SE PRÉPARER AUX SITUATIONS D’URGENCE Laurent BELKACEM 2 Un être humain devrait

SE PRÉPARER AUX SITUATIONS D’URGENCE Laurent BELKACEM 2 Un être humain devrait être capable de changer une couche, concevoir une invasion, dépecer un porc, conduire un navire, dessiner les plans d’un immeuble, écrire un poème, tenir des comptes, monter un mur, ressouder une fracture, consoler un mourant, recevoir des ordres et en donner, coopérer, agir seul, résoudre des équations, analyser un nouveau problème, épandre du fumier, programmer un ordinateur, cuisiner un bon repas, combattre efficacement et mourir vaillamment. La spécialisation, c’est bon pour les insectes. - Robert Heinlein, Time enough for love On devrait vivre comme un navire, ayant à son bord tout ce qu’il y a de nécessaire, et toujours prêt au combat. - Ernst Juenger, Jeux africains SOMMAIRE Introduction 4 I. CE QUE L’ON PORTE SUR SOI (EVERYDAY CARRY) 5 II. À PORTÉE DE MAIN 9 III. CE QUE L’ON GARDE DANS UN VÉHICULE 12 IV. CE QUE L’ON GARDE AU DOMICILE 16 V. LA TENUE 20 VI. L'ARMEMENT 21 VII. LES CAS PARTICULIERS 23 VIII. CONSEILS GÉNÉRIQUES 24 IX. BIBLIOGRAPHIE 25 Conclusion 26 Un grand merci aux personnes qui ont pris le temps de relire ce documents et qui m'ont apporté de précieuses suggestions. Elles se reconnaîtront. c b n a ] sous licence creative commons BY-NC-SA 2.0 / LAURENT BELKACEM 2004 [MAI 2012 N°III-28] http://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/fr/ 3 INTRODUCTION Il suffit d’un rien pour se retrouver dans une situation désagréable (crever un pneu loin de tout au milieu de la nuit), hostile (émeutes, persécution judiciaire) voire cataclysmique (attentat, accident NBC, tremblement de terre, tempête, accident de transport, inondation, incendie...). L’idéal sera d’anticiper et d’éviter les situations à risques ; mais pour ne point les subir, il sera nécessaire de se préparer à leur faire face : planifier, dégager des priorités, se fixer des objectifs et libérer des moyens. Il faudra donc bien séparer ce qui dépend de la nécessité physiologique et ce qui dépend du confort. Par exemple, l’humain a besoin de respirer, de s’hydrater, de se reposer et de manger. Ces quatre besoins absolus satisfaits, les autres nécessités organiques et psychologiques pourront être prises en compte. Le problème de l’air est sans doute le plus compliqué à résoudre, dans la mesure où il n’existe pas de solution pratique pour faire face à l’éventualité d’une disparition locale (pollution, bombe isobarique, incendie, noyade) ou totale de l’atmosphère, sauf sur le très court terme. En ce qui concerne la boisson, il faudra toujours veiller à disposer d’une source d’eau à proximité. Cette eau potable sera attribuée prioritairement à l’hydratation. Pour pouvoir dormir, il faudra s’abriter (du froid, de la chaleur, des prédateurs...). Cela implique de disposer d’un abri ou d’être capable de s’en confectionner un. Pour lutter contre la faim, il faudra être capable de trouver de la nourriture, si possible de qualité, de la cultiver, ou d’avoir prévu des stocks durables. Comment résoudre ces problèmes ? Techniques, ingéniosité, planification, prévoyance, outils, tout va se mêler pour y parvenir. Ce travail doit suivre plusieurs axes, dans l’ordre décroissant d’importance : l’aspect mental et psychologique (vouloir surmonter l’événement), l’aspect technique (détenir un minimum de capacités manuelles et conceptuelles), l’aspect physique (principalement du point de vue de l’endurance), et enfin l’aspect purement matériel (outils et gadgets). Dans la mesure où les trois aspects principaux de la logique de la préparation s’acquièrent au quotidien et de manière empirique, c’est paradoxalement l’aspect le plus accessoire qui sera ici étudié. Les pistes explorées ici ont pour objectif d’inspirer des solutions et un état d’esprit propres au mode de vie de chacun, en fonction du temps et des moyens disponibles. Au-delà de la question du budget ou de l'empilage de produits de consommation, de nombreuses expériences humaines méritent d’être étudiées : celle du SDF en milieu urbain, celle du civil en temps de guerre, celle du paysan ou du chasseur-cueilleur dans une société résiliente... L’Occidental contemporain est habitué à un très haut niveau de confort (eau chaude, eau potable courante, toilettes hygiéniques, abris chauffés, nourriture abondante sinon de qualité, transports peu coûteux...), mais les structures sur lesquelles ces « acquis » sont basés sont peu résilientes, ultra-complexes et imbriquées – et donc fort fragiles. En cas de catastrophe, le confort minimal et rustique apporté par quelques outils sera utile pour garder le moral et ne pas dépérir. Le matériel de la personne préparée obéira à deux tendances : la polyvalence et la redondance. D’une part, il sera important de ne pas se retrouver pris au dépourvu après le vol, la perte ou la casse d’un outil (« deux c’est un, un c’est zéro »). D’autre part, on pourra se retrouver amené à coopérer avec d’autres personnes, et il pourra donc être utile de leur fournir des outils pour que le groupe soit efficace (le troc pourra être une forme de coopération). 