13 conseils pour le mémoire en architecture (cycle de Master conduisant au dipl

13 conseils pour le mémoire en architecture (cycle de Master conduisant au diplôme d’État d’architecte) Nabil Beyhum Yankel Fijalkow Léo Legendre Avril 2018 3 « Si je devais écrire un livre pour communiquer ce que je pense déjà, avant d’avoir commencé à écrire, je n’aurais jamais le courage de l’entreprendre. Je ne l’écris que parce que je ne sais pas encore exactement quoi penser de cette chose que je voudrais tant penser. (...) Je suis un expérimentateur en ce sens que j’écris pour me changer moi-même et ne plus penser la même chose qu’auparavant ». Michel Foucault, Dits et écrits, 1978 « Le problème n’est pas l’obstacle, c’est le franchissement de l’obstacle ; une pro-jection » Gilles Deleuze et Félix Guattari, Mille Plateaux, 1980 « C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche » Pierre Soulages 4 Avant propos Les études de Master, à l’Université comme dans les Écoles professionnelles, se terminent souvent par la rédaction d’un mémoire, en école d’architecture celui-ci permet de conférer le grade de Master. Bien que l’exercice soit difficile, son existence nous semble devoir être soutenue. Après avoir engrangé des connaissances au cours de longues années de lycée et d’université, il est grand temps d’être enfin un acteur pleinement responsable et créatif ! Si les auteurs de cet ouvrage, qui ont enseigné dans différentes disciplines professionnelles (architecture, urbanisme, ingénierie, travail social) ou universitaires (sociologie, anthropologie, géographie, études urbaines), s’adressent ici aux étudiants en Ecoles d’architecture dans lesquelles ils enseignent, ils n’ignorent pas que ses prémisses ont beaucoup circulé de manière informelle dans les différents milieux universitaires côtoyés par leurs étudiants. C’est donc pour remplir un vide éditorial qu’il a été envisagé de publier ce guide. Les étudiant-e-s trouveront dans celui-ci un appui moral et technique au processus d’écriture auquel ils sont conviés. Ils n’y trouveront pas des méthodologies spécifiques (il existe déjà de nombreux manuels), mais une réflexion sur l’écriture dans ses rapports avec le projet, qu’il soit architectural ou autre. Écrire un mémoire c’est avant tout tenter d’enregistrer une réalité, organiser une pensée pour se construire une vision du monde professionnel dans lequel on se destine à entrer. À cette fin, l’enquête de terrain qui conduit l’étudiant-e à venir interroger des acteurs et des documents constitue un moyen de socialisation professionnelle. Il est en même temps un moyen de se positionner personnellement. C’est un exercice de socialisation qui consiste, en se mettant dans une position d’observateur extérieur, à se préparer à entrer dans le champ des actifs du milieu professionnel. Écrire un mémoire, c’est donc s’inscrire dans le temps d’un processus d’intégration professionnelle et poser un regard distancié et questionnant qui marque une étape pour l’individu. Ainsi, l’étonnement est un ingrédient puissant de la recherche. Même naïf, ou supposé tel, il permet de remettre en question les certitudes établies par les milieux professionnels et éventuellement d’innover. Écrire un mémoire c’est enfin s’inscrire dans un milieu professionnel fait de débats et d’enjeux, voire de controverses. Aussi l’habileté de l’étudiant-e sera évaluée à l’aune de sa capacité à situer son objet dans la discussion scientifique et à référencer une bibliographie. Dans ce cadre, ces treize conseils pour le mémoire de Master proposent une série de méthodes pour écrire et organiser son mémoire. 5 1er conseil écrivez ! organisez vous ! positionnez vous ! N’ayez pas peur d’écrire. Oubliez vos expériences dans le secondaire et votre inexpérience dans l’enseignement supérieur, oubliez la peur de l’erreur ou de la page blanche. Pour surmonter les angoisses qui gagnent tout nouvel auteur, une seule façon de faire : écrire et réécrire, raturer et illustrer, décrire et poser des questions. En effet, l’écriture permet non seulement d’ordonner les idées, mais elle les force à apparaître et à s’imposer. Elle donne sens à la description d’une image ou d’un dessin et donne de la force de conviction à celui qui écrit. Seule cette introspection intellectuelle lui permet d’organiser et de comprendre ses prises de position aux contours bien souvent trop imprécis à l’oral. Comme l’apprennent souvent nos étudiants architectes : l’architecture n’est pas étrangère à l’écriture. Bien plus : l’architecture est écriture. Elle écrit l’espace qu’elle transforme, réorganise, compose ou crée. Elle ordonne les structures, répartit les charges et calcule les dimensionnements. Elle décrit, enserre, détermine les usages, les appropriations, les recompositions des tissus urbains, les polarités, les significations et les cultures. Elle norme et modélise les représentations dessinées ou celles réalisées grâce à l’outil