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Retrouver ce titre sur Numilog.com Les langues spécialisées Retrouver ce titre sur Numilog.com Collection dirigée par Guy Serbat Retrouver ce titre sur Numilog.com Linguistique nouvelle Les langues spécialisées P I E R R E L E R A T Professeur à l'Université Paris-Nord Presses Universitaires de France Retrouver ce titre sur Numilog.com ISBN 2 13 046602 8 ISSN 0292-4226 Dépôt légal — 1" édition : 1995, janvier © Presses Universitaires de France, 1995 108, boulevard Saint-Germain, 75006 Paris Retrouver ce titre sur Numilog.com Retrouver ce titre sur Numilog.com Retrouver ce titre sur Numilog.com Retrouver ce titre sur Numilog.com Retrouver ce titre sur Numilog.com Retrouver ce titre sur Numilog.com Retrouver ce titre sur Numilog.com Introduction La matière de ce livre est une réflexion globale sur les « langues de spécialité ». Celles-ci sont rarement abordées avec des préoccu- pations de théorie linguistique. Selon une évolution générale de la « linguistique appliquée » depuis les années soixante, à leur propos on s'est soucié de statistique, de didactique et d'analyse de discours mais, en France du moins, il n'existe guère de travaux portant sur le matériau linguistique proprement dit de la langue scientifique et technique. Le moment s'y prête, car le besoin de recul théorique est accru par celui de mieux maîtriser des pratiques fortement technicisées mais largement empiriques. On le voit aussi bien du côté du « trai- tement automatique du langage naturel » que chez les termino- logues. Une redéfinition des « langues de spécialité » s'impose préala- blement, pour avoir une idée précise de leur mode d'existence grammatical et sémantique. L'idée qu'il s'agit de « sous-systèmes » est à la fois courante et fausse : il ne saurait s'agir de « sous-lan- gues » (ou alors ce seraient des dialectes, avec une phonétique et une flexion propres, ce qui n'est évidemment pas le cas). Aussi bien, le statut du « français de la chimie » ou du « français juridique » est tout autre : c'est tout à fait du français, et en même temps c'est Retrouver ce titre sur Numilog.com le vecteur de savoirs et de savoir-faire. L'anglais language for special purpose dit bien cette particularité, grâce à la préposition, l'alle- mand Fachsprache aussi, du moins dans l'interprétation fonc- tionnaliste Sprache im Fach (« langue en spécialité »). Pour dire en français l'unicité de l'idiome et la particularité des univers de connaissances, « langue spécialisée » présente le même avantage : renvoyer au système linguistique pour l'expression et aux profes- sions pour les savoirs. Les fondements théoriques d'une approche linguistique des lan- gues spécialisées ne peuvent être puisés que dans la linguistique générale. Le problème majeur qui se pose, dans ces conditions, est celui de la compatibilité des démarches : comment rendre compte ensemble de ce qui est linéaire et de ce qui est hiérarchie, de ce qui est symbolisme scientifique et de ce qui est morphologie des lan- gues, du sens « naturel » et du sens « conventionnel » ? Les aspects sur lesquels l'accent doit être mis sont d'abord gra- phiques. La première spécificité des langues spécialisées est en effet qu'elles relèvent d'une linguistique de l'écrit, y compris de l'écri- ture des indices numériques et des symboles, et qu'ici l'oralisation de l'écrit compte autant que le passage de l'oral à l'écrit dans l'ap- prentissage linguistique proprement dit. La morphologie lexicale adéquate est celle qui conduit d'une base univoque à des formes plus complexes, mais également mono- sémiques. La langue générale est plus capricieuse, mais en langue spécialisée on observe des séries terminologiques homogènes séman- tiquement mais fortement sujettes à l'allomorphie du fait du recours aux formants grecs anciens, latins et anglais, notamment. La syntaxe des langues spécialisées est une syntaxe des groupes de mots, dans une large mesure, du fait du figement relatif de séquences dénominatives usuelles. On ne saurait pour autant par- ler de « sous-système », car les transformations caractéristiques du style didactique, administratif ou scientifique, par exemple, ne sont remarquables que par leur fréquence relative, non par leur nature. Mais ces styles ne sont pas des fioritures : ils sont fonc- tionnels, en ce sens qu'ils sont requis par des conditions d'énon- ciation particulières. La sémantique des langues spécialisées est, comme la séman- Retrouver ce titre sur Numilog.com tique linguistique en général, l'interprétation des relations gram- maticales, et elle prend donc appui sur la connaissance des méca- nismes morphologiques, distributionnels, hiérarchiques et énoncia- tifs les plus généraux, mais en même temps il lui faut aussi interpréter des relations à fondement extrinsèque, puisque les lan- gues spécialisées parlent d'univers de connaissances particuliers. Les tâches de la linguistique face aux langues spécialisées sont