LA CONTROVERSE DE L' APOST()UCITI~ ilES f:GLlSrs BE FIL\~CE AU XIXc SIl~CLE PAR
LA CONTROVERSE DE L' APOST()UCITI~ ilES f:GLlSrs BE FIL\~CE AU XIXc SIl~CLE PAR ALBERT HOUTIN TROISIÈME ÉDITION HI:'"I:i: El' :\l·/;.\IE~Tf:T. 6\~~ PARIS ALPHONSE PICARD & FILS ~'.!I RCE nO~.·\r.\HTt::f 8"1 1903 DU ~I1~:~IF A UTI~CR Les Origines de l'Église d'Angers. - La Légende de saint René. - LaY;i1, :\. (;oupil. 1l0YClllhl'cl!lOI. Ill-S'. ïG pp. l'I':x : ~ II'. hUH:S n'1I1STOlllE ECCU::SI.\STJ(~UE sun LE XIX" sli':CLI: Dom Couturier, abbé de Solesmes. - Angers, Cl~l'm;IiIl cl G. Grassin, l'UC du COl'llcl. In-1S, 3~1 pp., ;IYCC pOl'trail. - Prix: 3 fI'. Le Petit Séminaire Mong<lzon. Essai puhlié dans la Se/llai/II' religieuse du diaci'se d'..ln(Jcrs ÙC janyicr il noycrnbre 1900. Un demier Gallican. Henri Bernier, chanoine d'Angers. Essai pub1i\) dan,; la lier·uc de l'Anja·u de Iloycmbrc '1~!)S il fl'Hier lPOl. - :lG4 pp. - Lc tirage :l part n'cst pa., dctn,; le Cùmmel'Cc. Lettre il dom Chamard sur un dernier Gallican. - ::;;; aot'tt '1901. - Chcz l'auteur. In-S', 2G pp. - Prix: 1 fr. La Question Biblique chez les catholiques de France au XIX· siècle. - Deuxièmc l'dition, rCYlie ct augmcnt0e. - Paris, Picard, noycmbrc 1802, in-S', ly-3ïS pp. Prix: 4. fr. o LA CONTROVERSE DE L'APOST(}UCITI~ nE~ f:GLlSES BE FIL\\CE AU XIXc SI~;CLE PAR ALBERT HOUTIN TROISd::ME ÉDITION Hl:\'tï: 1:'1' ;\l"I'.\ll:."\Ti:T: 6\~j~~ ,.~~~..., PAfiIS ALPHONSE prCARD & FILS ::;'~, rU;I~ nO:'\AP.\I\Tl::, 82 1903 Il (aut énergiquement s'effol'cel' de l'éfi/ter les mensonges ct les faussetés, Cil reCOlll'ant aU.r: SOli l'ces; ayant sUl'toat jJl'ésent (( l'esprit « qIle la fJl'e/l/i(:l'e lo': de l'histoil'e est de ne pas oser mcntll'; la seconde, de ne pas craindre de d':re l'l'ai; Cil Oli/I'C, qlle l' histOl'ien Ile fJl'êle ail soupçon IIi de flatterie ni d'animosùé )J. Lcttl'e de Ll~O:" XIII SUI' /'lI i:;/oil'c, 18 août 1883. INSTITUT CATl-IOLtQUE DE PARIS LA CONTROVERSE ilE L'APOSTOLICITÉ DES ÉGLISES DE FRANCE ,\U XI\" srkCLE On grand progrès intellectuel, toujours lent, est genàalemcnt nécessaire pOllr faire admettre aux inll'~rcsses une vérite historique qui les dépouille de légendes flalteuses. Ils ne sacrifient qu'avec peine de glorieuses traditions, surtout quand elles les ont Lercés. Ils n'aiment point à discutee les moLiles de ceux fJui les leur transmirent ou de ceux fJui les creèrent. Le Lesoin de tout expliquer, la crédulité avec laquelle se répète lu version reçue, la facilité de rendre vrai, en le croyant, l'objet de ses désirs, font accepter naturellement les récits teuditionnels. Les premiers critiques de toutes les nations passent pOUl' des impies et des malfaiteurs; et même ceux qui, dans le fond, leur donnent raison, l'estent sou- vent sous le charme des croyances explifJuées et Ô L\ CO::\TROVERSE DE L'.~ POSTOLICITÉ DES ÉGLISES démolies. On répète volontiers ce mot de Tite Live: Datur haec veilla anliqui/ali, IItmiscendo Ill/mal/a divinis, pI'imol'dia Ill'billm allgllstiol'a faciat. ?liais si, pour imprimel' il la naissance des cités lin caractère plus auguste, les anciens y c mêlaien t des interventions sa.crées, le j)rocédé ne .