Vues sur la ville 1 Sommaire EN VUE Les friches industrielles 2 DOSSIER Les app

Vues sur la ville 1 Sommaire EN VUE Les friches industrielles 2 DOSSIER Les apports et les limites des régimes institutionnels 3 REFERENCES 8 SPECIAL PORTUGAL 9 PRE-VUES 14 Le sol est mis à rude épreuve par les modalités actuelles d’urbanisation. L’étalement urbain, la dépendance automobile et la concurrence intercommunale imposent des modes d’appropriation et d’usage du sol socialement et écologiquement coûteux. Nous avons créé des lois destinées à protéger le sol, mais nous ne parvenons pas à les appliquer de manière conséquente. Le décalage entre les intentions et leur concrétisation est évident. Les enjeux en termes de durabilité sont clairs: nous devons reconquérir les marges de liberté perdues et reprendre en main l’avenir urbain par la définition d’une politique concertée de gestion du sol à l’échelle des agglomérations. Recoudre les tissus urbains, reconstruire la ville sur elle-même, reste un programme ouvert dont la réalisation exige à la fois une vision d’ensemble rendant l’agglomération visible à elle-même et une ferme volonté politique. L’aménagement du territoire et la gestion foncière ont été trop longtemps des tâches séparées. Leur étroite coordination dans le cadre de «projets d’agglomération» conditionne les possibilités de mise en valeur efficace des potentiels à bâtir actuels. La maîtrise foncière est un instrument majeur de la régulation urbaine. Les pistes pour maîtriser les extensions périphériques, pour amorcer le redéploiement intraurbain et améliorer le cadre de vie sont multiples: requalifier les quartiers en déclin, revaloriser les espaces publics, densifier, recycler les friches urbaines, etc. De nombreuses villes et agglomérations européennes sont déjà engagées dans des politiques de maîtrise et de recyclage du sol urbain. Ce numéro de «Vues sur la ville» intègre un dossier spécial réalisé par des étudiants de l’Institut de géographie dans le cadre d’un voyage d’études au Portugal pouvant nourrir la réflexion sur la régénération urbaine. La capacité de produire la «bonne ville» ne dépend pas uniquement de la définition de projets et de procédures d’un «bon urbanisme». Les acteurs locaux sont appelés à innover et à définir des stratégies de renforcement institutionnel visant à doter les agglomérations de moyens de mise en oeuvre. Les recettes universelles n’existent pas. Cependant, il semble aujourd’hui indispensable de passer d’une «intercommunalité de service» à une «intercommunalité de projet», de la gestion technique de la ville à un projet d’agglomération capable de prendre en compte les compétences, les intérêts et les identités multiples des acteurs urbains. • Ac Observatoire universitaire de la Ville et du Développement durable DOSSIER : No 8. Février 2004 Projet IRIS RECONSTRUIRE LA VILLE: LE SOL Vues sur la ville 2 L’urbanisation gagne beaucoup de ter- rain, mais il existe des possibilités de développement sur les anciennes aires industrielles Les zones urbanisées ont gagné beaucoup de terrain en Suisse. Elles s’accroissent de près d’un mètre carré à chaque seconde. L’expansion des surfaces bâties est nota- blement plus importante que la croissance démographique. Cette évolution est en con- tradiction flagrante avec les objectifs et les principes de la loi sur l’aménagement du territoire ainsi qu’avec les principes directeurs stipulés par le Conseil fédéral dans le Rapport sur les Grandes lignes de l’organisation du territoire suisse. Durant la même période, le processus de désindustrialisation a souvent vu l’industrie lourde se retirer de l’espace urbain. Au cours de la seule décennie de 1991 à 2001, près de 20 % des emplois ont disparu dans le secteur de la production en Suisse. La migration de l’industrie des centres vers la périphérie est venue s’ajouter à la diminu- tion des postes de travail pour produire les nombreuses friches industrielles que nous connaissons actuellement. Ces vastes aires industrielles souvent inuti- lisées, correspondant à plusieurs centaines de milliers de mètres carrés, recèlent, notam- ment du fait de leur localisation souvent très intéressante, des possibilités qu’il y a lieu d’exploiter, plutôt que de construire des habi- tations ou des espaces de travail à l’extérieur des villes. La reconversion de ces terrains offre ainsi des occasions de revitaliser les villes, d’améliorer l’environnement immédiat de la population, de mettre à disposition des surfaces pour des usages provisoires et d’accroître l’attrait économique des sites. Il incombe aux instances chargées du déve- loppement territorial de jouer un rôle diri- geant dans l’élaboration et la mise en oeuvre de mesures visant à réaffecter les anciennes aires industrielles. Pour ce faire, elles ont, pour commencer, besoin de dis- poser d’une vision aussi claire et complète que possible de la situation des friches industrielles en Suisse (1). en vue Répartition géographique, superficie et utilisation