Concernant non l’influence – qui est un terme négatif, tiré de l’italien influe
Concernant non l’influence – qui est un terme négatif, tiré de l’italien influenza : contamination – mais la présence d’un auteur ou de thèses dans un espace culturel, on peut rappeler un petite histoire. Pendant longtemps les médiévaux et les renaissants ont connu Avicenne, Ibn Sina, à travers un fragment, un texte qu’ils lui attribuaient ; ce n’est que par la suite que l’on s’est aperçu que le texte était dû à Al Ghazali, et surtout qu’il était tiré d’u ouvrage de polémique et de réfutation, d’un ouvrage qu’Al Ghazali avait écrit contre Ibn Sina. Très souvent nous ne connaissons des thèses que par leur réfutation, et plus souvent encore un ensemble d’éléments disparates font leur chemin à travers des discussions, des réfutations, des reprises, des utilisations, etc. ; des éléments qui, puisqu’ils proviennent d’une même source, font échos les uns aux autres et finissent par créer un tissu, un réseau de sens qui, parce qu’ils été modifiés au cours du temps, ne ressemble plus à l’original, mais opère à sa place. C’est pour cela que l’on doit distinguer entre Platon et le platonisme, et Aristote et l’aristotélisme. MÉTAPHYSIQUE On a vu que l’ouvrage intitulé Métaphysique était le fruit d’une compilation de traités hétérogènes d’Aristote faite par Andronicos de Rhodes. Ce texte a posé de nombreux problèmes exégétiques ; c’est le cas déjà durant l’Antiquité mais comme ce texte est tardif, aux alentours de ~50, il n’a pas occupé les polémiques d’écoles, et est resté un sujet de commentaires ; en revanche, après la réception d’Aristote au XIIIe siècle, la Métaphysique va devenir une question centrale de la philosophie mais aussi de la théologie catholique. Le premier problème que pose la Métaphysique, c’est son titre. Titre n’est pas une formule aristotélicienne ; on ne trouve chez Aristote rien qui lui ressemble ; la formule ne passe terme : , métaphysique, qu’à l’époque médiéval, peut-être dans le monde arabe, chez Averroès, en tout cas dans le monde latin. On a donc dû chercher ailleurs la raison de ce titre. Comme m signifie littéralement : après les choses physiques, une interprétation a courue, vulgarisée par Heidegger, qui ne voyait en ce titre que l’indication d’un classement bibliothécaire, tel qu’il ne signifierait rien d’autres que : les livres qui sont placés, sur l’étagère, après les livres de la Physique. Mais depuis on a exhumé des manuscrits appartenant Lycée et antérieurs à Andronicos, dans lesquels on rencontre la formule m ; il s’agissait donc d’une formule sinon aristotélicienne du moins connue de l’école. Quel sens peut-on lui donner ? Deux lectures s’opposent : la lecture du Lycée, qui privilégie le sens épistémologique et la lecture néoplatonicienne qui privilégie le sens ontologique. L’épistémologie. Dans le fait de venir après la physique, il s’agit simplement de science. La métaphysique envisage les principes premiers de toutes les sciences qui viennent après les principes physiques, selon le renversement : ou quoad nos, pour nous vs ou in se, en soi. Ce qui est le plus connaissable pour nous [les données sensibles] est ce qui est le moins connaissable en soi, et ce qui le plus connaissable en soi [les principes] est ce qui est le moins connaissable pour nous. Les réalités physiques sont plus connaissable pour nous que les premiers principes ; donc la physique vient avant la métaphysique ; en outre les principes dont nous parlons sont les principes de l’être mais aussi du savoir ; en ce sens la métaphysique est non seulement la science ultime mais c’est aussi la science de toutes les sciences, celle qui donne aux sciences leur principes premiers. L’ontologie. Quand on parle de ce qui est au-delà de la physique, on envisage les réalités qui sont au-delà des réalités physiques ; soit que l’on considère que la physique ne s’applique qu’au monde sublunaire, et alors il s’agit de toutes les réalités au-delà de ce monde, soit on inclut ces réalités dans la physique et les réalités qui sont au-delà sont les réalités immobiles et séparées ; dans les deux cas il s’agit des êtres divins. Structure Composition Les traités rassemblés sous le titre de Métaphysique sont divers : notes de cours [Aristote/élèves], esquisses de réflexion, traités autonomes, lexique, etc. On pense que ces traités étaient réunis traditionnellement dans le Lycée, sans être organisés, mais réunis et conservés à part ; peut- être parce que l’on ne savait pas où les classer. Cet ensemble