4 I. CE QUE L'ON PORTE SUR SOI (« EVERYDAY CARRY » OU EDC) L'EDC est la somme de petits outils qui seront portés toujours sur soi, dans une poche ou dans un étui. Cette couche matérielle basique peut-être simple ou complexe, rustique ou raffinée, piochée dans un tas de gadgets achetés par impulsion ou composée des mêmes outils usés et abusés transmis d’une génération à l’autre. Bien sûr, dans le cadre de la vie moderne et urbaine ces accessoires ne seront pas forcément utiles, mais leur absence se fera cruellement sentir en cas de nécessité et leur remplacement improvisé ne sera pas évident. LE COUTEAU Un couteau permettra de répondre à la plupart des nécessités quotidiennes (ouvrir un emballage résistant, couper des aliments, etc.) ainsi qu’à toutes les situations exceptionnelles (création d’outils en bois, feu, bricolage, en tout dernier recours légitime défense...). C’est probablement le plus vieil outil créé par l’homme et malgré les évolutions du monde moderne, son actualité et son futur ne font aucun doute. Il sera préférable de sélectionner un modèle robuste, de bonne qualité, relativement léger et peu encombrant, de manière à être disponible en permanence (s’il est trop encombrant, il se retrouvera rapidement au fond d’un tiroir). Le couteau à ouverture à une main aura l’avantage de pouvoir être engagé même dans une situation où la motricité fine aura disparu, et le novice aura une courbe d’apprentissage plus rapide qu’avec un couteau à lame sans assistance. Dans tous les cas, il vaudra mieux prendre son temps pour ouvrir un couteau pliant, afin d’éviter de provoquer un mouvement de panique chez les lemmings (et parce que, sous stress, le risque de se blesser en allant trop vite n’est pas négligeable). La question du verrouillage de la lame est peu importante pour un usage normal. Il existe maintenant des mécanismes capables de supporter des forces très importantes, mais le risque de blessure par fermeture involontaire d’une lame durant son utilisation est exagéré. Les couteaux droits ont de nombreuses qualités (facilité de déploiement, solidité, rusticité) mais ils seront souvent vus comme des poignards dans nos sociétés modernes, ce qui rend leur port peu commode. Le novice achètera un outil raisonnable, qu’il n’aura pas peur de porter, de casser ou de perdre. Une fois l’expérience de l’entretien et de l’utilisation d’un couteau acquise, il sera toujours temps d’investir dans une pièce plus coûteuse. Les modèles les plus classiques et disponibles dans la plupart des magasins seront des choix tout à fait acceptables. L’acier doux de la lame des couteaux suisses les rend facile à réaffuter sur le terrain, leur finition les rend très peu sensible à la corrosion et il existe de nombreuses variantes aptes à satisfaire tous les besoins. Avantage particulier du petit couteau suisse : il n’est jamais vu comme une arme. En alternative à la trousse à outil de poche helvétique, l’Opinel savoyard avec sa lame très correcte est une bonne solution, particulièrement bon marché. En montant en gamme, Spyderco offre un excellent rapport qualité-prix, particulièrement en cas d’achat Outre-Atlantique. Les multitools modernes sont des pinces dont les manches sont garnis de toutes sortes d’accessoires. Le premier modèle à succès a été lancé par Leatherman, mais depuis des dizaines de fabricants proposent des modèles plus ou moins originaux, comme Victorinox, Gerber ou SOG. Les multitools ne sont pas un mauvais choix. En effet, la lame n’est plus au centre de la sélection d’outils, ce qui est un excellent moyen de porter un couteau de manière discrète. Néanmoins, pour des raisons de construction, les multitools seront généralement lourds, encombrants, fragiles (par rapport à de vrais outils) et chers. Il est tout à fait possible de sortir des schémas classiques : ainsi, plutôt que de s’encombrer avec un multitool Leatherman ou de se contenter de la petite pince proposée en option sur certains couteaux suisses, il sera possible d’utiliser une pince multiprise compacte et de l’associer à un couteau. 5 Bien sûr, cela peut paraître un peu contre-intuitif de séparer de nouveau les outils, mais en compagnie d’un petit couteau suisse, on disposera d’un ensemble de travail qui sera plus léger, plus rustique, plus facile à entretenir, beaucoup moins coûteux que l’alternative multitoolesque la moins chère et qui, si un élément est uploads/Industriel/ se-preparer-aux-situations-d-urgence.pdf

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