des friches industrielles La majorité des friches industrielles se trouvent sur le Plateau suisse, le long des principaux axes de communication, prin- cipalement dans les cantons de Zurich, Argovie, Berne, Lucerne et St-Gall. Les 223 aires industrielles étudiées en détail occupent une superficie qui atteint large- ment les 14 millions de mètres carrés. Deux tiers d’entre elles ne sont plus consacrées à leur affectation initiale. Un cinquième des aires est utilisé intégrale- ment, mais les quatre autres cinquièmes sont sous-exploités. Sur une grande partie des aires, la production originelle est complétée ou supplantée par une activité provisoire (entreposage) ou par un nouvel usage durable (réaffectation définitive en surfaces pour le secteur des services). Entraves à la reconversion des friches industrielles Le préjugé couramment répandu voulant que la contamination d’une friche indus- trielle et le coût de son assainissement empêchent ou compliquent sa reconversion n’est pas confirmé par les propriétaires qui ont participé à l’enquête. En effet, le manque de nouveaux utilisateurs et les contraintes inhérentes aux plans directeurs figurent en tête des entraves signalées, tandis que le problème posé par les sites contaminés vient en fin de liste. La troisième difficulté par ordre d’importance réside dans le manque d’aide financière pour couvrir les tâches initiales du processus de réaffec- tation (changement d’affectation du sol, élaboration d’un projet, etc.). Sites contaminés 63 % des aires considérées figurent déjà dans un cadastre cantonal ad hoc (cadastre des sites pollués ou «cadastre des sites potentiellement contaminés» interne à l’autorité compétente). La plupart des déten- teurs de ces sites ont entrepris les investiga- tions nécessaires de leur propre initiative, sans que l’autorité l’ait exigé. 95 des 269 propriétaires ont donné des précisions à propos des frais d’investigation; ils ont ENQUÊTE SUR LA SITUATION DES FRICHES INDUSTRIELLES EN SUISSE Conformément à la vocation de vulgarisation des connaissances de notre revue, nous publions ici un bref extrait de la synthèse d’une étude récente sur la situation des friches industrielles réalisée par le bureau d’études Alpha Research à Zürich sur mandat de l’Office fédéral du développement territorial (ARE) et de l’Office fédéral de l’envi- ronnement, des forêts et du paysage (OFEFP). Les résultats de l’étude présentent la situation au niveau suisse. Etant donné le fait que dans certains cantons l’enquête n’a pas permis de réunir des informations con- cernant l’ensemble des friches, l’aper- çu des surfaces par canton ne reflète pas la réa- lité. C’est particulièrement le cas pour les cantons d’Argovie, de Fribourg, de Neuchâtel, du Tessin, de Vaud et du Valais. Le titre de l’ar- ticle, ainsi que les intertitres, ont par contre été choisis par le comité de lecture de la revue «Vues sur la ville». Le travail de réduction et d’adaptation du texte a été réalisé par Stéphane Nahrath. Vues sur la ville 3 consacré au total 12,4 millions de francs aux recherches. 46 propriétaires interrogés ont fourni des informations sur le coût des assainissements; ils ont investi 178 millions de francs à cet effet. De l’espace pour une ville entière Les friches industrielles prises en compte dans la présente étude et susceptibles d’être reconverties couvrent une superficie que l’on peut estimer à 15,6 millions de mètres carrés. Leur étendue est comparable à celle de la ville de Genève, qui est de 15 millions de mètres carrés. Si l’on prend Genève pour référence, on arrive à la conclusion qu’on pourrait créer - sur une surface équivalente d’un seul tenant - des logements pour 190’000 personnes, des locaux pour 13’000 entreprises et des places de travail pour 140’000 employés sur ces terrains en friche. Et il resterait suffisamment de place - comme à Genève - pour des parcs, des rues et des plans d’eau. (1) A l’issue de recherches préliminaires de grande ampleur, les détenteurs de 690 terrains pouvant s’avérer des friches industrielles ont été invités à participer à l’enquête. 510 propriétaires ont reçu un questionnaire. 472 aires industrielles ont été retenues pour la suite de l’étude. Les questionnaires concernant 223 d’entre elles, remplis complètement ou presque, ont pu être exploités. 46 aires déjà entièrement réaffectées n’ont pas été intégrées dans l’évaluation, 59 aires ne répondaient pas à la définition et 144 propriétaires n’ont pas souhaité participer à l’étude. La mise en œuvre, dans plusieurs études de cas concernant des périmètres urbains et périurbains en Suisse (1, 2), du cadre d’analyse des régimes institutionnels de ressources (naturelles) (3) - approche combinant l’analyse des politiques publiques avec celle des droits de propriété (notamment la propriété foncière) - a permis de mettre en lumière les cinq enseignements suivants: 1. L’analyse de la genèse de uploads/Industriel/ no-08-2004.pdf

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