Exposition DENTELLES D’ARCHITECTURE 6 octobre - 19 décembre 2009 Vernissage le

Exposition DENTELLES D’ARCHITECTURE 6 octobre - 19 décembre 2009 Vernissage le 6 octobre à 18h30 ©WWAA Architects, Varsovie 2 Finesse du détail, jeux d’ombres portées, mystère et beauté du geste de la réalisation, les fragments de dentelle de pierre habillant les cathédrales gothiques ou les palais mauresques ont marqué l’histoire de l’architecture. Aujourd’hui dynamisée par l’utilisation des nanotechnologies, de logiciels informatiques et de matériaux ultra performants, l’architecture réintroduit sous de multiples formes des résilles évoquant le dessin de dentelles. Ainsi de la dentelle d’acier pour filtrer la lumière et habillant le centre commercial de Leicester (Foreign Office Architects, Londres, 2008), de celle en bois enveloppant le futur pavillon polonais de l’exposition universelle de Shanghai en 2010 (WWA Architects, Varsovie, projet en cours) ou encore de la fine peau ondulante en béton pour le stade Jean Bouin à Paris (Rudy Ricciotti, livraison 2012). Dépassant la banalité et le « laissé tel quel », les matières travaillées prennent le pas sur le matériau brut et redonnent de la noblesse à la question de l’ornement en architecture. Retour sur scène d’une idée de la beauté, laquelle finalement a toujours été au cœur de l’art de bâtir. LISTE DES PROJETS PRÉSENTÉS - Ministère de la culture et de la communication, Paris - Francis Soler, Paris - Maison Sakura, Tokyo - Mount Fuji Architects, Tokyo - Maison Airspace, Tokyo - Studio M, Tokyo + Faulders Studio, San Francisco - Centre commercial John Lewis, Leicester - Foreign Office Architects, Londres - Multiplex Les enfants du paradis, Chartres - Rudy Ricciotti, Bandol - Le Podium, La Haye – SeARCH Architects, Amsterdam + Demakersvan, Rotterdam - Cité internationale de la dentelle et de la mode, Calais - Moatti & Rivière, Paris - Pavillon Polonais Expo 2010, Shanghai - WWAA Architects, Varsovie - LaM, Lille Métropole Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut, Villeneuve d’Ascq - Manuelle Gautrand Architect, Paris - Stade Jean Bouin, Paris - Rudy Ricciotti, Bandol - Pavillon Seroussi, Meudon - Peter Macapia, New York - Pavillon Seroussi, Meudon - EZCT, Architecture and Design Research, Paris - Musée du Louvre, Abu Dhabi - Ateliers Jean Nouvel, Paris - O.R.U. Yves Farge - logements B1, Bègles - Tania Concko, Amsterdam - Aéroport international, Djedda – OMA – Rem Koolhaas, Rotterdam - Musée des sciences et technologie, Nanning - Buro 2, Belgique & Chine + Elastik, Amsterdam & Ljubljana - Tour Phare, Paris-La Défense - Manuelle Gautrand Architecte, Paris 3 DENTELLES DU NORD L’artisanat de la dentelle existe en pays du Nord depuis le XVIIème siècle. Les centres et les points célèbres sont nombreux : Valenciennes, Cambrai, Lille, Bailleul, Bruges, Bruxelles, Gand, Malines… Pays de drap mais aussi de tissus fins de lin, de dentelles et de broderies. Les « mulquineries » de la région de Cambrai, pièces délicates et légères de Batiste ou de linon circulaient facilement à dos de mulet, d’où leur nom. L’activité occupe alors une population féminine importante qui compte dans l’économie nationale, Colbert d’ailleurs s’y est intéressé en favorisant la création de manufactures comme au Quesnoy par exemple. On organise les modes de fabrication en assurant la distribution du travail, en spécialisant les dentellières, bref, en rationnalisant la production. Ces travailleuses exercent seules, à l’intérieur de la maison, sur le pas de la porte près des voisines, dans les courées. Mais, le plus souvent, elles travaillent en atelier, dans des salles sobres et dénudées du monastère ou de l’hospice. L’architecture industrielle apparaît avec la dentelle mécanique. Les manufactures de tulle sont implantées dans les centres textiles existants, bénéficiant d’espaces fonctionnels, de l’énergie et de la lumière. Ces nouveaux secteurs textiles s’intègrent dans les paysages industriels comme ces usines de Saint-Quentin ou de la conurbation Lille-Roubaix-Tourcoing. On affirme les valeurs du travail, de la production et des richesses économiques jusqu’à parfois, construire de véritables châteaux-usines. A la campagne, les ateliers s’organisent près des maisons de maîtres, de nouveaux hangars et structures légères sont construits sur un modèle rural et sur une organisation spatiale déjà acquise à la période pré-industrielle. A Calais, l’histoire est autre. La ville est connue jusqu’au XVIIIème siècle comme place fortifiée et pour son trafic portuaire et maritime, notamment avec l’Angleterre toute proche. Les industries sont diversifiées, l’activité textile n’est pas prédominante, sachant, cependant que les campagnes environnantes contribuent aux travaux préparatoires des textiles : filage, ourdissage, tissage… L’importation de technologies anglaises précoces et innovantes crée des données nouvelles. L’arrivée des premiers métiers à tulle, l’installation d’ingénieurs et de mécaniciens sur le continent, l’accès au