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22/04/13 Derrida en castellano - Point de folie - maintenant l'architecture www.jacquesderrida.com.ar/frances/tschumi.htm 1/15 Derrida en castellano Derrida en francés Nietzsche Heidegger Principal En francés Textos Comentarios Fotos Cronología Bibliografía Links Point de folie — maintenant l’architecture[i] Jacques Derrida Texte consacré à l’œuvre de l’architecte Bernard Tschumi. D’abord publié en édition bilingue dans Bernard Tschumi, La Case vide, coffret comportant des essais et des planches (Architectural Association, Folio VIII, Londres, 1986). 1. Maintenant, ce mot français, on ne le traduira pas. Pourquoi? Pour des raisons, toute une série, qui apparaîtront peut-être en cours de route, voire en fin de parcours. Car je m’engage ici dans un parcours, une course plutôt, parmi d’autres possibles et concurrentes: une série de notations cursives à travers les Folies de Bernard Tschumi, de point en point, et risquées, discontinues, aléatoires. Pourquoi maintenant? J’écarte ou je mets en réserve, je mets de côté telle raison de maintenir le sceau ou le poinçon de cet idiome: il rappellerait le Parc de La Villette en France — et qu’un prétexte y donna lieu à ces Folies. Seulement un prétexte, sans doute, en cours de route, 22/04/13 Derrida en castellano - Point de folie - maintenant l'architecture www.jacquesderrida.com.ar/frances/tschumi.htm 2/15 une station, une phase, une pause dans un trajet, mais le prétexte fut en France offert. On dit en français qu’une chance est offerte mais aussi, ne l’oublions pas, «offrir une résistance». 2. Maintenant, le mot ne flottera pas comme le drapeau de l’actualité, il n’introduira pas à des questions brûlantes: quoi de l’architecture aujourd’hui? Que penser de l’actualité architecturale? Quoi de nouveau dans ce domaine? Car l’architecture ne définit plus un domaine. Maintenant: ni un signal moderniste, ni même un salut à la post- modernité. Les post- et les posters qui se multiplient ainsi aujourd’hui (post-structuralisme, post-modernisme, etc.) cèdent encore à la compulsion historiciste. Tout fait époque, jusqu’au décentrement du sujet: le post-humanisme. Comme si l’on voulait une fois de plus mettre de l’ordre dans une succession linéaire, périodiser, distinguer entre l’avant et l’après, limiter les risques de la réversibilité ou de la répétition, de la transformation ou de la permutation: idéologie progressiste. 3. Maintenant: si le mot désigne encore ce qui arrive, vient d’arriver, promet d’arriver à l’architecture ou aussi bien par l’architecture, cette imminence du juste (arrive juste, vient juste d’arriver, va juste arriver) ne se laisse plus inscrire dans le cours ordonné d’une histoire: ni une mode, ni une période, ni une époque. Le juste maintenant ne reste pas étranger à l’histoire, certes, mais le rapport serait autre. Et si cela nous arrive, il faut se préparer à recevoir ces deux mots. D’une part, cela n’arrive pas à un nous constitué, à une subjectivité humaine dont l’essence serait arrêtée et qui se verrait ensuite affectée par l’histoire de cette chose nommée architecture. Nous ne nous apparaissons à nous- mêmes qu’à partir d’une expérience de l’espacement déjà marquée d’architecture. Ce qui arrive par l’architecture construit et instruit ce nous. Celui-ci se trouve engagé par l’architecture avant d’en être le sujet: maître et possesseur. D’autre part, l’imminence de ce qui nous arrive maintenant n’annonce pas seulement un événement architectural: plutôt une écriture de l’espace, un mode d’espacement qui fait sa place à l’événement. Si l’œuvre de Tschumi décrit bien une architecture de l’événement, ce n’est pas seulement pour construire des lieux dans lesquels il doit se passer quelque chose, ni seulement pour que la construction elle-même y fasse, comme on dit, événement. Là n’est pas l’essentiel. La dimension événementielle se voit comprise dans la structure même du dispositif architectural: séquence, sérialité ouverte, narrativité, cinématique, dramaturgie, chorégraphie. 4. Une architecture de l’événement, est-ce possible? Si ce qui nous arrive ainsi ne vient pas du dehors, ou plutôt si ce dehors nous engage dans cela même que nous sommes, y a-t-il un maintenant de l’architecture 22/04/13 Derrida en castellano - Point de folie - maintenant l'architecture www.jacquesderrida.com.ar/frances/tschumi.htm 3/15 et en quel sens? Tout revient justement à la question du sens. On n’y répondra pas en indiquant un accès, par exemple sous une forme donnée de l’architecture: préambule, pronaos, seuil, chemin méthodique, cercle ou circulation, labyrinthe, marches d’escalier, ascension, régression archéologique vers un fondement, etc. Encore moins sous la forme du système, à savoir de l’architectonique: l’art des systèmes, nous dit Kant. On ne répondra pas en livrant accès à quelque sens final dont l’assomption nous serait enfin promise. Non, il s’agit justement de ce qui arrive au sens: non pas au sens de ce qui nous permettrait d’arriver enfin au sens, mais de ce qui lui arrive, au sens, au sens du sens. Et voilà l’événement, ce qui lui arrive par un événement qui, ne relevant plus tout à fait ni simplement du sens, aurait partie liée avec quelque chose comme la folie. 