Trimestriel • octobre - novembre - décembre 2011 • N° 24 • Bureau de dépôt : Li

Trimestriel • octobre - novembre - décembre 2011 • N° 24 • Bureau de dépôt : Liège X La Wallonie a favorisé dans les années ’90, pour des motifs budgétaires et réglemen- taires surtout, la multiplication de « centres d’interprétation » ayant pour vocation de mieux faire comprendre aux visiteurs la région qu’ils découvrent et le monument où ils se trouvent, en favorisant une meilleure transmission et une bonne restitution des connaissances et des informations sur les endroits visités, qu’il s’agisse d’une ancienne mine, d’un hôpital médiéval, d’une usine textile, d’une forge ou d’une abbaye. Or la décade qui vient de s’écouler depuis ce renforcement public de l’offre touristique wallonne par la réaffectation de bon nombre d’éléments patrimoniaux cités a confirmé quelques craintes qui s’étaient déjà exprimées lors de la conception de ces nouveaux outils, dès lors que ces innovations ne s’inscrivaient pas dans un plan régional cohérent et concerté mais répondaient bien plus souvent à des initiatives ponctuelles, des coups de cœur personnels, des opportunités géopolitiques. Certains craignaient même, à l’époque, que l’on ne soit en train de créer les futurs « chancres touristiques » de demain. On n’en est pas encore là : aucun de ces outils publics n’a dû fermer ses portes. Mais combien vivotent, lorsqu’ils dépendent de la manne communale exclusivement. Combien ont choisi une politique d’expositions voire l’intégration de collections l’une et l’autre sans rapport avec l’objet initial du projet, dans l’espoir d’attirer des visiteurs. Combien pèsent maintenant comme un boulet sur les finances locales pour leur fonctionnement quotidien, alors qu’on avait promis qu’ils seraient des moteurs de (re)développement. Combien de décideurs locaux, fiers comme Artaban quand ils inauguraient « leur » outil à la veille de telle ou telle élection, se mordent les doigts d’avoir cru aux mythiques septante mille visiteurs annuels qu’un bureau de consultance annonçait invariablement partout, comme si le gâteau du tourisme wallon allait se gonfler en quelques années de centaines de milliers de visiteurs supplémentaires dont chacun aurait sa large part. Combien montrent alors leur (trop) peu d’intérêt pour la démarche culturelle ou muséale de départ, voire pour le monument, qu’ils ne voient plus que comme un poste de dépenses. L’IPW lui- même, ces dernières années, dans sa mission d’aide aux propriétaires de monuments en danger, s’efforce de dissuader les décideurs publics là où c’est possible d’ajouter un énième musée à la liste déjà longue des monuments ainsi reconvertis. Au niveau de la Wallonie elle-même, et du secteur du patrimoine en particulier, force est de constater que certains de ces outils pèsent désormais lourdement dans le budget de la politique du patrimoine : les quelque 400.000 € annuels indexables octroyés en 1999 à l’asbl gestionnaire des musées et du site de l’ancienne abbaye de Stavelot furent aussitôt suivis par 400.000 autres pour celle gérant les ruines de Villers, deux montants que l’indexation a fait lentement grimper plus près de 900.000 € pour les deux abbayes ensemble. Le coût annuel du personnel de l’Archéoforum de Liège, en gestion directe par l’IPW, est de l’ordre de 700.000 €. À ces trois postes se sont ajoutés, ces dernières années, celui pour la Maison du Patrimoine médiéval mosan (150.000 €) et une intervention régionale dans la gestion du Préhistosite de Ramioul (142.000 €), au motif que ces deux outils valorisent, dans des bâtiments communaux toutefois, des collections archéologiques régionales. Demain, ce sont plusieurs centaines de milliers d’euros supplémentaires qu’il faudra peut-être dégager pour financer le fonctionnement d’un Préhistosite considérablement agrandi grâce à une nouvelle intervention du secteur du tourisme et de l’Europe essentiellement mais ne portant pas sur les moyens de fonctionnement. Les quelque deux millions d’euros annuels consentis désormais par le budget du patrimoine (hier par la dgatlp, aujourd’hui par l’IPW, mais le tout venant toujours du même panier) pour la gestion de « ses » outils (parmi lesquels ne figurent ni le château de la Hulpe, ni le Bois-du Cazier, ni les Jardins d’Annevoie, trois monuments appartenant à la Région mais dépendant d’autres budgets que celui du patrimoine) pèsent lourd dans un budget qui a, par ailleurs, cessé de croître comme cela avait été le cas dans les années ’90 : quelque 5 % du budget régional du patrimoine, ce n’est pas rien à l’aune de ce dernier, et ce montant n’est pourtant pas l’objet d’une gestion un tant soit peu centralisée permettant de favoriser la mutualisation des moyens et la recherche d’économies d’échelle. Par contre, ces dépenses régionales (auxquelles s’ajoutent dans une proportion