Les actes du colloque Le sexe des anges 14 et 15 janvier 2013 ou tout ce que la
Les actes du colloque Le sexe des anges 14 et 15 janvier 2013 ou tout ce que la protection de l’enfance a toujours voulu savoir... 1905. Année de la publication des trois essais sur la théorie sexuelle, par Freud. D’objet de témoignage, littéraire, artistique, qu’elle était, la sexualité infantile se fait objet de savoir. Et, aussitôt, de malentendus. C’est que la sexualité infantile est posée dans son articulation constitutive aux soins de l’autre - c’est-à-dire à ses demandes, à ses désirs -, mais non moins dans une radicale spécificité qui interdit de la rabattre sur une quelconque des manifestations de la sexualité de l’adulte. Au demeurant ne faudra-t-il pas à Freud lui-même se dégager d’un premier malentendu, et reconnaître derrière le traumatisme sexuel invoqué par ses patients, un fantasme de séduction. Sommes-nous quittes pour autant ? Non. Car voilà que du malentendu, nous passons au risque, celui de méconnaître en quoi une séduction effective peut gravement porter atteinte à ce fantasme même et à sa dimension organisatrice du désir humain. Dès lors n’y aurait-il de risque que pour le seul soignant et son patient, quand le savoir sur la sexualité, parfois naïvement utilisé, ou incomplètement reçu, ou plus gravement remanié en exigence intrusive de connaître ou de montrer, porte ses conséquences dans tout l’espace social. Car parent de l’enfant ou son proche, faut-il, fort de la nouvelle audience donnée au sexuel, répondre aux questions de l’enfant par le vrai de l’éducation sexuelle précoce ? Et si oui, comment comprendre alors le maintien de ses théories sexuelles par l’enfant ? Assistante maternelle ou familiale, faudrait-il réprimer toute érotisation ou manifestation de tendresse, alors même que leur activité a été initialement pensée en réaction à un trop grand anonymat de la prise en charge institutionnelle des enfants ? Educateur, comment dire la limite sans sacrifier l’écoute ? Enseignant de petite classe, comment résister à la dramatisation devant ce qui s’avèrerait une curiosité sexuelle passagère ? Professeur de collège ou de lycée, comment accueillir une confidence que l’on pressent, révélée, porteuse de séparation et de drame ? Magistrat, comment endosser ce rôle supposé d’ultime recours, distributeur du juste et de l’injuste, de la vérité et du mensonge ? Autant de questions dont la mise au travail se justifie de ce qu’elles engagent, au-delà des seules attributions de compétence du professionnel, son propre rapport au sexuel et sa responsabilité de sujet. DERPAD - 75, rue de Turbigo - 75003 Paris - Tél. 01 53 42 36 15 - Fax 01 53 04 03 72 - www.derpad.com - infos@derpad.com SOMMAIRE Pour accéder au texte, cliquez sur le titre de l’intervention. yLes épreuves initiatiques de l’adolescence Gérard Pommier - Psychiatre - Psychanalyste y Quelques éléments pour une histoire de la sexualité infantile Marie-France Morel - Historienne de la naissance et de la petite enfance Présidente de la Société d’Histoire de la Naissance y Le travail éducatif et la psychanalyse entre pulsions de mort et pulsions de vie Pierre Kammerer - Docteur en psychologie - Psychanalyste, spécialiste de l’adolescence y Violences sexuelles et protection de l’enfance : le Droit à l’épreuve de l’émotion Florence Rault - Avocat à la Cour d’appel de Paris y L’enfant pendant la période de latence : une idéale absence de sexualité... Christine Arbisio - Psychanalyste y La sexualité infantile existe-t-elle encore ? Didier Lauru - Psychanalyste - Psychiatre - Directeur du CMPP Etienne Marcel y Expérimentations amoureuses en banlieue : regards critiques sur le “sursexisme” Elise Lemercier - Docteure en sociologie - Maîtresse de conférences à l’Université de Rouen - Membre du labora toire DySoLa y Sexe et savoirs : une histoire d’amour... Evelyne Lenoble - Praticien hospitalier - Unité de Psychopathologie de l’Enfant et de l’Adolescent - Hôpital Sainte-Anne - Paris y Bonheurs et crépuscules des liaisons numériques Benoît Virole - Psychologue - Psychanalyste y Sexualité et violence à l’adolescence Samuel Lemitre - Docteur en psychopathologie clinique - Psychologue criminologue - Membre de l’ALFEST (Association pour l’Etude du Stress et du Trauma) y En quoi la confusion des langues est-elle si importante aujourd’hui ? Pierre Sabourin - Psychiatre - Psychanalyste - Thérapeute familial y La puberté, moment de précipitation de l’impossible à supporter Martine Menès - Psychologue clinicienne - Psychanalyste DERPAD - 75, rue de Turbigo - 75003 Paris - Tél. 01 53 42 36 15 - Fax 01 53 04 03 72 - www.derpad.com - infos@derpad.com Les épreuves initiatiques de l’adolescence Gérard Pommier Psychiatre - Psychanalyste Je vais vous parler de l’adolescence