5. Non point La Folie, l’hypostase allégorique d’une Déraison, le Non-Sens, mais les folies. Il nous faudra compter avec ce pluriel. Les folies, donc, les folies de Bernard Tschumi. Nous en parlerons désormais par métonymie – et de façon métonymiquement métonymique, car cette figure, nous le verrons, s’emporte elle-même; elle n’a pas en elle-même de quoi s’arrêter, pas plus que le nombre des Folies dans le Parc de La Villette. Folies: c’est d’abord le nom, un nom propre en quelque sorte et une signature. Tschumi nomme ainsi la trame ponctuelle qui distribue un nombre non fini d’éléments dans un espace qu’elle espace en effet, mais qu’elle ne sature pas. Métonymie donc, puisque folies ne désigne d’abord qu’une partie, une série de parties, la ponctuelle précisément, d’un ensemble qui comporte aussi des lignes et des surfaces, une «bande- son» et une «bande-image». Nous reparlerons de la fonction assignée à cette multiplicité de points rouges. Notons seulement qu’elle garde un rapport métonymique à l’ensemble du Parc. Sous ce nom propre, en effet, les «folies» sont un dénominateur commun, le «plus grand dénominateur commun» de cette «déconstruction programmatique». Mais de plus, le point rouge de chaque folie reste divisible à son tour, point sans point, offert dans sa structure articulée à des substitutions ou permutations combinatoires qui le rapportent aussi bien à d’autres folies qu’à ses propres parties. Point ouvert et point fermé. Cette double métonymie devient abyssale quand elle détermine ou surdétermine ce qui ouvre ce nom propre (les Folies de Bernard Tschumi) sur la grande sémantique du concept de folie, le grand nom ou dénominateur commun pour tout ce qui arrive au sens quand il sort de lui, s’aliène et se dissocie sans avoir jamais été sujet, s’expose au dehors, s’espace dans ce qui n’est pas lui: non pas la sémantique mais d’abord l’asémantique des Folies. 6. Les folies, donc, ces folies en tout sens, pour une fois, nous dirons qu’elles ne vont pas à la ruine, celle de la défaite ou celle de la nostalgie. Elles ne reviennent pas à «l’absence d’œuvre» – ce destin de la 22/04/13 Derrida en castellano - Point de folie - maintenant l'architecture www.jacquesderrida.com.ar/frances/tschumi.htm 4/15 folie à l’âge classique dont nous parle Foucault. Elles font œuvre, elles mettent en œuvre. Comment cela? Comment penser que l’œuvre se maintienne en cette folie? Comment penser le maintenant de l’œuvre architecturale? Par une certaine aventure du point, nous y viendrons, maintenant l’œuvre – maintenant est le point – à l’instant même, au point de son implosion. Les folies mettent en œuvre une dislocation générale, elles y entraînent tout ce qui semble avoir, jusqu’à maintenant, donné sens à l’architecture. Plus précisément ce qui semble avoir ordonné l’architecture au sens. Elles déconstruisent d’abord, mais non seulement, la sémantique architecturale. 7. II y a, ne l’oublions pas, une architecture de l’architecture. Jusqu’en son assise archaïque, le concept le plus fondamental de l’architecture a été construit. Cette architecture naturalisée nous est léguée, nous l’habitons, elle nous habite, nous pensons qu’elle est destinée à l’habitat, et ce n’est plus un objet pour nous. Mais il faut y reconnaître un artefact, un constructum, un monument. Il n’est pas tombé du ciel, il n’est pas naturel même s’il instruit un certain cadran du rapport à la physis, au ciel, à la terre, au mortel et au divin. Cette architecture de l’architecture a une histoire, elle est historique de part en part. Son héritage inaugure l’intimité de notre économie, la loi de notre foyer (oikos), notre oikonomie familiale religieuse, politique, tous les lieux de naissance et de mort, le temple, l’école, le stade, l’agora, la place, la sépulture. Il nous transit au point que nous en oublions l’historicité même, nous le tenons pour nature. C’est le bon sens même. 8. Le concept d’architecture, lui-même un constructum habité, un héritage qui nous comprend avant même que nous ne tentions de le penser. À travers toutes les mutations de l’architecture, des invariants demeurent. Une axiomatique traverse, impassible, imperturbable, toute l’histoire de l’architecture. Une axiomatique, c’est-à-dire un ensemble organisé d’évaluations fondamentales et toujours présupposées. Cette hiérarchie s’est fixée dans la pierre, elle informe désormais tout l’espace social. Quels sont ces invariants? J’en distinguerai quatre, la charte un peu artificielle de quatre traits, disons plutôt de quatre points. uploads/Ingenierie_Lourd/ derrida-en-castellano-point-de-folie-maintenant-l-x27-architecture.pdf
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- Publié le Mai 02, 2022
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