coton, matière première d’avenir sont les facteurs déterminants pour l’implantation locale de cette industrie. Une cité nouvelle se développe à Calais, hors les murs et s’organise sur un quadrillage de nouvelles rues où s’alignent juxtaposés sur le même plan, usines, ateliers, habitat patronal et ouvrier. Plusieurs modèles se succèdent entre 1840 et 1880 pour répondre aux exigences de la production. Les établissements sont en briques jaunes et rouges revêtues souvent d’un enduit protecteur. Les ensembles sont sobres et discrets, seules les entrées sont parfois magistrales et les porches richement sculptés traduisent un capitalisme triomphant. Modénatures et décors sont souvent d’inspiration flamande. Les symboles de la dentelle mécanique apparaissent peu dans le bâti mais inspirent les artistes comme la réalisation de fresques murales pour la nouvelle Bourse du Travail édifiée en 1935. Dans les années 2000 par contre, le projet muséal et culturel a inspiré et libéré l’imaginaire d’équipes d’architectes. Les symboles de la dentelle mécanique se retrouvent dans les dossiers de plusieurs candidats au concours organisé en 2003. Il est vrai que la commande ouvrait des perspectives : la ville voulait valoriser un patrimoine industriel dentellier et tout autant affirmer la modernité du projet. 4 Alain Moatti et Henri Rivière, lauréats du concours affirment leurs intentions et exposent leur point de vue : « l’origine de la dentelle industrielle… nous conduit tout naturellement à porter l’attention sur deux thèmes opposés : industrie et dentelles, monument vernaculaire et luxe, machines lourdes et finesse des ouvrages, graphite gris anthracite et dentelle blanche, ombre et clarté ». A l’usine compacte, composée de 3 bâtiments en U centrée sur une cour intérieure qui assure la circulation des personnes et l’alimentation en énergie-vapeur, ils opposent un long bâtiment disposé en L avec décrochement, orienté vers les quais, le port, la ville. En façade, les parois de verre sérigraphiées ont un décor très symbolique : une composition de cartons Jacquard perforés, c’est à dire l’emblème de l’industrie textile moderne et celui de la dentelle mécanique, nouvelle technique née de la conjonction de deux inventions : la tête jacquard adaptée au métier à tulle. Du dedans, ce vitrage filtre la lumière du Nord, diffuse légèreté et douceur comme… une seconde peau. La lente déambulation de cet espace encore vide appelle les multiples installations possibles. Pour la scénographie, l’atelier Pascal Payeur a recours aux motifs de dentelles pour montrer la matière et la transparence, en inventant sur parois de verre de grands aplats alternant pleins et vides ou bien projeter sur le sol les ombres de dentelles. Ces mêmes sources d’inspiration guident le graphiste qui propose des lettrines épurées évoquant aussi la dentelle. Cet ensemble architectural et la scénographie du parcours des collections permanentes servent le programme muséographique conçu par l’équipe du musée ainsi que les différents lieux de vie de la cité : les ateliers, le centre de ressources, la boutique, le restaurant… Martine FOSSE, Conservatrice de la Cité de la Dentelle et de la Mode 5 ARCHITECTURE ET DENTELLE OU « LA BEAUTÉ COMME PROJET » Nouvelle espèce Du premier étage jusqu’à la toiture, une mantille géante de cinq mille mètres carrés en ferronnerie enserre plusieurs immeubles classiques parisiens pour les unifier et les ancrer dans le sol. C’est de cette manière, radicale et lyrique, que l’architecte Francis Soler apportait une nouvelle existence à des bâtiments appartenant à l’histoire et destinés à accueillir le Ministère de la culture et de la communication (Paris, 2005). Depuis l’intérieur, la résille d’acier permet de voir sans être vu et des ombres, selon le principe des moucharabiehs arabes, irradient sols et plafonds. A l’extérieur, ce filtre voile et dévoile, comme la dentelle sur le corps, les anciennes façades de pierre désormais compactées dans une forme légèrement courbe. Le motif abstrait de la cuirasse vient d'un tableau de la Renaissance italienne de Giulio Romano, du palais du Té à Mantoue. L'architecte en a déformé les personnages par ordinateur jusqu'à obtenir des arabesques où ils se dissolvent. Une centaine d’années après que l’architecte viennois Adolf Loos ait associé l’ornement au crime et après le pamphlet de Le Corbusier sur l’Art décoratif1, la proposition de Francis Soler montre combien les axiomes basiques tels que la correspondance entre intérieur et extérieur, la vérité des matériaux et de la structure, etc. sont mis à mal par les liens tissés entre l’architecture et le monde du textile. Maille d’acier ajourée dont les effets miroitants engloutissent les constructions classiques qu’elle recouvre, le projet du Ministère peut s’envisager comme l’emblème d’une nouvelle espèce en architecture, laquelle questionne la surface, la texture, la tectonique uploads/Ingenierie_Lourd/ dentelles-d-x27-architecture.pdf

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