13 Psicologia & Sociedade; V. 21 Edição Especial: 13-25, 2009 A PROPOS DES ENJE

13 Psicologia & Sociedade; V. 21 Edição Especial: 13-25, 2009 A PROPOS DES ENJEUX CONTEMPORAINS DU STRUCTURALISME Olivier Douville Université Paris 10, Paris, France RÉSUMÉ: Comment rendre compte d’une possible actualité du structuralisme? L’auteur s’attache à distinguer un structuralisme qui ne repose que sur des antinomies d’un autre qui suppose le dépassement des antinomies. MOTS-CLEFS: Structure, antinomie, psychanalyse, linguistique, anthropologie SOBRE OS DESAFIOS CONTEMPORÂNEOS DO ESTRUTURALISMO RESUMO: Como dar conta de uma possível atualidade do estuturalismo? O autor se propõe a distinguir um estruturalismo que se baseia em antinomias de um outro que supõe a ultrapassagem das mesmas. PALAVRAS-CHAVE: Estrutura, antinomia, psicanálise, lingüística, antropologia. SOME REMARKS ON THE CURRENT CONDITION OF STRUCTURALISM ABSTRACT: How shall we give any current explanation to structuralism? The author wishes to distinguish the structuralism which relies only upon antinomies and the one that supposes going farther these antinomies. KEYWORDS: Structure, antinomie, psychanalyse, linguistique, anthropologie En la mémoire de Johnny Griffin dont la musique m’a souvent accompagné durant la rédaction de ce texte Avant-propos La structure soit, mais comment en rendre compte? Un structuralisme ou des structuralismes? Le phénomène dit « structuralisme » et dans lequel aucun des ténors de ladite révolution structuraliste (Barthes, Foucault, Lévi-Strauss et Lacan) ne s’est reconnu plei­ nement, recouvre des réalités plurielles, des systèmes de pensées différents et parfois antagonistes. Les accep­ tions courantes et trop vites adoptées qui excluent que la doxa structuraliste soit incompatible avec la notion de sujet obscurcissent souvent nos repérages. Ainsi, il y aurait pour certains un Lacan structuraliste qui aurait cessé de l’être, un Lévi-Strauss qui, structuraliste, ne l’aurait jamais été intégralement, etc. De plus, les définitions les plus convention­ nelles de la structure, qui font d’elle un groupe de transformation à partir d’antinomies et de couples d’opposition, ne sauraient que bien pauvrement rendre compte de la richesse et de l’heuristique que comportent les différents structuralismes en sciences humaines et en psychanalyse. Enfin, une confusion règne encore, chez les cliniciens se référant à Lacan entre la structure de l’être parlant dans sa relation au signifiant et au grand Autre, et les trois grandes struc­ tures cliniques (perversion, névrose et psychose). Ces dernières apparaissent comme des illustrations localisées d’une structure générale dont les mathèmes et la topo­ logie rendent compte, ou du moins, tentent de le faire. Comment se repérer dans la mesure où il n’est pas d’école structuraliste à proprement parler, au point que l’historien des idées F. Dosse emploie l’expression d’ « unité fac­ tice » (Dosse, 1992, p.9). C’est que l’on ne saurait parler du mouvement structuraliste sans penser la diversité des liens qui s’y manifeste entre des hypothèses théoriques modélisantes qui peuvent renvoyer à des contraintes logiques proches et des arrière-plans philosophiques qui ne se ressemblent pas d’un auteur à l’autre. Le structuralisme n’en apparaît pas moins comme un moment décisif de l’aventure intellectuelle et scien­ tifique du XX° siècle, moment destiné sans doute à se poursuivre de nos jours. Son succès considérable, y compris dans l’opinion, suffisamment éclairée pour faire Des mots et des choses (Foucault, 1966) un best-seller, provient sans doute de la façon dont le structuralisme s’est présenté: presque davantage un mode de connais­ sance critique, déconstruisant les dogmes humanistes et psychologiques établis, que comme une méthode. Le temps était à la contre-culture, avec quoi le structuralisme aux alentours des années 60 à 80, fut généreusement et confusément assimilé, les figures de proue du structura­ lisme en anthropologie, en psychanalyse, en archéologie de l’histoire des idées et des traitements des corps et des 14 Douville, O. “A propos des enjeux contemporains du structuralisme” consciences, en sémiologie, passant aisément et à juste titre pour des « maîtres à penser ». Nous évoquons ici à la suite de F. Dosse, Lévi-Strauss, Lacan, Foucault, Barthes, mais aussi et encore Metz, Derrida ou Sebag. Tentons un historique. Et choisissons une équi­ valence entre structure et forme pour cela. Si l’on ren­ contre déjà le terme de « structure » à l’âge classique comme désignant la consistance et la logique de l’ar­ chitecture d’un corps physique (Fontenelle, 1657-1757) ou du corps de la langue (Vaugelas, 1595-1650), c’est, après quelques apparitions dans le champ des sciences sociologiques (avec Marx et Durkheim, et, de fait, tout du long de leurs travaux), qu’avec la linguistique que ce terme s’inscrit dans le vocabulaire des règles de la méthode scientifique et de la construction de l’objet de connaissance scientifique. La formalisation est une exigence essentielle de