ROUDH EL-KARTAS HISTOIRE DES SOUVERAINS DU MAGHREB (ESPAGNE ET MAROC) ET ANNALE

ROUDH EL-KARTAS HISTOIRE DES SOUVERAINS DU MAGHREB (ESPAGNE ET MAROC) ET ANNALES DE LA VILLE DE FEZ TRADUIT DE L’ARABE PAR A. BEAUMIER, AGENT VICE-CONSUL DE FRANCE À RABAT ET SALÉ (MAROC) CHEVALIER DE LA LÉGION D’HONNEUR,, ETC. PUBLIÉ SOUS LES .AUSPICES DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES. PARIS IMPRIMÉ PAR AUTORISATION DU GARDE D ES SCEAUX À L’IMPRIMERIE IMPÉRIALE. MDCCCLX Livre numérisé en mode texte par : Alain Spenatto. 1, rue du Puy Griou. 15000 AURILLAC. D’autres livres peuvent être consultés ou téléchargés sur le site : http://www.algerie-ancienne.com Ce site est consacré à l’histoire de l’Algérie. Il propose des livres anciens (du 14e au 20e siècle) à télécharger gratuite- ment ou à lire sur place. ROUDH EL-KARTAS HISTOIRE DES SOUVERAINS DU MAGHREB (ESPAGNE ET MAROC) ET ANNALES DE LA VILLE DE FEZ TRADUIT DE L’ARABE PAR A. BEAUMIER, AGENT VICE-CONSUL DE FRANCE À RABAT ET SALÉ (MAROC) CHEVALIER DE LA LÉGION D’HONNEUR,, ETC. PUBLIÉ SOUS LES .AUSPICES DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES. PARIS IMPRIMÉ PAR AUTORISATION DU GARDE D ES SCEAUX À L’IMPRIMERIE IMPÉRIALE. MDCCCLX Page 4 AVERTISSEMENT Roudh el-Kartas, le Jardin des feuillets, écrit à 1a cour de Fès, en 1326, sur les livres et les documents les plus authentiques de l’époque, par l’imam Abou Mohammed Salah ben Abd el-Halim, de Grenade, nous éclaire sur Cinq siècles et demi de l’histoire d’Occident, durant lesquels cinq dynasties et quarante-huit émirs se sont succédés sur le trône de Fès et de Maroc. Chacune de ces dynasties a eu sa capitale de prédilection et sa nécropole, où les tombeaux des anciens souverains sont aujourd’hui encore vénérés comme des lieux saints ; chacune a laissé des monuments que l’on peut dire impérissables. L’auteur commence son récit à la fuite d’Edriss, cinquième des- cendant d’Ali, gendre du Prophète, qui, en l’an 788 de Jésus-Christ, chassé de l’Arabie, arrive dans le Maroc, y propage l’Islamisme, bâtit Fès et l’onde la dynastie des Edrissites, qui règnent pendant, deux cents ans. Les Zenèta enlèvent le pouvoir aux descendants d’Ali, se décla- rent. Indépendants des Ommiades, maîtres de l’Espagne, et, ne pouvant asseoir leur gouvernement à Fès (la turbulente), fondent Oudjda, où ils maintiennent pendant quatre-vingts ans le siège de leur puissance. Les Almaoravides, s’élançant du Sahara occidental, parviennent à renverser les Zenètas fondent Maroc, leur capitale, et pénètrent en Espagne à la suite de :la sanglante bataille de Zalaca (1086 de J. -C.). Ils règnent simultanément à Maroc et à Cordoue pendant soixante et dix-huit ans, avec le titre de Princes des Croyants, que les sultans du Maroc ont conservé depuis lors. En l’an 1140 de Jésus-Christ, les Almohades, surgis de Tywmâl, ville de l’Atlas (Daren), arrachent aux Almoravides Maroc, Fès, tout le nord de l’Afrique jusqu’à Barka et la plus grande partie de l’Espagne ; ils élèvent à son apogée la puissance musulmane en Occident (bataille d’Al’arcos, 1196 (le J.-C.), et marquent, par leur désastre d’Hisn el- Oukab (Las Navas de Tolosa, 1212 de J. C.), la première heure de sa décadence. Pendant, un règne de cent trente ans, les Almohades édifi ent Gibraltar ; les quais, la kasbah, les fortifi cations, l’aqueduc, la kasbah II AVERTISSEMENT et l’aqueduc de Fès; la kasbah, l’aqueduc et la grande tour de Maroc, la ville de Rabat et la tour de Hassan; Ies fortifi cations d’Oudjda, de Mezemma et de Badès dans le Rif. Enfi n les Beny Meryn, anciens Arabes d’Orient, confondus avec les Berbères de la lisière du Sahara, arrivent pour saisir et perdre pair; à peu l’héritage en lambeaux des Almohadess, dont ils ne, conservent que la partie comprise entre la Moulouïa et l’Atlantique, la côte du Rif et le Désert, c’est-à-dire le Maroc tel qu’il est encore aujourd’hui. Les Beny Meryn édifi ent successivement les nouvelles villes d’Algéziras el-Djedid, Fès el-Djedid, Tlemcen el-Djedid et Oudjda, qu’ils avaient rasée au commencement de leur domination. C’est sous le règne du neuvième souverain de cette dynastie des Beny Meryn qu’a vécu l’imam Abd el-Halîm ; c’est à cette époque (1326 de J. C.) que s’arrête son histoire. Roudh el-Kartas contient, en outre, les dates et quelquefois les descriptions des phénomènes célestes et des fl éaux qui ont épouvanté ou frappé l’humanité durant cette longue période de plus de cinq siè- cles. Il donne les titres de certains ouvrages et les noms de divers personnagess de l’époque, auteurs, médecins, légistes et autres, et ces notes ne peuvent que faciliter les nouvelles recherches que l’on pour- rait