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See discussions, stats, and author profiles for this publication at: https://www.researchgate.net/publication/305326431 Architecture et modernité Book · January 1996 CITATIONS 2 READS 377 1 author: Some of the authors of this publication are also working on these related projects: Habiter la périphérie View project Épistémologie de l'urbanisme View project Daniel PINSON Aix-Marseille Université 106 PUBLICATIONS 200 CITATIONS SEE PROFILE All content following this page was uploaded by Daniel PINSON on 25 July 2017. The user has requested enhancement of the downloaded file. DO M I NO S Collection dirigée par Michel Serres et Nayla Farouki D A N I E L P I N S O N ARCHITECTURE ET MODERNITE Un exposé pour comprendre un essai pour réfléchir DO M I NO S Flammarion NB. Cette version a été librement reproduite par l'auteur à partir de la dernière version remise à l'éditeur, qui n'a pas réédité l'ouvrage après la vente des 5000 exemplaires imprimés (abandon de la collection). N’y figurent ni les illustrations, ni les annexes (index et glossaire). Daniel Pinson est Professeur à l'Institut d'Aménagement Régional (Université Aix-Marseille III), où il enseigne l'urbanisme, la composition urbaine et la socio-anthropologie de l'habitat. Architecte DPLG, Docteur ès Lettres et Sciences humaines, il a longtemps enseigné à l'Ecole d'Architecture de Nantes, où il a créé, en 1987, le Laboratoire "Architecture, Usage, Altérité". Ses recherches privilégient l'étude du rapport entre l'architecture, l'urbanisme et la vie sociale. En plus de nombreux articles publiés dans les revues scientifiques consacrées à l'architecture ou à la ville, de la revue qu'il a lui-même animée au sein de son laboratoire ("Les Cahiers du LAUA") et de plusieurs rap- ports scientifiques publiés, il est l'auteur de Des banlieues et des villes, Paris, Editions ouvrières, 1992 et de Usage et architecture, Paris, L'Harmattan, 1993. SOMMAIRE 5 7 7 17 47 55 55 65 73 81 Avant propos Un exposé pour comprendre L'architecture dans tous états Entre art et technique Le modèle de la machine Le retour des artistes Un essai pour réfléchir Architectures à vivre A l'écoute de l'habitant La ville habitable La place de l'architecture Bibliographie sommaire Un exposé pour comprendre Avant-propos Mot ancien (1504), le terme architecture a étendu son emprise : on parlera ainsi de l'architecture d'un texte comme de celle d'un système informatique. Cette extension d'usage dit, d'une certaine manière, le prestige de l'art que le mot désigne à l'origine. Il doit beaucoup aux prouesses constructives des bâtisseurs. Ainsi l'architecture se définit-elle d'abord comme "l'art de bâtir". A cet égard, l'architecture du passé, et d'abord celle des monuments, participe d'un patrimoine* dont les admirateurs n'ont cessé d'augmenter. L'architecture contemporaine, malgré d'incon- testables progrès, reste encore peu appréciée de l'homme de la rue. Si cette fâcheuse renommée a aussi d'autres raisons, elle reste attachée au désastre toujours visible des grands ensembles*. Or les grands ensembles sont à l'opposé des monuments du passé. Ils concernent la production la plus courante de l'architecture, le logement, alors que notre mémoire architecturale est peuplée de grandes constructions civiles ou religieuses. Pourtant, le patrimoine architectural ne se réduit plus aux seuls édifices monumentaux. A côté de la grande architecture, sont désormais protégées et habitées les œuvres de l'architecture mi- L'ARCHITECTURE 6 neure, dont l'habitation populaire, celle des villages comme celle des centres urbains anciens. Car la performance constructive, cette dimension initiale, n'est plus le premier critère d'appréciation de l'architecture. Une autre exigence s'y superpose, celle d'un cadre de vie de qualité. On peut même considérer que cette préoccupation, autrefois réduite à l'embellissement de lieux bien circonscrits, puis à l'hygiène, tend désormais, avec les rejets produits par des territoires plus occupés et des consommations plus importantes, à supplanter la quête des prouesses techniques. Le retour de la préoccupation esthétique, auparavant trop asservie aux considérations fonctionnelles et techniques, y contribue, mais elle est elle-même trop restreinte, souvent trop égocentrée, pour satisfaire les exigences d'un mieux vivre qui touche autant l'habitat que la ville dans son ensemble. Au lieu de l'audace et de l'originalité à tout crin, c'est plutôt la mesure que l'on attend maintenant de l'architecture, même pour de grands édifices, une capacité à tempérer les "dégats du progrès", à créer un espace beau à voir et bon à vivre, pas seulement en quelques endroits prestigieux, mais sur la totalité de notre terre- maison. ENTRE ART ET TECHNIQUE 7 Entre art et technique Plus qu'aucune autre production artistique, l'architecture affirme sa présence dans le quotidien. Au fond l'architecture est aussi son propre musée, vivant et habité : les œuvres du passé côtoient les réalisations les plus contemporaines, donnant au paysage une profondeur historique qui nourrit la mémoire et le rêve. Y a-t-il, alors, des traits communs qui unissent ces productions, si diverses dans leur destination, le lieu et le moment de leur réalisation, les matériaux qui les composent, le style qui les qualifie, les hommes qui les conçoivent ? La construction et l'esthétique L'"art de bâtir", définition la plus concise de l'architecture, est précisée par les trois critères qu'y a ajoutés l'architecte romain Vitruve : solidité, utilité, beauté. Ce trinôme canonique a traversé les siècles en suscitant bien des interprétations de la part des architectes, qui ici diront leur préférence pour le premier terme, là pour le dernier, celui d'utilité paraissant s'imposer avec une évidence qui finalement ne va pas de soi. Il faudra y revenir. Au demeurant, les commentateurs se sont de tout temps livrés à un double exercice, au centre duquel construction et esthétique entraient en dialogue contradictoire. Il s'agissait de cerner d'une part les origines de l'architecture et d'autre part ce qui, parmi les bâtiments de toutes sortes, pouvait distinguer l'architecture de la simple construction. L'ARCHITECTURE , DANS TOUS SES ETATS 8 Au fil de cette discussion, une idée s'est imposée. La hutte la plus primitive est certes à l'origine de l'architecture, mais c'est le mausolée, grandiose et dernière demeure du chef disparu, qui élève la maison au rang d'œuvre d'art et fonde, à travers l'édifice sacré, l'architecture. Ainsi naît cette tradition qui identifie l'architecture à la construction monumentale, y compris celle des palais, et met la maison quelque peu en marge de l'architecture. A cette vision tenace s'oppose celle qui voit au contraire dans la demeure la plus humble un idéal de simplicité et de vérité et autorise ainsi à l'associer à la plus grande architecture. La maison et le temple se rejoignent alors, pour ne plus se distinguer d'autres maisons et d'autres temples que par le fait, comme le dit l'Eupalinos de Paul Valéry (1944), que "les uns sont muets ; [que] les autres parlent ; et [que] d'autres enfin, qui sont les plus rares, chantent". Cette définition est d'une certaine manière l'écho musical de celle, célèbre et plus sculpturale, qu'a laissée Le Corbusier (1929) : "L'architecture est le jeu savant, correct et magnifique des volumes assemblés sous la lumière". La banale construction se transforme ainsi en œuvre sublime, inscrite au panthéon des Beaux-Arts. L'homme, de l'ouvrage à l'œuvre Et pourtant, en tant que pratique, l'architecture n'a d'abord été considérée que comme travail technique, savoir-faire d'artisan, connaissance de nature inférieure, située loin derrière les savoirs qui fondent la politique, la philosophie ou la religion. C'est la rencontre du talent de ces hommes de chantiers connus ou inconnus et de circonstances politiques et économiques favorables qui va permettre la production d'édifices dont la perfection nous étonne encore aujourd'hui. Sur le chemin de l'art, les prouesses techniques, celles qui se jouent du franchissement par l'architrave*, la voûte, la coupole et la croisée d'ogive*, comptent comme autant d'étapes pour traduire le ENTRE ART ET TECHNIQUE 9 génie des Grecs, la science de l'organisation des Romains, l'hé- roïsme des bâtisseurs du Moyen-Age. Mais l'histoire de l'art nous dévoile aussi les subtilités et les artifices qui traversent l'invention technique et s'attachent à faire disparaître ce rapport presque trop présent que les matériaux de construction, jusque dans le bâtiment, conservent avec la terre dont ils proviennent. Car il s'agit bien, pour ces magiciens du chantier, de faire en sorte que l'édifice, dans son élancement aérien, accomplisse ce lien idéal entre la terre et le ciel qui constituent le sens du monde. Il faut alors se rappeler comment les Grecs savaient jouer des corrections optiques pour galber les colonnes et donner la perception d'édifices plus légers, les arabes créer, par les entrelacs, les arabesques et autres artifices de la géométrie, la dimension infinie du cosmos divin, tandis que les maîtres-maçons du Moyen- âge tentaient, dans leur quête de l'évidement par la nervure*, d'aller chercher toujours plus haut la lumière de Dieu. Les bouleversements de la Renaissance L'architecte n'acquiert véritablement ses lettres de noblesse qu'à la Renaissaissance, dans l'Italie du quattrocento. C'est Brunelleschi, l'architecte du dôme* de Florence, qui, parmi les premiers, s'élève de sa condition de chef de chantier au rang d'artiste et de savant. L'exécution des travaux est désormais précédée par les dessins du projet. Ceux-ci préfigurent, en les représentant sur le plan, par les étapes successives du croquis, de l'esquisse et du projet, et par le recours à une échelle* de réduction adéquate, les formes uploads/Ingenierie_Lourd/ archi-mod.pdf

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