Quelles sont les raisons pour dé caler le projet Hinkley Point C? Quelles consé
Quelles sont les raisons pour dé caler le projet Hinkley Point C? Quelles consé quences pour le Royaume-Uni ? Si l’on met de cô téla question difficile du financement de ce projet, il existe d’autres raisons, de nature industrielles, pour dé caler un peu ce projet 1- Le modèle EPR UK Le modèle qu’il est pré vu de construire à Hinkley Point (que nous appellerons UK EPR) est devenu au fil du temps d’une extrême complexité . Ceci ré sulte de deux facteurs concourants a. d’une part, il est apparu, au fil de la construction de l’EPR de Flamanville 3, que la conception initiale du modèle EPR initial é tait entaché e de nombreux dé fauts b. d’autre part, en parallèle, l’ONR (l’autoritéde sûretébritannique) a demandélors de la phase d’autorisation (< licensing ») de nombreuses modifications, dont certaines concernent le dispositif de contrô le-commande du ré acteur, c’est-à-dire son <(système nerveux », entraî nant un impact très significatif sur la conception de base. De plus, ce double processus de modifications n’est pas encore stabilisé . En effet - tant qu’un premier EPR n’aura pas é técomplètement dé marré et mis en service, personne ne peut être sûr qu’aucune autre modification corrective significative ne devra pas encore être implanté e. - quant aux modifications demandé es par l’autorité de sûreté britannique, l’appré ciation exacte des changements induits (nombre d’é quipements supplé mentaires, faisabilité technologique, fonctionnement d’ensemble, ...) demande encore de nombreux mois d’é tudes dé taillé es (peut-être un an voire 18 mois). En synthèse, la conception de ce nouveau modèle UK EPR combinera les nombreuses corrections (dé jà apporté es ou à venir) au modèle Flamanville 3 et les correctifs important demandé s par l’autoritéde sûretébritannique, correctifs implanté s comme autant de patchs (ou « rustines ») sur la conception d’origine. C’est donc peu dire que ce modèle Ul< EPR sera une nouvelle tête de sé rie hybride et complexe, portant de ce fait un niveau de risque très é levé . 2- Les compé tences d’AREVA NP Il est dé sormais patent que la compé tence d’AREVA en matière de forgeage et de fabrication de gros composants est tombé e à un point très bas. Les difficulté s bien connues sur la cuve de Flamanville 3 en sont l’exemple le plus connu. Mais AREVA a aussi rencontré des difficulté s pour ré aliser en qualitéet dans les dé lais certaines soudures du circuit principal de 1 MEDIAPART Flamanville 3 ainsi que sur les gé né rateurs de vapeur’ de remplacement des centrales existantes. Comme l’a clairement indiqué le Directeur d’AREVA NP (la branche ré acteurs d’AREVA) nomméau dé but septembre 2015 et qui possède une bonne expé rience dans ce domaine de par ses fonctions anté rieures au sein d’ARCELOR MITTAL, cette situation n’a rien d’iné luctable, mais requiert un plan de redressement d’ampleur à conduire vigoureusement sur plusieurs anné es (3 à 4 ans) pour retrouver une situation au niveau d’excellence requis. 3- Les forces d’ingé nierie L’une des raisons majeures de l’opé ration d’acquisition d’AREVA NP par EDF est de pouvoir rapprocher physiquement au sein d’une même structure les compé tences d’ingé nierie pour les nouveaux ré acteurs d’EDF et celles d’AREVA NP. Cet objectif est fondamental pour pouvoir accé lé rer la ré solution des nombreux sujets d’interfaces entre le pé rimètre usuel d’AREVA NP (la chaudière) et celui d’EDF (les systèmes environnant la chaudière : contrô le- commande, ventilation, traitement des fluides, système centraliséde refroidissement, ...). En effet, la complexité de la gestion de ces interfaces, due à la sé paration des é quipes d’ingé nierie, explique en bonne partie les difficulté s de conception d’origine de Flamanville 3. Or rassembler au même endroit entre 1000 et 1500 personnes, provenant pour moitiéde chaque socié té , va demander un effort managé rial de premier ordre pour harmoniser les procé dures et mé thodes, les outils informatiques, les pratiques de travail, tout ce qui in fine constitue la culture d’ingé nierie d’une entreprise. Il est é videmment difficile de pré dire le temps né cessaire pour une telle fusion des compé tences, absolument né cessaire, mais une duré e de 2 à 3 ans ne paraî t pas superflue avant que cette ingé nierie commune n’atteigne son ré gime de croisière et soit en capacitéde dé livrer la performance requise. 