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Tous droits réservés © Les Éditions Historia Ecclesiæ Catholicæ Canadensis Inc., 1994 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Document généré le 5 fév. 2021 16:52 Études d'histoire religieuse À quand une ethnohistoire des missionnaires? Lucien Campeau, Monumenta Novae Franciae. V : La bonne nouvelle reçue (1641-1643). VI : Recherche de la paix (1644-1646). VII : Le Témoignage du sang (1647-1650). Rome-Montréal, IHSI-Bellarmin, 1990, 1992 et 1994, 862 p., 805 p. et 887 p. 95 $ le volume Guy Laflèche, Les saints martyrs canadiens. I : (avec la coll. de F.-M. Gagnon), Histoire du mythe. II : Le martyre d’Isaac Jogues par Jérôme Lalemant. III : Le martyre de Jean de Brébeuf selon Paul Ragueneau. Montréal, Singulier, 1988, 1989 et 1990, 364 p., 330 p. et 342 p. 100 $ les trois volumes Marc Jetten, Enclaves amérindiennes : les « réductions » du Canada, 1637-1701, Québec, Septentrion, 1994, 158 p. 20 $ René Latourelle, Jean de Brébeuf, Montréal, Bellarmin, 1993, 294 p. 40 $ Brian Moore, Robe noire, Montréal, Édition du Roseau, 1986 (1985), 239 p. 18 $ Réal Ouellet, dir., Rhétorique et conquête missionnaire : le jésuite Paul Lejeune, Québec, Septentrion, 1993, 137 p. 20 $ Dominique Deslandres Volume 61, 1995 URI : https://id.erudit.org/iderudit/1007138ar DOI : https://doi.org/10.7202/1007138ar Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Société canadienne d'histoire de l'Église catholique ISSN 1193-199X (imprimé) 1920-6267 (numérique) Découvrir la revue Citer cette note Deslandres, D. (1995). À quand une ethnohistoire des missionnaires? / Lucien Campeau, Monumenta Novae Franciae. V : La bonne nouvelle reçue (1641-1643). VI : Recherche de la paix (1644-1646). VII : Le Témoignage du sang (1647-1650). Rome-Montréal, IHSI-Bellarmin, 1990, 1992 et 1994, 862 p., 805 p. et 887 p. 95 $ le volume / Guy Laflèche, Les saints martyrs canadiens. I : (avec la coll. de F.-M. Gagnon), Histoire du mythe. II : Le martyre d’Isaac Jogues par Jérôme Lalemant. III : Le martyre de Jean de Brébeuf selon Paul Ragueneau. Montréal, Singulier, 1988, 1989 et 1990, 364 p., 330 p. et 342 p. 100 $ les trois volumes / Marc Jetten, Enclaves amérindiennes : les « réductions » du Canada, 1637-1701, Québec, Septentrion, 1994, 158 p. 20 $ / René Latourelle, Jean de Brébeuf, Montréal, Bellarmin, 1993, 294 p. 40 $ / Brian Moore, Robe noire, Montréal, Édition du Roseau, 1986 (1985), 239 p. 18 $ / Réal Ouellet, dir., Rhétorique et conquête missionnaire : le jésuite Paul Lejeune, Québec, Septentrion, 1993, 137 p. 20 $. Études d'histoire religieuse, 61, 115–124. https://doi.org/10.7202/1007138ar SCHEC, Études d'histoire religieuse, 61 (1995), 115-124 Note critique A quand une ethnohistoire des missionnaires? Dominique DESLANDRES Département d'histoire, Université de Montréal Lucien Campeau, Monumenta Novae Franciae. V: La bonne nouvelle reçue (1641-1643). VI: Recherche de la paix (1644-1646). VII: Le Témoignage du sang (1647-1650). Rome-Montréal, IHSI-Bellarmin, 1990, 1992 et 1994, 862 p., 805 p. et 887 p. 95 $ le volume. Guy Laflèche, Les saints martyrs canadiens. I: (avec la coll. de F.-M. Gagnon), Histoire du mythe. II: Le martyre d'Isaac Jogues par Jérôme Lalemant. III: Le martyre de Jean de Brébeuf selon Paul Ragueneau. Montréal, Singulier, 1988, 1989 et 1990, 364 p., 330 p. et 342 p. 100 $ les trois volumes. Marc Jetten, Enclaves amérindiennes: les «réductions» du Canada, 1637-1701, Québec, Septentrion, 1994, 158 p. 20$ René Latourelle, Jean de Brébeuf, Montréal, Bellarmin, 1993,294 p. 40 $ Brian Moore, Robe noire, Montreal, Édition du Roseau, 1986 (1985), 239 p. 18$ Real Ouellet, dir., Rhétorique et conquête missionnaire: le jésuite Paul Lejeune, Québec, Septentrion, 1993,137 p. 20 $ La rencontre des missionnaires et des Amérindiens est une réalité histo- rique qui a fait et fait encore couler beaucoup d'encre, comme en témoignent ces dix ouvrages venus récemment d'horizons bien différents. De multiples points de friction se dégagent de la lecture synchronique que nous pouvons en faire mais le principal «point chaud» s'avère l'interprétation de l'épistémè1 missionnaire du XVIIe siècle (croisade mystique et désir du martyre), qui oppose les chercheurs jésuites Campeau et Latourelle aux autres auteurs, dont le plus virulent est sans aucun doute, le littéraire Guy Laflèche. De cette oppo- 1 NDLR épistémè : «ensemble des connaissances réglées (conception du monde, sciences, philosophies...) propres à un groupe social, à une époque» (Le Petit Robert 1). — 115 — sition découlent les principales divergences de leur compréhension