28 avril 2016 ROGER LE FOURN NAISSANCE D’UN PONT SUR LA PENFELD Patrimoines bre
28 avril 2016 ROGER LE FOURN NAISSANCE D’UN PONT SUR LA PENFELD Patrimoines brestois est publié par le service patrimoines, direction culture-animation-patrimoines, ville de Brest. Responsable de la publication Christine Berthou-Ballot Rédactrice en chef Paula Fourdeux Conception Direction de la communication, ville de Brest / Brest métropole • Ont participé à ce numéro Manoussos Malicoutis, bibliothèque d’étude / Pascal Aumasson, Vanessa Che, Mathilde Pigallet, musée des beaux-arts / Amélie Grosjean, service patrimoines / Hugues Courant, Archives municipales et métropolitaines / Antoinette Roudaut et Pascal le Meur, cinémathèque de Bretagne • Crédits photos Couverture : Benjamin Deroche / Archives / Bibliothèque d’étude / Musée des beaux-arts / Mathieu Le Gall / Jean-Yves Guillaume / Paula Fourdeux Jusqu’au milieu du XIXe siècle, le seul moyen de franchissement de la Penfeld est un bac de 2 chalands et 40 canots. 1 Panorama de la Penfeld depuis la Pointe, vers 1865. Un point de vue classique et incontournable du pont dès sa création 2 Le pont national détruit, 20 septembre 1944, photo US Army Comme dans toute ville coupée en deux par un (ou plusieurs) cours d’eau il y aurait de quoi noircir bien des pages avec l’historique des ponts de Brest. C’est pourtant une histoire relativement récente. On peut le comprendre aisément si l’on se remémore deux faits : les deux rives (Brest et Recouvrance) ne sont réunies en une seule cité que depuis 1681 et la Penfeld sert de port, ce qui implique de fortes contraintes pour tout projet de franchissement fixe. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, le seul moyen de franchissement de la Penfeld est donc un bac, réglementé, tarifé, qui comporte, au XIXe siècle, 2 chalands et 40 canots. Malgré leur nombre, c’est insuffisant, onéreux pour les usagers et contraignant (pas de passage de nuit, encombrement à marée haute et impossibilité d’aborder à marée basse, nombre de places limité…). Avec la révolution industrielle le XIXe siècle rend possible de s’af- franchir des contraintes : nouveaux matériaux, nouveaux mécanismes permettent d’imaginer franchir la Penfeld en laissant possible le pas- sage des navires. 30 ans de projets déçus précèdent néanmoins la réalisation finale en 1861, des projets les plus "pittoresques" comme le projet Trischler ou celui d’un tunnel flottant aux plus sérieux. À partir de 1848 le projet a pris corps, soutenu par la stature (parlementaire et même ministérielle) du baron Lacrosse, puis par la visite de Napoléon III en 1858. Le conseil général des Ponts-et-Chaussées choisit finalement le projet de l’architecte Cadiat et de l’ingénieur des Ponts-et-Chaussées Oudry contre l’avis du conseil municipal et de la commission d’enquête. Les 2 travées tournantes du pont furent réalisées au Creusot par les usines Schneider. Le pont impérial (puis national) était conçu pouvant être manœuvré par seulement 4 personnes. Ils étaient souvent bien plus, vétérans de la marine, à tourner les cabestans. Le lieu et les manœuvres deviennent rapidement la coqueluche des badauds, des photographes et à partir de la fin de siècle des éditeurs de cartes postales. La prouesse technique offre à Brest une renommée internationale comme en témoigne l’article élogieux du journal italien l’Emporio Pittoresco, illustrazione universale en 1869. Seule importante modification du pont au cours de son histoire, les portiques soutenant les câbles d’alimentation du tramway à partir de 1898. En septembre 1944, durant le siège, le pont est détruit et ses deux travées sombrent dans la Penfeld. Seul le petit pont flottant (pont Gueydon) permet désormais le passage, jusqu’en 1952 (pont de l’Harteloire) et surtout l’ouverture du pont de Recouvrance en 1954 qui accueille désormais le trolley puis les bus. Il est longtemps le plus haut pont levant d’Europe. En 2011 il est modifié pour reporter la circulation piétonne sur l’extérieur du pont, en encorbellement tandis que le centre du tablier accueille à nouveau le tramway en 2012. De l’ancien pont tournant subsistent néanmoins quelques traces : une demi-lune dans le quai rive droite, vestiges de la pile-pivot et quelques vestiges de la culée du mur de l’arsenal proche de la tour Tanguy. Hugues Courant Du bac aux ponts Le label continue de faire parler de lui dans les évènements locaux. Au salon du tourisme, fin janvier, où, en collaboration avec l’Office du tourisme, les visiteurs ont pu connaître les motivations de Brest pour l’obtention du label grâce à un flyer réalisé pour l’occasion. Puis, lors du festival Longueur d’ondes au Quartz, en février, au cours duquel nous sommes allés à la rencontre des festivaliers : il leur a été proposé de découvrir les textes réalisés par les élèves du collège Anna Marly sur Brest, mais aussi de contribuer activement à la candidature en complétant un portrait chinois sur les sons de la ville. Prochain rendez-vous : la balade en ville du mardi 7 juin avec le chroniqueur Gérard Cissé "Sur les remparts de Recouvrance. De Kervallon à Laninon. War rampazhioù Rekourañs. Eus Kervalon da Lanninon." Vos contributions sont toujours les bienvenues pour enrichir le dossier qui se construit. N’hésitez pas à nous envoyer un mail à : ville-art-et-histoire@mairie-brest.fr 2 1 3 3 Le pont national depuis amont, une vue originale, vers 1880, photo Bocoyran. 