4- L’optimisation du modèle EPR Rapidement conscients des lacunes de la conception initiale d’EPR (que ce soit au travers de l’expé rience de Flamanville 3 ou de celle d’Olkiluoto 3 en Finlande), EDE et AREVA ont mis sur pied dès 2012, une petite é quipe commune de 20 à 30 ingé nieurs expé rimenté s, travaillant sur un même plateau en mode projet et chargé s de ré flé chir à la simplification et l’amé lioration de la constructibilitéde l’EPR2. Après 4 ans de travail rigoureux, cette é quipe a retenu une vingtaine d’é volutions, conduisant à une optimisation poussé e du design initial dans le sens de la simplification et de la facilitéde construction et donc de la ré duction des coûts. Les demandes les plus insistantes de l’autoritéde sûretébritannique ont é galement é té inté gré es. La perspective de disposer vers 2018/2019 d’un design plus simple, plus rapide lii s’agit d’é quipements de 300 tonnes pièce dont le remplacement sur certaines centrales fait partie du programme Grand Caré nage 2 D’une certaine manière, cette é quipe a é té le pré curseur du rapprochement des ingé nieries mentionnéau § 3 2 MEDIAPART à construire et donc moins cher, est dé sormais très cré dible, comme l’indique le rapport de la revue conduite en dé cembre 2015 par Yves Bré chet, Haut Commissaire à l’Energie Atomique. Ce point est crucial pour EDF et pour le nuclé aire français. En effet, en parallèle de la prolongation de la duré e de fonctionnement au-delà de 40 ans d’une première tranche du parc nuclé aire existant, que la Programmation Pluriannuelle de l’Energie devrait acter, il sera bientô t temps d’amorcer, à un rythme lent, le renouvellement de ce parc existant par des ré acteurs plus modernes de Gé né ration 3. A cet é gard, il est utile de se rappeler que c’é tait l’objet même du lancement du « dé monstrateur » EPR de Flamanville 3 en 2007 que pré parer ce renouvellement. Même si la construction du dé monstrateur s’est avé ré e nettement plus laborieuse que pré vue, il est bien en train de jouer son rô le, à savoir: o mettre au point le modèle EPR o reconstituer le tissu des compé tences industrielles Dès lors, la question de l’engagement d’une mini-sé rie de 4 à 6 centrales « EPR optimisé» d’ici la fin de la dé cennie se pose. Une telle sé rie, dont les « premières pierres » pourraient s’é taler entre 2020/21 et 2025, pour des mises en service é talé es entre 2028 et 2030/31, pré senterait bon nombre d’avantages a. elle permettrait, en é vitant un nouveau «stop and go », de donner au tissu industriel français la visibilité (environ 10 ans) dont il a besoin pour s’engager durablement dans ce secteur et d’é viter le dé litement des compé tences patiemment reconstitué es depuis 2005 b. elle permettrait é galement à EDF de continuer à attirer de jeunes ingé nieurs dans ce secteur, pour lequel les seules perspectives de l’exploitation du parc existant sont insuffisantes, comme le montre clairement l’exemple de la Belgique. c. Enfin, elle conforterait le modèle EPR comme le design Gé né ration 3 de ré fé rence mondiale pour la gamme de forte puissance 1700 MWe et mettrait, de ce fait, l’é quipe de France du nuclé aire et les PME/PMI du secteur en excellente position pour des projets exports Il n’est pas inutile de noter qu’en cohé rence avec le plafond de capaciténuclé aire fixépar la loi Transition Energé tique, la mise en service de cette sé rie irait de pair avec l’arrêt progressif et programméà partir de 2028, d’une première sé rie de centrales existantes autour de leurs 50 ans. NB a contrario, en l’absence d’engagement de ce premier palier limitéde nouvelles centrales « EPR optimisé», la Fronce courrait le très grand risque de se trouver marginalisé e sur la 3 MEDIAPART scène internationale, en tardant à engager sur sari sol une transition, même lente, vers la Gé né ration 3, qui sera demain le standard international en matière de sûreté . 5- L’heure des choix Un tel choix straté gique, vital pour conserver dans la duré e l’avantage compé titif du nuclé aire pour la France et son é conomie, conduit é videmment à considé rer le projet Hinkley Point sous un tout autre angle. En effet, engager aujourd’hui le projet Hinkley Point C, dans le contexte technique et industriel dé crit plus haut, reviendrait pour la France, à se fermer de facto l’option d’amorcer au tournant de la dé cennie, le renouvellement de son parc nuclé aire, dont on uploads/Ingenierie_Lourd/ hinkley-point-pdf 1 .pdf
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- Publié le Mar 16, 2022
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