www.comptoirlitteraire.com André Durand présente Thomas Lanier Williams dit Ten

www.comptoirlitteraire.com André Durand présente Thomas Lanier Williams dit Tennessee WILLIAMS (États-Unis) (1911-1983) Au fil de sa biographie s’inscrivent ses œuvres qui sont résumées et commentées (surtout ‘’La ménagerie de verre’’, ‘’Un tramway nommé Désir’’ et ‘’La chatte sur un toit brûlant’’). Bonne lecture ! 1 Né le 26 mars 1911, à Columbus dans l'État du Mississippi, il fut élevé dans l'atmosphère de dégradation d'une classe sociale ruinée par le dynamisme affairiste des gens du Nord. Il grandit à Saint Louis, dans un quartier pauvre, dans le presbytère de son grand-père, qui était pasteur, par une mère, rigide et peu compréhensive, qui le couva mais lui donna une éducation religieuse assez stricte. Il haïssait et mythifiait à la fois son père, qui était alcoolique, avait un caractère brutal, une conception très abrupte de la virilité, mais que ses obligations professionnelles de commis voyageur éloignaient la plupart du temps, avant qu’il soit nommé directeur à Saint-Louis. Sa soeur, Rose, pour laquelle il éprouvait une immense tendresse, souffrait de troubles psychologiques graves puis sombra dans la schizophrénie après avoir subi une lobotomie. Lui aussi manifesta des troubles nerveux lorsqu'il comprit que «le processus de la pensée est un mystère terrifiant et complexe dans la vie d'un homme». Souffreteux et devenu solitaire, il intériorisa ses émotions, se réfugia dans la lecture de Dostoïevski, Tchekhov, Eugène O’Neill, D.H. Lawrence, et dans l’écriture. En 1927, à l'âge de seize ans, il put faire publier dans un journal une première nouvelle : _________________________________________________________________________________ “The vengeance of Nicrotis” “La vengeance de Nicrôtis” Nouvelle de 10 pages Dans l'Égypte ancienne, le pharaon est victime de la colère de la foule excitée par les prêtres parce qu'il a commis le sacrilège de laisser fermé cinq jours le temple d'Osiris qui avait emporté un pont qu'il avait construit sur le Nil. Sa sœur, Nicrotis, lui succède et fait construire un temple au bord du fleuve où elle invite tous les nobles et les prêtres qui ont massacré son frère et à qui elle offre un banquet dans une cave dont, après s'être retirée, elle fait fermer la dalle, et qu'elle noie dans les eaux, avant de se suicider. _________________________________________________________________________________ En 1929, Thomas Lanier Williams fut admis à l'université du Missouri, mais ne put continuer ses études par un manque d’argent dû au krach économique. À l’université, il prit conscience de ses tendances homosexuelles. Tout au long de sa vie, il allait souffrir du refus par la société de cette orientation sexuelle. À la suite d’une dépression nerveuse, il se réfugia chez ses grands-parents à Memphis, au Tennessee, et, en manière d’hommage, prit son pseudonyme. De retour à Saint-Louis, il travailla avec la troupe des “Mummers”, et s’inscrivit au cours d’écriture dramatique de l’université d’Iowa. Il en sortit diplômé en 1938. _________________________________________________________________________________ ‘’Portrait of a girl in glass’’ “Portrait d'une jeune fille en verre” Nouvelle de 8 pages Le narrateur, poète travaillant dans un entrepôt, vivait à Saint-Louis avec sa mère, une femme sévère, et sa sœur, Laura, qui ne put jamais se résoudre à entrer dans un institut commercial, passant son temps à contempler ses bibelots de verre, à écouter des disques et à relire toujours le même livre. Elle avait vingt-trois ans, et la mère, songeant à la marier, demanda à son fils d'inviter un collègue, garçon très cordial qui la fit danser mais révéla qu'il allait lui-même se marier. 2 Analyse Intérêt de l'action Le sujet de cette nouvelle psychologique, qui se retrouva dans la pièce de théâtre “La ménagerie de verre”, est en quelque sorte autobiographique, et ainsi se justifie le point de vue subjectif qui est celui du frère (Thomas était le véritable prénom de Tennessee Williams). Le déroulement se fait en quatre étapes : l'indication de l'incapacité de Laura à vivre dans la société et du fiasco significatif qu'elle a déjà connu, la volonté de sa mère de la faire sortir de sa claustration en lui faisant rencontrer un homme sans tenir compte de son état, la rencontre avec Jim qui semble d'abord se dérouler de façon inespérée puis le froid jeté par ce nom de «Betty» qui a été introduit subrepticement, enfin la cruelle désillusion qui prouve le manque de réalisme de toute cette famille de paumés et la fuite du narrateur. Le découpage se fait en trois parties, la deuxième étant très courte. La chronologie est linéaire, le point de vue subjectif, la focalisation sur la