4 2016, photo Mathieu Legall 3 4 5 SA MAJESTE, LE PONT TOURNANT Cette exposition n’est pas historique. Elle s’attache en priorité à révéler la représentation du pont tournant qu’en ont conçue peintres, mais surtout graveurs et photographes, qui tous, ont une conscience aigüe de sa qualité d’ouvrage d’art exceptionnel autant que de sa magnificence. Au moment où un téléphérique va surplomber la Penfeld pour conduire au plateau des Capucins, l’exposition propose de se pencher sur une forme de franchissement de la rivière qui en son temps fut tout aussi moderne. En édifiant en 1861 un pont à travers la Penfeld, les autorités relièrent pour la première fois Brest à Recouvrance. Lorsque les peintres, les graveurs et les photographes abordent le Pont tournant, ils n’en dressent pas le simple portrait : en se l’appropriant, ils l’érigent au statut de monument. Sous divers points de vue, les photographes soulignent la monumentalité de son architecture, laquelle a d’ailleurs fait débat lors de son édification. Les dessinateurs et les graveurs s’attachent quant à eux à le magnifier à l’aide de mises en page valorisantes. D’abord loué comme le fruit d’une technicité nouvelle, le pont devient rapidement une curiosité touristique. Cartes postales et objets souvenirs témoignent de cet engouement pour un ouvrage d’art devenu un symbole de la ville de Brest. Au-delà du Pont tournant, les artistes témoignent à leur manière de la place que prennent les constructions métalliques dans l’art en général. Cette esthétique nouvelle, qui apparaît à Brest vers 1860 et se répand en une décennie, concilie beauté et fonctionnalité. Car ce n’est pas l’architecte qui a permis aux hommes du XIXe siècle d’utiliser le fer comme un matériau de construction, c’est l’ingénieur. C’est lui qui a donné naissance à une esthétique nouvelle, celle des ponts et des édifices ferroviaires puis celle des navires, des arsenaux, des marchés couverts, autant d’équipements qui sont apparus aussi à Brest vers 1860 et se répandus en une décennie seulement. Aussi, les artistes traduisent-ils finalement ce que leur époque accorde à cet ouvrage d’art maritime et urbain à la fois: une esthétique et une fonctionnalité nouvelles. L’exposition présente des œuvres de nombreux peintres comme Jules Noël : le pont les impressionne par sa monumentalité, de photographes : la ville est accueillante pour les pionniers de la photographie : époux Disdéri installés à Brest en 1848, Alfred Bernier et Emile Mage. Les transformations du port constituent un sujet de choix pour des clichés spectaculaires qui relèvent que la marine à voile coexiste avec les nouveaux cuirassés en métal, que le port de commerce coexiste avec le port militaire. Le regard des photographes s'attarde aussi sur le p'tit pont nommé pont Gueydon, aux pieds du pont tournant, cette passerelle à flot, rapidement ouverte qui a assuré le lien rapproché des Brestois avec la Penfeld d'une manière jusqu'alors séculaire. Plus récemment, Pierre Péron fut un fervent chroniqueur du pont. L’exposition en présente plusieurs dessins et peintures. un emblème d'identité C'est un paradoxe ! Ce n'est pas à travers les performances technologiques sur lesquelles reposait sa réputation initiale que le pont impérial devient l'image type de la ville de Brest. Tôt, sa dimension monumentale suffit à sa réputation d’autant que la ville de Brest peine à mettre en relief d’autres bâtiments remarquables militaires. L’écrivain Max Radiguet (1856-1899) n’écrivait-il pas "Brest, malgré son importance n’a pas un seul édifice qui lui fasse honneur. Ils sont lourds et d’un piètre goût" ? Dès son ouverture à la circulation, le pont comble cette déception et va même devenir peu à peu une sorte d’emblème. Les arts décoratifs s’emparent de ses formes, les cartes-postales multiplient sa silhouette et il n’est pas jusqu’aux réclames pour rechercher à faire appel à sa réputation afin de promouvoir des produits alimentaires. Expo jusqu’au 18 septembre 1 La rade et le pont tournant. Brest, 1910 © Maurice-Louis Branger / Roger-Viollet 2 Le Pont tournant et le port militaire. © Neurdein / Roger-Viollet uploads/Ingenierie_Lourd/ pb28-apres-corr-270416bat-pdf.pdf
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- Publié le Dec 21, 2022
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