Français - 1 - 1ère Sujet 113 (1ère partie) Enoncé du devoir __________________

Français - 1 - 1ère Sujet 113 (1ère partie) Enoncé du devoir ________________________________________________ Corpus « L’inquisition littéraire » Document A : Voltaire, Lettre à un premier commis, 20 juin 1733, publiée en 1746. Document B : Voltaire, De l’horrible danger de la lecture, 1765. Document C : Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, Acte V, scène 3, 1784. Document D : André Gill, « Censure (Anastasie) », L’Éclipse, 19 juillet 1874. Document E : André Gill, Anastasie, allégorie de la censure. Questions (4 points) 1) Quel est le débat commun à tous ces documents ? Relevez et commentez le champ lexical qui se rapporte au thème traité. Choisissez dans chacun des textes la phrase qui vous semble la plus significative à cet égard ? Justifiez votre réponse. (2 points) 2) Quel est le registre de chacun de ces documents (y compris l’iconographie) ? Lequel se distingue tout particulièrement des autres à cet égard ? Justifiez votre réponse. (2 points) Écriture (16 points) Vous traiterez au choix l’un des trois sujets suivants. • Commentaire Vous ferez le commentaire de l’extrait du Mariage de Figaro (document C). • Dissertation Quel vous semble être le registre le plus efficace pour défendre une cause humaine ou dénoncer une injustice ? Vous appuierez votre réponse sur les textes du corpus mais aussi sur vos connaissances personnelles. • Invention Lors d’une émission télévisée : « Quel contrôle sur les programmes télévisés, les films et les sites Internet ? », deux participants s’affrontent : l’un réclame une liberté totale, l’autre souhaite la création d’un comité chargé de contrôler les productions pour éviter les dérives. Ils échangent leurs arguments qu’ils appuient sur des exemples précis. Retranscrivez leur dialogue. Document A : Voltaire, Lettre à un premier commis, 20 juin 1733, publiée en 1746. Voltaire écrit au « premier commis », haut fonctionnaire chargé de contrôler et de surveiller la réglementation sur la diffusion des livres. Il s’agit en fait d’une lettre ouverte… Français - 2 - 1ère Sujet 113 5 10 15 20 Puisque vous êtes, monsieur, à portée de rendre service aux belles-lettres, ne rognez pas de si près les ailes à nos écrivains, et ne faites pas des volailles de basse-cour de ceux qui, en prenant l’essor, pourraient devenir des aigles : une liberté honnête élève l’esprit, et l’esclavage le fait ramper. S’il y avait eu une inquisition littéraire à Rome, nous n’aurions aujourd’hui ni Horace, ni Juvénal, ni les œuvres philosophiques de Cicéron1… Si Milton, Dryden, Pope et Locke2 n’avaient pas été libres, l’Angleterre n’aurait eu ni des poètes, ni des philosophes : il y a je ne sais quoi de turc à proscrire l’imprimerie, et c’est la proscrire que la trop gêner. Contentez-vous de réprimer sévèrement les libelles diffamatoires3, parce que ce sont des crimes ; mais tandis qu’on débite hardiment des recueils de ces infâmes calottes4, et tant d’autres productions qui méritent l’horreur et le mépris, souffrez au moins que Bayle5 entre en France et que celui qui fait tant d’honneur à sa patrie n’y soit pas de contrebande. Vous me dites que les magistrats qui régissent la douane6 de la littérature se plaignent qu’il y a trop de livres. C’est comme si le prévôt des marchands se plaignait qu’il y eût à Paris trop de denrées : en achète qui veut. Une immense bibliothèque ressemble à la ville de Paris, dans laquelle il y a près de huit cent mille hommes : vous ne vivez pas avec tout ce chaos : vous y choisissez quelque société, et vous en changez. On traite les livres de même : on prend quelques amis dans la foule. Il y aura sept ou huit mille controversistes, quinze ou seize mille romans, que vous ne lirez point ; une foule de feuilles périodiques que vous jetterez au feu après les avoir lues. L’homme de goût ne lit que le bon, mais l’homme d’État permet le bon et le mauvais. Voltaire, 20 juin 1733, lettre publiée en 1746. ____________________ 1. Cicéron : écrivain de l’Antiquité romaine. 2. Milton, Dryden, Pope et Locke : écrivains anglais. 3. Libelles diffamatoires : petits ouvrages qui calomnient. 4. Calottes : pamphlets médiocres à tonalité burlesque. 5. Bayle : écrivain et philosophe du XVIIIe siècle. 6. La douane : la censure. Document B : Voltaire, De l’horrible danger de la lecture, 1765. Sous l’Ancien Régime, de nombreux auteurs sont victimes de la censure. Voltaire s’attaque à elle dans un texte plein d’ironie. 