n° 25 – Août 2015 NOTE D’INFORMATION DEPP DIRECTION DE L’ÉVALUATION, DE LA PROS

n° 25 – Août 2015 NOTE D’INFORMATION DEPP DIRECTION DE L’ÉVALUATION, DE LA PROSPECTIVE ET DE LA PERFORMANCE Les données longitudinales recueil- lies auprès du panel d’élèves entrés en sixième en 2007 offrent la possibi- lité d’étudier l’évolution des acquis des élèves au collège en s’appuyant sur un échantillon représentatif au niveau na- tional (voir « Le panel 2007 »). En effet, les élèves entrés en sixième en 2007 ont participé à des évaluations standardi- sées (voir « Les épreuves ») mises en œuvre par la DEPP à deux étapes clés : la première fois en sixième, la seconde fois en troisième. Il s’agit de tests com- parables dans le temps, visant à évaluer l’acquisition du vocabulaire scolaire (mémoire encyclopédique), la maîtrise syntaxique (traitement de phrases la- cunaires), la compréhension de textes (lecture silencieuse), les compétences en mathématiques et le raisonnement logique déconnecté de tout contenu scolaire (raisonnement sur cartes à jouer). Ces informations sont enrichies par l’apport de données détaillées por- tant sur les caractéristiques scolaires et familiales des élèves. Les résultats indiquent un maintien, voire un accrois- sement pour certaines compétences, des inégalités sociales au collège. Acquis des élèves au collège : les écarts se renforcent entre la sixième et la troisième en fonction de l’origine sociale et culturelle L’environnement social et culturel est déterminant pour expliquer les inégalités d’acquisition des compétences en fin de troisième. Par ailleurs, le niveau de l’élève à l’entrée au collège reste un élément décisif, ce qui signifie que l’avenir scolaire de l’enfant est fortement déterminé dès la sixième. Au-delà de ce constat, l’étude de la progression des acquis d’un panel d’élèves entrés en sixième en 2007 et évalués durant cette année scolaire-là, et en troisième, montre que le collège ne parvient pas à atténuer les inégalités sociales. Celles-ci se maintiennent pour la compréhension de textes courts, la maîtrise syntaxique et le raisonnement logique. Elles augmentent même pour deux autres compétences évaluées : les mathématiques et l’acquisition du vocabulaire scolaire. Linda Ben Ali et Ronan Vourc’h, DEPP-B2 Des performances en troisième inégales selon l’environnement de l’élève et son parcours Une première approche descriptive des résultats obtenus aux évaluations stan- dardisées passées par les élèves du panel 2007 en fin de classe de troisième montre que les performances varient selon l’origine sociale et l’environne- ment culturel. Ainsi, environ un tiers des enfants d’origine sociale défavorisée ne dépassent pas le premier quartile de scores aux évaluations standardisées, c’est-à-dire figurent parmi le quart des élèves qui réussissent le moins bien. À titre de comparaison, cette propor- tion se situe autour de 10 % chez les enfants d’origine sociale très favorisée pour toutes les épreuves sauf en raison- nement sur cartes à jouer où elle atteint 16 % (FIGURE 1). Il existe aussi des disparités de per- formances selon des variables liées à l’environnement culturel des élèves. Par exemple, plus ils sont entourés de livres au quotidien, plus leurs perfor- Directrice de la publication : Catherine Moisan Secrétaire de rédaction : Marc Saillard Maquettiste : Anthony Fruchart Impression : DEPP/DVE ISSN 1286-9392 Département de la valorisation et de l’édition 61-65, rue Dutot – 75732 Paris Cedex 15 MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE, DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE LA RECHERCHE note d’information n° 25 - AOÛT 2015 page 2 mances sont élevées quelle que soit la compétence concernée. Ainsi, pour l’épreuve visant à évaluer la mémoire encyclopédique, 45 % des élèves décla- rant disposer de moins de 30 livres à leur domicile, obtiennent un score qui se situe dans le premier quartile. Pour les élèves qui disposent d’au moins 200 livres à leur domicile, cette propor- tion est de seulement 9 %. À l’inverse, le temps passé devant la télévision est lié négativement à la réussite, les perfor- mances des élèves déclinant à mesure que la fréquence d’écoute augmente. Par ailleurs, être en retard en troisième est lié négativement aux scores obte- nus aux évaluations. Ceci est d’autant plus vrai pour les élèves en retard dès leur entrée au collège, qui ont les scores les plus faibles aux évaluations : au moins la moitié d’entre eux figurent parmi les élèves les plus faibles en fin de classe de troisième, quelle que soit la compétence. Le niveau à l’entrée au collège, facteur déterminant des performances en troisième Le rôle décisif du parcours scolaire de l’élève se confirme sur la FIGURE 2. Celle-ci permet d’apprécier l’impact du niveau des acquis observés en si- xième sur les résultats