Laplace Conseil : 23, avenue Victor Hugo 75116 Paris – France Tél : +33 1 44 17
Laplace Conseil : 23, avenue Victor Hugo 75116 Paris – France Tél : +33 1 44 17 82 10 S.A.S. au capital de 50 000 Euros - RC : Paris B 390 584 423 - Siret : 390 584 423 00052 - APE : 7022Z L’AVENIR DE LA SIDERURGIE DE LIEGE Rapport présenté par Laplace Conseil à la Sogepa et au Gouvernement Wallon ainsi qu’à l’ensemble des travailleurs et des entreprises impactés par le projet de fermeture du Chaud de Liège d’ArcelorMittal Liège, le 16 janvier 2012 2 IMPOSER SA VOLONTE AUX AUTRES, C’EST FORCE SE L’IMPOSER A SOI-MEME, C’EST FORCE SUPERIEURE LAO TSEU 3 L’AVENIR DE LA SIDERURGIE DE LIEGE TABLE DES MATIERES Synthèse des recommandations P 4 Résumé P 5 - 15 Chapitre 1 : Le projet de fermeture du chaud d’ArcelorMittal P 16 - 30 Chapitre 2 : Se donner les moyens de sortir de la crise P 31 - 35 Chapitre 3 : Les voies industrielles et commerciales d’une sortie de crise P 36 - 43 Chapitre 4 : Entamer une discussion constructive avec ArcelorMittal P 44 - 45 Annexe 1 : Le déclin de la sidérurgie de Liège depuis 40 ans P 46 - 56 Annexe 2 : Articles de presse récents sur ArcelorMittal P 57 - 59 Annexe 3 : Les auteurs de ce rapport P 60 - 62 4 SYNTHESE DES RECOMMANDATIONS La fermeture du Chaud de Liège est irréversible. Le Froid est très menacé et son approvisionnement par Dunkerque ne garantirait pas son équilibre économique. Le financement complet par ArcelorMittal des coûts sociaux et surtout environnementaux pour la remise en état des sites fermés n’est pas assuré. L’objet de la négociation qui s’engage est de trouver un équilibre juste entre le droit d’ArcelorMittal à réaliser une restructuration de son dispositif industriel européen, même au prix d’une fermeture, et ses devoirs envers la Région qui l’a accueilli et aidé ainsi que les travailleurs qui ont participé à créer la valeur de l’entreprise. Pour mieux assurer cet équilibre, nous préconisons que les Liégeois se rassemblent entre eux, dans une Commission de Réconciliation Liégeoise qui regroupe cadres, ingénieurs, commerçants, employés et ouvriers, syndicalistes de terrain et permanents, mais aussi des fournisseurs, des sous-traitants, des représentants des pouvoirs publics communaux et régionaux, des médias, des universitaires et des organisations chargées de la reconversion. Cette Commission aura pour objectif de comprendre, accepter et décider de modifier les causes systémiques qui ont conduit à la perte de confiance des actionnaires successifs dans la fiabilité sociale de Liège et à l’annulation ou au report des investissements qui auraient été nécessaires pour restaurer la compétitivité des usines de Liège. Afin de rétablir la confiance entre les actionnaires et les travailleurs, cette Commission aura à adopter une plateforme commune pour mieux cogérer l’avenir de la sidérurgie de Liège selon les cinq axes que nous préconisons : 1. Sécuriser le Froid par la création d’une filiale industrielle et commerciale semi-autonome appartenant à ArcelorMittal et associant les syndicats et la Région à sa gestion et à son conseil d’administration selon des modalités équilibrées. 2. Construire une aciérie électrique à Chatelet pour produire des brames à laminer sur le train de Carlam/Carinox pour alimenter le Froid (150 M€). 3. Affecter les profits de l’exploitation de la cokerie et de la vente du coke à la réhabilitation des sites fermés (25 – 30 M€/an soit 250 M€ si la cokerie reste en activité jusqu’à la fin de son permis d’exploitation en 2022). 4. Créer une société de défaisance reprenant l’ensemble des actifs du Chaud qui sera financée en partie par les profits de l’exploitation de la cokerie tant qu’elle sera en vie et capitalisée par ArcelorMittal, éventuellement avec l’aide de la Région, pour garantir l’assainissement complet des sites à chaud en dix ans. 5. Indemniser, entièrement par ArcelorMittal, l’ensemble des travailleurs concernés par la fermeture. 5 L’AVENIR DE LA SIDERURGIE DE LIEGE RESUME ArcelorMittal a présenté le 14 octobre 2011 son « Projet de réorganisation des activités du segment des Aciers Plats Carbone (Europe) dans le cadre de son site de Liège ». Ce projet prévoit de fermer définitivement la sidérurgie à Chaud de Liège. En conséquence, ArcelorMittal a entamé la procédure « Renault » pour concrétiser son projet. Trois réunions d’explications ont déjà eu lieu avec le Comité d’Entreprise de Liège et deux avec le Comité Européen. Comme indiqué par le titre de ce projet, la fermeture du Chaud de Liège est la conséquence d’une stratégie volontariste et pleinement réfléchie d’optimisation de l’outil industriel Européen d’ArcelorMittal et en particulier des capacités de production de la Business Unit Nord qui comprend Liège. ArcelorMittal a en effet décidé de : - Accroître les capacités des usines de Dunkerque, Gand