-.; {s'est point perdu avec la ruine des royaumes et des divinités classiques. Ailleurs ct plu's tard, villes ct pays ont aimé il rattacher leurs commencements il fJuelque héros profane ou religieux. La passion lIes nobles origines il longtemps sévi. Quand l'ima gination populaire n'était pas assez puissante pour dever un monument grandiose, le0ic~s des lettrés y suppléaient par la suite, il tel point que leuI' œuwe, commune ou purement person nelle, édifia de véritables sanctuaires nationaux, vénérés longtemps encore après avoir été sapés "'C--l .. ~ par a cl'l!Jque. J\ u VC siècle, on osa déclarer les Francs d'origine troyenne. L'idée fit fortune. Elle trouva de nom breuses preuves et des lignées de partisans. Les caus.es qui accréditèrent en France cette préten tion assurèrent dans d'autres pay~ le succès de semblables inventions. L'Espagne fit remonter son histoire jusqu'il Japhet, la Grande-Bretagnejusqu'à I3rutus, petit-fils d'Enée, l'Écosse jusqu'à Fergus, « le chevalier au bel escu ))~ Ce ne fut que peu il peu que l'on se détacha de ces fables. ~ Sous Louis XIV, en 1665, un magistrat éclairé des Grands-JoUl's d'Auvergne témoignait encore, 1 LES CO~DrE"CDlENTS DE LA CRITIQGE 7 dans une harangue solennelle, cc qu'il était bien à déplorer que les gentilshommes de la province, issus du sang des Troyens et des Romains, eussent dégénéré de l'ancienne vertu de leurs ancêtres. » Si l'orateur avait voulu se mettre en frais d'érudi- tion, il cùt sans doutc pu dire le nom des Troyens fJui devinrent AUYeI'gnats. A cette époque on pou- vait encore le savoir. La ville de Xanten, au duché de Clèves, garda longtemps la mémoire de son fondatcl1l', le prince Franeon, échappé ft la destruc- tion de la très noble cité « jadis fondée en Frige ». "\u commencement llu XVIe siècle, Jean de Bour- digné, auteur des Chroniques d'Anjou et du Maine, raconte cc comment apl'ès la finale destruc- tionde 'l'l'oye la Grande, une bande de Troyans, pour' lors appelez Angions, arrivèrent au pays d'l\njou et édiffièrcnt de l/OW'erlU la ville d'An- gicys ». Il faut remarquer la précision de ce cc de noùveau ». 130urdigné ne doit aucunement exagérer l'antiquité profane de sa patrie, étar.t donné la modération dont il fait preuve en traitant de l'Ol'i- gine de son catholicisme. Au lieu d'identifier le fondateur de son église, saint Julien, avec Simon le lépl'eux, comme des Manceaux du moyen fige (1), le digne chroniquéur dit simplement: cc La foi de :\otre-Seig'neur fut, pal' monsieur Sainct Jullian, évesque du Mans, appol'tée en Anjou et au j'lieine, / (1) Simon le !l'preux a <"lé d'ailleurs dispulé au Mans par cert10ins auteurs qui en ont faille fondaleur du siège de 11aguelonne (établi seulemenl au \'l' siècle), . , 1; l' I! r 1 8 LA C01\TROYEI1SE DE L'AI'OSTOLIClTt DES tGLISES du temps dc monsieur sainct Clément,~e qua- trième. Lequel benoist Julian (comme l'on treuve ès vieux panehartes et enseignemens de l'Église du JI ans) institua premier évesque d'Angiers ung nommé Deffensor. » De toutes ces notions, Dounli- gné pouvait conclure avec joie que son pays n'était « en spiritualité ou temporalité à postposer à autrc région ». L\U siècle suivant, un bénédictin d'Anjou, mort vers 1676, clom Barthélemy Roger, écrivait l'histoire de sa province. Il déclare trouver dans le liYI'e de Dourcligné bien des choses douteuses, hors d'apparence, et va même jusqu'à qualifier le voyage des Troyens de pure fable. Toutefois, adoptant