HISTOIRE DE LA DIDACTIQUE DE LANGUES ÉTRANGÈRES Carrière des langues étrangères
HISTOIRE DE LA DIDACTIQUE DE LANGUES ÉTRANGÈRES Carrière des langues étrangères- UNAH L’HISTOIRE DE LA DIDACTIQUE DE LANGUES ÉTRANGÈRES La méthodologie de l’enseignement des langues étrangères puise ses racines dans l’histoire des besoins de la communication sociale. Nul ne doute que le marchand phénicien, l’hoplite grec emporté par les expéditions en Alexandrie au bout du monde connu, le cavalier arabe qui attend Gibraltar font naître les formes du multilinguisme et de sa propagation. Les dispositifs didactiques ne présentent pas la successivité chronologique qu’on pourrait imaginer. Il y a continuité, retour en arrière, prise en compte de ce qui se fait ailleurs pour s’en inspirer ou au contraire pour le rejeter, et adaptations à des nouveaux environnements idéologiques et technologiques. Les termes méthodologie et approche, voire encore démarche, se rencontrent et, parfois, de manière assez indifférenciée. Ils manifestent une évolution vers plus d’ouverture, non tant de la didactique que de l’idée qu’on s’en fait. (Pierre Martinez, 2011) LES MÉTHODOLOGIES TRADITIONNELLES L’enseignement et l’apprentissage des langues jusqu’au XVIII siècle Avant le XVIIIe siècle, à Rome antique, les romains étudiaient le grec comme deuxième langue. Des serviteurs, des tuteurs, et des esclaves grécophones travaillaient dans les résidences, et les romains apprenaient le grec presque dans la même manière que leur première langue, c’est-à-dire, en contact direct avec des natifs, en imitant les sons, les mots, et les phrases de la langue cible. Il y avait un public vivant avec qui ils pouvaient communiquer. (Méthode directe et naturelle). Dans le XVIIe siècle, Comenius était un pionnier dans le domaine d’éducation et il est surtout connu pour ses pensées sur l’enseignement des langues. Pour lui, il était nécessaire d’engager l’intérêt de l’élève, à l’écrit et à l’orale. Ses ouvrages Janua Linguarum Reserata (1631), Orbis sensualium pictus (1658) et d’autres traitaient le latin comme une langue vivante. Dans l’Orbis, Comenius donne systématiquement au lecteur des illustrations avec le texte pour montrer concrètement les mots et les objets dont ils représentent. (Débuts du SGAV) A travers des exercices de traduction (assez plats et mécaniques), l’apprenant gagnerait des connaissances de base, même si c’était dans une manière catéchistique. (Méthode grammaire- traduction) Le mot clé de la Méthodologie traditionnelle, c’est la grammaire. Vers le XVIIIe siècle, l’enseignement des langues mortes, telle que le latin et le grec, a continué dans la façon classique: mémorisation et répétition intensive des règles de grammaire (y compris les exceptions à la règle), des tables de conjugaisons, et des listes de vocabulaire. Le but d’apprendre d’une telle manière est de devenir capable de lire et traduire en langue maternelle les grands auteurs classiques afin de glaner quelque chose de leur esprit et leur sagesse. L’objectif était de développer l’esprit. (aspect culturel) Cette façon d’enseigner des langues mortes est devenu le modèle pour la façon dont on enseignait les langues vivantes. Pareil à l’enseignement des langues mortes, l’objectif ici était la lecture et ensuite la traduction des textes de langue étrangère en langue maternelle. Les apprenants étudiaient des listes de mots, présentées hors contexte, et qu’ils devaient connaître par cœur. Le travail à faire avec ces mots était de les traduire en langue maternelle, un exercice appelé «version », dont le contraire est «thème ». LA RÉACTION CONTRE LA MÉTHODOLOGIE TRADITIONNELLE: LE MOUVEMENT RÉFORMISTE Au XIXe siècle on voit une réaction contre la grammaticalisation de l’enseignement de langues vivantes comme des langues mortes. Dans cette histoire de réforme de l’enseignement en France, il y a notamment, Jean Joseph Jacotot (1770–1840), Claude Marcel (1793–1876), et François Gouin (1831–1896). Jacotot a fait des contributions à l’enseignement des langues, et l’enseignement en générale aussi. Il a insisté sur la capacité et l’activité mentale des apprenants, c’est-à- dire, la mémoire, l’attention. Pour Jacotot, chaque apprenant était capable de s’instruire tout seul, une idée qui est la base de son ouvrage Enseignement universel. Le rôle de l’enseignant, c’est observer, interroger, contrôler, exciter. Analyser et trouver les rapports, les règles, les procédés, c’était le travail de l’apprenant. (Idée constructiviste) Claude Marcel dans son ouvrage publié en anglais Language as a means of mental culture and international communication (1853), dont la version française est apparue en 1855 sous le titre les Premiers principes d’éducation avec leur application spéciale à l’étudie des langues, il critique beaucoup la méthodologie traditionnelle. Marcel constate une distinction entre les quatre branches comme «l’impression » et «l’expression », qui correspondent bien à la notion aujourd’hui des compétences de «la réception » et de « la production ». En 1867, il élabore ses idées dans l’Étude des langues, ramenée à ses