POUR DÉCOUVRIR ET COMPRENDRE COMMENT BORDEAUX A SU CONCILIER PATRIMOINE ANCIEN

POUR DÉCOUVRIR ET COMPRENDRE COMMENT BORDEAUX A SU CONCILIER PATRIMOINE ANCIEN ET CONTEMPORAIN. LA MISSION RECENSEMENT DU PAYSAGE ARCHITECTURAL ET URBAIN (MIRPAU) DE LA MAIRIE DE BORDEAUX VOUS PROPOSE DE DÉCOUVRIR COMMENT LE QUARTIER PORTUAIRE HISTORIQUE DES CHARTRONS S’EST STRUCTURÉ AU CŒUR DU PORT DE LA LUNE AVANT DE S’ÉTENDRE ET FINALEMENT DE SE DÉPLACER À BACALAN. UNE PROMENADE À VIVRE COMME UNE DÉCOUVERTE, OU UNE REDÉCOUVERTE, DU CŒUR DU PORT DE LA LUNE, CLASSÉ PAR L’UNESCO ET LABELLISÉ « VILLE ET PAYS D’ART ET D’HISTOIRE ». Fondé au XIVe siècle au nord de la ville, le quartier des Chartrons devient rapidement le centre d’une intense activité marchande. C’est là que se développe le commerce du vin des grandes familles négociantes et protestantes, immigrées pour la plupart d’Angleterre, d’Ecosse ou d’Irlande, voire des pays germaniques et hanséatiques. Malgré les périodes de crise, la croissance commerciale du faubourg est continue : ici s’implantent les plus belles maisons de négoce du XVIIIe siècle, avec leurs grands chais à l’arrière, sur un parcellaire étroit et profond typique du quartier. Cette tradition se poursuit, sous des formes différentes, au siècle suivant. La destruction du château Trompette et la création du lotissement des Quinconces permettent de relier définitivement le faubourg à la ville ancienne et d’attirer d’autres maisons de commerce, plus prestigieuses encore. Là se masse aussi une population laborieuse. Les quartiers de Saint-Louis et de Saint-Martial se densifient au nord et à l’ouest, une gare est construite ; des voies nouvelles, des places sont créées, élargies ; des églises bâties ou reconstruites, un marché, des bains publics… Fort de ce riche patrimoine industriel et domestique, le quartier des Chartrons est aujourd’hui un pôle de référence prestigieux dans le centre ancien. Le lent déplacement du port de la Lune, d’abord à Bacalan, puis son départ à Bassens et au Verdon, pose donc la question de la reconversion de cet exceptionnel ensemble architectural et urbain. Conception : Léonard Crétois, Sylvain Schoonbaert, Anne-Laure Moniot, Mairie de Bordeaux, Mission recensement du paysage architectural et urbain, Direction générale de l’aménagement Illustration de couverture : L’entrepôt réel, gravure de Bordes, vers 1845, AMB XXI G 3, cliché Bernard Rakotomanga. Plan : Plan d’une partie de Bordeaux, des Chartrons et des marais de Bordeaux et de Bruges, 1819 (Arch. mun. Bordeaux, XXV A 16, cliché Léonard Crétois) Documents : sauf mention contraire, Archives municipales Bordeaux, clichés Bernard Rakotomanga : XXV D 61; XXI B 48, rec.10 ; clichés Sylvain Schoonbaert : BORDES, A., Histoire des monuments anciens et modernes de la ville de Bordeaux, Paris, 1845 ; 5102 M 20 ; 4008 M 4 ; XXVIII B 13 ; DUTAUT, Daniel, « les grands chais du Bordelais », L’Œnophile, 9ème année, n°7, juillet 1902, p.221 ; 133 M 3 ; XXIV M 5 ; XXV L 4 Graphisme : Aurélia Pauquet, mairie de Bordeaux, direction de la communication. AU CŒUR DU PORT DE LA LUNE allées de Boutaut. La nouvelle façade du cours est remarquable par ses grands immeubles dont plus de la moitié furent bâtis par seulement sept architectes entre 1900 et 1902. Trois d’entre eux furent particulièrement prolifiques : Jacques-Albert Touzin (qui réalisa un ensemble continu à l’angle du cours et de la rue Camille-Godard, ainsi que les chais Pépin, dans un style néo-Louis XVI), Achille Monginoux et Justin Tusseau. Les styles des façades sont ainsi éclectiques : alors que Touzin adopte un registre XVIIIe pour les immeubles d’angle de la rue Camille-Godard, du cours Saint-André, et les chais Pépin, Monginoux s’inspire du XVIIe au n° 47 et prend, au n°19, un parti Art nouveau qui se raidit aux n°13-17. Quant à Tusseau, il emprunte à la Renaissance et au Louis XV pour un hôtel particulier au n°59. Des chais exemplaires : la maison Hannapier puis Calvet Situés dans le prolongement des chais Calvet, les anciens chais Hannapier présentent une façade en retrait sur le cours du Médoc ainsi qu’une longue façade sur le cours Saint-Louis. Ils sont certainement les plus originaux, d’un point de vue architectural, de la fin du XIXe siècle à Bordeaux. La façade du cours du Médoc est la plus intéressante et la plus originale. Très longue (50 m), elle se déroule sur deux niveaux de treize travées couronnées par un crénelage. Uniques et rares, ces chais participent largement à l’éclectisme du paysage du cours du Médoc. Pour leur part, les chais Calvet, ravagés par un incendie en 1966, sont conçus par Alphonse Blaquière en 1871. Publiés dans de nombreux traités de vitiviniculture, ils serviront de référence à la construction de nombreux chais, notamment en Amérique Latine. L’organisation