nombreuses, et chacune pourrait faire l'objet d'une monographie copieuse. L'enjeu est de taille : il s'agit de rendre linguistiquement moins aventureuses des pratiques professionnelles nécessaires et nécessairement valorisées dans tous les pays développés. Une vue transversale de leurs problèmes linguistiques, si elle réussit à mettre en évidence des intersections de problèmes et des transpositions possibles d'approches, devrait rendre service, plus ou moins, aux lecteurs engagés dans des activités de traduction, de documenta- tion, de normalisation, d'aménagement linguistique, de rédaction technique, d'ingénierie de la connaissance, de lexicographie, de ter- minographie ou d'enseignement des langues. Ce livre de professeur voudrait aussi stimuler la curiosité des étudiants littéraires, surtout s'ils croient que la technique et la culture se tournent le dos. La vérité est que le technique n'est pas le sophistiqué, mais le réemployable, et que la culture linguistique la moins étriquée reste la plus portative dans les métiers des langues. Retrouver ce titre sur Numilog.com Retrouver ce titre sur Numilog.com Chapitre Premier LINGUISTIQUE, LANGUE, TERMINOLOGIE, LANGUE SPÉCIALISÉE Sciences du langage, linguistique, grammaire La maturité d'une science se mesure jusqu'à un certain point à la quantité des observations jugées provisoirement acquises, des modèles d'analyse éprouvés et, dans les meilleurs cas, des lois ou des formules utilisables sans justification. A cet égard la linguistique bénéficie d'un noyau dur, la grammaire, qui permet de décrire des langues inconnues en réemployant des savoirs et des savoir-faire. Pour une langue donnée, la capitalisation est vitale. Une situa- tion favorable est donc celle où une tradition existe. Ainsi, pour le français, on a d'abord disposé de travaux grecs et romains portant sur des langues comparables, puis de descriptions synchroniques et historiques, de lois phonétiques et, périodiquement, de théorisa- tions compatibles avec les faits de langues observables. Pour les lan- gues encore peu connues, le danger de procéder par simple analo- gie est réel. Si l'on en vient aux langues spécialisées, le besoin de capitalisa- tion est accru, puisque l'usage courant des langues est supposé bien décrit. Plus exactement, avant de pouvoir étudier professionnelle- ment le français médical ou juridique, il faut pouvoir tirer parti de la capitalisation théorique en linguistique à l'échelle mondiale à un Retrouver ce titre sur Numilog.com moment donné, disposer de descriptions adéquates du français contemporain et d'une expérience significative de la langue spécia- lisée considérée. Ces prérequis peuvent sembler raisonnables dans le cas des langues des pays développés; ils mettent malheureuse- ment la barre un peu haut pour les autres, au point que la notion même de « langue spécialisée » peut apparaître comme un luxe dans tel pays africain, alors que c'est le gagne-pain de milliers de traducteurs dans l'Europe du Nord. Dans l'état actuel des formations, des expériences, des points de vue et des intérêts, la linguistique est une discipline très diverse. Ainsi, parmi les auteurs cités dans ce livre, beaucoup n'ont jamais travaillé que sur une seule langue, certains sont des spécialistes d'une famille de langues, quelques-uns sont réellement polyglottes. Bien plus, l'un est simplement francisant, tel autre ne s'aventure pas volontiers hors du Moyen Age, et l'on peut avoir légitimement acquis la réputation la plus flatteuse en ne travaillant guère que sur la syn- taxe de la langue la plus parlée dans le monde, comme Chomsky. Dans ces conditions, une culture de linguiste, comme celle que pré- tend sanctionner en France l'agrégation de grammaire, suppose une capitalisation sans éclectisme, mais aussi sans exclusive. A cet égard, la notion de « linguistique appliquée » est redou- table. Or c'est d'elle que se réclament, peu ou prou, les travaux en lexicographie spécialisée, en traduction technique, en rédaction et en enseignement des langues. Le danger permanent, parce qu'inhé- rent à la nature des pratiques considérées et à leur nécessaire pro- fessionnalisation, est une double dépendance : dépendance institu- tionnelle (esprit de chapelle) et dépendance du marché (valorisation du nouveau, du spectaculaire, du médiatique). Ce livre voudrait contribuer au nécessaire recentrage sur les langues, donc sur la linguistique, qui en est la connaissance scientifique. Terminologie et linguistique La terminologie en tant que discipline est définie par l'ISO (1990, ISO 1087) comme l' « étude scientifique des notions et des termes en usage dans les langues de spécialités ». Cette définition Retrouver ce titre sur Numilog.com mérite un commentaire approfondi, car il y a lieu de penser que la spécialisation des discours et des textes est dans une large mesure affaire de contenus. Or pour l'ISO « uploads/Litterature/ 9782705920012.pdf

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