bien moindre les recettes propres de chaque institution) permettent, chaque année, que des monuments dits « exemplaires » soient visités, ensemble, par plusieurs dizaines de milliers de personnes (bien au-delà de 100.000 si on totalise Stavelot, Villers, Liège, Bouvignes et Ramioul confondus) pour un montant à charge de la collectivité (hors investissements) six à sept fois inférieur par exemple à la subvention de la douzaine de spectacles annuels de l’Opéra de Wallonie. Alors ? Comparaison n’est pas raison, certes. Si l’existence de ces outils, dans lequel le privé n’aurait, lui, jamais investi, n’empêche pas ensuite, faute de moyens, le sauvetage d’autres catégories de monuments, le jeu en valait la chandelle. Mais, sauf essor extraordinaire du tourisme wallon dans un futur proche, il est aussi en train de montrer ses limites dans un contexte de contraction des moyens disponibles. La valorisation touristique du patrimoine de la Région : une réflexion La Lettredu Patrimoine Institut du Patrimoine wallon • Rue du Lombard, 79 • 5000 Namur BELGIë - BELGIQUE P.B./P.P. B - 78 Bureau de dépôt 4099 Liège X P501407 1 Abbaye de Villers-la-Ville Photo G. Focant © SPW Maison du Patrimoine médiéval mosan Photo G. Focant © SPW Abbaye de Stavelot © ETC Archéoforum de Liège. Photo G. Focant © SPW La maison Oury, œuvre de l’architecte Paul Jaspar, sise à l’angle de la place Xavier Neujean et de la rue Sébastien Laruelle à Liège, a été inscrite dernièrement sur la liste de sauvegarde du patrimoine wallon. Cette inscription d’une durée d’un an, dans l’attente d’une éventuelle procédure de classement, concerne la totalité d’un bien qui se distingue dans ce cas par son intérêt artistique et paysager. L’aqueduc de Mont-Saint-Pont à Braine- l’Alleud vient également de bénéficier de cette mesure. Construit en brique, pierre bleue et béton armé de 1853 à 1855, cet ouvrage d’art comprend 27 arches réparties sur 200 m de long. Il constitue un témoin particulièrement parlant de l’architecture industrielle et a notamment alimenté Bruxelles en eau potable durant plus d’un siècle. Le Gouvernement wallon avait approuvé, lors de sa séance du 25 août 2011, la mise en place d’une structure de gestion pour doter la Wallonie d’une organisation spécifique qui garantisse un suivi cohérent, coordonné et harmonisé entre les sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial. Rappelons que les biens actuellement inscrits à l’UNESCO sont les ascenseurs du canal du Centre (depuis 1998), les sept beffrois wallons (Mons, Gembloux, Charleroi, Thuin, Binche, Tournai et Namur) depuis 1999 (et 2005 pour l’un d’eux) dans le cadre de l’inscription de plusieurs dizaines de beffrois du Nord de la France et de Belgique, la cathédrale de Tournai et les minières néolithiques de Spiennes (Mons) depuis 2000. Le dossier de demande d’inscription de quatre sites miniers est en cours (le Grand-Hornu, Bois-du-Luc, le Bois du Cazier et Blegny-Mine) et a été inclus dès à présent dans la structure du Comité wallon. Le 22 septembre 2011, le Comité wallon du patrimoine mondial (CWPAM) a été mis en place aux moulins de Beez à Namur. Il est composé du Ministre du Patrimoine (qui le préside), des Ministres du Tourisme Cette protection identique au classement durant un an permettra de mener analyses et études afin d’envisager un classement définitif de l’aqueduc. Les parties anciennes du couvent des Capucins d’Enghien, fondé en 1615, viennent d’être classées comme monument. Celles-ci comprennent les chapelles Saint- François et Notre-Dame de Grâce, la crypte et ses caveaux, le mausolée de Guillaume de Croÿ, la sacristie, le premier chœur des moines, la bibliothèque du premier étage, le porche de 1850, le portail de la cour et la cour ainsi que le mur de clôture longeant la rue des Capucins. Une zone de protection a également été établie. Une subvention de près de 9.000 € sera octroyée à la Ville de Liège pour la réalisation d’une étude de l’état sanitaire des métaux et des Relations internationales (ou du représentant de chacun de ces ministres bien sûr), des Présidents de la Commission des Monuments, Sites et Fouillles et d’ICOMOS Wallonie/Bruxelles, ainsi que des dirigeants respectifs du Département du Patrimoine du SPW d’une part et de l’Institut du Patrimoine wallon d’autre part, soit sept personnes en tout. Sous l’égide de ce Comité wallon, chaque inscription au patrimoine mondial (inscription déjà décidée ou en cours de préparation) regroupant un ou plusieurs biens aura désormais, outre les structures de gestion déjà existantes le cas échéant, une structure de gestion « Patrimoine mondial » composée de trois comités spécifiques : un comité de pilotage, un comité de gestion et un comité scientifique. Ces uploads/Ingenierie_Lourd/ lettre-patrimoine24.pdf

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