sœur. Intérêt littéraire Le lexique n'est populaire que chez Jim («en suer une avec moi» - «lâcher le morceau») et rien que cette disparité devrait dissuader la mère de penser que sa fille puisse s'accorder avec un tel homme. L'auteur est un poète, son texte est riche en figures de style : - Comparaisons : sa sœur, qui est d'abord, selon le titre «une jeune fille de verre», une analogie étant ainsi établie entre elle et les bibelots dont elle fait collection, «se tenait au bord de l'eau, comme si elle savait d'avance que l'eau est trop froide pour y tremper le pied, comme un échassier au mélancolique plumage, les pétales de son esprit repliés par la peur» ; sa chambre est «un sanctuaire» ; les touches du piano sont «comme une volée d'oiseaux éblouis» ; la cour est appelée «la vallée de la mort» ; le narrateur parle de «la souricière qui me tenait lieu de chambre» ; il se reproche de «mener deux chevaux à la fois» ; considéré comme un cinglé, on lui sourit «comme on sourit à un chien un peu bizarre et qui garde les pattes à distance» ; il va «s'enfoncer dans des villes comme dans des feuilles mortes, amollir sa carapace de dureté», connaître une «nuit que sa sœur habite» ; Jim, «Irlandais à tête d'agneau», qui a «le visage frotté et poli d'une vieille chinoiserie», dont les mains brûlaient «comme des assiettes sorties du four» ; la situation est «un vrai supplice» mais s'allège «comme un rayon de soleil qui dissipa la gêne où nous nous engluions» ; - Oxymoron : «stupéfaction heureuse et absurde». Intérêt documentaire Il tient au tableau de la décadence sociale de cette famille, à ses difficultés financières qui sont dues au départ du père ou qui l'ont provoqué et qui sont prouvées par l'environnement où se trouve l'appartement, par les emplois de Tom, par la nécessité pas vraiment absolue qu'aurait Laura de travailler; la différence qui existe entre Tom et ses compagnons de travail. Intérêt psychologique La mère est caractérisée par son «incroyable inconscience». Tom se livre dès le début à une introspection, quitte ces deux femmes névrosées, comme l'avait fait son père avant, se durcit, bien que «sa carapace de dureté» parfois s'amollisse. Laura présente le cas le plus grave et le plus énigmatique (est-elle réellement folle ou a-t-elle une secrète sagesse, elle qui reste «dans un état de calme hypnotique», qui est quasiment schizophrène?), le plus pathétique: elle a peur de la vie, elle veut rester en retrait (d'où «son drôle de petit sourire heureux» quand elle a la grippe), elle est très sensible (à la tragédie des chats tués dans la cour), elle se réfugie dans le souvenir (sa passion pour les bibelots de verre, pour les disques de son père, pour le livre relu avec le personnage duquel elle communie ). 3 Intérêt philosophique Réflexion sociale sur la destruction des familles par la perte du statut social (ces gens sont des déclassés qui voudraient, surtout les enfants, surtout Laura évidemment, vivre comme ils vivaient auparavant, avant que le père ne les quitte pour échapper certainement au poids de leur entretien), disparité entre la difficulté de vivre et le plaisir de vivre, refuge dans l'illusion et la difficulté de communication. _________________________________________________________________________________ ‘’The beaded bag’’ “Un sac de dame en perles” Nouvelle de 3 pages Un homme timide, chiffonnier depuis quinze ans, espère trouver un objet de grande valeur et découvre un sac de dame en perles qui contient beaucoup d'argent. Il rêve à ce qu'il va pouvoir s'offrir mais il voit que le chauffeur de la maison est auprès de la poubelle et, craignant d'être poursuivi, il remet le sac à la femme de chambre qui, ne voulant pas être accusée de négligence, le signale simplement à sa patronne. Celle-ci dépense tout l'argent pour un manteau qui, tout de suite, lui déplaît. _________________________________________________________________________________ “Something by Tolstoi” “Dans Tolstoï, je pense” Nouvelle de 8 pages Jacob Brodsky, un timide juif russe qui tient la librairie de son père, a épousé son amie d’enfance, Lila, une Française, qui avait de plus grandes ambitions, qui trouva bientôt étouffante la vie avec lui et partit connaître une carrière artistique. Abasourdi mais sûr qu'elle reviendrait, il lui laissa la clé du magasin et, incapable de dominer son chagrin, passa tout son temps à lire. Or, quinze ans plus tard, elle revint. Mais il ne la reconnut pas. Aussi prétendit-elle vouloir un livre dont elle ne connaissait pas l'auteur et dont elle lui raconta l'histoire, leur histoire. «J’ai lu ça dans Tolstoï, je pense», commenta-t- il, et elle uploads/Litterature/ 23-williams-tennessee.pdf

  • 25
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager