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LA LOGIQUE DE LA LIBERTÉ f~ !l.AbJ. ~~('-1-. 1 Vl! .L J J.-.-. f'tItA,.!),<,. J t d..t J --.. c.I. Nv.. ~ ~ "'-'- A tA IAA-/ j 'h.(~ v1 vvo J~~J J « LIBRE ÉCHANGE» COLLECTION FONDÉE PAR FLORIN AFTALION ET GEORGES GALLAIS-HAMONNO ET DIRIGÉE PAR FLORIN AFTALION LA LOGIQUE DE LA LIBERTÉ MICHAËL POLANYI INTRODUCTION ET TRADUCTION DE L'ANGLAIS PAR PillLIPPE NEMO Presses Universitaires de France Cet ouvrage est la traduction française de THE LOGIC OF LIBERTY Rejkçtions and Rljoinderr by Michael POLANTI The University of Ollcago Press, 19S 1 ; Midway Reprint, 1980 © 19P, The University of Ollcago Press ISBN 2 13042614 x ISBN O~92-70!ZO Dépôt légal- ln édition : IgSg, novembre © Presses Universitaires de France, Ig8g 108, boulevard Saint-Germain, 75006 Pari. SOMMAIRE INTRODUCTION DE PHILIPPE NEMO, 7 Avant-propos, 25 PREMIÈRE PARTIE L'exemple de la science 1. Ce que la science pure a à dire à la société, 31 2. La science repose sur des croyances, 36 3. Les fondements de la liberté académique, 62 4. L'autonomie de la science, 80 5. Science et utilité, 100 6. La planification de la science, 120 DEUXIÈME PARTIE Autres exemples 7. Les dangers de l'incohérence, 129 8. La portée de la gestion centralisée, 148 9. Profits et polycentricité, 178 10. La faisabilité des tâches sociales, 195 INDEX, 247 INTRODUCTION DE PHILIPPE NEMO La logique de la liberté est le premier livre de Michaël Polanyi à être traduit en français; son auteur est presque inconnu dans notre pays, ou connu comme « épistémologue ", ce qui est vrai, mais incomplet. Commençons donc par le présenter brièvement. Né en 1891, mort en 1976, Michaël Polanyi est un Hongrois venu s'installer en Grande-Bretagne dans les années 1920, après la disparition de l'Empire. Issu d'une famille de scientifiques, il devient lui-même professeur de chimie à l'Université de Manchester (1933-1948), où il est considéré comme « nobélisa- ble ,., puis - phénomène assez rare - il change complètement de spécialité et devient, dans la même université, professeur de sciences sociales (1948-1958), et Senior Research Fellow au Collège Merton de l'Université d'Oxford (1959-1961). Il a notamment écrit : Atomic Reactions (1933), USSR Economies (1936), The Contempt of Freedom (1940), Science, Faith and Society (1946), Full Employment and Free Trade (1948), The Logic of Liberty (1951), The Study of Man (1958), Personal Knowledge (1958), The Tacit Dimension (1966) et Knowing and Beeing (1969). Michaël Polanyi est le frère de Karl Polanyi, l'auteur de La Grande Transformation 1 • Pourquoi Polanyi a-t-il eu ainsi deux carrières? L'émigré avait-il du mal à concentrer son esprit sur les atomes et les molécules pendant que son pays était successivement la proie de la dictature, de la guerre et du communisme? Sans doute, mais Polanyi avait des raisons plus précises de se consacrer aux sciences sociales et politiques. 1. 1944; trad. fr. Gallimard, 1983. 8 LA LOGIQUE DE LA LIBERTÉ L'auteur de La logique de la liberté fait pame de ces émigrés de l'ex-Empire austro-hongrois venus dans les pays anglo-saxons pour fuir des régimes, selon le moment, d'extrême droite ou communistes. Comme beaucoup de ces hommes, il a dû percevoir très tôt l'homologie structurelle profonde existant entre ces formes apparemment opposées de totalitarisme et, par contraste, la valeur incomparable des régimes de Rule of Law où ils avaient trouvé refuge. Lorsqu'ils ont vu nombre d'Anglais de cette époque succomber de plus en plus aux attraits des idéologies anti-libérales et à l'idée fatale que le socialisme serait l'opposé absolu du national-socialisme et le plus sûr rempart contre son retour, ils ont dû croire que leur devoir était de faire sentir aux Occidentaux la valeur - et la fragilité - des institutions de l'Etat de droit. Et pour cela d'en décrire les mécanismes et d'en formuler les principes plus clairement et plus radicalement que les Occidentaux eux-mêmes ne l'avaient fait jusqu'alors. D'où les œuvres si étroitement apparentées d'un Ludwig von Mises, d'un Karl Popper ou d'un Friedrich August Hayek. La reconversion de Michaël Polanyi à la philosophie sociale obéit manifestement à la même motivation. Malgré la grande disparité de leurs problématiques initiales, il me semble en effet que ces auteurs ont tous voulu traduire une même idée fondamentale, celle même qu'énonce avec aplomb le beau titre du livre de Polanyi : la liberté a une logique. Elle n'est pas simplement une « valeur» au sens idéaliste, mais une réalité qui produit des effets, engendre une certaine société. « Paradigme» ou « programme» qu'on peut développer comme suit. La liberté, loin d'être l'antinomique de l'ordre social, est au contraire la condition d'émergence d'un ordre social incomparablement plus complexe et fécond que les ordres communautaristes des sociétés archaïques