la démarche structurale. En ce sens, le structuralisme ne se résume pas à une simple méthode ou épistémé de la formalisation. Il dépasse cette méthode en portant son effort de rigueur vers une théorie de la transformation. Le structuralisme a, comme toute chose, en ce monde, une généalogie. La recherche de schémas formels sous-jacents aux formes que prenaient leur dépliement a marqué bien des initia­ tives diverses en sciences humaines, en mathématiques et en neurologie. Nous pourrions citer l’importance des formalistes russes. Dans le registre des analyses littéraires, ils rejetaient les explications psychobiogra­ phiques toutes de tautologies (et auxquelles certains psychanalystes restent obstinément fidèles) au profit d’études formelles. Dans le même sens Propp en 1928 publia un ouvrage sur les contes de fée où il déserta la description plus ou moins melliflue de tels ou tels contes dans l’espoir, couronné de succès, de dégager une structure formelle unique, se dépliant autrement d’un conte à l’autre. Il détermine ainsi une typologie fixe des structures narratives. En analysant les types de caractères et d’actions dans plus d’une centaine de contes, il arrive à la conclusion qu’on ne peut recenser que 31 fonctions (ou « narratèmes ») dans le conte traditionnel russe. Si elles ne sont pas toutes présentes dans tous les récits, tous les contes analysés présentent ces fonctions selon une séquence invariante. Nous pourrions encore évoquer le formalisme comparatif qui gagna les études de théologie dans des pays marqués par l’émancipation dans les lectures bibliques due à la Réforme. N’oublions pas de mentionner encore les recher­ ches des mathématiciens, qui, tel Poincaré, prenaient en compte les lois de composition et de transformation des groupes mathématiques, bien au-delà des propriétés intrinsèques des éléments qui les composent. Au risque d’aller trop vite sans doute, nous soulignerons ainsi que depuis les travaux de Galois, dès 1828, la notion de structure désigne en mathématique la découverte des lois de groupe dans les transformations algébriques. Travailler sur le groupe comme système de trans­ formations, expérimenter le champ et le schéma de base: telles étaient les nouveautés et les ruptures épistémi­ ques. Saisissantes. Non que tout le structuralisme soit déjà là, bien sûr, à moins de réduire le structuralisme à la formalisation d’invariant. Mais un renversement de la vapeur du train épistémologique s’annonçait puis triomphait. La méthode inductive était nettement rejetée et d’une façon précise. Ici, le sens ne compte plus, ou plus exactement il suppose un sens caché, celui d’une forme, forme active, qui, sans être figée en une succes­ sion ordonnée de signification, serait plus significative et plus efficience que ne l’est le contenu. Il reste important de poser que c’est bien l’idée d’une totalité réglée que présuppose l’idée de structure. La structure constitue une totalité autoréglée qui produit des combinatoires. C’est là sa première acception qui fit fortune en psychologie et que l’on retrouvera, aussi en neurologie avec Leriche (à partir de 1936) ou Goldstein (1951). La perspective atomi­ ste est évacuée, et l’accent se porte sur les notions de réajustement, de production et de transformation. Lo­ giquement, D. Lagache (1949) sera un fidèle suiveur de Goldstein lorsqu’il décrira la personne dont s’occupe la psychologie humaniste comme une totalité en situation capable d’évolution et de transformation au gré de la variabilité des mécanismes adaptatifs souples nommés par lui « mécanismes de dégagement », par opposition aux classiques « mécanismes de défense » supposés favorisés les compulsions de répétition. Mais la structure ne serait-elle alors rien de plus qu’une totalité souple, à la fois consistante et transformable ? Cette définition serait bien pauvre, et caduque, s’il ne s’ajoutait pas à la nécessité de forma­ lisation une autre caractéristique. Se dessine ici un des premiers critères du structuralisme : la découverte, la reconnaissance et la théorisation d’un troisième ordre, au delà du régime de l’image et de la dimension du réel, c’est-à-dire le symbolique. C’est une tentative de ne plus confondre le symbolique avec l’imaginaire ou avec le réel qui caractérise la plupart des démarches structuralistes. Et là il est vrai que tout a commencé avec la linguistique. En cela aussi qu’elle a posé une limite, ou plus exactement un impossible, avec Saussure il devenait impossible aux sciences de l’homme de sortir de l’étude de la langue. Fonctionnant sur des oppositions consistantes et signifiantes, la structure articule un réel à un symbolique au moyen d’un signifiant d’exception. Si donc la struc­ ture n’a plus rien à voir avec une forme sensible, c’est qu’elle se définit par la nature de certains éléments très simples, atomiques, qui rendent compte de la formation 15 Psicologia & Sociedade; V. 21 Edição Especial: 13-25, uploads/Ingenierie_Lourd/ a-propos-des-enjeux-struturalisme-contemporaine.pdf

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