48 / Ressources n°20 // décembre 2018 La lecture au CP RÉSUMÉ Au cycle des appr

48 / Ressources n°20 // décembre 2018 La lecture au CP RÉSUMÉ Au cycle des apprentissages fondamentaux, un des domaines d’apprentissage du français s’intitule « Lire ». Il permet aux élèves de développer plusieurs compétences telles que « identifier des mots de manière de plus en plus aisée, (…), lire à voix haute, etc. » (BO n°11, 2015), qui sont liées aux domaines 1 et 5 du socle commun de connaissances, de compétences et de culture qui sont « Les langages pour penser et communiquer » et « Les représentations du monde et l’activité humaine » (BO n°17, 2015). Certains élèves sont en difficulté face à l’apprentissage du code en lecture. C’est pourquoi nous posons la problématique suivante : est-il possible d’identifier explicitement des mises en œuvre de différenciation pédagogique susceptibles d’aider les élèves en difficulté d’apprentissage du code en lecture au Cours Préparatoire et de produire des effets de progression ? Au travers de lectures, d’entretiens et d’observations en classe de CP, nous avons remarqué diverses manières qu’ont les enseignants d’aider leurs élèves dans l’apprentissage du code en lecture, en particulier par la mise en place d’une différenciation pédagogique qui s’exerce de plusieurs façons (groupes de besoins, travaux différents donnés aux élèves selon leur niveau, etc.). Les difficultés dans l’apprentissage du code en lecture - Les pratiques enseignantes au Cours Préparatoire. MOTS CLÉS : cours préparatoire, lecture, difficultés, apprentissage, code, enseignement Margaux GRIPOIS Master MEEF Mention 1er degré ESPE Académie de Nantes Ressources n°20 // décembre 2019 / 49 INTRODUCTION Quatre objectifs ont été retenus pour mener l’étude sur le thème des dif­ ficultés dans l’apprentissage du code en lecture au CP. Il a tout d’abord fal­ lu observer les processus d’appren­ tissage de la lecture pour ensuite révéler les difficultés rencontrées par certains élèves dans cet appren­ tissage. L’objectif suivant consistait à observer les pratiques enseignantes ayant pour but d’aider ces élèves à apprendre à lire. Enfin, il s’agissait d’observer la mise en place d’une différenciation pédagogique en lec­ ture au CP. La problématique qui se pose est la suivante : est-il possible d’identifier explicitement des mises en œuvre de différenciation pédago­ gique susceptibles d’aider les élèves en difficulté d’apprentissage du code en lecture au Cours Préparatoire et de produire des effets de progres­ sion ? Différentes questions en dé­ coulent : les enseignants prennent-ils en compte les difficultés des élèves dans l’apprentissage de la lecture ? Dans la préparation des cours, dans leur mise en œuvre, dans l’évaluation des apprentissages ? Quelles mises en œuvre les enseignants utilisent-ils pour pallier les différences d’acquisi­ tion des élèves dans l’apprentissage de la lecture ? Nous avons retenu trois catégories d’observables, qui ont été choisies au fil des lectures et des pre­ mières observations en classe, car elles nous ont semblé essentielles à observer pour travailler sur les diffi­ cultés d’apprentissage en lecture des élèves. La première porte sur la mise en place d’une différenciation péda­ gogique qui permettrait de favoriser plus ou moins l’entrée dans le code. La seconde concerne l’évaluation des apprentissages en lecture qui ne se ferait pas de manière différenciée. Enfin, la troisième prend en compte la formation, dite insuffisante, des Pro­ fesseurs des Écoles dans l’enseigne­ ment du décodage/encodage. CADRE THÉORIQUE En abordant les difficultés de l’ap­ prentissage du code en lecture d’un point de vue théorique, il s’agit d’ob­ server comment se fait cet appren­ tissage, quelles sont les origines supposées des difficultés en lecture, mais il s’agit également de s’inté­ resser à la perception des pratiques enseignantes du point de vue de la recherche, dans le cadre de l’ensei­ gnement-apprentissage du code en classe de CP. Pour cela, il est impor­ tant de définir la notion de lecture. Définition de la lecture D’après le Centre National de Res­ sources Textuelles et Lexicales, lire c’est « déchiffrer visuellement des signes graphiques qui traduisent le langage oral »1. Pour l’encyclopé­ die Larousse, lire c’est « déchiffrer toute espèce de notation, de prendre connaissance d’un texte »2. Ces deux définitions montrent la difficulté à définir le terme, c’est pourquoi nous allons l’aborder du point de vue des chercheurs. La lecture d’après les chercheurs Différents cadres théoriques per­ mettent d’appréhender la question des difficultés d’apprentissage du code. Nous pouvons faire appel à différents domaines tels que celui de la psychologie cognitive, pour ce qui concerne l’apprentissage de la lecture, représenté par