· IK 31 135 ÉPIMÉTHÉE ESSArs PHILOSOPHIQUES Collection fondée par Jean Hyppolit

· IK 31 135 ÉPIMÉTHÉE ESSArs PHILOSOPHIQUES Collection fondée par Jean Hyppolite et dirigée par Jean-Luc Marion HÉRACLITE Fragments TEXTE ÉTABLI, TRADUIT, COMMENTÉ PAR MARCEL CONCHE Professeur émérite à la Sorbonne PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE A ma femme &pLO'''t'OV &vapr. xTIifLlX O'ufL7tlXe~C; yuv~ EURIPIDE DE MARCEL CONCHE Mon~aigne ou la conscience heureuse, Paris, Ed. Seghers 1964· rééd 1967 1970 Lucrece et l'~xpérience, Ed. Seghers, 1967; rééd. Ed. d~ Még~re, 1981 1990. . Pyrrhon ou 1 apparence, Ed. de Mégare, 1973. ' La.mort et la pensée, Ed. de Mégare, 1973; 2 e éd., 1975. Eplc~re : Lettres et Maximes, texte grec, traduction, introduction et notes Ed d Megare, 19?7; 2 e éd., PUF (coll. « Epiméthée »), 1987; 3. éd., 1990.' . e Octa~e Hamelzn : Sur le « De Jato », publié et annoté par Marcel Conche Ed d Megare, 1978. ' . e Le Jonde"!ent de la morale, Ed. de Mégare, 1982 ; 2· éd., 1990. Intro?uctIon ~u Dictionnaire des philosophes (dir. D. Huisman) et n mb artIcles, Pans, PUF, 1984. ' 0 reux Nietzsche et le bouddhisme, Cahier du Collège international de Philosophie n 0 4 novembre 1987. ' , .w:0n!aigne et la philosophie, Ed. de Mégare, 1987. L ale~toire, Ed. de Mégare, 1989; 2· éd., 1990. Henn l!.ergson : Psychologie et Métaphysique (Cours de Clermont 1887-1088) pubhe, d'après la rédaction d'Emile Cotton, par Marcel Conche (à p At' aux PUF). aral re Orie,!~ation philosophique, Ed. de Mégare, 1974; 2· éd. PUF (coll « Per f cntIques »), 1990. , . spec Ives Anaxima.ndre : F;agments et Témoignages, texte, traduction, introduction com- mentaIres, Pans, PUF (coll. « Epiméthée »), 1991. ' T~mps et de~tin, Paris, P~F (coll. « Perspectives critiques »), 1992. Vivre et phl!osopher, P~ns, PUF (coll. « Perspectives critiques »), 2 e éd., 1993. Analyse de 1 amour, Pans, PUF (coll. « Perspectives critiques», 1997. ISBN 2 130440037 ISSN 0768-0708 Dépôt légal - Ire édition: 1986 4e édition : 1998, février l ,1-.< t(,;1 ft ! .~ .. ~~\ .:.._~ ~ ~QS\CKl F",,t ,.~~rJ Cf"" ~ ,,~:)~. ~ ~ fJ}~"'~ ~ u~ ~.~ < <i~.?::i ;;g ;Ii:. >'1 ..l" ~.. ,,>,\. ~~ , © Presses Universitaires de France, 1986 108, boulevard Saint-Germain, 75006 Paris ~1DHIN')\ INTRODUCTION Dans le cas d'Héraclite, les nombreux fragments conservés ont incomparablement plus d'importance que les maigres données de la doxographie stricto sensu. Sur la chronologie même d'Héraclite, comme sur ses relations avec la cité d'Ephèse et les Ephésiens, ses compatriotes, ce que l'on sait de plus certain ressort des fragments. Il résulte de B 40 qu'Héraclite vivait et écrivait alors que Pythagore (qui « florissait » ~ Samos sous le règne de Polycrate, 533-522 av. J.-C.), comme Hésiode, appartenait déjà au passé, et que Xénophane (qui vécut au moins quatre- vingt-douze ans entre 580 et 470) et Hécatée (mort après 494) avaient atteint la grande notoriété. Comme, d'autre part, Héraclite ne dit rien de Parménide, et (même si sa critique de la notion d' « être » l'atteint implicitement) ne le vise pas - car il n'a en vue que l' « être» du langage préphilosophique (langage réifiant, pour lequel les choses sont) et de l'ontologie commune -, alors qu'au contraire Parménide paraît bien viser Héraclite lorsqu'il attaque ceux pour qui « cela est et n'est pas, à la fois le même et non le même », et pour qui, « pour toutes choses, le chemin qui va revient» (fr. B 6 DK), il en résulte (puisque la rencontre dont parle Platon, Parm., 127 b, et que l'on peut considérer comme histo- rique, entre Parménide âgé d' « environ soixante-cinq ans» et Socrate « fort jeune» - il était né en 470-469 - doit avoir eu lieu vers 450) que l'akmè d'Héraclite (sa quarantième année) doit se situer sous le règne de Darius (522-486 av. J.-C.) - Diogène précise (IX, 1) : dans la LXIxe olympiade (504-501), mais sans doute se fait-il l'écho d'une déduction ou d'Apollodore ou du fondateur de la chronologie . ancienne, Erathostène (275-194 av. J.-C.). Bien que les lettres d'Héraclite à Darius soient apocryphes, la tradition qui le met en rapport avec le Grand Roi 6 HÉRACLITE FRAGMENTS peut n'être pas sans fondement (cf. Bernays, Die herak. Briefe, p. 13 s.); le fait est, toutefois, si l'on s'en tient aux fragments, que les mages iraniens, qui gravitaient autour de l'Artémision d'Ephèse, n'avaient pas sa sympathie (B 14), et que les rites et usages perses n'avaient rien, semble-t-il, pour l'attirer (cf. ad B 96). La tradition biographique (Clé- ment d'Alex., Stroma tes, l, 65 = A 3, p. 60-61 M.