et Brême de 1,6 Mt - Transférer la production de coils pour Marcegaglia de Brême à Fos (0,5 Mt) - Transférer la production de coils pour Nantes de Dunkerque à Aviles (0,2 Mt) En outre, la Business Unit Nord a récemment perdu le marché des brames pour Europipe qui était alimenté par Dunkerque et qui a été repris par Dillingen (0,8 Mt). Ces décisions et pertes de marché d’ArcelorMittal libèrent une capacité à Chaud de 3,1 Mt qui permettent au Groupe de se passer de la capacité de Liège et d’annoncer son intention de fermeture. Selon ArcelorMittal, la capacité du Chaud de Florange n’est pas nécessaire dans ce schéma industriel, mais les variations saisonnières de la demande rendent utile le maintien de l’usine pour assurer les pointes. Florange est pour l’instant à l’arrêt. ArcelorMittal justifie également son projet de fermeture par une évolution des marchés qu’il estime défavorable et par la croissance des importations. ArcelorMittal mesure cette évolution par comparaison à la situation qui prévalait au début de l’année 2008. Or cette référence représente un record historique de la consommation en Europe, inégalé depuis 1974. Cette référence unique à un très haut de cycle n’est donc pas pertinente pour prendre des mesures drastiques et irréversibles. Si l’on se réfère au marché moyen des dix dernières années, la situation actuelle et ses perspectives peuvent être considérées comme normale dans l’évolution cyclique de l’industrie, en particulier pour l’Europe du Nord. En clair, l’évocation d’une conjoncture difficile est exagérée par rapport à l’histoire sidérurgique récente et aux perspectives probables. Néanmoins, selon ArcelorMittal, cette réorganisation des activités est indispensable pour contribuer à l’objectif financier d’augmentation de l’EBITDA du Groupe qui était de 6,2 milliards d’euros pour les 9 premiers mois de 2011, donc pour améliorer sa compétitivité à terme. 6 Naturellement, il faut mettre en relation les gains de cette restructuration avec les coûts de cette stratégie, pour l’essentiel les coûts sociaux et environnementaux de fermeture du chaud de Liège. Ces coûts sont très importants. Afin de rentabiliser son désinvestissement à Liège, ArcelorMittal doit donc limiter sa contribution aux coûts de fermeture de Liège et trouver les moyens de faire supporter un maximum de ces coûts par la Région et les travailleurs. C’est tout l’enjeu de la négociation qui s’est engagée. POURQUOI FERMER LE CHAUD DE LIEGE ? La fermeture du Chaud de Liège est la conséquence d’un long déclin qui a débuté en 1970 lorsque Cockerill a renoncé à terminer la construction de Chertal, entamée à la fin des années soixante par Espérance-Longdoz (que Cokerill venait d’acquérir), afin de maintenir à Ougrée et Seraing ses hauts fourneaux, son aciérie et son train à bande (TBO), alors que la plupart de ces outils étaient déjà obsolètes à cette époque. Au cours des quarante dernières années, les Liégeois, emmenés par les syndicats, ont adopté ou accepté une démarche quasi exclusivement revendicative, fondée sur la contestation permanente de toute évolution, le recours systématique à la grève, souvent accompagnée d’exactions et de saccages, la défense d’avantages acquis et la protestation contre toute modification des méthodes de travail rendue indispensable par les évolutions du marché européen de l’acier et les progrès de la concurrence. Pendant toutes ces années, les dirigeants Liégeois, patronaux comme syndicaux, ont été incapables de formuler une vision commune de l’évolution indispensable de l’entreprise et plus encore de la faire partager à une base ouvrière désorientée par les crises successives et manipulée par des irresponsables incontrôlés. Les Gouvernements nationaux puis régionaux ont apporté des aides considérables, à la limite des règles communautaires, pour financer les pertes, apurer les dettes, payer l’essentiel des coûts sociaux et redéployer l’économie régionale, mais ils n’ont pu faire entendre raison aux partisans de la contestation à outrance. Cette attitude suicidaire, sans doute d’un petit nombre mais avec l’assentiment passif de la plupart, a découragé toutes les intentions des actionnaires successifs : • Usinor au moment de la reprise en 1998 avait relancé Chertal en construisant une nouvelle coulée continue pour les aciers de haut de gamme avant de perdre progressivement confiance dans « la fiabilité sociale » de Liège et d’arrêter tout investissement dans le Chaud ainsi que prévu par le plan Apollo en 2002. • Mittal, après le succès de son OPA sur Arcelor, annulait le plan Apollo, réfectionnait les hauts fourneaux d’Ougrée et de Seraing uploads/Industriel/ rapport-laplace.pdf
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- Publié le Mai 21, 2022
- Catégorie Industry / Industr...
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