des stra- tégies missionnaires et de leur évaluation du choc des cultures. * * * Lorsque Ton parle de missions en Amérique française, on pense surtout à celles des Jésuites. Le monopole religieux que ceux-ci exercèrent entre 1632 et l'instauration de l'évêché de Québec mais surtout une abondance extraordinaire de sources, les fameuses Relations, expliquent que les cher- cheurs, intéressés par la rencontre euro-amérindienne, aient plus souvent concentré leur attention sur les réalisations de la Compagnie de Jésus que sur celles des autres ordres religieux, tels les Réçollets, les Capucins, les Ursulines, les Hospitalières et les Sulpiciens. Or si ces ordres actifs en Nouvelle-France n'ont pas tous laissé des témoignages à proprement parler ethnohistoriques, ils participèrent du même élan mystique, de la même épistémè missionnaire. Aussi lorsqu'on se penche sur l'histoire religieuse de cette époque, il me semble qu'il faudrait dépasser la simple évocation de «l'épopée mystique» et replacer les acteurs qui ont le plus retenu l'attention dans le contexte qui les a vus agir. Car sans enlever aux Jésuites les mérites et les défauts qui furent les leurs, cette remise en contexte permettrait de considérer l'entreprise convertisseuse de la Compagnie de Jésus autrement que comme une série d'initiatives suspec- tes relevant d'un plan tortueux et original visant la domination des âmes et des corps. On oublie trop facilement, en effet, que ce qui nous paraît spécifique aux objectifs et aux pratiques jésuites était bien souvent partagé par les autres ordres. Ainsi la croisade contre Satan animait autant les Récollets que leurs confrères jésuites, le sens de la mission était aussi bien vécu par les Hospitalières que par les Ursulines qui répondirent à l'appel de Paul Lejeune, le désir de martyre habitait aussi bien une Marie de l'Incarnation qu'un Jean de Brébeuf. Par ailleurs, les «missions volantes», le quadrillage missionnaire d'une région, les «réductions», par exemple, ces innovations qu'on attribue aux Jésuites, étaient autant de méthodes utilisées au même moment par les autres ordres en France ou dans les missions lointaines. Cette communauté d'objectifs et de méthodes, bref de mentalité, explique que ces ordres, dont on a beaucoup étudié les rivalités, aient plus souvent collaboré au même grand'oeuvre que manigancé les uns contre les autres. *** Les missionnaires semblent, en tous cas, revenus à la mode. C'est ainsi que les grands personnages jésuites, un Jean de Brébeuf et un Paul Lejeune — 116 — par exemple, se voient encore aujourd'hui examinés de près. Il est rassurant de voir qu'au Québec, après une longue cécité de la part des chercheurs, ce champ d'investigation se remet à bouger. Les missionnaires font rêver jusqu'aux romanciers et aux cinéastes. On a vu le succès qu'a remporté ici le film, tiré du roman historique Robe noire (1985). Son auteur Brian Moore cherche à illustrer les hauts et les bas de la rencontre des Jésuites et des Amérindiens. Tout y est: les peines du voyage, les difficultés de se faire accepter des Amérindiens et surtout de se faire embarquer pour la Huronie, les dangers de se faire détrousser sur le chemin, de se perdre en forêt, de se faire abandonner, de se faire attaquer, de perdre son âme... tout y est: l'ensauvagement des Français, la rusticité des Amérin- diens dont le monde spirituel semble envahi par des signes contradictoires, le choc des deux spiritualités comme les affres de l'Européen confronté à une réalité et à une anthropologie qui le sidèrent. Seulement, Moore force trop le trait. Il désire trop captiver le lecteur en lui présentant un héros qui lui ressemble, qui pose des questions et qui réagit comme on le ferait aujourd'hui. Et il manque le coche. Ainsi, son person- nage principal, Laforgue, rêve de martyre sans que Moore nous en fasse comprendre les raisons. Ce héros nous est présenté comme un homme tor- turé dans son humanité, dans sa peur de la solitude, dans son désir sexuel frustré; des souffrances qui sont, la psychanalyse l'a enseigné n'est-ce pas, les «raisons profondes» d'une vocation religieuse... À l'instar de nos con- temporains, le héros de Brian Moore est un homme qui doute, de lui comme de sa mission. Or, contrairement aux hommes d'aujourd'hui, pour qui le doute est le fondement de la raison, s'il arrivait aux religieux de cette époque de traverser des «déserts spirituels», des «évagations d'esprit», comme ils disaient alors, ils considéraient le doute comme uploads/Litterature/ a-quand-une-ethnohistoire-des-missionnaires-d-deslandres.pdf

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