numérique. Ainsi, le mémoire exige l’acquisition d’une méthode de travail. Sa réalisation constitue une étape essentielle dans le parcours de formation intellectuelle de l’étudiant. C’est un moment privilégié où il prend la parole pour affirmer une pensée personnelle et lui donner une forme palpable. Le mémoire n’est donc ni une “ super-dissertation ” ni un ensemble de lieux communs ou de propos approximatifs, ni une suite un peu plus élaborée au rapport de licence. Le mémoire n’est pas une question de cours où vous vous contentez de répéter des exposés entendus dans vos cours ou à l’extérieur. L’apport personnel, ce que vous ajoutez à la connaissance générale, est primordial. Vous allez écrire en faisant preuve d’originalité. Autant de raisons d’éviter le plagiat. C’est votre travail et non la duplication de positions d’autres qui en fait l’intérêt. Finalement, la clé est votre capacité à rendre votre pensée communicable, compréhensible, intelligible par votre lecteur. Le mémoire est donc à la fois :  L’occasion de trouver une cohérence à sa pensée, à ses positions morales ou éthiques, à ses choix dans le métier,  Une occasion pour s’initier réellement, et souvent pour la première fois, à la recherche et ce de manière individuelle et approfondie Un tel travail ne s’improvise donc pas. Le mémoire s’organise sérieusement, comme un projet, il est toujours tendu vers l’avenir et impose d’adopter une stratégie, c’est-à-dire une gestion des temps et des espaces par un choix de priorités. Il suppose l’acquisition d’outils techniques, de passer par des méthodes éprouvées que l’on peut cependant subvertir ou révolutionner (pourquoi pas ?). En École d’architecture, même si l’objet est spécifique, les méthodes de rédaction, d’argumentation, de construction de l’objet d’étude, de collecte de données, d’écriture sont très clairement similaires à l’ensemble des disciplines scientifiques. 6 En premier lieu, laissez-vous guider par vos pôles d’intérêt personnel, vos connaissances antérieures, ou des opportunités pratiques. Il faut que ce sujet excite votre curiosité, votre envie d’en savoir plus, qu’il ait un sens pour vous. Plus vous êtes intéressé(e) par votre sujet, plus vous serez susceptible d’intéresser votre tuteur, vos lecteurs et donc votre jury. Si nous vous invitons vivement à vous positionner personnellement, nous vous mettons aussi en garde vis-à-vis des sujets un peu trop à la mode ou dont les catégories sont insufflées par les médias (par exemple la « violence urbaine »). Cependant, il n’est pas interdit de retenir un sujet d’actualité ou typiquement journalistique (les tours les plus hautes, le “malaise des banlieues” , l’architecture durable, le bâti haussmannien, par exemple). Toutefois, n’oubliez jamais qu’il convient toujours de traiter ces thèmes de manière personnelle, fouillée et objective, en définissant un “terrain” , une problématique et une méthode, c’est-à-dire un objet d’étude. De même, si un sujet a déjà été traité par un de vos prédécesseurs, dans une thèse, un autre mémoire ou ailleurs, rien n’interdit de le remettre sur le chantier, à condition que vous apportiez une plus-value personnelle sur le sujet grâce à un nouveau terrain, une nouvelle manière de traiter de la question ou encore une nouvelle problématique. En École d’architecture, l’objectif du mémoire n’est pas seulement de prouver que vous avez une connaissance de votre sujet. Il est aussi de faire la preuve que vous maîtrisez les outils théoriques, méthodologiques et techniques qui vous permettront d’exposer vos choix architecturaux et l’originalité de votre point de vue. Pour autant, le mémoire n’est pas un prolongement du projet même s’il peut être sur le thème ou sur le même terrain. En effet :  le mémoire nécessite une capacité de critique et de distanciation par rapport à l’objet et aux théories. Il ne peut en aucune façon être une proposition unique, aussi positive qu’elle soit, défendue comme au tribunal, mais un examen nuancé, à des échelles plus larges, dans un temps plus long, à des couches de profondeur différentes ;  il impose souvent d’envisager des scénarios alternatifs. Il nous oblige à évaluer chaque scénario par ses aspects positifs, mais aussi par ses points de faiblesse.  son but est uniquement et exclusivement d’augmenter la connaissance. 7 LES ÉTAPES SEMAINE PAR SEMAINE (GÉNÉRALEMENT LE MÉMOIRE EN ARCHITECTURE EST CONTRAINT PAR UN TEMPS D’ÉLABORATION COURT DANS LA PLUPART DES ÉCOLES)  Semaine 1 Trouver un thème qui vous intéresse.  Semaine 2 Choisir son sujet, choisir son directeur de mémoire, commencer le carnet de notes (voir : du bon usage du directeur de mémoire) établir un rétroplanning.  Semaines 3 et 4 Faire l’état de la question, commencer à établir sa bibliographie : pour écrire, il faut lire, promener son regard et son oreille, uploads/Litterature/ 13-conseils-master-calameo.pdf

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