faire, dés à présent, dans les bibliothèques de Séville et de Cordoue, et qui se feront sans doute un jour dans celles, de Fès, où l’auteur du Kartas nous dit que treize charges de manuscrits ont été déposées, en 684 (1285 J. C.), par l’émir Youssef, qui les avait arrachés au roi de Séville, Sancho, fi ls d’Alphonse X. Roudh el-Kartas, en nous faisant suivre la marche des armées dans toutes les directions de l’empire maghrebin, nous donne encore de précieux renseignements sur la topographie du Maroc. Le Maroc ! étrange phénomène politique qui, en regard des côtes de l’Europe et limitrophe de l’Algérie, est resté Jusqu’à ce jour end dehors des inves- tigations des savants, des voyageurs et du courant, de la civilisation ! Écrit par un Musulman et pour des Musulmans, ce livre dévoile, enfi n, le caractère immuable de cette loi Intolérante qui peut toujours, d’un moment à l’autre, reproduire ces excès de fanatisme sanglant qui viennent, une fois encore, de faire frémir tout le monde chrétien ! de cette religion du fatalisme qui paralyse seule l’intelligence incontesta- ble et la bonne nature de l’Arabe africain ! Aussi, au risque de sacri- fi er quelquefois l’élégance du style à l’exactitude de la traduction, nous III AVERTISSEMENT sommes-nous appliqué à reproduire en français le texte arabe de l’imam Abd el-Halim dans toute son originalité, et mot à mot, pour ainsi dire. En lisant cet ouvrage, quiconque a des rapports avec, les Musulmans reconnaîtra que les Arabes de nos jours pensent, agissent et écrivent comme pensaient, agissaient et écrivaient les Arabes du Roudh el-Kar- tas, il y a mille ans, et ce sera, entre autres enseignements, une obser- vation pleine de conséquences. «J’ai pu,» écrivait dernièrement un juge très compétent, M. Léon Roches, dans un rapport, offi ciel sur la traduction de Roudh el-Kartas, «j’ai pu comparer la correspondance des émirs entre eux, il y a huit cents ans, et celle des émirs avec les princes chrétiens ; il me semblait lire les lettres que l’empereur du Maroc adressait, en 1844, à son fi ls et au maréchal Bugeaud, et qui ont été trouvées à la bataille d’Isly…» En publiant notre traduction de Roudh el-Kartas, nous n’avons pas la .prétention d’offrir une œuvre inconnue à la science ; les savants orientalistes ont pu, depuis longtemps, trouver dans les différentes bibliothèques de Paris, d’Upsal, de Wiborg, de Leyde et d’Oxford, des exemplaires arabes plus ou moins complets de cet intéressant ouvrage, sur lesquels M. C. J. de Tornberg a fait sa remarquable traduction latine publiée à Upsal, en 1846, aux frais du gouvernement suédois. M. de Tornberg a placé, au commencement de son volume, un savant examen critique de ces divers manuscrits arabes, dont pas un seul exemplaire ne possède, d’après lui, un texte correct, et dont plu- sieurs seraient même singulièrement tronqués ou altérés. Notre traduction a été faite sur deux manuscrits arabes, les seuls que nous ayons pu nous procurer durant, quinze années de recherches en Afrique. Le premier est une copie textuelle d’un très-ancien manus- crit (l’original peut-être), déposé dans la grande mosquée de la ville de Maroc, faite par un thaleb que nous envoyâmes, à cet effet, pendant notre séjour à Mogador ; il porte la date de Maroc, an 1263 (1846 de J. C.). Le second a été trouvé par nous quelques années plus tard, à Tunis, et porte la date de Fès, an 1100 (1688 de J. C.). Les orientalistes pour- ront consulter ce dernier exemplaire, qui est très net et très complet, à la Bibliothèque impériale de Paris, à laquelle nous mous proposons d’en faire hommage aussitôt après la publication de notre traduction.(1) _______________ 1 Nous nous proposons également d’offrir à la bibliothèque de Marseille IV AVERTISSEMENT. Dans son examen critique, M. de Tornberg discute également la valeur des différentes traductions du Kartas, qui ont été tentées à plu- sieurs époques. La première, qui existe à la Bibliothèque impériale de Paris, est un manuscrit français, autographié de Pétis, de la Croix, «ter- miné le 28 novembre 1693.» Une copie en a été donnée à la bibliothè- que d’Upsal ; «il est, dit M. de Tornberg, comme l’ébauche d’un livre. C’est plutôt une espèce de paraphrase qu’une traduction fi dèle, moins en rapport avec les termes qu’avec le, sens, du texte.» Vient ensuite une traduction en allemand (Agram, 1794) de F. Dombay : «Il s’en faut de beaucoup, dit le savant suédois, que le livre de Dombay soit la tra- duction fi dèle de l’ouvrage de l’auteur ; on peut, à bon droit, ne la considérer que uploads/Litterature/ 1860-histoire-des-souverains-du-maghreb-beaumier.pdf

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