du point de vue qui intéresse le plus les cliniciens ou les personnes de terrain qui ont à faire avec les adolescents. Ceci concerne également ceux d’entre nous qui sont des adolescents perpétuels puisque l’adolescence est non seulement un état daté dans la vie, mais aussi un état d’esprit qui peut durer en fonction des époques. Tout d’abord, on peut dire que notre époque est celle de la découverte de l’adolescence, qui n’était pas tellement étudiée du temps de Freud par exemple. Sous l’effet des nouveautés de la modernité et de la postmodernité, cette adolescence est apparue comme un état d’âge relativement nouveau. Le point de vue qui intéresse le plus les cliniciens par rapport à l’adolescence se situe au niveau des conduites sacrificielles qui caractérisent cette période de la vie. Ce que l’on peut dire dans un premier temps, c’est que ces conduites témoignent de la traversée d’un « no man’s land », c’est-à-dire du passage d’un âge à un autre. C’est un passage périlleux, qui laisse derrière lui un certain nombre de sacrifiés. Il y a d’abord le sacrifice dramatique potentiel, je veux parler du sacrifice par suicide. Sont également en cause les choix opérés par certains adolescents, moins visiblement dramatiques que le suicide, mais qui ont, en réalité, une dimension sacrificielle et des conséquences pour le restant de la vie. Par exemple, le choix de sacrifier ses études. Ou bien d’autres choix comme celui de la drogue. On peut se poser la question du pourquoi de telles conduites ? En fait, elles interviennent pour des raisons qui tiennent à cette traversée elle-même, mais qui ensuite ont leurs propres conséquences. Je veux dire que la prise de drogue entraine la création d’une sorte de néo- structure qui ensuite infléchit la structure elle-même et a ses propres conséquences. C’est le cas pour la toxicomanie qui peut prendre ce tour-là à l’adolescence à titre de conduite sacrificielle. Je vais parler en premier de cette question de la toxicomanie en tant que conduite sacrificielle parce que c’est un des soucis les plus importants des cliniciens. Il ne faut cependant pas oublier qu’un adolescent qui prend des drogues ne prend pas de drogue pour se sacrifier mais pour activer son système hallucinatoire, c’est-à-dire pour soulager « hallucinatoirement » le désir. C’est uniquement vu de l’extérieur, c’est-à-dire du point de vue du clinicien, que l’on peut porter ce jugement d’une conduite sacrificielle. Celui qui prend des psychotropes ou même des DERPAD - 75, rue de Turbigo - 75003 Paris - Tél. 01 53 42 36 15 - Fax 01 53 04 03 72 - www.derpad.com - infos@derpad.com 4 y drogues simples que ce soit du café, du tabac, de l’alcool, ce qu’il sacrifie c’est simplement son angoisse et non lui-même, naturellement. Le sacrifice n’est donc pas le fait d’une pensée consciente concernant la santé ou la fin de la vie. Il concerne seulement la conscience, la présence du corps, d’un corps qui est en trop. En fait, c’est la question de la sexualité du corps qui est en trop et qui appelle ce fonctionnement hallucinatoire qui permet de supporter ce fonctionnement du corps. Donc sacrifice peut-être, mais sacrifice seulement de la conscience. Lorsqu’il s’agit de boire trop par exemple, ou même de boire la plus grande quantité possible le plus vite possible (c’est une pratique assez courante chez un certain nombre de jeunes gens), il s’agit de perdre conscience le plus vite possible. En ce sens, une fête réussie, c’est une fête dont on ne se souvient même pas. Les amis peuvent raconter ce qui s’est passé mais pas celui qui a bu parce que ce qu’il voulait, c’était perdre conscience le plus vite possible. Donc voici le premier type de conduite sacrificielle, le plus évident je dirais. Un autre type de conduite sacrificielle, lui aussi évident, c’est celui qui concerne la prise de risque, le passage à l’acte. Cela semble tout à fait différent de la prise de toxiques mais je voudrais faire remarquer tout de suite que la prise de risque produit un choc interne adrénalinique, c’est-à-dire qu’il y a aussi production et consommation de drogue. Sauf que celui qui prend des risques fabrique sa drogue de manière interne, il est son propre dealer. Ici cependant, cela paraît tout à fait différent du sacrifice de la conscience du premier cas puisqu’il s’agit d’un sacrifice potentiel du corps. Voici donc les deux grosses raisons cliniques de parler des conduites sacrificielles qui prennent un relief particulier dans nos sociétés qui n’organisent plus rituellement le passage de l’enfance à l’âge adulte. En uploads/Litterature/ actescolloque2013-pdf.pdf
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- Publié le Apv 09, 2022
- Catégorie Literature / Litté...
- Langue French
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