « industrie » est à prendre au sens large, regroupant ainsi aussi bien les activités industrielles au sens courant que celles qui se rattachent aux services : industrie agroalimentaire, la chimie lourde, industrie des télécommunications, des loisirs, la grande distribution, industrie aéronautique, etc., 2 -le niveau d’analyse privilégié est d’ordre méso-économique, néanmoins la référence aux niveaux micro et macro-économiques sont à prendre en considération, - le domaine de l’EI est vaste, pour preuve l’ouvrage d’Arena et al. comporte plus de 700 pages ! En outre, il ne dit rien ou presque sur les récents développements de cette discipline, ceux qui ont trait à la modélisation. Il serait donc illusoire de traiter toutes ses ramifications… Par conséquent, le plan retenu est le suivant : Plan du cours A-Les concepts fondamentaux de l’EI B-L’apport des théories de la firme à l’EI C-Présentation et discussion du modèle de base de l’EI Le premier axe est donc dédié aux principaux concepts de l’EI. Cet axe est tout à fait crucial pour la compréhension des notions de base de cette discipline. Le second axe s’arrête sur le premier versant de la nouvelle EI relatif aux théories de la firme qui ont émergé durant les années 1970-1980. L’objectif consiste à mettre en lumière l’apport de ces théories à cette discipline. La partie qui suit présente les grandes lignes du modèle de base de l’EI et les interactions entre ses composantes. Elle prend deux périodes historiques (1950-1980 et de 1990 à nos jours) afin d’esquisser les grandes tendances de chacune de ces deux périodes et de souligner les différences entre elles. Liste bibliographique : ARENA R. et al., Traité d’économie industrielle, Economica, 1991. BAUDRY B., CHASSAGNON Y., Les théories économiques de la firme, La Découverte, 2014. CHEVALIER J.-M., L’économie industrielle des stratégies d’entreprises, Montchrestien, 2000. CORIAT B., WEINSTEIN O., « Les théories de la firme : entre contrat et compétences, une revue critique des développements récents », Revue d’Economie industrielle, n° 129-130, I, 2010. COUTINET N., SAGO-DUAREUX D., Economie des fusions-acquisitions, La Découverte, 2003. DOSI G., TEECE D., WINTER S. G, “ Les frontières de la firme”, Revue d’Economie Industrielle, 1er trimestre, 1990. GLAIS J.-J., Economie industrielle, les stratégies concurrentielles des firmes, Litec, 1992. HANANE L., Firme et marché, Dar Essalam, 2004. JACQUEMIN A., Sélection et pouvoir en économie industrielle, Economica-Cabay, 1985. MORVAN Y., Fondements d’économie industrielle, Economica, 1991. LEVET J.-L., L’économie industrielle en évolution, Economica, 2004. TIROLE J., Théorie d’organisation industrielle, Economica, 1993. 3 WILLIAMSON O., Les institutions de l’économie, IinterEdition, 1994 A-Les concepts fondamentaux de l’EI -Les barrières à l’entrée : ce concept remet en cause la concurrence pure et parfaite dans la mesure où il stipule que l’entrée dans un marché n’est pas libre et que donc se dresse un obstacle ou une barrière à l’entrée. Ce concept constitue un outil de démarcation par rapport à l’économie néo-classique et, à ce titre, rend compte de la dynamique concurrentielle dans un secteur donné. Par la même occasion il met en avant les conditions d’entrée sur un marché et leur impact sur la viabilité des firmes. La nature de ces barrières se décline au pluriel : - le montant du capital, - l’accès à la technologie,- les avantages en termes de coût,- les économies d’échelle et d’apprentissage, - la différenciation du produit, - la réglementation. Ainsi, pénétrer le marché des fournitures scolaires pose, en termes des besoins en capitaux, moins de problèmes par rapport à celui de l’aéronautique ou de l’aérospatial. L’entrée dans ce dernier exige des technologies diverses et pointues difficiles à acquérir sur le marché et qui exigent en outre un long processus d’apprentissage. La production à grande échelle constitue également un obstacle pour un prétendu entrant dont les ressources sont limitées. La différenciation joue un rôle similaire car les consommateurs ne perçoivent pas les produits des entrants potentiels comme des substituts parfaits. De même la publicité peut jouer le rôle d’une barrière à l’entrée. Elle donne lieu à d’importantes dépenses en promotion et de communication qui sont hors de portée des concurrents potentiels, et sert de support à la persuasion dont bénéficient les entreprises déjà installées dans un secteur donné. Les pouvoirs politiques constituent également une barrière en fermant certains marchés, jugés stratégiques ou sensibles, à des entreprises (défense, aérospatial, énergie, transport….) ou à l’achat d’une entreprise nationale par une entreprise étrangère… -Les barrières à la sortie : celles-ci concernent de uploads/Industriel/ lettre-bourse.pdf

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