5 10 15 Nous Joussouf-Chéribi, par la grâce de Dieu mouphti1 du Saint-Empire ottoman2, lumière des lumières, élu entre les élus, à tous les fidèles qui ces présentes verront, sottise et bénédiction. Comme ainsi soit que Saïd Effendi, ci-devant ambassadeur de la Sublime-Porte3 vers un petit État nommé Frankrom, situé entre l’Espagne et l’Italie, a rapporté parmi nous le pernicieux usage de l’imprimerie, ayant consulté sur cette nouveauté nos vénérables frères les cadis et imans4 de la ville impériale de Stamboul, et surtout les fakirs connus par leur zèle contre l’esprit, il a semblé bon à Mahomet et à nous de condamner, proscrire, anathématiser5 ladite infernale invention de l’imprimerie, pour les causes ci-dessous énoncées. 1) Cette facilité de communiquer ses pensées tend évidemment à dissiper l’ignorance, qui est la gardienne et la sauvegarde des États bien policés6. 2) Il est à craindre que, parmi les livres apportés d’Occident, il ne s’en trouve quelques- uns sur l’agriculture et sur les moyens de perfectionner les arts mécaniques, lesquels ouvrages pourraient à la longue, ce qu’à Dieu ne plaise, réveiller le génie7 de nos cultivateurs et de nos manufacturiers, exciter leur industrie8, augmenter leurs richesses, et leur inspirer un jour quelque élévation d’âme, quelque amour du bien public, sentiments absolument opposés à la sainte doctrine. Français - 3 - 1ère Sujet 113 20 25 30 35 40 45 3) Il arriverait à la fin que nous aurions des livres d’histoire dégagés du merveilleux qui entretient la nation dans une heureuse stupidité. On aurait dans ces livres l’imprudence de rendre justice aux bonnes et aux mauvaises actions, et de recommander l’équité et l’amour de la patrie, ce qui est visiblement contraire aux droits de notre place. 4) Il se pourrait, dans la suite des temps, que de misérables philosophes, sous le prétexte spécieux, mais punissable, d’éclairer les hommes et de les rendre meilleurs, viendraient nous enseigner des vertus dangereuses dont le peuple ne doit jamais avoir de connaissance. 5) Ils pourraient, en augmentant le respect qu’ils ont pour Dieu, et en imprimant scandaleusement qu’il remplit tout de sa présence, diminuer le nombre des pèlerins de la Mecque, au grand détriment du salut des âmes. 6) Il arriverait sans doute qu’à force de lire les auteurs occidentaux qui ont traité des maladies contagieuses, et de la manière de les prévenir, nous serions assez malheureux pour nous garantir de la peste, ce qui serait un attentat énorme contre les ordres de la Providence9. À ces causes et autres, pour l’édification des fidèles et pour le bien de leurs âmes, nous leur défendons de jamais lire aucun livre, sous peine de damnation éternelle. Et, de peur que la tentation diabolique ne leur prenne de s’instruire, nous défendons aux pères et aux mères d’enseigner à lire à leurs enfants. Et, pour prévenir toute contravention à notre ordonnance, nous leur défendons expressément de penser, sous les mêmes peines ; enjoignons à tous les vrais croyants de dénoncer à notre officialité10 quiconque aurait prononcé quatre phrases liées ensemble, desquelles on pourrait inférer un sens clair et net. Ordonnons que dans toutes les conversations on ait à se servir de termes qui ne signifient rien, selon l’ancien usage de la Sublime-Porte. Et pour empêcher qu’il n’entre quelque pensée en contrebande dans la sacrée ville impériale, commettons spécialement le premier médecin de Sa Hautesse, né dans un marais de l’Occident septentrional ; lequel médecin, ayant déjà tué quatre personnes augustes de la famille ottomane, est intéressé plus que personne à prévenir toute introduction de connaissances dans le pays ; lui donnons pouvoir, par ces présentes, de faire saisir toute idée qui se présenterait par écrit ou de bouche aux portes de la ville, et nous amener ladite idée pieds et poings liés, pour lui être infligé par nous tel châtiment qu’il nous plaira. Donné dans notre palais de la stupidité, le 7 de la lune de Muharem, l’an 1143 de l’hégire. ____________________ 1. Mouphti : dignitaire religieux de l’islam. 2. Ottoman : turc. 3. Sublime-Porte : nom du gouvernement turc. 4. Cadis, imans : magistrats et fonctionnaires musulmans. 5. Anathématiser : chasser de l’Église. 6. Policés : civilisés et socialement organisés. 7. Génie : bienveillance. 8. Industrie : activité. 9. Providence : sage gouvernement de Dieu sur la création. 10. Officialité : tribunal. Document C : Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, acte V, scène 3, 1784. Figaro est un valet qui a eu une singulière destinée et à qui la société a rendu la tâche malaisée. Il fait ici le bilan de sa vie. 5 Las d’attirer des bêtes malades1 et pour faire un uploads/Litterature/ 1ere-francais113.pdf

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