de traités est en outre quelque peu malléable. Alors que Diogène Laërce ne connaît pas de Métaphysique, mais connaît certains des traités indépendamment, Hésychius de Milet, du VIe siècle, connaît une Métaphysique en 9 livres, ou en 10 Livres, d’autres connaissent une Métaphysique en 13 livres, Andronicos de Rhodes propose une Métaphysique en 14 Livres. Maintenant, outre ces problèmes de composition, l’enjeu des commentaires a été de déterminer si la Métaphysique avait une unité et un objet propre. Unité. L’époque médiévale a reçu la Métaphysique comme un ouvrage d’Aristote. Son unité ne faisant donc aucun doute et les auteurs scolastiques, puis à leur suite, les auteurs classiques, vont s’efforcer de donner un sens à cette science, de définir son objet, et de construire son unité. Diversité. Avec l’approche critique, le mythe de l’auteur et celui de l’unité ont volé en éclats ; la métaphysique apparaît alors comme une science inachevée ou recherché ou introuvable. Les livres Les livres, qui sont des traités, sont notés en lettres grecques, mais aussi en chiffres romains. Livre I Il est question de la Sagesse présentée comme philosophie première, science des causes premières Livre II Pose la question de méthode et celle de la régression à l’infini dans la recherche des causes premières. Livre III Présente un ensemble d’apories (14) Livre IV Envisage la science de l’être en tant qu’être = ontologie ; ce qui fait que l’être est être et non ceci : [ 2, 1004 b]. Développe aussi l’idée que l’être se dit de multiples manières , que l'on retourvera dans le Livre Z 1028 a 10 : , mais que l’on avait déjà évoque avec le traité des Catégories. Livre V Est un livre consacré aux définitions. Livre VI Envisage, cette fois, la science de l’être le plus éminent = théologie, [, 1, 1026 a 21]. Livre VII La question de l’être qui revient à celle de l’. Examine alors les quatre sens : , ; le sujet, le fait d’être ce que c’était, l’universel, l’idée ou forme. Livre VIII Reprend des éléments présents dans les traités antérieurs et propose un résumé. Livre IX Se penche sur le couple acte / puissance. Livre X Aborde la question de l’un et du multiple. Livre XI Compile des éléments divers issus d’autres textes, dont un passage de la Physique. [douteux] Livre XII Traité théologique. Engage la question de Dieu Premier moteur et de Dieu Pensée de la pensée. Livre XIII Critique la théorie platonicienne des idées. Livre XIV Critique la théorie platonicienne des idées (suite). Métaphysique Si m n’est pas une formule aristotélicienne, on trouve chez Aristote, et dans l’ouvrage, des formules qui en exprime le sens. Philosophie première . Par là il faut entendre la philosophie au sens propre. La physique est aussi une philosophie mais seconde si l’on peut dire, tandis que la science, la philosophie qui envisage les premiers principes : la science des premiers principes [Livre A], la science des sciences, est première et équivaut à la sagesse. Science théologique s Nous avons vu que ces réalités renvoyaient au monde trans physique et donc au divin, intra ou extra cosmique selon la façon dont on entend la physique ; en tout cas il s’agit toujours d’une science pour Aristote, episthmh, mais des réalités supérieures et divines, donc qui parle des divins, . Science des causes premières [Livre A]. Cette science des principes est aussi encore science des causes ; il ne s’agit donc pas uniquement d’une abstraction ou d’un enjeu épistémologique, mais les causes renvoient à des réalités et si Dieu est le premier moteur immobile, la première cause, alors elle par là aussi le divin. Science de l’être en tant qu’être. Cette science de l’être en tant qu’être est identifiée, au Livre , à la science de l’. Quand, avec Thomas d’Aquin de manière argumentative, mais déjà avec Boèce, on identifiera cette ousia du Livre Z à la prwth ousia des catégories, on obtiendra cette équation : , ens qua ens, l’être en tant qu’être est identique à , substantia, la substance. Sciences de la partie la plus éminente [livre ] Mais on a vu que cette science de l’être pouvait se décliner de deux manière. On peut entendre l’être comme , ens primum, l’être qui est le plus être, l’être qui « est celui qui est », par exemple, et alors on a une science qui se donne comme discours sur le divin, théologie, uploads/Litterature/ 4-metaphysique.pdf
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- Publié le Nov 21, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
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