Fanny De La Haye (2014), celui de la didactique du français et des sciences de l’éduca­ tion, pour l’acte de lire et pour traiter de la différenciation et de l’évalua­ tion, représenté ici notamment par Laurent Talbot (2007), Philippe Perre­ noud (2005), Roland Goigoux (2015) et Philippe Meirieu (1985). L’apprentissage du code en lecture L’une des recherches récentes les plus influentes concernant le thème des difficultés d’apprentissage du code en lecture est celle de l’Insti­ tut Français de l’Éducation. Le rap­ port de l’IFE (2015), présente une recherche faite par Roland Goigoux La lecture au CP 1. http://www.cnrtl.fr/definition/ lecture 2. http://www.larousse.fr/diction­ naires/francais/lecture/46547 50 / Ressources n°20 // décembre 2018 et une cinquantaine de chercheurs sur le sujet de l’influence des pra­ tiques d’enseignement de la lecture et de l’écriture sur la qualité des pre­ miers apprentissages des élèves. Le but est de mettre en avant les effets produits par les diverses façons d’en­ seigner, qui diffèrent d’un enseignant à l’autre, sur l’enseignement-appren­ tissage de la lecture et de l’écriture. Les chercheurs ont retenu trois va­ riables pour cette enquête : « le ca­ ractère plus ou moins explicite de l’enseignement dispensé ; les moda­ lités de différenciation et d’aide aux élèves en diffi­ culté ; le climat de classe et l’engagement des élèves dans les tâches scolaires » (IFE, 2015). D’après la re­ cherche effectuée par l’IFE (2015), la compréhension doit être enseignée aux élèves, de plus, plus les ensei­ gnants passent de temps à faire lire leurs élèves à voix haute, moins ces derniers se trouvent en difficulté face à la lecture d’un texte. Psychologie cognitive En psychologie cognitive, F. De La Haye, explique que depuis plusieurs années, le nombre d’élèves en dif­ ficulté face à la lecture augmente (2014). C’est ce que disent également É. Nonnon et R. Goigoux qui parlent de « crises de la lecture scolaire » (2007). F. De La Haye affirme que le déchiffrage des lettres, des mots, doit être mis en place dès le plus jeune âge afin que les élèves puissent accé­ der plus aisément à la lecture qui est un processus complexe (2014). Pour lire, il faut savoir à la fois décoder, dé­ chiffrer et comprendre le sens de ce que l’on lit, cela est compliqué à réa­ liser pour de jeunes lecteurs. F. De La Haye (2014) affirme que la connais­ sance de la langue, de la phonologie, des sons est indispensable pour ap­ prendre à lire, il faut donc travailler la conscience phonologique qui est la capacité à percevoir, à découper et à manipuler les unités sonores du langage (syllabes, phonèmes). Sur ce dernier point, l’auteure re­ joint la pensée de P. Cortès (2008) qui considère que les élèves ont du mal à mémoriser les correspondances graphie-phonie, d’où l’importance de travailler la conscience phonologique. Comme R. Goigoux et S. Cèbe, F. De La Haye explique que les difficultés de lecture sont liées à des difficultés de compréhension : « Au même titre que la lecture, enseignée de façon ex­ plicite, la compréhension peut et doit s’enseigner » (2014), ce qui rejoint les conclusions de l’étude IFE (2015). L’auteure affirme, comme S. Valdois (2003), l’importance de cibler les dif­ ficultés de l’apprentissage en lecture, identifier si elles viennent du déco­ dage ou de la compréhension ou des deux, avant de commencer à différen­ cier les activités pour certains élèves. Pour R. Goigoux et S. Cèbe (2006) qui se concentrent sur l’apprentissage de la lecture en CP, apprendre à lire revient à apprendre à identifier des suites de mots et à en comprendre le sens. En CP, l’enseignement de la lecture a pour but de rendre l’identifi­ cation de mots rapide et efficace. Les auteurs citent la voie directe qui est celle qu’utilisent les lecteurs perfor­ mants (2006) qui ont alors dans leur mémoire une image orthographique d’un mot souvent rencontré leur per­ mettant de l’identifier rapidement. R. Goigoux et S. Cèbe (2006) expliquent que certains enfants ont du mal à ap­ prendre à lire car ils ne sont pas suf­ fisamment guidés pour mémoriser certains mots (les mots outils : dans, et, ou ...). La mémorisation de ces mots outils est essentielle pour faci­ liter la lecture des élèves, il est donc nécessaire qu’ils soient affichés en classe et accessibles aux élèves. Sciences de l’Éducation Du point de vue des Sciences de l’Éducation, L. Talbot et une équipe de chercheurs ont filmé plusieurs pratiques enseignantes au CP du­ rant une année scolaire (2007). Suite à cette recherche, L. Talbot a dénon­ cé les recherches affirmant que les enseignants laisseraient de côté les élèves les plus faibles (2007). Il dé­ montre le contraire en affirmant que les uploads/Litterature/ 4-la-lecture-au-cp.pdf

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