-T.) veut qu'Héraclite ait persuadé le tyran Mélancomas de renoncer au pouvoir; ce qui est sûr est seulement qu'il devait être un adversaire résolu du pouvoir tyrannique, lui pour qui la vie publique doit se fonder sur le respect de la loi et du droit (B 114; B 43; B 44). Ce que nous dit également la tradition biographique de son refus de légiférer pour les Ephésiens et de gouverner avec eux (D.L., IX, 2-3) n'a probablement pas d'autre appui que les textes mêmes où on le voit attaquer les gens d'Ephèse pour avoir banni son ami Hermodore (B 121), et préférer à la clameur de la foule, ou même à l'expression de la volonté populaire par le nombre des voix, le sage jugement d'un seul (cf. B 49; B 33). Les propos d'Héraclite portent d'ailleurs tellement la marque d'une nature aristocratique que l'on est prêt à admettre qu'il était de la race royale des Androclides (les descendants d'Androclos qui, au XIe siècle, avait conduit l'émigration ionienne d'Athènes en Asie Mineure et fondé Ephèse), et que, comme tel, il avait été éduqué pour, en tant que ~(X(nÀe:ùc;, présider aux jeux publics et aux fêtes sacrées de Dèmèter (Strabon, XIV, 3 = A 2, p. 58 M.-T.), « royauté» surtout honorifique, et qu'il aurait, selon Antisthène le péripatéticien, abandonnée à son frère (D.L., IX, 6). Pour l'établissement de la doctrine, la tradition doxographique est non seulement, par rapport aux fragments, de peu de valeur, mais son rôle a été plutôt négatif, car elle a conduit à attribuer à Héraclite des conceptions non seulement étrangères aux fragments mais incompatibles avec eux, telle la conception du Logos comme raison cosmique (Sextus Emp., Adv. Math., VII, 127-134; VIII, 286 = A 16, p. 146 s. M.-T.), ou la théorie de la conflagration (èx.7tùp(ùcr~c;, D.L., IX, 8; cf. ad B 30, infine) et du retour éternel du même, ou telle autre conception stoïcienne (pour Chalcidius, c. 251 = A 20, p. 169 M.-T., Héraclite approuverait le recours à la divination!); il est arrivé aussi que des notions héracli- téennes ne se laissent pas reconnaître dans la terminologie stoïcienne (ainsi le 7tp1)cr"t"~P dans ce que Marc Aurèle appelle l'&.~p : cf. B 76). Nombreux avaient été les commentateurs de l'ouvrage d'Héraclite (D.L., IX, 15); et beaucoup, parmi eux, appartenaient, tels Cléanthe et Sphairos, INTRODUCTION 7 à l'école stoïcienne, ou avaient des affinités avec le Portique. De ces commentaires sortit un Héraclite traduit, parfois trahi, qui se substitua d'autant plus facilement à l'original que celui-ci passait pour difficile à entendre (cf. D.L., IX, 6), d'où le surnom d' « Obscur » (~~x.o"t"e:~v6c;) qu'on lui donna (Suda, Lexicon, n° 472, éd. Adler = A 1 a, p. 56 M.-T.). « Héraclite et les Stoïciens disent que... » (Aétius, V, 23 = A 18) : l'association fut aussi bien le fait des doxographes que des disciples ou des adversaires (Lucrèce, l, 635 s., vise les Stoïciens à travers Héraclite). Tout cela ne signifie pas que les données de la doxographie doivent être négligées, particulièrement l'analyse que donne Diogène des Opi- nions d'Héraclite (IX, 7-11), et qui remonte aux Physicorum Opiniones de Théophraste (cf. p. 30-31 M.-T., la note 33 de Mondolfo; qui ras- semble les éléments de la discussion); mais c'est à partir de l'étude des fragments qu'il y a lieu de décider de ce qu'il faut en retenir. L'essentiel est donc, à défaut du livre perdu d'Héraclite, d'en recueillir les fragments et de les bien entendre. Certes, cela implique une certaine idée du livre lui-même. Y avait-il même « livre », à propre- ment parler? Diels songe à un recueil plus ou moins astructuré d'apho- rismes, cette forme aphoristique étant elle-même « empruntée» «( bor- rowed », Encycl. Hastings, VI, p. 591) aux écrits gnomiques qui cir- culaient largement au VIe siècle. Mais Héraclite n'est pas de ceux qui empruntent ou imitent. Kirk (p. 7) entend se référer au « dire» d'Héra- clite, non à son livre, car « it is possible that Heraclitus wrote no book»; celui-ci aurait, en ce cas, été composé par un élève pour garder la mémoire des paroles du maître. Mais, outre que « les auteurs durent, à compter du VIle siècle, écrire leurs œuvres, ne fût-ce qu'en un seul exemplaire destiné à servir de référence » (Reynolds-Wilson, p. 1), rien n'indique qu'Héraclite, que les fragments nous montrent se heurtant à l'incompréhension générale, ait eu un seul disciple de son vivant. Selon uploads/Litterature/ 8 .pdf

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