aux évaluations passées en fin de troisième. Plus les scores obtenus aux évaluations stan- dardisées de fin de sixième sont élevés, plus ceux obtenus en fin de troisième le sont aussi. Ainsi, en mathématiques, en traitement de phrases lacunaires et en mémoire encyclopédique, plus de 60 % des élèves les plus performants en sixième (4e quartile) le sont aussi en troisième. À l’inverse, pour ces mêmes compétences, moins de 5 % des élèves les plus faibles en sixième (1er quartile) parviennent à se hisser parmi les élèves les plus performants en troisième. Si on affine l’analyse en raisonnant « toutes choses égales par ailleurs », on constate que l’ajout du niveau observé en sixième réduit considéra- blement l’impact de l’environnement culturel et social sur les acquis des élèves en fin de collège. Autrement dit, le niveau de compétences observé en 1 – Proportions d’élèves figurant parmi le quart des élèves les plus faibles aux évaluations standardisées de fin de troisième (en %) Traitement de phrases lacunaires Mathématiques Lecture silencieuse Mémoire encyclopédique Raisonnement sur cartes à jouer Catégorie sociale du responsable de l'élève Défavorisée 38,4 38,2 35,9 38,5 33,0 Moyenne 25,2 25,6 25,1 24,5 24,7 Favorisée 19,0 20,7 21,5 18,5 23,5 Très favorisée 10,8 10,0 12,8 9,9 15,6 Diplôme du responsable de l'élève Aucun diplôme ou CEP 43,9 44,7 39,9 45,1 38,0 BEP ou CAP 28,8 29,8 28,7 28,0 27,2 Baccalauréat 18,9 19,2 21,6 19,1 21,9 Enseignement supérieur 11,1 9,4 12,9 9,7 15,4 Nombre de livres au domicile Moins de 30 livres 44,1 44,1 40,4 44,7 38,4 De 30 à 99 livres 27,5 27,9 27,7 27,2 26,6 De 100 à 199 livres 17,3 17,0 19,3 16,9 19,4 200 livres ou plus 10,4 10,9 12,1 8,9 15,2 Fréquence d'écoute de la télévision Jamais ou presque jamais 18,6 16,9 17,3 17,7 19,7 De temps en temps 24,1 24,2 24,4 24,5 25,6 Régulièrement 27,3 27,4 27,1 26,3 25,5 Retard scolaire « À l'heure » en troisième 15,9 14,5 16,7 16,5 17,6 Redoublement au collège uniquement 39,6 45,7 41,8 38,4 41,4 Retard à l'entrée au collège 61,8 63,8 55,3 57,9 50,2 Lecture : 38,4 % des enfants d’origine sociale défavorisée figurent parmi le quart des élèves qui présentent les scores les plus faibles à l’épreuve de traitement de phrases lacunaires. Champ : collèges publics et privés sous contrat, France métropolitaine + DOM. Source : MENESR-DEPP, panel 2007. 0 10 20 30 40 50 60 70 80 Premier quartile Deuxième quartile Troisième quartile Quatrième quartile Traitement de phrases lacunaires Mathématiques Mémoire encyclopédique Raisonnement sur cartes à jouer Lecture silencieuse Lecture : parmi les élèves les plus performants en mathématiques en sixième (4e quartile), 67,6 % figurent aussi parmi le quart des élèves les plus performants en troisième. Champ : collèges publics et privés sous contrat, France métropolitaine + DOM. Source : MENESR-DEPP, panel 2007. 2 – Proportions d’élèves figurant parmi le quart des élèves les plus performants aux évaluations standardisées de fin de troisième selon leur niveau en sixième (en %) sixième intègre en partie l’influence du milieu familial de l’élève et de son ca- pital social, qui ont déjà joué leur rôle avant l’entrée au collège. Ces résultats tendent à valider l’hypothèse selon laquelle les écarts entre les catégories sociales seraient fixés en grande par- tie à l’entrée en sixième. Par la suite, le collège parvient-il à réduire les inégali- tés sociales ? note d’information n° 25 - AOÛT 2015 page 3 Les élèves de sixième les plus performants ont de meilleurs résultats que les élèves de troisième les moins performants Chaque compétence a été évaluée à la fois en sixième et en troisième. Pour assurer la comparabilité dans le temps, les épreuves de troisième comportaient des items déjà proposés aux élèves au sixième ainsi que de nouveaux items tenant compte de l’avancée dans le cursus (voir « Mesure de l’évolution des performances»). La FIGURE 3 présente la distribution des élèves selon leurs performances pour l’épreuve de mémoire encyclopédique en sixième et en troisième. Les deux courbes montrent que les résultats sont plus dispersés en troisième qu’en sixième. Le recouvrement partiel des deux distributions de scores indique que plus d’un quart des élèves de si- xième maîtrise déjà le vocabulaire sco- laire qu'un tiers des élèves de troisième est seulement en voie d'acquérir. Les premiers sont représentés sur la partie bleue (B) de la figure, les seconds sur la partie rose (A). Cette première approche de l’évolution des performances au collège a été com- plétée par une mesure de la progression de chaque élève entre les deux temps de mesure. Maintien des écarts sociaux au collège en compréhension de uploads/Litterature/ depp-ni-2015-25-acquis-eleves-college-ecarts-origine-sociale-culturelle.pdf

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