véritables principes, ou L’art de penser dans une langue étrangère. Defodon (1911) remarque en termes simples sur les pensées de Marcel: - Que se propose-t-on, dit-il, quand on veut apprendre une langue étrangère? - Quatre choses: comprendre la langue parlée; parler; comprendre la langue écrite; écrire. D’où quatre études différentes, quatre arts différents à conquérir: l’art de lire, l’art d’entendre, l’art de parler, l’art d’écrire; d’où aussi quatre chapitres principaux dans le livre, indiquant les procédés à suivre pour parvenir par degrés à ce quadruple but. Une autre personne d’importance de l’époque est François Gouin. Dans son œuvre l’Art d’enseigner et d’étudier les langues (1880), Gouin raconte l’échec de la méthodologie traditionnelle avec sa propre expérience. Il a essayé d’apprendre l’allemand à Hambourg en un an, en mémorisant un manuel de grammaire allemande entier, une table de conjugaison de 248 verbes irréguliers, 30,000 mots d’un dictionnaire. Pendant cette année en Allemagne, il a même traduit Goethe et Schiller en français, pourtant il ne pouvait pas communiquer avec des gens dans la rue. En rentrant en France, il a vu que dans son absence, son neveu de trois ans a remarquablement développé sa capacité de parler le français. Avant son séjour en Allemagne, cet enfant ne pouvait pas vraiment parler. Après juste un an, il parlait assez couramment le français de sa région. Il a compris que le langage transforme des perceptions du monde extérieur en conceptions mentales, le monde intérieur. Le résultat de ses observations est dans son ouvrage l’Art d’enseigner et d’étudier les langues et dans sa méthode des Séries. Sans explications des règles grammaticales et sans traduction en langue maternelle, sa méthode présente une série d’actions, phrase par phrase, facile à percevoir. L’enseignant annonce les 15 phrases d’une série en faisant l’action annoncée physiquement. Les apprenants imitent les actions et répètent les phrases. Brown (1993) donne des exemples de telles séries pour l’enseignement d’anglais: I walk toward the door. I draw near to the door. I draw nearer to the door. I get to the door. I stop at the door. I stretch out my arm. I take hold of the handle. I turn the handle. I open the door. I pull the door. The door moves. The door turns on its hinges. The door turns and turns. I open the door wide. I let go of the handle. Il est évident que les mots et les phrases appartiennent de la langue quotidienne. On n’y trouve pas de grands auteurs grecs ou romains. D’après Gouin, apprendre les langues va permettre aux hommes de communiquer à d’autres hommes. Dans le contexte socio-historique de la révolution industrielle des contacts commerciaux entre les pays d’Europe avait augmenté. On avait donc besoin de demander, de vendre, d’acheter, de négocier, et d’expliquer en une langue étrangère vivante. L’ÉPOQUE DES MÉTHODOLOGIES La méthodologie directe La méthodologie directe peut être regardée spécifiquement comme la première méthodologie à adresser l’enseignement des langues vivantes étrangères. Cette méthodologie dominait les écoles en Europe du XIXe siècle jusqu’à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. En quoi la méthodologie directe consiste-t-elle? Elle a de l’approche Gouinesque, c’est-à-dire une approche naturelle basée sur l’observation de l’acquisition de la langue maternelle pour apprendre une langue étrangère. Byram (2000) note des principes fondamentaux de cette méthodologie: L’enseignement des mots étrangers sans passer par l’intermédiaire de leurs équivalents en langue maternelle. Le professeur explique le vocabulaire à l’aide d’objets ou d’images, mais ne traduit jamais en langue maternelle. On apprend en imitant, comme le faisant un enfant. La progression de compétence de production orale est guidée avec des échanges question-réponse qui devient de plus en plus complexe. L’utilisation de la langue orale sans passer par l’intermédiaire de sa forme écrite. On accorde une importance particulière à la prononciation. Les nouveaux points seraient présentés oralement. L’enseignement de la grammaire étrangère se fait d’une manière inductive (les règles ne s’étudient pas d’une manière explicite). On privilégie les exercices de conversation et les questions-réponses dirigées par l’enseignant. Le rôle de l’enseignant est encore très autoritaire, mais plus engageant. Les méthodes, des procédures et des techniques à employer dans cette méthodologie sont (Puren, 1988): la méthode directe: il faut éviter la traduction la méthode orale: il faut bien manipuler le jeu de question-réponse à l’orale pour que les élèves puissent arriver à comprendre les objectifs d’une leçon. L’écriture est convenable pour fixer les points de la leçon, après avoir pratiqué oralement. la méthode active: il faut faire l’appel à l’activité physique de l’élève, la création uploads/Litterature/ histoire-de-la-didactique-de-langues-e-trange-res.pdf
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- Publié le Aoû 22, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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