des locaux de la maison ainsi que leur architecture s’apparentent beaucoup aux entrepôts de la Chambre de commerce bâtis dix ans plus tard sur le cours. Les établissements s’étendaient sur près de 30 m de largeur et sur toute la profondeur de la parcelle (100 m), en trois travées. Une cour cantonnée de pavillons d’un étage au toit à quatre pans, marquait l’entrée des locaux. Les grands chais s’ouvraient sur cette cour par trois arcades en plein cintre. Le siège social du nouvel établissement en est la partie la plus remarquable architecturalement. Jacques T ouzin, associé au Parisien Henri Bouilhet, conçoit un édifice influencé par le courant moderniste. L’ossature de béton armé est laissée brute de décoffrage, alors qu’un enduit grossier recouvre le remplissage de la structure en parpaings de ciment. Un brise-soleil en acier rouge habille cet ensemble dépouillé. L’emploi du toit-terrasse et des pilotis coffrés et galbés avec soin fait référence aux idées de Le Corbusier. Le rez- de-chaussée, abritant l’accueil, est largement transparent pour affirmer le dogme moderne d’un sol dégagé. Aujourd’hui, le contraste est flagrant, entre les chais néogothiques de la maison Hannapier et les nouveaux bâtiments Calvet. Le milieu négociant, à travers ces constructions, s’avère en réalité toujours à la pointe des innovations architecturales d’un siècle à l’autre. IV . L’HABIT A T EN CREUX DE L’ACTIVITÉ PORTUAIRE l Bains douche / Imprimerie Sidaine E. Gervais établit les plans des bains publics des Chartrons en 1895. Le corps de bâtiment principal présente une élévation de deux niveaux et un petit pavillon en surcroît. A l’arrière, jusqu’au fond de la parcelle, un bâtiment en rez-de-chaussée assez haut est couvert d’une charpente métallique très raffinée, il accueille les cabines de bains réparties en cinq rangées inégales. L’appareillage mixte et bicolore, en lits superposés, de pierre et de brique, les encadrements de carreaux de faïence colorés, l’emploi systématique des arcs en plein cintre outrepassés, les motifs ciselés de la corniche… tout concourt à évoquer le thème de l’Orient en écho à la fonction de ce bâtiment, créant ainsi une singularité dans un paysage architectural dominé par le style du XVIIIe. Non loin des bains, l’imprimeur et typographe Sidaine passe commande à l’architecte Justin Tussau dès 1917. Le programme, complexe, est mixte et comporte logements, bureaux et ateliers : le rez-de-chaussée abrite un hall et un escalier monumental, ainsi que le bureau du patron et divers bureaux attenants. Le long pan de la rue Sicard possède un garage et une entrée propre desservant trois ateliers. Au premier étage se trouvent le logement et les lieux de vie de la famille de l’imprimeur. Le second étage est réservé à un vaste dépôt occupant l’angle des rues, ainsi qu’un autre atelier. A l’extrémité ouest du bâtiment, un petit logement que l’on peut imaginer de fonction pour le contremaître, possède sa propre entrée. Le langage décoratif des ateliers, aujourd’hui occupés par une galerie d’antiquités, est encore très emprunt de classicisme. l Marché des Chartrons Lorsque Charles Burguet dresse l’état des lieux de ce marché en 1869, c’est une halle octogonale dont chaque côté s’ouvre par trois arcades en plein cintre. Une haute balustrade somme l’ensemble ; de larges pilastres doriques en marquent les angles. Le marché est couvert d’une charpente métallique légère couronnée au centre d’un lanterneau. L’architecte municipal imagine un projet d’agrandissement composé d’une galerie prenant appui sur les murs de pierre de l’octogone d’une part et sur des piliers de fonte à chapiteau corinthien d’autre part. Il dessine avec soin la charpente contreventée par des arbalétriers tendus, les aisseliers métalliques décorés de rognons, les étals neufs coiffés de pommes de pin, la lanterne périphérique et légère qui aère l’ensemble de la galerie nouvelle. Le marché des Chartrons, quoique modeste par rapport à l’ancien grand Marché du cours Victor-Hugo, est le seul marché métallique construit par Burguet qui subsiste, avec celui de Lerme. Récemment réhabilité et dégagé de sa gangue de béton, il a été remarquablement restauré. l Place Paul-Doumer / Place Picard D’un minuscule carrefour de circulation à pans coupés, la place Paul-Doumer (anciennement place Fégère) est devenue une place importante de quartier, à la croisée du nouveau cours Evrard-de- Fayolle avec les rues plus anciennes. Le percement du cours puis les démolitions liées à l’agrandissement de la place lui donnèrent un aspect nu et sévère. On décida donc d’élever en son centre un monument la mettant en valeur : une fontaine lumineuse dont les plans furent uploads/Ingenierie_Lourd/ parcours-visite-chartrons 1 .pdf

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