et traditionnelles - que fascisme, corporatisme, socialisme et étatisme visent, chacun à leur façon, à reconstituer -, ceci étant vrai sur les trois plans de la science, de la politique et de l'économie. En science et dans tous les processus sociaux où sont en jeu connaissance et vérité, la liberté de pensée n'est pas dissolvante, mais au contraire partie intégrante du processus de progrès collectif, cependant que l'unanimité et la subordination à un « pouvoir spirituel » unique sont mythopoiétiques; le dogmatisme est destructeur, et non conservateur, de la vérité. En politique, la démocratie est l'institutionnalisation du droit à la critique; elle est le seul moyen de garantir que l'Etat, soumis à la critique de l'opinion publique éclairée, ne subordonnera pas les citoyens à ses propres fins et restera un simple moyen au service de la paix, de la liberté et de la justice. En économie, la liberté des initiatives individuelles assure un optimum d'efficience et, malgré le paradoxe, d'ordre et de cohérence; bien plus, elle seule permet le fonctionnement régulier, malgré les changements continus et les INTRODUCTION 9 perturbations aléatoires, de l'économie complexe de grande division du travail à laquelle nous devons la prospérité sans précédent atteinte à l'époque contempo- raine par les sociétés de marché. Ce qu'il y a de nouveau, ici, ce ne sont pas les thèses libérales dans leur matérialité : depuis longtemps, elles avaient été exprimées par les penseurs politiques et les économistes et incarnées dans les institutions des démocraties libérales. C'est la nature de l'argumentation avancée en leur faveur. Non plus, comme chez les penseurs des Lumières et chez les Pères fondateurs américains, une argumentation idéaliste, partant de la dignité de l' « Homme" abstrait et de la « Raison " désincarnée, des droits « naturels ,., du caractère « sacré " de la propriété, etc., d'où découleraient des institutions bonnes en soi, indépendam- ment de leurs effets réels sur le fonctionnement social et sur les hommes empiriques; mais une argumentation d'ambition scientifique, basée sur l'efficience concrète supérieure que confèrent aux sociétés qui les adoptent les institutions libérales. Non plus, comme chez les néo-classiques, une démonstra- tion étroitement économique, mais une mise en situation de la science économique elle-même dans une théorie sociale synthétique incluant les sciences cognitives, le droit, la politique et l'histoire. En d'autres termes, ce qu'il y a de nouveau ici, c'est, pratiquement pour la première fois depuis l'époque des Lumières, l'intégration des thèses libérales dans une philosophie. Michaël Polanyi est l'un des importants représentants de cette nouvelle philosophie libérale. Je voudrais cependant le situer dans un contexte plus large que celui des « Austro-Hongrois de Londres ", et même que celui des auteurs explicitement libéraux avec qui il s'est trouvé rassemblé en 1947 dans la « Société du Mont- Pèlerin ,,2. Car l'expérience politique et morale des Polanyi, des Von Mises, des Popper et des Hayek qui devait permettre à ces auteurs d'expliciter de manière aussi nette la « logique de la liberté,. est devenue depuis lors celle de toute une génération, pour laquelle les quarante dernières années ont été l'occasion de réfléchir non seulement sur les causes des totalitarismes violents de l'entre-deux-guerres, mais sur celles de l'échec économique et politique structurel et durable des pays de l'Est et de la situation non moins désastreuse des pays du Tiers Monde décolonisés et, pour ainsi dire, retribalisés. Il était naturel que cette génération, 2. Parmi les premiers membres de cette Société, on trouve, outre Hayek qui la préside, les noms de Popper, Polanyi, Von Mises, Friedmann, Allais ... Voir la liste complète des participants à la Conférence constitutive de la Société du Mont-Pèlerin, le 1"' avril 1947, dans F. A. Hayek, Studies in Philosophy, Politics and Economies, Roucledge and Kegan Paul, 1967, p. 148. 10 LA LOGIQUE DE LA LIBERTÉ à son tour, perçût les singularités de la société occidentale de droit, démocrati- que, libérale et critique par rapport aux autres fonnes connues d'organisation sociale et cherchât à en expliciter les principes et les ressorts intimes. Mais elle ne l'a pas fait nécessairement par les mêmes cheminements intellectuels que les sociétaires du Mont-Pèlerin. Aussi bien, pour repérer les figures de ce que j'aimerais appeler - parce que les penseurs en question, secrètement guidés par le même paradigme, ne connaissent pas nécessairement leur propre convergence - un .. collège invisible des penseurs de la logique de la liberté uploads/Litterature/ la-logique-de-la-liberte.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jul 21, 2021
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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