l'opinion du chroniqueur qu'il critique silibrement, il lui parait assez vraisemblable qu'Angers « ait été bùti environ le temps de Sarron », troisième roi de Gaule ct second successeur de Samothès, sur- nommé Dys, !ils de Japhet. Le religieux s'empresse d'ajouter: « Mais je n'ose pas vous présenter cela comme une vérité historique». Cette scrupuleuse résene est un progrès. On trom'e également une nouvelle position dans la manière dont Barthélemy Roger recule la prédication de saint Julien jusque vers l'an 235, sous l'empire de Gordien. Que les traditionnistes n'accusent pas pour cela le moine d'avoir des tendances hypercritiques ou janSé- nistes. Si son opinion SUI' l'antiquité profane de sa ville ne le mettait pas complètement il l'abri de ce reproche, il suffil'ait pOUl' gal'antir ses prin- cipes de rapporte)' la façon dont il raconte, à propos 1 INSTITUT .CATHOLIQU& DE PARIS LF:S CO:>DIE:\CE:>IE:-iTS DE LA CRITIQUE 9 de saint René, une polemiq1le du sieur de Launoy, doctem de Sorbonne (1). Quelque pénible et lente que soit l'extirpation des legendcs profanes ou religieuses, les premières ont au moins cet anlntage SUI' les autres de pouvoir disp'araître complètement. La Suiss'e elle-même né croit plus il Guillaume Tell. Les peuples arrivent toujours il sentir le ridicule des prétentions fabuleu ses ct, si le chauvinisme d'ccrivains d'imagination ou le conservatisme de certains orateurs s'obstine il les acceptel', ne sont dupes que ceux qui veulent bien l'ètre. Quand ~I. de :'\ovion parlait aux Grands-Jours d'l\uYel'gne de l'origine hcroïque des gentilshommes de la province, l'historien de ces assises disait déjà sceptiquement : (( Cela n'est appuyé que sur l'autorité de Lucain. » Le? Icgendes' religieuses ont la vic Elus dUl.'e, ct Il1I\me illeural'l'ive cie ressusciter. Une renaissance de foi, un rcveil de pieux enthousiasme, une réac tion dogmatir{lle, les font reviyre, quand on aurait pu les croire mortes il jamais ct depuis longtemps. ,:\Iors il ne sert guère de dire le peu d'autorité de leur fondement, ou mème d'en expliquer parfaite ment la genèse. Le récit légendaire, jadis mêlé indirectement à de saints enseignements ou à des ("1) Vo~·e7. DarltJ....~oger, Histoil'e d'Anjou, pp. ·H-/l5 ;,Houti~) Origines dêt'Eglise-d'..Inge,·s, p. 70. - Pour le fond cre lùOiilro \'erse à la nn du X\'ll' siecle, "oyez particulierement~biïw.e-' 1(ch~noine de Saint-Gaudence, au diocèse de Comminges, Nou l velle dissertation loucha/lt .le temps auquel la "eligion chrétienne a été établie dans les Gaules (Toulouse, 1703, in-16, 323 p.p.). 1. ~ .~:::' 10 LA CO:'\TTlOVrmSE DE L'APOSTOL1C:lTl~ DES I~GLlSES pratiques liturgiques'7 apparaît comme un préten ? C; dant intéressant qui réclame contre un bannisse " ment révolutionnaire et proteste contre toute . proscription.lllCette attitude ______ suffit déjà _ pour l'accoler ft __.~_ des partisans parmi les têtes extravagantes et les cœurs sensibles. Quand les pretentions s'appuient sur des titres uploads/Litterature/ albert-houtin-la-controverse-de-l-x27-apostolicite-des-eglises-de-france-paris-alphonse-picard-1903.pdf
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- Publié le Mai 13, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
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